Texte intégral
M. Biraben et C. Roux.- M. Biraben : L. Chatel, le ministre de l'Education Nationale et par ailleurs porte-parole du Gouvernement, est notre invité ce matin, au lendemain de la conférence de presse de N. Sarkozy sur le grand emprunt. Le chef de l'Etat a confirmé le montant de 35 milliards, mais il a choisi de mettre l'accent sur la lutte contre les déficits, en évoquant une réduction des dépenses courantes de l'Etat. Pas de psychodrame, cette fois on peut le dire, le Président a évité les dérapages. L. Chatel, bonjour.
Bonjour.
M. Biraben : Soyez le bienvenu.
C. Roux : Bonjour, bienvenu.
Bonjour.
C. Roux : Un mot d'abord sur cet enfant de 12 ans, victime d'un règlement de comptes à Lyon, donc tué de 10 balles, d'un fusil mitrailleur, pour un pauvre règlement de comptes. N. Sarkozy avait promis de nettoyer les quartiers au Kärcher : est-ce que le Gouvernement est impuissant ?
Non. D'abord, je ne peux qu'avoir une pensée pour la famille de cet enfant, c'est absolument tragique, que l'on en vienne à des affrontements armés, avec des armes de guerre, dans des quartiers, et tout ça pour rien. Donc, cet enfant est mort pour rien et il faut d'abord penser à sa famille. Je crois que, vous savez, le Gouvernement continue à déployer beaucoup d'efforts pour lutter contre l'insécurité. La vérité c'est que la lutte contre l'insécurité, c'est un combat de tous les instants, un combat de tous les jours. La délinquance, elle se déplace, les modes d'insécurité changent et en permanence...
C. Roux : Ça veut dire que le Gouvernement est impuissant, ou pas, justement, à s'adapter à...
Non, le Gouvernement n'est pas impuissant, la preuve c'est que B. Hortefeux annonce régulièrement des chiffres qui vont dans le bon sens. Nous devrions être à la 7ème année de suite de baisse de l'insécurité, donc, il y a un vrai combat qui est mené par le Gouvernement. Simplement, nous devons en permanence nous adapter à cette délinquance nouvelle dans les quartiers, et redoubler d'énergie et de moyens.
C. Roux : C'est un cas isolé ?
Heureusement que ce cas n'est pas si fréquent. En même temps, nous avons...
C. Roux : Un fusil mitrailleur, on va rappeler que ce sont des armes de guerre.
Oui, absolument, c'est ce que je viens d'indiquer, donc c'est effectivement dans cet esprit plutôt un cas isolé, en même temps, il y a des affrontements dans les banlieues et B. Hortefeux se déploie pour y remédier.
M. Biraben : Le grand emprunt, Caroline.
C. Roux : Oui, la conférence de presse du Président, hier. Le chef de l'Etat a mis l'accent sur la lutte contre les déficits. Est-ce que évoquer les déficits, au moment où on emprunte 35 milliards, 22 milliards qu'il faut lever, c'est une façon de faire passer la pilule, c'est pour ne pas affoler les marchés ?
Non, je crois que... Vous savez, d'abord, qu'est-ce qu'il y a derrière cette idée de grand emprunt ? Il y a l'idée que, au moment où va s'amorcer la sortie de la crise, eh bien c'est important que notre pays soit mieux préparé que les autres, à la reprise. Vous savez, à la fin de cette crise, on a toujours dit qu'il y aurait des gagnants et des perdants. Eh bien nous, nous avons tout fait, depuis un petit peu plus d'un an, pour que la France sorte gagnante de cette crise, malgré les grandes difficultés dans lesquelles sont nos concitoyens. Donc on a d'abord tout fait pour amortir le choc, pour éviter la catastrophe. Objectivement, la situation est plutôt moins mauvaise en France qu'ailleurs. La France a mieux résisté à la crise qu'ailleurs. Et puis ensuite, une fois que la croissance va repartir, c'est très important que notre pays, soit mieux positionné que ses voisins, sur un certain nombre de créneaux d'avenir, les industries du futur, le numérique, la formation supérieure, la recherche, donc c'est l'objectif de cet emprunt : investir dans des dépenses d'avenir.
C. Roux : Là, vous évoquez le volet dépenses...
Oui.
C. Roux : Sur la question des déficits, précisément, le chef de l'Etat a évoqué une baisse des dépenses courantes de l'Etat. Quels sont les efforts qu'il faut faire ? Est-ce que vous nous annoncez ce matin, un effort supplémentaire sur la Revue générale des politiques publiques ?
Effectivement, N. Sarkozy a indiqué - et ça répond à votre première question - que cet emprunt, d'abord, l'objectif c'est que le remboursement, les intérêts de cet emprunt seraient gagés sur des économies du train de vie courant de l'Etat, et...
C. Roux : Alors, sur quels postes on va faire des économies ?
Et dans cet emprunt, il n'y a pas de dépenses de fonctionnement, ce sont des dépenses exceptionnelles, dont l'objectif est de rapporter, qu'il y ait un retour sur investissements, et que, parce qu'on aura investi, par exemple dans le numérique, eh bien demain, ça puisse créer des emplois et de l'activité économique. Donc, on est sur « retour ». Alors, ensuite, effectivement, le Président a annoncé qu'il y aurait la poursuite de la Révision générale des politiques publiques. C'est quoi cette fameuse RGPP ?
C. Roux : On sait ce que c'est, parce qu'on en a souvent parlé sur le plateau...
D'accord.
C. Roux : Pardonnez-moi de vous couper, mais quels sont les efforts supplémentaires qu'il va devoir faire, et dans quels secteurs ?
Eh bien les dépenses : d'abord c'est le maintien du cap de ne pas renouveler un fonctionnaire sur deux partant en retraite, c'est un point très important. Vous savez que depuis le début du quinquennat de N. Sarkozy, c'est 100 000 postes de fonctionnaires qui n'ont pas été renouvelés...
C. Roux : Ça c'est fait, déjà, c'est acquis.
Oui, mais nous allons continuer, il l'a rappelé hier. Deuxièmement, dans l'organisation et le mode de fonctionnement de l'Etat, nous devons tout mettre en oeuvre pour faire des économies, pour faire en sorte que...
C. Roux : C'est possible ?
Oui, je crois que c'est possible.
C. Roux : Dans quels secteurs ?
Dans tous les secteurs, dans le mode de fonctionnement, dans la gestion de l'Etat, dans la gestion des administrations...
C. Roux : Dans l'Education Nationale ?
Eh bien, dans l'Education Nationale, nous le faisons au quotidien. Je rappelle que nous ne renouvelons pas un fonctionnaire sur deux partant en retraite, et puis nous cherchons à optimiser nos moyens, pour faire en sorte que l'organisation du système de l'Education Nationale soit plus efficace, que tout ça ne se fasse pas avec moins de services pour nos concitoyens, mais au contraire un meilleur service, de meilleure qualité, à moindre coût.
C. Roux : Alors, on a le sentiment que pour l'instant, les économies, elles se font sur l'écologie. Dans la bataille, il y en a un qui a perdu 3 milliards, c'est J.-L. Borloo, au détriment, visiblement, de l'Industrie, Léon en parlait tout à l'heure dans la Revue de presse. C'est un mauvais signal envoyé.
Ah non, je ne crois pas. Vous savez, d'abord le Gouvernement, ce gouvernement, personne ne peut le nier, est celui qui a sans doute le plus fait en matière d'environnement, avec le Grenelle de l'environnement, avec le paquet énergie/climat, la directive européenne qui a été adoptée sous la présidence française. Et puis N. Sarkozy a pris la tête du combat mondial contre le réchauffement de la planète et il a encouragé l'ensemble des pays, en particulier les pays européens, à venir unis à Copenhague.
C. Roux : Ces trois milliards, on n'en parle pas, enfin, je...
Non, mais ce n'est pas qu'on n'en parle pas, c'est que quand on investit dans l'industrie, quand on investit dans les technologies du futur, eh bien ça aura des conséquences pour l'environnement. Par exemple, on a décidé d'investir dans le véhicule électrique. Le véhicule électrique, c'est clairement un pas important sur la réduction des gaz à effet de serre, donc sur l'environnement.
M. Biraben : On passe à votre domaine, Monsieur le Ministre : l'éducation.
C. Roux : Oui. Une journée de mobilisation aujourd'hui sur le projet de masterisation, un projet ultrasensible, qui avait été reporté et qui revient. Pourquoi est-ce que vous le remettez sur la table, aujourd'hui, parce que vous estimez qu'aujourd'hui ça peut passer ?
Alors, d'abord, nous ne le remettons pas sur la table aujourd'hui, puisque dès mon arrivée au mois de juin, j'avais indiqué, avec V. Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur, que nous allions travailler ensemble pour aller vers un allongement de la formation des enseignants. Derrière, il y a un message très fort qui consiste à dire : il faut encore améliorer, renforcer la formation des enseignants. Derrière, il y a un message très fort, qui consiste à dire : il faut encore améliorer, renforcer la formation de nos enseignants, en allongeant d'une année, leur formation.
C. Roux : Voilà, c'est ça, on leur impose un Bac +5, alors qu'avant il ne leur était demandé qu'une licence.
Absolument, voilà. Et l'objectif, c'est quoi ? C'est à la fois d'avoir des enseignants qui soient les meilleurs dans leur discipline. Il faut recruter les meilleurs mathématiciens pour apprendre les mathématiques, et puis en même temps que ce soit des enseignants qui aient, évidemment, des compétences en matière de transmission du savoir, d'enseignement. Donc, nous proposons une réorganisation des études, sur 5 ans, vous l'avez dit, avec notamment un concours qui aura lieu au début de la 5ème année d'études, ce que l'on appelle le Master 2, ce sera le concours d'admissibilité, et puis ensuite, pendant l'année, il y aura à la fois des stages de perfectionnement, il y aura un travail de recherche, et puis en fin d'année, les étudiants seront validés à travers une épreuve d'admission.
M. Biraben : Il y a énormément de questions, sur Internet, pour vous. On va synthétiser, parce qu'on ne peut pas vous les poser toutes, mais en gros, ce que ça donne, toutes ces questions-là, c'est que derrière le rééquilibrage des filières, derrière la suppression de l'Histoire en Terminale S, se cache, pour nos internautes, en fait, une suppression de postes. C'est comme ça que c'est pris.
Alors, d'abord, on ne supprime pas l'Histoire et la Géographie en Terminale S, puisque le programme...
M. Biraben : C'est facultatif.
Non, le programme de Terminale S d'aujourd'hui sera étudié en 1ère, puisque nous allongeons, nous augmentons le nombre d'heures d'Histoire et de Géographie en Première. Ensuite, nous avons été très clair sur la réforme du lycée ; le président de la République lui-même, le 13 octobre, a dit : nous ne faisons pas cette réforme pour faire des économies. Elle se fera à moyens constants, à taux d'encadrement constant. Il va même y avoir, d'ailleurs, des moyens supplémentaires dans cette réforme. Je prends un exemple : nous voulons améliorer l'orientation des lycéens, faire en sorte que l'on passe d'un système subi, à 14 ans, où il faut décider pour la vie, de sa voie, à un système beaucoup plus progressif et réversible. Eh bien, nous créons une mission, un accompagnement pour les lycéens, qui va s'appeler un tutorat. Les professeurs vont pouvoir exercer ce rôle, ça sera une mission complémentaire, qui sera rémunérée pour les professeurs.
C. Roux : Alors, ce qui est assez, si on résume un peu tout ce qu'on s'est dit ce matin, d'un côté vous dites : on va faire des économies, on va nous aussi dans l'Education Nationale supprimer un poste sur deux, un poste de fonctionnaires sur deux, et dans le même temps, vous dites : ce sera à moyens constants.
Oui, au lycée.
C. Roux : C'est un petit peu paradoxal, c'est-à-dire qu'à la fois on dit : il faut faire des économies d'une manière générale et chaque ministre dit « non, non, nous, ça sera à moyens constants ».
Non, non. Moi, à l'Education Nationale, j'ai une feuille de route et le président de la République ne m'a pas demandé de renoncer au non renouvellement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite. Simplement, l'Education Nationale, c'est près d'un million de collaborateurs, d'enseignants et de personnels d'encadrement, de personnels administratifs, donc nous faisons en sorte de répartir les moyens, là où il y a plus de besoins. Cette année, nous avons supprimé 16 000 postes, mais en même temps, nous avons créé des postes dans le premier degré, en primaire, où nous avons ouvert 500 classes à la rentrée, parce qu'il y avait des besoins supplémentaires. (...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 décembre 2009
Bonjour.
M. Biraben : Soyez le bienvenu.
C. Roux : Bonjour, bienvenu.
Bonjour.
C. Roux : Un mot d'abord sur cet enfant de 12 ans, victime d'un règlement de comptes à Lyon, donc tué de 10 balles, d'un fusil mitrailleur, pour un pauvre règlement de comptes. N. Sarkozy avait promis de nettoyer les quartiers au Kärcher : est-ce que le Gouvernement est impuissant ?
Non. D'abord, je ne peux qu'avoir une pensée pour la famille de cet enfant, c'est absolument tragique, que l'on en vienne à des affrontements armés, avec des armes de guerre, dans des quartiers, et tout ça pour rien. Donc, cet enfant est mort pour rien et il faut d'abord penser à sa famille. Je crois que, vous savez, le Gouvernement continue à déployer beaucoup d'efforts pour lutter contre l'insécurité. La vérité c'est que la lutte contre l'insécurité, c'est un combat de tous les instants, un combat de tous les jours. La délinquance, elle se déplace, les modes d'insécurité changent et en permanence...
C. Roux : Ça veut dire que le Gouvernement est impuissant, ou pas, justement, à s'adapter à...
Non, le Gouvernement n'est pas impuissant, la preuve c'est que B. Hortefeux annonce régulièrement des chiffres qui vont dans le bon sens. Nous devrions être à la 7ème année de suite de baisse de l'insécurité, donc, il y a un vrai combat qui est mené par le Gouvernement. Simplement, nous devons en permanence nous adapter à cette délinquance nouvelle dans les quartiers, et redoubler d'énergie et de moyens.
C. Roux : C'est un cas isolé ?
Heureusement que ce cas n'est pas si fréquent. En même temps, nous avons...
C. Roux : Un fusil mitrailleur, on va rappeler que ce sont des armes de guerre.
Oui, absolument, c'est ce que je viens d'indiquer, donc c'est effectivement dans cet esprit plutôt un cas isolé, en même temps, il y a des affrontements dans les banlieues et B. Hortefeux se déploie pour y remédier.
M. Biraben : Le grand emprunt, Caroline.
C. Roux : Oui, la conférence de presse du Président, hier. Le chef de l'Etat a mis l'accent sur la lutte contre les déficits. Est-ce que évoquer les déficits, au moment où on emprunte 35 milliards, 22 milliards qu'il faut lever, c'est une façon de faire passer la pilule, c'est pour ne pas affoler les marchés ?
Non, je crois que... Vous savez, d'abord, qu'est-ce qu'il y a derrière cette idée de grand emprunt ? Il y a l'idée que, au moment où va s'amorcer la sortie de la crise, eh bien c'est important que notre pays soit mieux préparé que les autres, à la reprise. Vous savez, à la fin de cette crise, on a toujours dit qu'il y aurait des gagnants et des perdants. Eh bien nous, nous avons tout fait, depuis un petit peu plus d'un an, pour que la France sorte gagnante de cette crise, malgré les grandes difficultés dans lesquelles sont nos concitoyens. Donc on a d'abord tout fait pour amortir le choc, pour éviter la catastrophe. Objectivement, la situation est plutôt moins mauvaise en France qu'ailleurs. La France a mieux résisté à la crise qu'ailleurs. Et puis ensuite, une fois que la croissance va repartir, c'est très important que notre pays, soit mieux positionné que ses voisins, sur un certain nombre de créneaux d'avenir, les industries du futur, le numérique, la formation supérieure, la recherche, donc c'est l'objectif de cet emprunt : investir dans des dépenses d'avenir.
C. Roux : Là, vous évoquez le volet dépenses...
Oui.
C. Roux : Sur la question des déficits, précisément, le chef de l'Etat a évoqué une baisse des dépenses courantes de l'Etat. Quels sont les efforts qu'il faut faire ? Est-ce que vous nous annoncez ce matin, un effort supplémentaire sur la Revue générale des politiques publiques ?
Effectivement, N. Sarkozy a indiqué - et ça répond à votre première question - que cet emprunt, d'abord, l'objectif c'est que le remboursement, les intérêts de cet emprunt seraient gagés sur des économies du train de vie courant de l'Etat, et...
C. Roux : Alors, sur quels postes on va faire des économies ?
Et dans cet emprunt, il n'y a pas de dépenses de fonctionnement, ce sont des dépenses exceptionnelles, dont l'objectif est de rapporter, qu'il y ait un retour sur investissements, et que, parce qu'on aura investi, par exemple dans le numérique, eh bien demain, ça puisse créer des emplois et de l'activité économique. Donc, on est sur « retour ». Alors, ensuite, effectivement, le Président a annoncé qu'il y aurait la poursuite de la Révision générale des politiques publiques. C'est quoi cette fameuse RGPP ?
C. Roux : On sait ce que c'est, parce qu'on en a souvent parlé sur le plateau...
D'accord.
C. Roux : Pardonnez-moi de vous couper, mais quels sont les efforts supplémentaires qu'il va devoir faire, et dans quels secteurs ?
Eh bien les dépenses : d'abord c'est le maintien du cap de ne pas renouveler un fonctionnaire sur deux partant en retraite, c'est un point très important. Vous savez que depuis le début du quinquennat de N. Sarkozy, c'est 100 000 postes de fonctionnaires qui n'ont pas été renouvelés...
C. Roux : Ça c'est fait, déjà, c'est acquis.
Oui, mais nous allons continuer, il l'a rappelé hier. Deuxièmement, dans l'organisation et le mode de fonctionnement de l'Etat, nous devons tout mettre en oeuvre pour faire des économies, pour faire en sorte que...
C. Roux : C'est possible ?
Oui, je crois que c'est possible.
C. Roux : Dans quels secteurs ?
Dans tous les secteurs, dans le mode de fonctionnement, dans la gestion de l'Etat, dans la gestion des administrations...
C. Roux : Dans l'Education Nationale ?
Eh bien, dans l'Education Nationale, nous le faisons au quotidien. Je rappelle que nous ne renouvelons pas un fonctionnaire sur deux partant en retraite, et puis nous cherchons à optimiser nos moyens, pour faire en sorte que l'organisation du système de l'Education Nationale soit plus efficace, que tout ça ne se fasse pas avec moins de services pour nos concitoyens, mais au contraire un meilleur service, de meilleure qualité, à moindre coût.
C. Roux : Alors, on a le sentiment que pour l'instant, les économies, elles se font sur l'écologie. Dans la bataille, il y en a un qui a perdu 3 milliards, c'est J.-L. Borloo, au détriment, visiblement, de l'Industrie, Léon en parlait tout à l'heure dans la Revue de presse. C'est un mauvais signal envoyé.
Ah non, je ne crois pas. Vous savez, d'abord le Gouvernement, ce gouvernement, personne ne peut le nier, est celui qui a sans doute le plus fait en matière d'environnement, avec le Grenelle de l'environnement, avec le paquet énergie/climat, la directive européenne qui a été adoptée sous la présidence française. Et puis N. Sarkozy a pris la tête du combat mondial contre le réchauffement de la planète et il a encouragé l'ensemble des pays, en particulier les pays européens, à venir unis à Copenhague.
C. Roux : Ces trois milliards, on n'en parle pas, enfin, je...
Non, mais ce n'est pas qu'on n'en parle pas, c'est que quand on investit dans l'industrie, quand on investit dans les technologies du futur, eh bien ça aura des conséquences pour l'environnement. Par exemple, on a décidé d'investir dans le véhicule électrique. Le véhicule électrique, c'est clairement un pas important sur la réduction des gaz à effet de serre, donc sur l'environnement.
M. Biraben : On passe à votre domaine, Monsieur le Ministre : l'éducation.
C. Roux : Oui. Une journée de mobilisation aujourd'hui sur le projet de masterisation, un projet ultrasensible, qui avait été reporté et qui revient. Pourquoi est-ce que vous le remettez sur la table, aujourd'hui, parce que vous estimez qu'aujourd'hui ça peut passer ?
Alors, d'abord, nous ne le remettons pas sur la table aujourd'hui, puisque dès mon arrivée au mois de juin, j'avais indiqué, avec V. Pécresse, la ministre de l'Enseignement supérieur, que nous allions travailler ensemble pour aller vers un allongement de la formation des enseignants. Derrière, il y a un message très fort qui consiste à dire : il faut encore améliorer, renforcer la formation des enseignants. Derrière, il y a un message très fort, qui consiste à dire : il faut encore améliorer, renforcer la formation de nos enseignants, en allongeant d'une année, leur formation.
C. Roux : Voilà, c'est ça, on leur impose un Bac +5, alors qu'avant il ne leur était demandé qu'une licence.
Absolument, voilà. Et l'objectif, c'est quoi ? C'est à la fois d'avoir des enseignants qui soient les meilleurs dans leur discipline. Il faut recruter les meilleurs mathématiciens pour apprendre les mathématiques, et puis en même temps que ce soit des enseignants qui aient, évidemment, des compétences en matière de transmission du savoir, d'enseignement. Donc, nous proposons une réorganisation des études, sur 5 ans, vous l'avez dit, avec notamment un concours qui aura lieu au début de la 5ème année d'études, ce que l'on appelle le Master 2, ce sera le concours d'admissibilité, et puis ensuite, pendant l'année, il y aura à la fois des stages de perfectionnement, il y aura un travail de recherche, et puis en fin d'année, les étudiants seront validés à travers une épreuve d'admission.
M. Biraben : Il y a énormément de questions, sur Internet, pour vous. On va synthétiser, parce qu'on ne peut pas vous les poser toutes, mais en gros, ce que ça donne, toutes ces questions-là, c'est que derrière le rééquilibrage des filières, derrière la suppression de l'Histoire en Terminale S, se cache, pour nos internautes, en fait, une suppression de postes. C'est comme ça que c'est pris.
Alors, d'abord, on ne supprime pas l'Histoire et la Géographie en Terminale S, puisque le programme...
M. Biraben : C'est facultatif.
Non, le programme de Terminale S d'aujourd'hui sera étudié en 1ère, puisque nous allongeons, nous augmentons le nombre d'heures d'Histoire et de Géographie en Première. Ensuite, nous avons été très clair sur la réforme du lycée ; le président de la République lui-même, le 13 octobre, a dit : nous ne faisons pas cette réforme pour faire des économies. Elle se fera à moyens constants, à taux d'encadrement constant. Il va même y avoir, d'ailleurs, des moyens supplémentaires dans cette réforme. Je prends un exemple : nous voulons améliorer l'orientation des lycéens, faire en sorte que l'on passe d'un système subi, à 14 ans, où il faut décider pour la vie, de sa voie, à un système beaucoup plus progressif et réversible. Eh bien, nous créons une mission, un accompagnement pour les lycéens, qui va s'appeler un tutorat. Les professeurs vont pouvoir exercer ce rôle, ça sera une mission complémentaire, qui sera rémunérée pour les professeurs.
C. Roux : Alors, ce qui est assez, si on résume un peu tout ce qu'on s'est dit ce matin, d'un côté vous dites : on va faire des économies, on va nous aussi dans l'Education Nationale supprimer un poste sur deux, un poste de fonctionnaires sur deux, et dans le même temps, vous dites : ce sera à moyens constants.
Oui, au lycée.
C. Roux : C'est un petit peu paradoxal, c'est-à-dire qu'à la fois on dit : il faut faire des économies d'une manière générale et chaque ministre dit « non, non, nous, ça sera à moyens constants ».
Non, non. Moi, à l'Education Nationale, j'ai une feuille de route et le président de la République ne m'a pas demandé de renoncer au non renouvellement d'un fonctionnaire sur deux partant en retraite. Simplement, l'Education Nationale, c'est près d'un million de collaborateurs, d'enseignants et de personnels d'encadrement, de personnels administratifs, donc nous faisons en sorte de répartir les moyens, là où il y a plus de besoins. Cette année, nous avons supprimé 16 000 postes, mais en même temps, nous avons créé des postes dans le premier degré, en primaire, où nous avons ouvert 500 classes à la rentrée, parce qu'il y avait des besoins supplémentaires. (...)
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 21 décembre 2009