Texte intégral
Q - La population se plaint de la lenteur des secours. Y a-t-il eu un cafouillage dans les premiers jours ?
R - Pouvait-on faire mieux ? Différemment ? Oui, on peut toujours. Plus un pays est pauvre, plus il est désorganisé, plus lente est l'arrivée des secours. A Haïti, les routes sont mauvaises. A Port-au-Prince, le port n'existe plus, l'aéroport a été endommagé au point que les gros porteurs ne pouvaient pas se poser dans un premier temps. La communauté internationale a agi aussi efficacement que possible.
Q - Alain Joyandet, votre secrétaire d'Etat, a regretté samedi que les autorités américaines n'aient pas laissé atterrir un avion français transportant un hôpital de campagne. Y a-t-il des divergences entre la France et les Etats-Unis ?
R - Non, pas du tout. Il y a eu une erreur d'interprétation. L'avion français était très en retard dans le planning des atterrissages à Port-au-Prince. A l'heure où il s'est présenté, ce n'était plus possible, il a dû se dérouter. Et nous l'avons parfaitement admis. Depuis le début, nous marchons main dans la main avec les Américains.
Q - Sur le terrain, les Etats-Unis ont pris l'ascendant, parfois avec des méthodes directives...
R - Ils ont déployé des moyens considérables parce que géographiquement ils se trouvent à côté d'Haïti. Tant mieux. Croyez-vous que Barack Obama souhaite recoloniser Haïti ? Je ne pense pas que ce soit son genre. Les victimes veulent être secourues. Peu importe par qui.
Q - Où en est le dispositif français ?
R - A partir de ce matin nous aurons au total 510 personnes dans la zone dont 246 sauveteurs, 235 personnels de soutien et de commandement, 29 gendarmes, plus 9 chiens. Les équipes de "sauvetage-déblaiement" ont déjà conduit 5 chantiers. Elles ont permis de sortir des décombres 13 survivants. Un hôpital de campagne (70 personnes, 33 tonnes), un poste médical avancé (70 personnes, 6 tonnes) et 10 équipes médicales mobiles de proximité travaillent sans relâche à Port-au-Prince. Un hélicoptère de la sécurité civile, 3 avions militaires effectuent des rotations quotidiennes avec les Antilles françaises et ont acheminé 27,5 tonnes de matériel et de vivres de première urgence. Quant au bilan des pertes humaines, côté français, nous déplorons 12 décès et 15 disparus. Passé l'étape de la recherche des rescapés, il faudra enclencher très vite celle de la reconstruction. Cela prendra des mois, voire des années.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 19 janvier 2010