Interview de M. Hervé Novelli, secrétaire d'Etat au commerce, à l'artisanat, aux petites et moyennes entreprises, au tourisme, aux services et à la consommation, à "Europe 1" le 19 avril 2010, sur la situation dans les aéroports français, après la fermeture de nombre d'entre eux, par précaution à la suite de l'éruption du volcan islandais.

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Média : Europe 1

Texte intégral

A. Caron.- Beaucoup d'interrogations ce matin évidemment avec ces avions qui restent cloués au sol dans toute l'Europe, des questions notamment sur les conséquences financière de cette situation inédite, conséquences pour le particuliers, pour les touristes, mais aussi pour les entreprises. Notre invité ce matin va nous aider voir un petit peu plus clair. Il s'agit d'H. Novelli secrétaire d'Etat chargé du Commerce, de l'artisanat, des petites et moyennes entreprises, du tourisme, des services et de la consommation. H. Novelli bonjour. Vos attributions sont très larges, on vient de le répéter, mais on voit que ce dossier va vous toucher à plusieurs titres.

Bien sûr. D'abord il y a, ne l'oublions pas, les touristes, les touristes français en priorité, ceux qu'il faut faire revenir dans de bonnes conditions.

120.000 !

Un peu plus. On est plutôt autour de 200.000.

On est à 200.000 ce matin ?

Il est difficile vraiment de donner des chiffres très précis parce qu'il y a beaucoup de gens qui se déplacent de manière individuelle et ce que l'on sait, très globalement, c'est qu'on est plutôt entre 150 et 200.000.

Une question qu'on doit vous poser forcément ce matin, c'est à propos de la situation dans les aéroports français, ce qui est prévu dans les heures ou dans les jours qui viennent. Toujours pas de vol avant demain matin dans les aéroports au nord de la ligne Nice Bordeaux ?

Absolument. Par contre, ce qui est prévu, c'est bien sûr de faire en sorte que le trafic soit très dense sur les aéroports qui restent ouverts, qui sont ouverts, c'est-à-dire ces aéroports qui sont au sud de cette ligne Marseille Bordeaux. Donc dès cette nuit, à Toulouse par exemple, des vols se sont posés, un vol en provenance de Toronto notamment avec plusieurs centaines de personnes à bord. Donc, il va y avoir, durant toute cette journée, puisque ces aéroports sont ouverts, un trafic densifié pour faire revenir le maximum de touristes français. Et c'est là que s'organise la chaîne logistique. Parce que quand vous faites venir des gens à Toulouse, eh bien, il faut les faire revenir vers Paris ou vers les autres destinations. Et c'est à que la cellule de crise, qui s'est mise en place, qui s'est déjà réunie à trois reprises ce week-end, et qui se réunit tout à l'heure, à dix heures, est d'une aide très précieuse. Elle réunit, à ma demande les tours opérateurs, bien sûr, qui sont les premiers acteurs concernés, mais aussi la SNCF, les autocaristes, les ministères concernés au premier rang le ministère des Transports. Bref, cette cellule de crise fait en sorte de faire revenir le maximum de touristes pour éviter que la chaîne soit complètement désorientée.

Vous aviez évoqué l'ouverture des aéroports militaires ?

Oui, c'est une possibilité. À l'heure où nous nous parlons, tous les aéroports qui peuvent accueillir des vols longs courriers, ces aéroports du sud fonctionnent et c'est là que nous allons faire revenir le maximum de touristes.

Beaucoup de touristes bloqués sont dans une situation financière difficile. Ils doivent payer un hébergement. Quand on a parfois une famille entière à loger à l'hôtel la facture monte vite. Que peuvent-ils faire aujourd'hui, ces touristes là ?

D'abord, ils doivent savoir que les tours opérateurs sont leurs premiers interlocuteurs pour ceux qui sont ...

Sauf que les tours opérateurs disent que, dans cette situation précise, ils ne sont pas responsables. C'est un cas de force majeure.

Ils ont raison, mais ils sont responsables du fait que les touristes reviennent. Et en soi, ce qui est très important, c'est donc de faire revenir les touristes, et là, ils sont à la manoeuvre comme l'ensemble du Gouvernement et cette chaîne logistique. Ensuite, il faut voir, les cas sont différents. Il y a des chaînes d'hôtels, qui aujourd'hui ont une attitude responsable, je le dis et qui ont pratiqué des tarifs dès aujourd'hui, avec modération voire en baisse, par rapport à un afflux de touristes.

A votre demande ?

A notre demande. Et aussi ils l'ont fait de manière assez volontaire. Je pense à la chaîne Accor, pour pas la nommer, par exemple qui a pratiqué ces tarifs modérés de moins 20 % par rapport à un afflux, un pic de tarif qui intervient lorsqu'il y a beaucoup de gens qui le demandent. Donc il faut que ces touristes soient pris en charge, bien sûr, lorsqu'il y a un cas où ils ne peuvent pas payer. Et c'est l'ensemble des gens qui sont concernés qui doivent se mobiliser. Il y a le cas des touristes français, il y a le cas des touristes étrangers en France.

Est-ce que l'Etat français va ouvrir des hébergements ?

Oui, l'Etat français peut en ouvrir si la situation devait se prolonger.

Donc, ça veut dire pas pour l'instant. Ce ne sera pas ce soir, ce ne sera pas demain soir, ce sera éventuellement à la fin de la semaine ?

Si éventuellement, il y a des besoins qui se font sentir, eh bien, c'est vrai que ces sites sont prêts. Je pense notamment aux sites d'hébergements publics, type casernes ou autres.

Pourquoi pas dès aujourd'hui ?

Parce que la situation ne nécessite pas aujourd'hui une mobilisation d'aussi grande ampleur.

Il y a quand même des gens qui sont dans des aéroports depuis trois jours...

Vous pensez à ceux qui sont bloqués ici mais il y a aussi tous ceux qu'il faut faire revenir de l'étranger.

Effectivement, la situation est complexe, on le répète depuis ce matin sur Europe 1.

On est obligés de sérier les problèmes, d'abord les 200.000, et puis ceux qui sont bloqués, bien sûr, faire en sorte que les conditions soient améliorées.

Oui, mais est-ce que vous pouvez ouvrir des logements dès ce soir pour ceux qui sont bloqués en France ?

Mais ceux qui sont bloqués en France, ce ne sont pas les Français qui peuvent être bloqués ponctuellement mais qui peuvent, eux, rentrer puisque ils seront remboursés. Les compagnies aériennes ont pris devant nous ces engagements, ils seront remboursés ou ils pourront avoir des déplacements fixés ultérieurement. Et les tours-opérateurs se sont engagés sur une période de six mois à leur maintenir ces droits. Donc le problème se pose pour les touristes étrangers en France qui, eux, peuvent être dans des situations très difficiles. Là encore, leurs consulats, les tours-opérateurs et nous-mêmes, le ministère des Affaires étrangères, sommes mobilisés.

Les compagnies aériennes sont très critiques vis-à-vis de la fermeture quasi totale de l'espace aérien européen. Elles disent qu'on en fait trop, il y a eu des vols tests hier, ces vols se sont parfaitement déroulés. Quelles conclusions en tirez-vous ?

J'en tire la conclusion que les ministres européens des Transports, qui doivent se réunir aujourd'hui, doivent pouvoir prendre des décisions.

Vous ne pensez pas qu'en en fait trop en matière de principe de précaution ?

On n'en fait jamais assez en matière de sécurité, et notamment en matière de vols aériens. Par contre, ce qui est clair, c'est qu'il faut être réactifs. Et ce qui a motivé l'interdiction peut être rapporté, dès lors que les tests qui sont opérés en ce moment dans les différents pays de la communauté se révéleraient des tests positifs.

Donc ces tests vont avoir une influence dans votre réflexion ?

Absolument. Et surtout dans la réflexion et le décision des ministres européens des Transports qui se réunissent aujourd'hui.

Merci beaucoup H. Novelli.

Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 29 avril 2010