Texte intégral
MONSIEUR ZHE
Quelles sont les politiques préférentielles que les investisseurs étrangers peuvent obtenir en France ? De quelles politiques préférentielles les investisseurs chinois peuvent-ils bénéficier en France ?
FRANÇOIS FILLON
Je ne peux que vous féliciter pour avoir choisi la France pour investir. Vous avez eu raison de le faire et d'ailleurs vous n'êtes pas le seul puisque la France est aujourd'hui la troisième destination au monde pour les investissements directs étrangers après les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Les chiffres de l'investissement chinois en France sont encore limités mais nous constatons depuis 2004 une augmentation extrêmement rapide puisque de plus en plus de groupes chinois comme vous, avez décidé de choisir la France pour leur implantation en Europe. Il y a aujourd'hui à peu près 4.500 personnes qui travaillent en France pour des entreprises chinoises. Je veux vous dire que les investissements chinois en France sont les bienvenus et c'est d'ailleurs dans cet esprit que nous allons signer tout à l'heure un accord très important entre la Caisse des Dépôts et Consignations et la CHINA DEVELOPMENT BANK pour favoriser ces investissements chinois en France. Nous avons entrepris depuis deux ans et demi avec le Président de la République un effort de réforme économique considérable qui a un seul objectif : placer la France au premier rang des pays européens en matière de compétitivité. Nous avons notamment dans cet esprit réformé les procédures qui permettent la création d'entreprises en France qui étaient peut-être par le passé un peu trop lourdes et un peu trop complexes. Nous avons entrepris de réduire la fiscalité qui pèse sur les entreprises et en particulier de supprimer la fiscalité qui handicape les investissements, c'est dans ce sens qu'au 1er janvier prochain, un impôt important, la taxe professionnelle qui frappait les entreprises au moment même où elles investissaient, sera purement et simplement supprimée. Et puis nous avons mis en place un dispositif de soutien à la recherche qu'on appelle le crédit d'impôt recherche, qui nous place aujourd'hui au premier rang des pays de l'OCDE en matière d'attractivité pour le soutien à l'innovation et à la recherche. Voilà, je crois qu'aujourd'hui la France a beaucoup d'atouts pour accueillir les investissements étrangers. La France est très soucieuse de recevoir dans les meilleures conditions les investissements des entreprises chinoises. J'ajoute que naturellement en France, au-delà de toutes ces mesures techniques, vous savez qu'on bénéficie d'une qualité de vie qui est une qualité de vie exceptionnelle et dont les entreprises chinoises qui sont installées en France, bénéficient. D'ailleurs je voudrais vous féliciter pour avoir fait l'effort d'apprendre la langue française, je dis ici à tous les chefs d'entreprise français qui viennent, qu'ils peuvent faire de même pour apprendre la langue chinoise.
INTERVENANT
Merci Monsieur le Premier ministre.
MONSIEUR ZHE
Merci beaucoup votre Excellence ; nous sommes rassurés pour continuer à investir en France. Merci.
INTERVENANT
Je vous propose maintenant de prendre une deuxième question, la question de monsieur Jean-Pascal TRICOIRE, PDG de SCHNEIDER ELECTRIC.
JEAN-PASCAL TRICOIRE
Monsieur le Premier ministre, bonjour. Mesdames et Messieurs, bonjour, donc je suis président de SCHNEIDER ELECTRIC mais je suis aussi président du comité France-Chine dont le rôle est de développer les relations entre les entreprises de nos deux pays. Alors l'année dernière... enfin cette année d'ailleurs, en avril, nous avons tenu ici un colloque entre des entreprises françaises et des entreprises chinoises, nous étions au coeur de la crise à cette époque et le colloque avait conclu que la seule façon de sortir de la crise, c'était d'innover et particulièrement d'innover dans le domaine de la croissance verte, de l'économie verte, et dans le domaine du développement durable. Nous sortons de Copenhague. Vous avez mentionné dans votre discours que vous vouliez que la France et la Chine développent des coopérations dans ce domaine ; est-ce que vous pourriez être plus précis, qu'est-ce que vous attendez précisément particulièrement des entreprises et est-ce que vous pourriez nous dire précisément ce que les deux gouvernements entendent faire ensemble ?
FRANÇOIS FILLON
D'abord Monsieur TRICOIRE, moi je crois beaucoup à l'investissement de la France, de la Chine, de l'ensemble des pays qui disposent d'une capacité de recherche, d'une capacité scientifique dans les technologies qui nous permettront de surmonter le défi des changements climatiques. Je pense que c'est la science et la recherche qui sont en réalité les clefs de cette réponse que nous devons trouver ensemble et non pas la décroissance et la limitation de nos activités économiques. Le gouvernement français et le gouvernement chinois ont déjà adopté en 2007 dans cet esprit, une déclaration conjointe sur le changement climatique et nous avons conclu un accord gouvernemental sur le développement urbain durable. La totalité des interventions en Chine de l'Agence Française de Développement intègre la lutte contre le changement climatique comme le sujet prioritaire. L'AFD va d'ailleurs signer aujourd'hui un nouveau protocole qui porte sur le développement du marché des crédits carbone en Chine. Ensuite les entreprises françaises et en particulier des groupes comme SCHNEIDER ELECTRIC, comme GDF SUEZ, comme VEOLIA ou comme EDF qui sont des groupes qui disposent d'une expertise qui est reconnue dans le monde entier en matière d'efficacité énergétique, sont en train de développer leur présence sur le territoire chinois ; et de leur côté, nous avons noté des investissements chinois en France dans des domaines comme l'énergie solaire ou comme l'énergie éolienne. Eh bien ce que je souhaite aujourd'hui, c'est que nous puissions franchir une étape supplémentaire en mettant en commun les compétences et les moyens qui sont rassemblés dans cette salle pour accélérer nos investissements vers une croissance qui soit beaucoup plus économe en carbone. Il y a un certain nombre de projets pilotes franco-chinois qui apparaissent dans certaines villes - je pense à celui de Wujiang - je souhaite que le comité France-Chine que vous dirigez, Monsieur TRICOIRE, soit en collaboration avec nos partenaires chinois le moteur d'un partenariat renforcé qui conduira de plus en plus de collectivités en Chine, en France, de plus en plus d'entreprises à associer leurs efforts pour par la science, par la recherche, par l'investissement technologique, résoudre cette question vitale de la réduction de la quantité de carbone émise par nos économies.
JEAN-PASCAL TRICOIRE
Très bien, merci. Le comité organise l'année prochaine en avril une autre rencontre entre présidents d'entreprise et nous reviendrons vers vous avec des propositions.
INTERVENANT
J'invite pour la troisième question monsieur TIENG, PDG de la société HANMA.
M. TIENG
Monsieur le Ministre, au mois d'octobre dernier, j'ai eu l'honneur d'être invité par le ministre des Sciences et Technologies, j'ai effectué une visite en France et nous avons visité des universités, des centres de recherche ainsi que des sociétés de haut niveau et j'ai été bien inspiré par cette visite et j'apprécie beaucoup le succès obtenu par ces sociétés ou ces centres de recherche. Pour moi, les sociétés chinoises et les sociétés françaises doivent travailler de concert pour l'innovation afin de travailler ensemble pour trouver une nouvelle modalité de croissance économique. Je voudrais poser une question à Monsieur le Premier ministre, donc la France et la Chine, pour vous, quels sont les moyens que l'on doit trouver pour renforcer la coopération bilatérale technologique ?
FRANÇOIS FILLON
La première des manières de renforcer cette coopération technologique, réside dans la coopération entre les pôles de compétitivité français que nous avons mis en place il y a quelques années et qui constituent un grand succès ; et les parcs technologiques chinois. Il y a déjà plusieurs accords qui ont été passés entre ces pôles de compétitivité et ces parcs technologiques. Ça permet de rassembler des deux côtés des universités, des laboratoires et des entreprises en couvrant tout le champ de la recherche fondamentale jusqu'à l'application industrielle et d'ailleurs dans cet esprit, nous espérons la signature imminente d'un accord entre OSEO, qui est l'agence française qui est en charge de ces sujets, et l'organisme chinois TORCH pour justement renforcer ces partenariats d'innovation. Ensuite nous avons beaucoup d'accords universitaires dont nous pouvons nous inspirer pour développer la coopération entre les universités chinoises et les universités françaises, je crois qu'il existe plus de 360 accords entre les universités françaises et les universités chinoises. Nous avons créé des partenariats d'excellence entre les établissements les plus prestigieux. Nous aurons d'ailleurs l'occasion cet après-midi de signer un accord qui va permettre la création d'un institut franco-chinois de formation des ingénieurs nucléaires qui regroupera plusieurs grandes institutions françaises sous l'égide de l'Institut polytechnique de Grenoble et l'université Sun Yat Sen de Canton. Demain j'aurai l'occasion de visiter l'université aéronautique de Beihang qui abrite depuis 2004 l'école centrale de Pékin ; je pense que c'est aussi dans ces lieux de savoir que nous pourrons créer les partenariats technologiques de demain. Il faut que vous sachiez que la France a engagé un très gros effort de modernisation de ses universités. Nous avons d'abord réformé leur statut en leur donnant une très grande autonomie et puis nous avons décidé d'investir massivement sur une dizaine d'universités françaises que nous voulons porter au meilleur niveau des universités mondiales ; depuis que j'ai l'honneur de présider le gouvernement de la République française, nous avons décidé d'accroître chaque année les moyens publics consacrés aux universités, nous allons les accroître de 50% durant le quinquennat du Président de la République et plus récemment nous avons pris la décision de consacrer une très grande part des investissements d'avenir aux universités françaises et à la recherche ; ceci nous mettra au meilleur niveau pour conclure avec les universités chinoises des partenariats d'avenir. Je crois que c'est à travers la multiplication de ces accords que nous pourrons donner à cette coopération technologique bilatérale que vous souhaitez, toute la réalité que les entreprises chinoises sont en droit d'attendre de leur coopération avec les pays développés.
INTERVENANT
Merci Monsieur le Premier ministre.
M. TIENG
Merci Monsieur le Ministre. L'année prochaine, nous allons créer un centre de recherche... l'année prochaine. Moi je suis trop âgé pour apprendre le français mais nous avons des étudiants qui parlent bien le français et j'espère que le travail que nous avons réalisé jusqu'ici peut nous servir d'un côté comme de l'autre. Merci.
INTERVENANT
J'appelle maintenant monsieur Tiker YONG de la société SINO HYDRO.
M. YONG
Monsieur le Premier ministre, bonjour. Bonjour Mesdames et Messieurs, je viens de SINO HYDRO qui est une entreprise d'Etat qui appartient au pouvoir central et nous sommes l'une des huit grandes entreprises de la Chine et nos activités couvrent toutes les activités de la construction des infrastructures et nous espérons que nous avons l'avantage d'une compétitivité forte internationale dans les installations et dans le domaine des infrastructures ; nous avons plus de deux cents projets en cours et avec de nombreuses sociétés françaises, nous avons des coopérations pour défricher le marché international par exemple avec des sociétés aussi connues que ALSTOM, VEOLIA. Nous avons des relations de coopération pour défricher les marchés internationaux. Donc sur différents stades de la fabrication, nous avons un avantage comme manufacturier. C'est pour ça que nous souhaitons beaucoup renforcer la coopération que nous avons avec les sociétés françaises ; nous avons mis au jour des relations stratégiques avec des sociétés telles qu'ALSTOM mais nous voulons aussi avoir des relations de coopération avec les sociétés AREVA ou EDF ou BOUYGUES, qu'on puisse mettre en place des partenariats stratégiques pour défricher les marchés internationaux. Je voudrais poser une question à Monsieur le Premier ministre : quelles sont les mesures de votre gouvernement qui permettent de rapprocher les entreprises chinoises et les entreprises françaises sur les marchés internationaux et qu'est-ce que vous voulez faire pour mettre en place une atmosphère favorable à la coopération entre les entreprises françaises et chinoises ? Est-ce que vous avez la volonté d'encourager cette coopération entre les entreprises françaises et chinoises ? Merci de votre attention.
FRANÇOIS FILLON
Je vous remercie. D'abord je voudrais vous dire que les coopérations entre les entreprises chinoises et les entreprises françaises sont les bienvenues mais elles sont de la décision des entreprises françaises et des entreprises chinoises. S'agissant du gouvernement français, nous ferons tout pour les encourager. Au fond le monde aujourd'hui a à faire face à un défi absolument considérable qui est le défi de la pauvreté ; je ne crois pas que le monde puisse résister à l'accroissement des déséquilibres qui existent aujourd'hui entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres et si nous reconnaissons que ce défi est peut-être le principal que nous devons relever, alors nous ne devons pas continuer à considérer qu'il y a compétition, rivalité, chasse gardée s'agissant de la coopération avec les pays les plus pauvres, je pense notamment à l'Afrique ou au Moyen-Orient où la France a une expérience longue et où elle souhaite pouvoir coopérer de façon harmonieuse avec les entreprises chinoises, avec le gouvernement chinois, de façon ensemble à apporter des solutions qui soient des solutions concrètes, immédiates, à des problèmes qui sont des problèmes existentiels : l'eau, l'énergie, la santé, les questions de la nourriture, de l'alimentaire. Pour y parvenir il faut que nous puissions dépasser les suspicions qui existent entre nous ; il faut que nous puissions dépasser les concepts de chasse gardée ou de zone d'influence qui à l'évidence n'ont plus de raison d'être à l'heure de la globalisation et il faut au contraire que nous cherchions à exploiter au maximum nos complémentarités. Nous arrivons à le faire dans le cadre de grands partenariats structurants. J'ai cité plusieurs fois depuis ce matin l'aéronautique où AIRBUS emploie des industriels chinois pour la construction des A320 et demain des A350 et où la COMAC s'apprête à recourir à des équipements français, de SAFRAN pour son futur avion C919. Eh bien il faut que nous apprenions à tirer tous les enseignements de ces partenariats pour les appliquer de façon plus générale dans les contrats que nous sommes capables de mettre en oeuvre dans les pays tiers. C'est de l'association de nos compétences, c'est de l'association de nos savoir-faire que nous pourrons trouver des solutions réellement efficaces au-delà des discours, au-delà des questions tellement compliquées de la gouvernance mondiale, au problème de la pauvreté dans le monde. Je pense que la France et la Chine en raison de leur culture, en raison de leur histoire, en raison de leur savoir-faire ont un rôle particulier à jouer pour apporter des réponses à la question des déséquilibres mondiaux et une des meilleures façons de le faire, c'est d'associer nos entreprises pour qu'elles offrent des réponses communes aux problèmes existentiels qui sont ceux des pays du Tiers-monde.
Source http://www.gouvernement.fr, le 23 décembre 2009
Quelles sont les politiques préférentielles que les investisseurs étrangers peuvent obtenir en France ? De quelles politiques préférentielles les investisseurs chinois peuvent-ils bénéficier en France ?
FRANÇOIS FILLON
Je ne peux que vous féliciter pour avoir choisi la France pour investir. Vous avez eu raison de le faire et d'ailleurs vous n'êtes pas le seul puisque la France est aujourd'hui la troisième destination au monde pour les investissements directs étrangers après les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Les chiffres de l'investissement chinois en France sont encore limités mais nous constatons depuis 2004 une augmentation extrêmement rapide puisque de plus en plus de groupes chinois comme vous, avez décidé de choisir la France pour leur implantation en Europe. Il y a aujourd'hui à peu près 4.500 personnes qui travaillent en France pour des entreprises chinoises. Je veux vous dire que les investissements chinois en France sont les bienvenus et c'est d'ailleurs dans cet esprit que nous allons signer tout à l'heure un accord très important entre la Caisse des Dépôts et Consignations et la CHINA DEVELOPMENT BANK pour favoriser ces investissements chinois en France. Nous avons entrepris depuis deux ans et demi avec le Président de la République un effort de réforme économique considérable qui a un seul objectif : placer la France au premier rang des pays européens en matière de compétitivité. Nous avons notamment dans cet esprit réformé les procédures qui permettent la création d'entreprises en France qui étaient peut-être par le passé un peu trop lourdes et un peu trop complexes. Nous avons entrepris de réduire la fiscalité qui pèse sur les entreprises et en particulier de supprimer la fiscalité qui handicape les investissements, c'est dans ce sens qu'au 1er janvier prochain, un impôt important, la taxe professionnelle qui frappait les entreprises au moment même où elles investissaient, sera purement et simplement supprimée. Et puis nous avons mis en place un dispositif de soutien à la recherche qu'on appelle le crédit d'impôt recherche, qui nous place aujourd'hui au premier rang des pays de l'OCDE en matière d'attractivité pour le soutien à l'innovation et à la recherche. Voilà, je crois qu'aujourd'hui la France a beaucoup d'atouts pour accueillir les investissements étrangers. La France est très soucieuse de recevoir dans les meilleures conditions les investissements des entreprises chinoises. J'ajoute que naturellement en France, au-delà de toutes ces mesures techniques, vous savez qu'on bénéficie d'une qualité de vie qui est une qualité de vie exceptionnelle et dont les entreprises chinoises qui sont installées en France, bénéficient. D'ailleurs je voudrais vous féliciter pour avoir fait l'effort d'apprendre la langue française, je dis ici à tous les chefs d'entreprise français qui viennent, qu'ils peuvent faire de même pour apprendre la langue chinoise.
INTERVENANT
Merci Monsieur le Premier ministre.
MONSIEUR ZHE
Merci beaucoup votre Excellence ; nous sommes rassurés pour continuer à investir en France. Merci.
INTERVENANT
Je vous propose maintenant de prendre une deuxième question, la question de monsieur Jean-Pascal TRICOIRE, PDG de SCHNEIDER ELECTRIC.
JEAN-PASCAL TRICOIRE
Monsieur le Premier ministre, bonjour. Mesdames et Messieurs, bonjour, donc je suis président de SCHNEIDER ELECTRIC mais je suis aussi président du comité France-Chine dont le rôle est de développer les relations entre les entreprises de nos deux pays. Alors l'année dernière... enfin cette année d'ailleurs, en avril, nous avons tenu ici un colloque entre des entreprises françaises et des entreprises chinoises, nous étions au coeur de la crise à cette époque et le colloque avait conclu que la seule façon de sortir de la crise, c'était d'innover et particulièrement d'innover dans le domaine de la croissance verte, de l'économie verte, et dans le domaine du développement durable. Nous sortons de Copenhague. Vous avez mentionné dans votre discours que vous vouliez que la France et la Chine développent des coopérations dans ce domaine ; est-ce que vous pourriez être plus précis, qu'est-ce que vous attendez précisément particulièrement des entreprises et est-ce que vous pourriez nous dire précisément ce que les deux gouvernements entendent faire ensemble ?
FRANÇOIS FILLON
D'abord Monsieur TRICOIRE, moi je crois beaucoup à l'investissement de la France, de la Chine, de l'ensemble des pays qui disposent d'une capacité de recherche, d'une capacité scientifique dans les technologies qui nous permettront de surmonter le défi des changements climatiques. Je pense que c'est la science et la recherche qui sont en réalité les clefs de cette réponse que nous devons trouver ensemble et non pas la décroissance et la limitation de nos activités économiques. Le gouvernement français et le gouvernement chinois ont déjà adopté en 2007 dans cet esprit, une déclaration conjointe sur le changement climatique et nous avons conclu un accord gouvernemental sur le développement urbain durable. La totalité des interventions en Chine de l'Agence Française de Développement intègre la lutte contre le changement climatique comme le sujet prioritaire. L'AFD va d'ailleurs signer aujourd'hui un nouveau protocole qui porte sur le développement du marché des crédits carbone en Chine. Ensuite les entreprises françaises et en particulier des groupes comme SCHNEIDER ELECTRIC, comme GDF SUEZ, comme VEOLIA ou comme EDF qui sont des groupes qui disposent d'une expertise qui est reconnue dans le monde entier en matière d'efficacité énergétique, sont en train de développer leur présence sur le territoire chinois ; et de leur côté, nous avons noté des investissements chinois en France dans des domaines comme l'énergie solaire ou comme l'énergie éolienne. Eh bien ce que je souhaite aujourd'hui, c'est que nous puissions franchir une étape supplémentaire en mettant en commun les compétences et les moyens qui sont rassemblés dans cette salle pour accélérer nos investissements vers une croissance qui soit beaucoup plus économe en carbone. Il y a un certain nombre de projets pilotes franco-chinois qui apparaissent dans certaines villes - je pense à celui de Wujiang - je souhaite que le comité France-Chine que vous dirigez, Monsieur TRICOIRE, soit en collaboration avec nos partenaires chinois le moteur d'un partenariat renforcé qui conduira de plus en plus de collectivités en Chine, en France, de plus en plus d'entreprises à associer leurs efforts pour par la science, par la recherche, par l'investissement technologique, résoudre cette question vitale de la réduction de la quantité de carbone émise par nos économies.
JEAN-PASCAL TRICOIRE
Très bien, merci. Le comité organise l'année prochaine en avril une autre rencontre entre présidents d'entreprise et nous reviendrons vers vous avec des propositions.
INTERVENANT
J'invite pour la troisième question monsieur TIENG, PDG de la société HANMA.
M. TIENG
Monsieur le Ministre, au mois d'octobre dernier, j'ai eu l'honneur d'être invité par le ministre des Sciences et Technologies, j'ai effectué une visite en France et nous avons visité des universités, des centres de recherche ainsi que des sociétés de haut niveau et j'ai été bien inspiré par cette visite et j'apprécie beaucoup le succès obtenu par ces sociétés ou ces centres de recherche. Pour moi, les sociétés chinoises et les sociétés françaises doivent travailler de concert pour l'innovation afin de travailler ensemble pour trouver une nouvelle modalité de croissance économique. Je voudrais poser une question à Monsieur le Premier ministre, donc la France et la Chine, pour vous, quels sont les moyens que l'on doit trouver pour renforcer la coopération bilatérale technologique ?
FRANÇOIS FILLON
La première des manières de renforcer cette coopération technologique, réside dans la coopération entre les pôles de compétitivité français que nous avons mis en place il y a quelques années et qui constituent un grand succès ; et les parcs technologiques chinois. Il y a déjà plusieurs accords qui ont été passés entre ces pôles de compétitivité et ces parcs technologiques. Ça permet de rassembler des deux côtés des universités, des laboratoires et des entreprises en couvrant tout le champ de la recherche fondamentale jusqu'à l'application industrielle et d'ailleurs dans cet esprit, nous espérons la signature imminente d'un accord entre OSEO, qui est l'agence française qui est en charge de ces sujets, et l'organisme chinois TORCH pour justement renforcer ces partenariats d'innovation. Ensuite nous avons beaucoup d'accords universitaires dont nous pouvons nous inspirer pour développer la coopération entre les universités chinoises et les universités françaises, je crois qu'il existe plus de 360 accords entre les universités françaises et les universités chinoises. Nous avons créé des partenariats d'excellence entre les établissements les plus prestigieux. Nous aurons d'ailleurs l'occasion cet après-midi de signer un accord qui va permettre la création d'un institut franco-chinois de formation des ingénieurs nucléaires qui regroupera plusieurs grandes institutions françaises sous l'égide de l'Institut polytechnique de Grenoble et l'université Sun Yat Sen de Canton. Demain j'aurai l'occasion de visiter l'université aéronautique de Beihang qui abrite depuis 2004 l'école centrale de Pékin ; je pense que c'est aussi dans ces lieux de savoir que nous pourrons créer les partenariats technologiques de demain. Il faut que vous sachiez que la France a engagé un très gros effort de modernisation de ses universités. Nous avons d'abord réformé leur statut en leur donnant une très grande autonomie et puis nous avons décidé d'investir massivement sur une dizaine d'universités françaises que nous voulons porter au meilleur niveau des universités mondiales ; depuis que j'ai l'honneur de présider le gouvernement de la République française, nous avons décidé d'accroître chaque année les moyens publics consacrés aux universités, nous allons les accroître de 50% durant le quinquennat du Président de la République et plus récemment nous avons pris la décision de consacrer une très grande part des investissements d'avenir aux universités françaises et à la recherche ; ceci nous mettra au meilleur niveau pour conclure avec les universités chinoises des partenariats d'avenir. Je crois que c'est à travers la multiplication de ces accords que nous pourrons donner à cette coopération technologique bilatérale que vous souhaitez, toute la réalité que les entreprises chinoises sont en droit d'attendre de leur coopération avec les pays développés.
INTERVENANT
Merci Monsieur le Premier ministre.
M. TIENG
Merci Monsieur le Ministre. L'année prochaine, nous allons créer un centre de recherche... l'année prochaine. Moi je suis trop âgé pour apprendre le français mais nous avons des étudiants qui parlent bien le français et j'espère que le travail que nous avons réalisé jusqu'ici peut nous servir d'un côté comme de l'autre. Merci.
INTERVENANT
J'appelle maintenant monsieur Tiker YONG de la société SINO HYDRO.
M. YONG
Monsieur le Premier ministre, bonjour. Bonjour Mesdames et Messieurs, je viens de SINO HYDRO qui est une entreprise d'Etat qui appartient au pouvoir central et nous sommes l'une des huit grandes entreprises de la Chine et nos activités couvrent toutes les activités de la construction des infrastructures et nous espérons que nous avons l'avantage d'une compétitivité forte internationale dans les installations et dans le domaine des infrastructures ; nous avons plus de deux cents projets en cours et avec de nombreuses sociétés françaises, nous avons des coopérations pour défricher le marché international par exemple avec des sociétés aussi connues que ALSTOM, VEOLIA. Nous avons des relations de coopération pour défricher les marchés internationaux. Donc sur différents stades de la fabrication, nous avons un avantage comme manufacturier. C'est pour ça que nous souhaitons beaucoup renforcer la coopération que nous avons avec les sociétés françaises ; nous avons mis au jour des relations stratégiques avec des sociétés telles qu'ALSTOM mais nous voulons aussi avoir des relations de coopération avec les sociétés AREVA ou EDF ou BOUYGUES, qu'on puisse mettre en place des partenariats stratégiques pour défricher les marchés internationaux. Je voudrais poser une question à Monsieur le Premier ministre : quelles sont les mesures de votre gouvernement qui permettent de rapprocher les entreprises chinoises et les entreprises françaises sur les marchés internationaux et qu'est-ce que vous voulez faire pour mettre en place une atmosphère favorable à la coopération entre les entreprises françaises et chinoises ? Est-ce que vous avez la volonté d'encourager cette coopération entre les entreprises françaises et chinoises ? Merci de votre attention.
FRANÇOIS FILLON
Je vous remercie. D'abord je voudrais vous dire que les coopérations entre les entreprises chinoises et les entreprises françaises sont les bienvenues mais elles sont de la décision des entreprises françaises et des entreprises chinoises. S'agissant du gouvernement français, nous ferons tout pour les encourager. Au fond le monde aujourd'hui a à faire face à un défi absolument considérable qui est le défi de la pauvreté ; je ne crois pas que le monde puisse résister à l'accroissement des déséquilibres qui existent aujourd'hui entre les pays les plus riches et les pays les plus pauvres et si nous reconnaissons que ce défi est peut-être le principal que nous devons relever, alors nous ne devons pas continuer à considérer qu'il y a compétition, rivalité, chasse gardée s'agissant de la coopération avec les pays les plus pauvres, je pense notamment à l'Afrique ou au Moyen-Orient où la France a une expérience longue et où elle souhaite pouvoir coopérer de façon harmonieuse avec les entreprises chinoises, avec le gouvernement chinois, de façon ensemble à apporter des solutions qui soient des solutions concrètes, immédiates, à des problèmes qui sont des problèmes existentiels : l'eau, l'énergie, la santé, les questions de la nourriture, de l'alimentaire. Pour y parvenir il faut que nous puissions dépasser les suspicions qui existent entre nous ; il faut que nous puissions dépasser les concepts de chasse gardée ou de zone d'influence qui à l'évidence n'ont plus de raison d'être à l'heure de la globalisation et il faut au contraire que nous cherchions à exploiter au maximum nos complémentarités. Nous arrivons à le faire dans le cadre de grands partenariats structurants. J'ai cité plusieurs fois depuis ce matin l'aéronautique où AIRBUS emploie des industriels chinois pour la construction des A320 et demain des A350 et où la COMAC s'apprête à recourir à des équipements français, de SAFRAN pour son futur avion C919. Eh bien il faut que nous apprenions à tirer tous les enseignements de ces partenariats pour les appliquer de façon plus générale dans les contrats que nous sommes capables de mettre en oeuvre dans les pays tiers. C'est de l'association de nos compétences, c'est de l'association de nos savoir-faire que nous pourrons trouver des solutions réellement efficaces au-delà des discours, au-delà des questions tellement compliquées de la gouvernance mondiale, au problème de la pauvreté dans le monde. Je pense que la France et la Chine en raison de leur culture, en raison de leur histoire, en raison de leur savoir-faire ont un rôle particulier à jouer pour apporter des réponses à la question des déséquilibres mondiaux et une des meilleures façons de le faire, c'est d'associer nos entreprises pour qu'elles offrent des réponses communes aux problèmes existentiels qui sont ceux des pays du Tiers-monde.
Source http://www.gouvernement.fr, le 23 décembre 2009