Texte intégral
Mesdames et Messieurs,
Je salue mon ami Franco Frattini, ministre italien des Affaires étrangères. Il vient de donner un cours à l'Institut d'Etudes Politiques où il a réservé pour les étudiants la primeur de sa pensée politique pour l'Europe et pour le monde, mais il m'en a fait également un peu part.
Je suis heureux de le saluer, heureux de saluer nos amis italiens y compris ceux que nous avons fréquentés de près à Pristina, au Kosovo. Sois le bienvenu Franco ! Et vous vous imaginez que nous avons de nombreux sujets communs.
Le premier de nos sujets communs est, hélas ! assez triste. C'est, bien sûr, l'accident d'autocar en Italie qui a endeuillé des familles auxquelles je pense et qui a fait trois morts - j'espère que le bilan ne s'alourdira pas - ainsi que des blessés. Les victimes sont soignées dans d'excellents hôpitaux italiens. Si l'ambassadeur de France n'est pas présent parmi nous, c'est qu'il est avec le ministre Luc Chatel pour rendre visite aux familles et pour aller en Italie.
Les sujets étaient évidemment très nombreux. Nous avons évoqué le renforcement de cette coopération politique excellente entre nos deux pays. Je vous signale qu'il y aura bientôt la rencontre des deux gouvernements avec des projets très précis - je ne peux pas vous en parler davantage pour le moment mais cela vous impressionnera.
Nous avons parlé de la coopération entre les deux pays au niveau de l'Union européenne. Il y a bien des sujets de préoccupation mais aussi des sujets d'espoirs et même de satisfaction. L'Europe a bien réagi à la crise économique - politique d'une certaine façon - grecque. J'espère que les marchés comprendront que nous sommes déterminés. Il y a des conditions, que d'ailleurs nos amis grecs respectent mais c'était un signe tout à fait essentiel de montrer que l'euro existe et se défend.
Et puis, nous avons parlé de ce qui se passe entre la Suisse et, par personne interposée, entre tous les pays Schengen et la Libye, sujet sur lequel je laisserai mon ami Franco s'exprimer parce que les Italiens sont plus proches de la Libye que nous. Néanmoins, cela ne peut pas durer, on ne peut pas être pris en otage au niveau des entrées, des sorties, des visas, du mouvement des personnes qui, évidemment, dans l'Union européenne compte beaucoup.
Nous avons évoqué l'Afghanistan où nos positions sont exactement communes. Nous avons parlé de l'Iran où nos positions sont également communes, basées notamment sur la nécessité du dialogue que nous avons, les uns et les autres, Italiens et Français, pratiqué avec les Iraniens en permanence et encore maintenant. Il faut que les Iraniens comprennent que la nécessité des sanctions est imposée par leur attitude comme le prouve encore le dernier discours de M. Ahmadinejad. Nous allons travailler, nous travaillons à New York, au Conseil de sécurité des Nations unies. Nous avons parlé de ce qui se passe dans le reste du monde en particulier dans les Balkans où là aussi, mon ami Franco a une vision précise, parce qu'il connaît très bien les problèmes non seulement de la Serbie, du Kosovo - où nous allons nous rendre tous les deux dans un avenir très proche - mais également de la Bosnie. Il y a un problème en Bosnie qu'il faut prendre en charge et le ministre italien des Affaires étrangères vient de me proposer qu'au G8, au Canada, nous nous rencontrions avec les membres du G8 pour parler de cette question et avoir une position commune. Je souhaite que cela réussisse et nous nous y consacrerons. C'est un problème que nous avons affronté avec les présidences successives de l'Union européenne et pour lequel nous n'avons pas encore trouvé de solutions. Or la situation n'est pas simple en Bosnie, elle est dangereuse. Il faut absolument que l'on comprenne que si les Balkans ont une destinée européenne, ils ont, avant d'avoir une destinée européenne, une destinée pacifique. Il faut régler les problèmes politiquement.
J'ai peut-être oublié un certain nombre de dossiers mais tu vas nous les rappeler, encore une fois, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, sois le bienvenu.
Q - Messieurs, la Suisse est-elle seule responsable de la montée de la tension avec la Libye et pour éviter que l'on en arrive là, l'Union européenne, la France et l'Italie en particulier n'auraient-elles pas du faire preuve d'un peu plus de solidarité dès le départ dans cette affaire de prise d'otages de Suisses en Libye ?
R - De solidarité avec qui ?
Q - Avec la Suisse.
R - Ce problème ne date pas d'hier et nous avons eu des approches absolument communes. Le différend qui s'est accentué entre nos amis suisses et nos amis libyens n'est pas entièrement de notre responsabilité, c'est le moins que l'on puisse dire !
Cependant, nous n'allons pas, au moment où nous voulons arranger les choses, distribuer les responsabilités et les fautes ! Nous voulons que cela s'arrange parce que cette politique, un peu déterminée, peut-être trop déterminée, ne va conduire à rien. Nous souhaitons donc que cela s'arrange. Franco Frattini vient de dire qu'il va recevoir ses homologues libyen et maltais, MM. Mousa Kousa et Tonio Borg. Nous allons essayer. Nous téléphonons, et nous assurons bien sûr nos amis suisses de notre solidarité. Mais, il faut aussi que nous nous assurions, nous-mêmes, de notre solidarité parce que nous sommes concernés là où nous ne pensions pas devoir l'être.
Q - Vous parliez de prise d'otages ?
R - Je ne parle pas de prise d'otages, je parle d'apaisement nécessaire pour qu'il n'y ait pas de prises d'otages. Je pense qu'à chaque fois que nos concitoyens - soit titulaire d'un visa, soit entrant en Libye pour des raisons commerciales ou autres - sont en train de pénétrer, nous n'ayons pas à nous battre à chaque fois. Nous souhaitons que la situation s'apaise et que nos amis suisses puissent également être satisfaits.
Q - (Sur le contenu d'éventuelles sanctions contre l'Iran)
R - Nous nous voyons régulièrement, or vous et moi, nous savons répondre à cette question ! Peut-être que Franco vous répondra différemment, mais on sait très bien que cela doit concerner le circuit économique, le circuit assurantiel et que nous ne voulons pas pénaliser la population. Laissez-nous travailler, on ne peut pas rentrer dans les détails étant donné que c'est le travail qui a lieu en ce moment même à New York.
Q - La France a-t-elle pris des initiatives s'agissant du dossier libyen ?
R - La France n'a pas pris d'initiatives, mais nous souhaitons que l'Union européenne, qui se réunit lundi, puisse non seulement avoir des initiatives, mais des résultats. Aujourd'hui, j'ai reçu le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Miguel Angel Moratinos. Je reçois mon ami Franco Frattini, ce n'est déjà pas mal comme initiative! Alors laissez-nous travailler.
(...)
R - Et j'ajouterai mon amitié ancienne et très complète pour Mme Micheline Calmy-Rey avec laquelle je corresponds souvent.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 février 2010
Je salue mon ami Franco Frattini, ministre italien des Affaires étrangères. Il vient de donner un cours à l'Institut d'Etudes Politiques où il a réservé pour les étudiants la primeur de sa pensée politique pour l'Europe et pour le monde, mais il m'en a fait également un peu part.
Je suis heureux de le saluer, heureux de saluer nos amis italiens y compris ceux que nous avons fréquentés de près à Pristina, au Kosovo. Sois le bienvenu Franco ! Et vous vous imaginez que nous avons de nombreux sujets communs.
Le premier de nos sujets communs est, hélas ! assez triste. C'est, bien sûr, l'accident d'autocar en Italie qui a endeuillé des familles auxquelles je pense et qui a fait trois morts - j'espère que le bilan ne s'alourdira pas - ainsi que des blessés. Les victimes sont soignées dans d'excellents hôpitaux italiens. Si l'ambassadeur de France n'est pas présent parmi nous, c'est qu'il est avec le ministre Luc Chatel pour rendre visite aux familles et pour aller en Italie.
Les sujets étaient évidemment très nombreux. Nous avons évoqué le renforcement de cette coopération politique excellente entre nos deux pays. Je vous signale qu'il y aura bientôt la rencontre des deux gouvernements avec des projets très précis - je ne peux pas vous en parler davantage pour le moment mais cela vous impressionnera.
Nous avons parlé de la coopération entre les deux pays au niveau de l'Union européenne. Il y a bien des sujets de préoccupation mais aussi des sujets d'espoirs et même de satisfaction. L'Europe a bien réagi à la crise économique - politique d'une certaine façon - grecque. J'espère que les marchés comprendront que nous sommes déterminés. Il y a des conditions, que d'ailleurs nos amis grecs respectent mais c'était un signe tout à fait essentiel de montrer que l'euro existe et se défend.
Et puis, nous avons parlé de ce qui se passe entre la Suisse et, par personne interposée, entre tous les pays Schengen et la Libye, sujet sur lequel je laisserai mon ami Franco s'exprimer parce que les Italiens sont plus proches de la Libye que nous. Néanmoins, cela ne peut pas durer, on ne peut pas être pris en otage au niveau des entrées, des sorties, des visas, du mouvement des personnes qui, évidemment, dans l'Union européenne compte beaucoup.
Nous avons évoqué l'Afghanistan où nos positions sont exactement communes. Nous avons parlé de l'Iran où nos positions sont également communes, basées notamment sur la nécessité du dialogue que nous avons, les uns et les autres, Italiens et Français, pratiqué avec les Iraniens en permanence et encore maintenant. Il faut que les Iraniens comprennent que la nécessité des sanctions est imposée par leur attitude comme le prouve encore le dernier discours de M. Ahmadinejad. Nous allons travailler, nous travaillons à New York, au Conseil de sécurité des Nations unies. Nous avons parlé de ce qui se passe dans le reste du monde en particulier dans les Balkans où là aussi, mon ami Franco a une vision précise, parce qu'il connaît très bien les problèmes non seulement de la Serbie, du Kosovo - où nous allons nous rendre tous les deux dans un avenir très proche - mais également de la Bosnie. Il y a un problème en Bosnie qu'il faut prendre en charge et le ministre italien des Affaires étrangères vient de me proposer qu'au G8, au Canada, nous nous rencontrions avec les membres du G8 pour parler de cette question et avoir une position commune. Je souhaite que cela réussisse et nous nous y consacrerons. C'est un problème que nous avons affronté avec les présidences successives de l'Union européenne et pour lequel nous n'avons pas encore trouvé de solutions. Or la situation n'est pas simple en Bosnie, elle est dangereuse. Il faut absolument que l'on comprenne que si les Balkans ont une destinée européenne, ils ont, avant d'avoir une destinée européenne, une destinée pacifique. Il faut régler les problèmes politiquement.
J'ai peut-être oublié un certain nombre de dossiers mais tu vas nous les rappeler, encore une fois, Monsieur le Ministre des Affaires étrangères, sois le bienvenu.
Q - Messieurs, la Suisse est-elle seule responsable de la montée de la tension avec la Libye et pour éviter que l'on en arrive là, l'Union européenne, la France et l'Italie en particulier n'auraient-elles pas du faire preuve d'un peu plus de solidarité dès le départ dans cette affaire de prise d'otages de Suisses en Libye ?
R - De solidarité avec qui ?
Q - Avec la Suisse.
R - Ce problème ne date pas d'hier et nous avons eu des approches absolument communes. Le différend qui s'est accentué entre nos amis suisses et nos amis libyens n'est pas entièrement de notre responsabilité, c'est le moins que l'on puisse dire !
Cependant, nous n'allons pas, au moment où nous voulons arranger les choses, distribuer les responsabilités et les fautes ! Nous voulons que cela s'arrange parce que cette politique, un peu déterminée, peut-être trop déterminée, ne va conduire à rien. Nous souhaitons donc que cela s'arrange. Franco Frattini vient de dire qu'il va recevoir ses homologues libyen et maltais, MM. Mousa Kousa et Tonio Borg. Nous allons essayer. Nous téléphonons, et nous assurons bien sûr nos amis suisses de notre solidarité. Mais, il faut aussi que nous nous assurions, nous-mêmes, de notre solidarité parce que nous sommes concernés là où nous ne pensions pas devoir l'être.
Q - Vous parliez de prise d'otages ?
R - Je ne parle pas de prise d'otages, je parle d'apaisement nécessaire pour qu'il n'y ait pas de prises d'otages. Je pense qu'à chaque fois que nos concitoyens - soit titulaire d'un visa, soit entrant en Libye pour des raisons commerciales ou autres - sont en train de pénétrer, nous n'ayons pas à nous battre à chaque fois. Nous souhaitons que la situation s'apaise et que nos amis suisses puissent également être satisfaits.
Q - (Sur le contenu d'éventuelles sanctions contre l'Iran)
R - Nous nous voyons régulièrement, or vous et moi, nous savons répondre à cette question ! Peut-être que Franco vous répondra différemment, mais on sait très bien que cela doit concerner le circuit économique, le circuit assurantiel et que nous ne voulons pas pénaliser la population. Laissez-nous travailler, on ne peut pas rentrer dans les détails étant donné que c'est le travail qui a lieu en ce moment même à New York.
Q - La France a-t-elle pris des initiatives s'agissant du dossier libyen ?
R - La France n'a pas pris d'initiatives, mais nous souhaitons que l'Union européenne, qui se réunit lundi, puisse non seulement avoir des initiatives, mais des résultats. Aujourd'hui, j'ai reçu le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. Miguel Angel Moratinos. Je reçois mon ami Franco Frattini, ce n'est déjà pas mal comme initiative! Alors laissez-nous travailler.
(...)
R - Et j'ajouterai mon amitié ancienne et très complète pour Mme Micheline Calmy-Rey avec laquelle je corresponds souvent.
Merci.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 18 février 2010