Point de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la mobilisation et l'organisation des secours d'urgence de la France à destination d'Haïti suite au séisme, Paris le 15 janvier 2010.

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Circonstance : Séisme en Haïti le 12 janvier 2010 : point de presse de Bernard Kouchner à l'issue de sa rencontre avec des représentants de l'ambassade d'Haïti et de la communauté haïtienne en France, à Paris le 15 janvier 2010

Texte intégral

Nous venons de rencontrer les représentants de l'ambassade d'Haïti et des nombreuses associations d'Haïtiens de France. Nous avons également rencontré les groupes d'amitié du Sénat et de l'Assemblée nationale, ainsi que tous ceux qui de près ou de loin, des présidents de collectivités territoriales, des maires, étaient très inquiets et très intéressés de savoir comment agir. C'est ce qui réunit nos amis haïtiens. Ils se demandent tous, particulièrement dans la diaspora haïtienne, ce qu'ils peuvent faire pour aider les leurs.
Très clairement, nous sommes encore dans la phase d'urgence. Cela durera encore quelques jours mais l'essentiel, c'est avant tout de dégager les survivants sous les décombres. Nous devons nous acharner à cela. A cet égard, je vous annonce que grâce à l'efficacité de nos techniques et au perfectionnement de nos appareils, les sauveteurs français viennent de dégager environ trente personnes haïtiennes qui viennent s'ajouter à celles déjà dégagées hier des décombres de l'hôtel Montana.
Les recherches, bien entendu, ne sont pas dirigées uniquement vers les touristes mais visent évidemment à aider tout le monde et bien sûr les Haïtiens.
Phase d'urgence : cela veut dire aussi s'assurer de la qualité de l'eau et du rétablissement des canalisations. Nous avons également envoyé des machines d'assainissement de l'eau et des comprimés purificateurs ont été distribués. Nous nous occupons aussi de la fourniture de nourriture. Nos équipes savent faire tout cela et, dans de telles situations, c'est toujours l'urgence qui prévaut. Il faut une coordination avec les Américains qui apportent beaucoup d'éléments, avec les Brésiliens, avec les Canadiens et beaucoup d'autres pays qui proposent leurs services. Je ne veux pas oublier bien sûr les ONG, d'abord les haïtiennes mais aussi les ONG françaises qui sont à l'oeuvre.
Dans un second temps, nous allons nous intéresser à la reconstruction en Haïti. Nous allons nous acharner au sauvetage d'urgence mais nous allons aussi nous orienter vers la reconstruction avec une conférence internationale, qui est prévue. Des fonds sont demandés, notamment par Bill Clinton et par Ban Ki Moon - à qui j'ai encore parlé il y a quelques heures.
En ce moment, les représentants de la communauté haïtienne sont au Centre de crise afin de mettre en rapport les associations avec des responsables du Centre. Il faut que les gens se connaissent.
Aujourd'hui la France mettra en service un hôpital sur le site de la résidence de France. L'avion devrait arriver en ce moment à Haïti avec d'autres personnes. Il y a maintenant environ trois cent personnes et il y en a d'autres qui attendent en Martinique et en Guadeloupe.
Pour être efficace dans cette opération, ce contact avec les représentants de l'ambassade d'Haïti et de la communauté haïtienne de France était très utile. Nos amis haïtiens vont tout d'abord exprimer, en tout cas c'est ce que je ressens après avoir écouté ce qu'ils disent, de la douleur devant autant de souffrance et beaucoup de solidarité pour demain.
Q - Avez-vous des nouvelles du reste du pays ?
R - Nous avons les mêmes informations que vous : il y a des destructions, mais nous n'en connaissons pas l'ampleur. Nous savons très bien qu'il y a quatre millions de personnes dans la zone de Port-au-Prince, et qu'il faut forcément nous porter d'abord sur ce lieu d'atterrissage, qui connaît des difficultés. Nous devons nous porter vers Port-au-Prince, mais ce n'est pas exclusif. Nous allons aussi nous diriger vers le reste du pays, mais nous n'avons pas encore de cartographie précise.
Q - Quel est le bilan concernant les Français ?
R - Ce matin, sont arrivées 54 puis 96 personnes évacuées. Nous avons décidé d'évacuer tous les Français qui le souhaitaient. Il y a des vols, des rotations entre la Martinique et la Guadeloupe et Haïti, mais il faut tenir compte des difficultés d'atterrissage et du fait que les gros porteur, pour le moment, ne peuvent se poser que de jour ; j'espère que cela changera.
Encore une fois, les nombres sont très imprécis. Nous sommes toujours à la recherche - mais nous ne savons pas s'ils ont vraiment disparu - d'une cinquantaine de Français - peut-être soixante qui auraient été logés ou auraient résidé dans des zones très difficiles. Nous n'en savons pas plus. Ces Français sont regroupés à l'ambassade et à la résidence de France.
Dans quelques jours, ceux qui ont disparu seront certainement hélas, à quelques exceptions, à quelques miracles qui se produisent presque au bout de huit jours... seront morts.
Mais nous n'en sommes pas là. Il reste au moins quatre ou cinq jours - peut-être huit - d'urgence.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 janvier 2010