Texte intégral
L. Bazin.- Bonjour D. Bussereau, secrétaire d'Etat aux Transports, président du Conseil général de Charente-Maritime, je le signale, et candidat face à S. Royal aux prochaines régionales.
Pas "face", on n'est pas adversaires, on est concurrents.
Oui, d'accord, on verra ça tout à l'heure. On a quelques dossiers sur la table, c'est le moins qu'on puisse dire ce matin. D'abord, quand il y a une grève en France, ça se voit quand même encore beaucoup, et notamment ce matin dans le RER A, est-ce que ça fait partie des conflits ponctuels qui empoisonnent la vie des Français, qu'est-ce qu'on fait ?
Sur le RER A, vous l'avez bien dit sur votre antenne, la circulation se fait dans le cadre du service minimum. Donc, actuellement, on est au rythme d'une rame à peu près toutes les quatre minutes sur le tronçon central, et de 60% des rames en circulation. Ça va s'arrêter dans la journée, et ça reprendra...
Complètement ?
Ça reprendra en fin d'après-midi, pour les retours du travail des uns et des autres. Voilà. C'est une situation, naturellement, qui n'est pas bonne. Je regrette que le dialogue social entre la RATP, la direction de la RATP, et ses syndicats n'ait pas donné de résultats. Et je comprends que les clients de la RATP, je dis "clients" et pas "usagers", à dessein, parce qu'on paie quand même chacun une part du transport, je comprends qu'ils soient en colère, et que...
Qu'est-ce qu'on fait ? Parce que, c'est une entreprise publique, vous êtes le principal actionnaire de la RATP, comme vous êtes le principal actionnaire de la SNCF, et les cheminots, là aussi, veulent se mettre en grève ce week-end. Que fait l'Etat, que va faire l'Etat, mettre de l'argent sur la table ?
Alors d'abord, la SNCF, on verra, le dialogue social se poursuit à l'intérieur de l'entreprise. J'ai bon espoir que les choses puissent éventuellement s'améliorer, qu'il n'y ait pas de mouvement de grève. Mais on verra, on le saura un peu plus tard dans la journée. En ce qui concerne la RATP, le président de la RATP est ouvert à la discussion, à tout moment, elle a déjà eu lieu...
150 euros d'augmentation...
Oui, enfin, c'est compliqué, il y a des problèmes de... Enfin, bon, c'est assez compliqué...
Le pouvoir d'achat, c'est une promesse du Président Sarkozy...
Oui, mais enfin, il faut quand même penser qu'un conducteur de RER est correctement payé. Je comprends que le métier soit difficile, il y a de plus en plus de monde, c'est une ligne très difficile, un million de voyageurs chaque jour, 500.000 dans chaque sens, des rames souvent surchargées. D'où la décision prise par le président de la République de demander à la RATP de commander des rames à deux étages, d'où la décision que nous avons prise de doubler entre, grosso modo, Saint- Lazare, Magenta, la ligne E du RER et de faire une nouvelle liaison entre La Défense...
C'est pointu, secrétaire d'Etat aux Transports...
Oui, on va faire une deuxième liaison, si vous voulez, on va doubler...
Pardon, pour ceux qui n'habitent pas Paris, et ne le fréquentent pas tous les jours...
On va doubler, c'est-à-dire que la ligne A, je le dis aux non Franciliens, va de l'Est de Paris à La Défense, donc elle traverse la capitale d'Est en Ouest. Donc elle fait des trajets, aussi bien de gens qui vont d'un bout à l'autre, que [pour des gens] qui la prennent pour quelques endroits. Donc on va doubler la ligne entre La Défense et Saint-Lazare...
J'entendais en écho, en 2006, 2007, quand il y avait des grèves assez semblables d'ailleurs, j'entendais le mot "prise d'otage", c'est un mot que vous ne prononcez plus aujourd'hui ?
Je n'aime pas ce mot, parce qu'il est tellement grave dans son acception véritable que je préfère ne pas l'utiliser. Une prise d'otage, c'est un acte terroriste...
Vous dites quoi, revendication légitime ?
Je dis que c'est... non, je dis que les clients, les usagers, enfin, tous les Franciliens ne méritent pas cela, et que le dialogue social aurait dû permettre d'aboutir à un accord avant. Je souhaite qu'il reprenne, et que cette grève se termine, et je dis à toutes celles et ceux qui souffrent que le service minimum, ça fonctionne quand même, parce que, avant le service minimum, eh bien il n'y avait rien du tout, tandis que là, il y a au moins une rame sur deux aux heures de pointe du matin et de l'après-midi.
Les routiers : vous avez mis hier 100 millions d'euros sur la table de réduction de la taxe carbone, vous avez laissé tout le monde réfléchir derrière, en sortant, on entendait un syndicaliste dire : en fait, c'est zéro plus zéro égal la tête à Bussereau. Ça veut dire que c'est cuit, on aura un conflit, un blocage ?
Je ne le souhaite pas. De quoi s'agit-il, c'est un conflit salarial entre des syndicats de chauffeurs routiers. C'est un métier extrêmement difficile, et plusieurs organisations patronales, des toutes petites, des moyennes, des grandes, enfin, des grandes entreprises, je ne parle pas des organisations, qui ont toutes des intérêts différents et des entreprises très différentes. Et depuis plusieurs années, ces gens ne se parlent plus, donc j'ai souhaité, pour éviter le conflit, les réunir. J'ai nommé des médiateurs qui permettent que le débat ait lieu...
Et vous avez mis des sous sur la table...
Et à un moment, on a dit : qu'est-ce que fait le Gouvernement ? Bon, comme nous avons instauré, avec J.-L. Borloo, la taxe carbone dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, nous sommes en plein Copenhague, eh bien, avec l'autorisation du Premier ministre, j'ai dit : on est prêts, pour faciliter la discussion, à enlever une part de cette taxe carbone et à amener les entreprises routières au même niveau de taxe carbone que les agriculteurs. Voilà, c'est une proposition que j'ai faite. Je l'ai faite dans la nuit, j'ai laissé chacun réfléchir, et cet après-midi, à 16 heures, les négociations reprendront.
Les syndicats disent : on ne viendra pas...
Je crois qu'ils viendront.
Vous êtes sûr qu'ils viendront ?
Vous savez, le transport routier, c'est des gens sérieux. Dans une entreprise de transport routier, on se connaît, ce n'est pas des entreprises de milliers de salariés, on connaît le patron, souvent on se tutoie, on a une relation personnelle, ce sont des gens sérieux, aussi bien les organisations syndicales que les organisations professionnelles. Je suis persuadé que la bonne volonté l'emportera, et qu'à 16 heures, tout le monde sera là. Et après, on discutera...
Vous irez au-delà de ces cent millions ?
Ce n'est plus le problème du Gouvernement. Le Gouvernement...
Donc vous n'irez pas au-delà, c'est ce que j'entends ?
Le Gouvernement a fait un geste, qu'on lui avait demandé, on l'avait demandé dès l'ouverture des négociations, le Premier ministre m'a autorisé à le faire hier, je l'ai mis sur la table. Maintenant, c'est un problème de négociations salariales, mais...
Ça n'ira pas plus loin, j'entends ça ?
Oui, mais nous offrons notre médiation, et nous sommes toujours présents. Et, si vous permettez, L. Bazin, j'ai pris l'engagement, très souhaité par les syndicats, de faire des états généraux, dès la rentrée de janvier, de la profession, pour traiter tout le reste, le structurel, les conditions de travail et les temps de disponibilité et, en particulier, la convention collective. Parce que la convention collective qui règle la situation du travail dans ce domaine est ancienne et complètement inadaptée. Donc il y aura une suite structurelle à partir du mois de janvier.
J'entends, ce sera la huitième convention pour discuter de tout ça en presque deux ans. J.-C. Mailly, Force ouvrière - ce matin, sur France Info - ne comprend pas bien l'attitude des patrons. [Extrait de l'intervention de J.-C. Mailly]. D. Bussereau, quelle est option, pour vous, l'option la plus évidente ? Ce sera le blocage, ce sera le bras de fer ou, au contraire, vous avez une bonne chance d'aboutir ?
D'abord, il ne faut pas bloquer les plateformes, parce que bloquer les plates-formes, ce que disait J.-C. Mailly à l'instant, et il le disait avec modération, cela veut dire plus de courses de Noël, plus d'alimentation dans les supermarchés...
Plus d'huîtres, et le président du Conseil général...
...Plus d'huîtres de Marennes Oléron, mais pas seulement. Non, mais, soyons sérieux, la reprise économique française est fondée sur la consommation des ménages, si en plein moment de consommation des ménages, des fêtes de Noël, on stoppe la machine, là, c'est un coup économique terrible.
Ils sont sensibles à ça, ou pas, les syndicats que vous rencontrez ?
Oui, bien sûr, mais bien sûr, attendez, ce sont des gens, je le répète, ce sont des gens responsables et sérieux.
Ce sont des gens qui demandent depuis longtemps, et qui ont eu peu.
Mais le problème de cette profession, c'est qu'il n'y avait pas de dialogue social. Pourquoi je m'en suis mêlé, pourquoi le Gouvernement s'en est-il mêlé ? C'est parce que j'en avais assez que ces gens ne se parlent pas, et qu'on débouche sur une grève parce qu'il n'y avait pas de dialogue. D'où le dialogue au ministère, d'où les médiateurs, d'où mes propositions...
Autrement dit, s'il y a un conflit, "j'aurais tout fait pour l'empêcher", voilà ce que vous dites ?
Nous aurons tout fait pour l'empêcher, et les Français ne pardonneront pas à ceux qui n'auront rien fait pour l'empêcher. C'est-à-dire que s'il y a, de la part des uns ou des autres, des attitudes jusqu'au-boutiste, les Français s'en souviendront.
Eh bien ça, c'est un avertissement pour ceux qui vous retrouveront cet après-midi. S. Royal, ce matin, sur Europe 1, parle de l'entreprise... Ça vous fait sourire, S. Royal ?
Oui, parce que, qui est-ce qui a dit qu'elle était rigolote ? Je ne sais plus qui a dit ça...
C'est F. Bayrou...
Je crois que c'est F. Bayrou...
C'est F. Bayrou, je vous le confirme.
Oui, je trouve que l'expression est amusante.
Très bien. On va voir si vous trouvez amusant ce qu'elle dit c'est sur l'entreprise Heuliez, qui est une entreprise en difficulté...
Ça, c'est moins drôle, parce que c'est un sujet difficile.
...Dont elle estime qu'elle est sauvée, et pas grâce à la droite. [Extrait de l'intervention de S. Royal sur Europe 1]. (Inaud.) ...Sur cette affaire-là, comme le dit S. Royal, dont vous serez le concurrent aux régionales...
D'abord, S. Royal, une fois de plus, ment effrontément, puisque le Gouvernement, dans cette affaire, est aux premières loges. L. Chatel, alors ministre de l'Industrie, C. Estrosi, tout le monde s'est occupé, est venu dans cette entreprise. Si ce plan, dont je souhaite la bonne réussite, fonctionne, c'est parce que, in fine, le FSI, c'est-à-dire l'investissement de l'Etat, viendra dans l'entreprise. Ce ne sont pas les cinq millions d'euros de la région Poitou-Charentes, qui sont bien sûr les bienvenus, qui suffiront.
C. Estrosi, que vous citez à l'instant, dit que rien n'est sûr, que l'argent n'est pas garanti, que tout ça est fragile.
Je suis assez inquiet parce que le repreneur, pour l'instant, n'a pas mis le moindre fifrelin. Donc je vais vous dire très clairement, je souhaite que madame Royal ait raison. Et je veux, en tant que français et pictocharentais, que cette magnifique entreprise, qui est Heuliez, un grand carrossier, un inventeur du véhicule électrique, etc., soit sauvée. Si elle raconte des balivernes, on saura s'en souvenir.
Les Français s'en souviendront, comme vous le disiez tout à l'heure pour les routiers...
Non, c'est plutôt les...
Les électeurs, oui...
Non, c'est plutôt les ouvriers d'Heuliez, parce que dans ce bocage des Deux-Sèvres, il n'y a pas beaucoup d'autres possibilités d'emplois et il y a une vraie désespérance. Donc il faut qu'on s'y mette tous, et au lieu d'attaquer Raffarin, tel ou tel, madame Royal ferait bien de vérifier si le plan qu'elle a signé hier est vraiment sérieux.
Je mets de côté, je fais un peu de politique deux minutes...
Faites...
C'est mission impossible pour vous face à elle, non ?
Ecoutez, moi, je ne fais pas la Une de Voici une semaine, de Closer, l'autre, de Paris Match la troisième...
Oui, certes, mais enfin...
Eh bien, je vais mener un combat le meilleur possible, et puis, je suis comme je suis.
Vous le faites pour épater le Président et pour rester au Gouvernement ?
Non, non, vous savez, moi, ça fait sept ans et demi que je suis au Gouvernement, donc je sais par nature que le Gouvernement, ce n'est pas un CDI. Et donc, un CDD, ça s'achève toujours. Donc je le fais par devoir, et je le fais parce que j'aime cette région. Je suis poitevin, je suis président du département de la Charente-Maritime, je crois que les gens m'aiment bien, et je vais faire un combat à la loyale, pas d'attaques personnelles...
Et non pas "à la Royal" ?
Voilà, ce sera un combat à la loyale, et pas contre madame Royal, mais pour les idées qui sont celles de la majorité présidentielle.
Le président de la République défraie à nouveau la chronique ce matin. Vous avez peut-être vu sur Internet la polémique suscitée par ses déclarations : "je suis le directeur des ressources humaines du Parti socialiste", il l'a dit, il y a deux jours, en Alsace. Ça circule beaucoup, et ça inquiète P. Moscovici.
[Extrait de l'Intervention de P. Moscovici à France 2].
L'Etat UMP ?
J'ai connu P. Moscovici, qui est un garçon qui a beaucoup d'humour et qui est très brillant...
Qui est rigolo, lui aussi ?
Plus drôle. Plus drôle et moins sectaire. Le président de la République a des expressions, il manie l'humour. Je pensais que monsieur Moscovici comprenait le deuxième degré d'humour quand... Si le président de la République a dit, s'il l'a dit qu'il était le DRH du PS...
Il l'a dit, il y a une vidéo, on vous le montrera en sortant - vous ne regardez pas assez I>Télé...
Oui, c'est plutôt amusant, non ?
Je ne sais pas...
Ben, je trouve, moi.
Il n'y a pas un peu d'arrogance, là-dedans ?
Non. Vous savez, la politique, c'est quand même assez humble de diriger la France aujourd'hui, dans la situation économique et sociale, au moment de Copenhague, c'est beaucoup de devoirs, beaucoup de charges. Et je trouve que le président de la République le fait avec grand mérite et grande responsabilité.
Merci d'avoir été notre invité. Et retour au dossier que vous avez mis sur la table aujourd'hui, et dont vous nous avez fait partager quelques-unes de vos analyses. Une bonne journée à vous, si j'ose dire.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 décembre 2009
Pas "face", on n'est pas adversaires, on est concurrents.
Oui, d'accord, on verra ça tout à l'heure. On a quelques dossiers sur la table, c'est le moins qu'on puisse dire ce matin. D'abord, quand il y a une grève en France, ça se voit quand même encore beaucoup, et notamment ce matin dans le RER A, est-ce que ça fait partie des conflits ponctuels qui empoisonnent la vie des Français, qu'est-ce qu'on fait ?
Sur le RER A, vous l'avez bien dit sur votre antenne, la circulation se fait dans le cadre du service minimum. Donc, actuellement, on est au rythme d'une rame à peu près toutes les quatre minutes sur le tronçon central, et de 60% des rames en circulation. Ça va s'arrêter dans la journée, et ça reprendra...
Complètement ?
Ça reprendra en fin d'après-midi, pour les retours du travail des uns et des autres. Voilà. C'est une situation, naturellement, qui n'est pas bonne. Je regrette que le dialogue social entre la RATP, la direction de la RATP, et ses syndicats n'ait pas donné de résultats. Et je comprends que les clients de la RATP, je dis "clients" et pas "usagers", à dessein, parce qu'on paie quand même chacun une part du transport, je comprends qu'ils soient en colère, et que...
Qu'est-ce qu'on fait ? Parce que, c'est une entreprise publique, vous êtes le principal actionnaire de la RATP, comme vous êtes le principal actionnaire de la SNCF, et les cheminots, là aussi, veulent se mettre en grève ce week-end. Que fait l'Etat, que va faire l'Etat, mettre de l'argent sur la table ?
Alors d'abord, la SNCF, on verra, le dialogue social se poursuit à l'intérieur de l'entreprise. J'ai bon espoir que les choses puissent éventuellement s'améliorer, qu'il n'y ait pas de mouvement de grève. Mais on verra, on le saura un peu plus tard dans la journée. En ce qui concerne la RATP, le président de la RATP est ouvert à la discussion, à tout moment, elle a déjà eu lieu...
150 euros d'augmentation...
Oui, enfin, c'est compliqué, il y a des problèmes de... Enfin, bon, c'est assez compliqué...
Le pouvoir d'achat, c'est une promesse du Président Sarkozy...
Oui, mais enfin, il faut quand même penser qu'un conducteur de RER est correctement payé. Je comprends que le métier soit difficile, il y a de plus en plus de monde, c'est une ligne très difficile, un million de voyageurs chaque jour, 500.000 dans chaque sens, des rames souvent surchargées. D'où la décision prise par le président de la République de demander à la RATP de commander des rames à deux étages, d'où la décision que nous avons prise de doubler entre, grosso modo, Saint- Lazare, Magenta, la ligne E du RER et de faire une nouvelle liaison entre La Défense...
C'est pointu, secrétaire d'Etat aux Transports...
Oui, on va faire une deuxième liaison, si vous voulez, on va doubler...
Pardon, pour ceux qui n'habitent pas Paris, et ne le fréquentent pas tous les jours...
On va doubler, c'est-à-dire que la ligne A, je le dis aux non Franciliens, va de l'Est de Paris à La Défense, donc elle traverse la capitale d'Est en Ouest. Donc elle fait des trajets, aussi bien de gens qui vont d'un bout à l'autre, que [pour des gens] qui la prennent pour quelques endroits. Donc on va doubler la ligne entre La Défense et Saint-Lazare...
J'entendais en écho, en 2006, 2007, quand il y avait des grèves assez semblables d'ailleurs, j'entendais le mot "prise d'otage", c'est un mot que vous ne prononcez plus aujourd'hui ?
Je n'aime pas ce mot, parce qu'il est tellement grave dans son acception véritable que je préfère ne pas l'utiliser. Une prise d'otage, c'est un acte terroriste...
Vous dites quoi, revendication légitime ?
Je dis que c'est... non, je dis que les clients, les usagers, enfin, tous les Franciliens ne méritent pas cela, et que le dialogue social aurait dû permettre d'aboutir à un accord avant. Je souhaite qu'il reprenne, et que cette grève se termine, et je dis à toutes celles et ceux qui souffrent que le service minimum, ça fonctionne quand même, parce que, avant le service minimum, eh bien il n'y avait rien du tout, tandis que là, il y a au moins une rame sur deux aux heures de pointe du matin et de l'après-midi.
Les routiers : vous avez mis hier 100 millions d'euros sur la table de réduction de la taxe carbone, vous avez laissé tout le monde réfléchir derrière, en sortant, on entendait un syndicaliste dire : en fait, c'est zéro plus zéro égal la tête à Bussereau. Ça veut dire que c'est cuit, on aura un conflit, un blocage ?
Je ne le souhaite pas. De quoi s'agit-il, c'est un conflit salarial entre des syndicats de chauffeurs routiers. C'est un métier extrêmement difficile, et plusieurs organisations patronales, des toutes petites, des moyennes, des grandes, enfin, des grandes entreprises, je ne parle pas des organisations, qui ont toutes des intérêts différents et des entreprises très différentes. Et depuis plusieurs années, ces gens ne se parlent plus, donc j'ai souhaité, pour éviter le conflit, les réunir. J'ai nommé des médiateurs qui permettent que le débat ait lieu...
Et vous avez mis des sous sur la table...
Et à un moment, on a dit : qu'est-ce que fait le Gouvernement ? Bon, comme nous avons instauré, avec J.-L. Borloo, la taxe carbone dans le cadre du Grenelle de l'Environnement, nous sommes en plein Copenhague, eh bien, avec l'autorisation du Premier ministre, j'ai dit : on est prêts, pour faciliter la discussion, à enlever une part de cette taxe carbone et à amener les entreprises routières au même niveau de taxe carbone que les agriculteurs. Voilà, c'est une proposition que j'ai faite. Je l'ai faite dans la nuit, j'ai laissé chacun réfléchir, et cet après-midi, à 16 heures, les négociations reprendront.
Les syndicats disent : on ne viendra pas...
Je crois qu'ils viendront.
Vous êtes sûr qu'ils viendront ?
Vous savez, le transport routier, c'est des gens sérieux. Dans une entreprise de transport routier, on se connaît, ce n'est pas des entreprises de milliers de salariés, on connaît le patron, souvent on se tutoie, on a une relation personnelle, ce sont des gens sérieux, aussi bien les organisations syndicales que les organisations professionnelles. Je suis persuadé que la bonne volonté l'emportera, et qu'à 16 heures, tout le monde sera là. Et après, on discutera...
Vous irez au-delà de ces cent millions ?
Ce n'est plus le problème du Gouvernement. Le Gouvernement...
Donc vous n'irez pas au-delà, c'est ce que j'entends ?
Le Gouvernement a fait un geste, qu'on lui avait demandé, on l'avait demandé dès l'ouverture des négociations, le Premier ministre m'a autorisé à le faire hier, je l'ai mis sur la table. Maintenant, c'est un problème de négociations salariales, mais...
Ça n'ira pas plus loin, j'entends ça ?
Oui, mais nous offrons notre médiation, et nous sommes toujours présents. Et, si vous permettez, L. Bazin, j'ai pris l'engagement, très souhaité par les syndicats, de faire des états généraux, dès la rentrée de janvier, de la profession, pour traiter tout le reste, le structurel, les conditions de travail et les temps de disponibilité et, en particulier, la convention collective. Parce que la convention collective qui règle la situation du travail dans ce domaine est ancienne et complètement inadaptée. Donc il y aura une suite structurelle à partir du mois de janvier.
J'entends, ce sera la huitième convention pour discuter de tout ça en presque deux ans. J.-C. Mailly, Force ouvrière - ce matin, sur France Info - ne comprend pas bien l'attitude des patrons. [Extrait de l'intervention de J.-C. Mailly]. D. Bussereau, quelle est option, pour vous, l'option la plus évidente ? Ce sera le blocage, ce sera le bras de fer ou, au contraire, vous avez une bonne chance d'aboutir ?
D'abord, il ne faut pas bloquer les plateformes, parce que bloquer les plates-formes, ce que disait J.-C. Mailly à l'instant, et il le disait avec modération, cela veut dire plus de courses de Noël, plus d'alimentation dans les supermarchés...
Plus d'huîtres, et le président du Conseil général...
...Plus d'huîtres de Marennes Oléron, mais pas seulement. Non, mais, soyons sérieux, la reprise économique française est fondée sur la consommation des ménages, si en plein moment de consommation des ménages, des fêtes de Noël, on stoppe la machine, là, c'est un coup économique terrible.
Ils sont sensibles à ça, ou pas, les syndicats que vous rencontrez ?
Oui, bien sûr, mais bien sûr, attendez, ce sont des gens, je le répète, ce sont des gens responsables et sérieux.
Ce sont des gens qui demandent depuis longtemps, et qui ont eu peu.
Mais le problème de cette profession, c'est qu'il n'y avait pas de dialogue social. Pourquoi je m'en suis mêlé, pourquoi le Gouvernement s'en est-il mêlé ? C'est parce que j'en avais assez que ces gens ne se parlent pas, et qu'on débouche sur une grève parce qu'il n'y avait pas de dialogue. D'où le dialogue au ministère, d'où les médiateurs, d'où mes propositions...
Autrement dit, s'il y a un conflit, "j'aurais tout fait pour l'empêcher", voilà ce que vous dites ?
Nous aurons tout fait pour l'empêcher, et les Français ne pardonneront pas à ceux qui n'auront rien fait pour l'empêcher. C'est-à-dire que s'il y a, de la part des uns ou des autres, des attitudes jusqu'au-boutiste, les Français s'en souviendront.
Eh bien ça, c'est un avertissement pour ceux qui vous retrouveront cet après-midi. S. Royal, ce matin, sur Europe 1, parle de l'entreprise... Ça vous fait sourire, S. Royal ?
Oui, parce que, qui est-ce qui a dit qu'elle était rigolote ? Je ne sais plus qui a dit ça...
C'est F. Bayrou...
Je crois que c'est F. Bayrou...
C'est F. Bayrou, je vous le confirme.
Oui, je trouve que l'expression est amusante.
Très bien. On va voir si vous trouvez amusant ce qu'elle dit c'est sur l'entreprise Heuliez, qui est une entreprise en difficulté...
Ça, c'est moins drôle, parce que c'est un sujet difficile.
...Dont elle estime qu'elle est sauvée, et pas grâce à la droite. [Extrait de l'intervention de S. Royal sur Europe 1]. (Inaud.) ...Sur cette affaire-là, comme le dit S. Royal, dont vous serez le concurrent aux régionales...
D'abord, S. Royal, une fois de plus, ment effrontément, puisque le Gouvernement, dans cette affaire, est aux premières loges. L. Chatel, alors ministre de l'Industrie, C. Estrosi, tout le monde s'est occupé, est venu dans cette entreprise. Si ce plan, dont je souhaite la bonne réussite, fonctionne, c'est parce que, in fine, le FSI, c'est-à-dire l'investissement de l'Etat, viendra dans l'entreprise. Ce ne sont pas les cinq millions d'euros de la région Poitou-Charentes, qui sont bien sûr les bienvenus, qui suffiront.
C. Estrosi, que vous citez à l'instant, dit que rien n'est sûr, que l'argent n'est pas garanti, que tout ça est fragile.
Je suis assez inquiet parce que le repreneur, pour l'instant, n'a pas mis le moindre fifrelin. Donc je vais vous dire très clairement, je souhaite que madame Royal ait raison. Et je veux, en tant que français et pictocharentais, que cette magnifique entreprise, qui est Heuliez, un grand carrossier, un inventeur du véhicule électrique, etc., soit sauvée. Si elle raconte des balivernes, on saura s'en souvenir.
Les Français s'en souviendront, comme vous le disiez tout à l'heure pour les routiers...
Non, c'est plutôt les...
Les électeurs, oui...
Non, c'est plutôt les ouvriers d'Heuliez, parce que dans ce bocage des Deux-Sèvres, il n'y a pas beaucoup d'autres possibilités d'emplois et il y a une vraie désespérance. Donc il faut qu'on s'y mette tous, et au lieu d'attaquer Raffarin, tel ou tel, madame Royal ferait bien de vérifier si le plan qu'elle a signé hier est vraiment sérieux.
Je mets de côté, je fais un peu de politique deux minutes...
Faites...
C'est mission impossible pour vous face à elle, non ?
Ecoutez, moi, je ne fais pas la Une de Voici une semaine, de Closer, l'autre, de Paris Match la troisième...
Oui, certes, mais enfin...
Eh bien, je vais mener un combat le meilleur possible, et puis, je suis comme je suis.
Vous le faites pour épater le Président et pour rester au Gouvernement ?
Non, non, vous savez, moi, ça fait sept ans et demi que je suis au Gouvernement, donc je sais par nature que le Gouvernement, ce n'est pas un CDI. Et donc, un CDD, ça s'achève toujours. Donc je le fais par devoir, et je le fais parce que j'aime cette région. Je suis poitevin, je suis président du département de la Charente-Maritime, je crois que les gens m'aiment bien, et je vais faire un combat à la loyale, pas d'attaques personnelles...
Et non pas "à la Royal" ?
Voilà, ce sera un combat à la loyale, et pas contre madame Royal, mais pour les idées qui sont celles de la majorité présidentielle.
Le président de la République défraie à nouveau la chronique ce matin. Vous avez peut-être vu sur Internet la polémique suscitée par ses déclarations : "je suis le directeur des ressources humaines du Parti socialiste", il l'a dit, il y a deux jours, en Alsace. Ça circule beaucoup, et ça inquiète P. Moscovici.
[Extrait de l'Intervention de P. Moscovici à France 2].
L'Etat UMP ?
J'ai connu P. Moscovici, qui est un garçon qui a beaucoup d'humour et qui est très brillant...
Qui est rigolo, lui aussi ?
Plus drôle. Plus drôle et moins sectaire. Le président de la République a des expressions, il manie l'humour. Je pensais que monsieur Moscovici comprenait le deuxième degré d'humour quand... Si le président de la République a dit, s'il l'a dit qu'il était le DRH du PS...
Il l'a dit, il y a une vidéo, on vous le montrera en sortant - vous ne regardez pas assez I>Télé...
Oui, c'est plutôt amusant, non ?
Je ne sais pas...
Ben, je trouve, moi.
Il n'y a pas un peu d'arrogance, là-dedans ?
Non. Vous savez, la politique, c'est quand même assez humble de diriger la France aujourd'hui, dans la situation économique et sociale, au moment de Copenhague, c'est beaucoup de devoirs, beaucoup de charges. Et je trouve que le président de la République le fait avec grand mérite et grande responsabilité.
Merci d'avoir été notre invité. Et retour au dossier que vous avez mis sur la table aujourd'hui, et dont vous nous avez fait partager quelques-unes de vos analyses. Une bonne journée à vous, si j'ose dire.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 décembre 2009