Texte intégral
R. Duchemin.- Merci d'être avec nous, ce matin, en direct, sur France info.
C'est un bonheur !
C'est le jour J pour le Grenelle 2 puisque c'est ce soir que l'Assemblée va procéder au vote solennel. On sait déjà qui va voter pour, qui va voter contre. Les Verts votent contre, le PS aussi. La magie du Grenelle 1, c'est terminé ?
Non ! Je crois qu'on est rentrés dans une période un petit peu politicienne. Ce n'est pas très, très grave. Il faut avoir un peu de tendresse ou de tolérance pour nos amis de l'opposition. Si vous voulez, c'est un virage majeur de la société française. Cinq textes en vingt-quatre mois, en gros 300 grandes mesures qui sont dans tous les domaines. Sachez qu'aujourd'hui on construit des logements à 50 kilowattheures le mètre carré alors que le parc français est à 300. Songez qu'on lance aujourd'hui des voitures électriques, hybrides ou hybrides rechargeables en France. Il y a encore trois ans, on avait un parc qui était extrêmement polluant, on est les moins polluants d'Europe. Sachez, parce que j'entendais mon ami, je crois que c'est Y. Cochet, tout à l'heure, sur votre antenne...
Oui, dans le journal de 8 h. ...
Qui parlait du bio, des OGM.
Il parlait de la colonne des plus et la colonne des moins, on va y venir.
Il rame, mon ami ! Il rame, il rame ! Quelle était la situation française, honnêtement, il y a encore 4 ou 5 ans ? On était les derniers d'Europe en bio, les derniers en photovoltaïque, les derniers en centrale solaire, les derniers ou presque en développement des biomasses, on était les derniers en éolien.
On a progressé sur ces dossiers-là, personne ne conteste.
C'est une progression spectaculaire ! Non mais, quelques chiffres en tête, parce que c'est bien de commenter les commentaires, mais la réalité... J'entendais mon ami Yves parler des OGM tout à l'heure, c'est à mourir de rire ! C'est D. Voynet qui les autorise en France, c'est moi qui fais le moratoire 810. Prenez le bio, est-ce que vous savez qu'en deux ans, 17.000 exploitations agricoles françaises se sont mises au bio ? Tous les jours, vous avez dix exploitations agricoles - tous les jours ! - qui se convertissent au bio. Le photovoltaïque, est-ce que vous savez qu'en dix-huit mois, 18.000 exploitations agricoles sont devenues des producteurs d'énergie grâce au photovoltaïque ? Et à partir du vote de ce soir, vous savez cette fameuse méthanisation que demandent les agriculteurs, c'est-à-dire quand on fait de la méthanisation, on produit du gaz, eh bien ce gaz on va pouvoir le vendre sur les réseaux de distribution. C'est la révolution des tramways. Alors, tout n'est évidemment pas parfait quand on fait une mutation de cette importance là, mais franchement, franchement...
Alors, justement, vous le dites vous-même, « ça n'est pas parfait », évidemment je vais parler des choses qui fâchent, vous me connaissez, J.-L. Borloo.
Allez-y ! Allez-y ! Sur 300, vous allez bien m'en trouver 2-3 quand même.
Le texte a reculé, sur la fiscalité écologique...
... mais non, mais non, mais non, mais non !
En tout cas, c'est différé. Sur les pesticides...
... non, non, non, mais qu'est-ce que...
...je vous ai laissé parler, laissez-moi terminer !
Madame Duchemin, vous êtes journaliste, vous ne pouvez pas dire que... parce que vous faites allusion à... vous savez, il a le Marquis de Source Sûre.
...je faisais la colonne des moins, alors ?
Non, non ! Le Marquis de Source Sûre a dit « on a reculé sur l'écotaxe poids lourds ». Vous vous souvenez, c'est bien à ça que vous faites allusion. Faux. Ca été voté il y a dix-huit mois, l'article 159 de la loi de finances, application le 31 décembre 2011. Nous avons lanc?? l'appel d'offres, les entreprises ont été désignées, ça se fera bien à l'heure prévue.
Bon ! Sur les pesticides, J.-L. Borloo, puisqu'il faudra mesurer les impacts sociaux, économiques et environnementaux avant de retirer un produit de la circulation. Non, non, non, non... Pour quelles raisons ? Si c'est dangereux, pourquoi est-ce qu'on ne les retire pas tout de suite ?
Non, non, non, non ! Quand mon excellent ami Y. Cochet était au pouvoir, on était à un indice 100 de pesticides. Nous sommes aujourd'hui à un indice 70, et le Grenelle de l'environnement prévoit un indice 39, une division par presque trois. Les molécules dangereuses, réputées dangereuses, les trente prévues dans le Grenelle ont d'ores et déjà été retirées l'année dernière, voilà. Donc, il n'y a pas... c'est quand même extravagant, vous savez c'est plus on va moins vite moins on va plus loin, vous savez, ces fameuses phases... On va tellement vite dans le Grenelle que si tout d'un coup on est à 95 % d'objectifs, on a l'impression que les 5 % sont un recul. Non, soyons sérieux et raisonnables !
Donc, il y a que des points positifs finalement dans le texte. Il n'y a rien qui a reculé, d'après vous.
Rien ! Non, on est allés beaucoup plus loin.
Sur les enquêtes publiques concernant le nucléaire, par exemple ?
Mais par exemple ! Le fait qu'il y a plus de transparence, je ne vois pas très très bien en quoi c'est difficile. La France de l'environnement jusqu'à il y a quelques années...
... plus de transparence !
Bien sûr !
On supprime les enquêtes publiques !
Mais non, mais pas du tout. On les amplifie, on les modifie. Mais, ne vous laissez pas embarquer. Je comprends bien qu'une mutation de cette vitesse, de cette importance... qui aurait pu imaginer il y a encore un an et demi, s'il n'y avait pas le bonus-malus écologique voiture, que Peugeot, Renault lancent massivement des voitures tout électrique à la fin de l'année, avec le bonus écologique de 5 000 euros ? Qui aurait imaginé les hybrides rechargeables, les hybrides tout court, la multiplication par quatre des tramways ?
Bon, ça va trop vite pour nous J.-L. Borloo, c'est ça, en fait ?
Mais bien sûr que ça va très vite, mais évidemment. Quand on fait 600 % d'augmentation du photovoltaïque en deux ans - 600 % ! - vous faites 600 % d'auditeurs, vous ? Non mais... Il y a un moment où les chiffres font même un peu tourner la tête. Alors, moi, je suis embarrassé parce que je suis le plus mal placé pour en parler, évidemment. 500 articles de loi, cinq lois, 2 000 décrets et circulaires. C'est vrai que ce virage est là. Alors, bon, moi, je comprends nos amis de l'opposition qui sont un peu embarrassés.
Ca explique, justement, que les Verts ne veuillent pas voter, ou votent contre ce texte, parce sur le Grenelle 1 ils s'étaient abstenus ?
Non ! Non, non !
Ils s'étaient abstenus.
Ils s'étaient abstenus. Ils n'avaient pas voté pour à l'inscription notable de Monsieur de Rugy. Mais entre temps, on est entre deux élections, voilà, c'est la vie démocratique. Vous savez, j'ai l'impression que... vous savez, ça grogne un peu parce qu'on a un peu piqué la gamelle, quoi. Vous savez, il y a un petit côté....
« Piqué la gamelle » !
Oui !
Vous avez « piqué la gamelle des Verts ».
Non mais, voilà, il ne faut pas leur en vouloir. Ils avaient inventé trois trucs pour ne pas voter. Ils avaient inventé l'histoire de la taxe poids lourds. Bon, ce n'est pas vrai, ce n'est pas de chance, c'est factuel. Un deuxième truc qui avait été inventé, une espèce de mise en scène sur les éoliennes. Ils sont très experts puisque quand ils ont quitté le pouvoir, il y avait 8 000 mâts d'éoliennes en Allemagne et 3 000 en Espagne, il y en avait 29 en France.
Le fameux seuil des 15...
Non mais 29, il y en avait 29 en France en 2002 ou 2003, bien. On est à 500 par an. Il y a eu... à un moment donné, on avait pris une disposition en se disant : « si les régions ne font pas les schémas régionaux, on ne pourra plus mettre de (...) », c'était pour forcer tout le monde. Et on s'est rendus compte, effectivement, que du coup ça risquait de devenir un moratoire. Alors, on a fait un amendement en disant « si par extraordinaire - ce que je crois pas une seconde - nos amis qui dirigent les régions n'avaient pas fait le schéma régional le 31/12/2011, eh bien l'Etat s'y pourvoira ». Vous avez vu que le Syndicat des énergies renouvelables, là, vient de faire un communiqué, les professionnels saluent...
... oui, c'est dans la colonne des plus, on est d'accord.
... saluent les avancées en faveur du développement des énergies renouvelables.
Bon, vous ne craigniez pas, J.-L. Borloo, parce qu'ils nous restent quand même peu de temps...
...allez-y !
Vous ne craigniez pas que les avancées, le Grenelle, tout ce qui va avec, ça soit passé à la moulinette de la rigueur ?
Non, pas du tout !
Ce mot interdit en ce moment dans la majorité.
Mais, pas du tout, parce que maintenant, si on met de côté toute la partie santé, environnement, le fait, si vous avez un bébé, qu'il n'y aura pas de bisphénol dans les biberons, les enseignes lumineuses, enfin bref, si on met tout ça de côté, et la nouvelle démocratie, on a fait une réforme de la Constitution pour que les ONG soient au Conseil économique et social, je rappelle quand même, bon. Mais, au fond du fond de quoi s'agit-il ? C'est notre emploi, c'est l'emploi de demain, c'est la croissance verte, c'est la prospérité verte. Qui peut croire une seconde que dans une Europe un peu essoufflée, que ce ne sont pas sur les secteurs de la réduction des besoins énergétiques, de la performance énergétique, des voitures décarbonées, que va se passer notre compétitivité ?
C'est générateur d'emplois.
C'est évidemment... il y a un très bon rapport, pas de chez nous, du Boston Consulting Group, qui dit : « le Grenelle, 440 milliards d'investissements, 600 000 emplois ». La Chine a choisi, la Chine a choisi les technologies vertes. Eh bien, nous aussi.
Alors, puisqu'on parlait de rigueur à l'instant, c'est un mot visiblement tabou en ce moment dans la majorité. Vous pensez, vous, qu'il faut se serrer la ceinture et qu'on peut employer le mot austérité ou le mot rigueur pour ce qui se passe en ce moment ?
Ecoutez, je ne sais pas ce qu'il faut employer comme mot. Ce qui est sûr c'est que nous, à la maison, on faisait attention, voilà, bon. Donc, c'est bien de faire attention. Quand on dépense plus d'argent que ce qu'on a, ben le mieux à faire c'est de faire très attention. Mais les secteurs sur lesquels, nous, nous sommes, qui sont des secteurs d'investissement... il y a trois jours, il y a trois jours, le Premier ministre m'a bien autorisé à lancer un deuxième appel à candidature, vous savez qu'il y a dix-huit mois on en a fait un premier pour faire 400 km de tramways, on en refait 400. On aura triplé l'offre de tramways dans les villes. Est-ce que on va arrêter ces programmes-là ? Est-ce qu'on va arrêter les prêts Grenelle, les prêts à taux zéro avec avantage fiscal pour faire des économies chez nous ?
Pas de rigueur pour le Grenelle ?
Bien sûr que non ! Bien sûr que non ! Si, il faut faire très attention, mais est-ce qu'on va arrêter d'investir sur les voitures décarbonées ? Bien sûr que non. Donc, c'est clairement de l'investissement pour notre pays. Moi, je n'ai pas d'inquiétude.
Vous pensez qu'il faut, comme le disent certains dans la majorité, ou ailleurs, comme le dit par exemple D. de Villepin, parler de rigueur avec une dose de justice sociale, c'est-à-dire prendre des mesures pour faire participer les plus riches demain et à l'effort commun ?
Attendez, s'il y a des efforts, la moindre des choses c'est qu'ils soient proportionnels aux capacités de chacun. Enfin, je ne vois pas très très bien comment on peut imaginer ou penser faire autrement. Mais en tous les cas, il y a une chose que je voudrais dire à vos auditeurs ce matin : c'est que après deux ans et demi de boulot complètement acharné et dingue, après des milliers d'heures avec tous les experts sur le Grenelle, voilà, la dernière marche elle est franchie. Il y a eu des chausse-trappes, il y a eu des malentendus, ça été difficile, mais on l'a mené à bon port, n'en déplaise aux grincheux.
D'un mot, après le Grenelle vous allez avoir plus de temps libre, J.- L. Borloo, pour penser notamment à la présidentielle ?
Mais décidément, c'est une obsession !
Oui, c'est une obsession !
Ca, tous les matins, j'y ai droit maintenant.
La dernière fois, vous m'avez répondu que vous vous rasiez au rasoir électrique. Absolument !
Ce matin, vous allez me répondre quoi ?
Ben, je continue, je continue.
Oui !
Là, je suis pas passé au rasoir à main.
F. Bayrou, lui, dit « le centre c'est moi » ; vous dites quoi, vous lui répondez quoi ?
Mais, je ne lui réponds pas. D'abord, à moi, il n'a pas dit grand-chose, et moi j'ai une obsession, c'est réussir définitivement ce Grenelle, voilà. On a commandé 50 000 voitures électriques publiques, eh bien je vais m'occuper de la livraison, savoir si c'est La Poste, EDF, enfin, vous voyez, voilà. C'est la vraie vie qui m'intéresse.
Merci en tout cas, J.-L. Borloo, d'être venu nous parler de la vraie vie, ce matin, sur France Info.
Voilà ! Excusez-moi pour ma voix un peu rocailleuse, ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 mai 2010
C'est un bonheur !
C'est le jour J pour le Grenelle 2 puisque c'est ce soir que l'Assemblée va procéder au vote solennel. On sait déjà qui va voter pour, qui va voter contre. Les Verts votent contre, le PS aussi. La magie du Grenelle 1, c'est terminé ?
Non ! Je crois qu'on est rentrés dans une période un petit peu politicienne. Ce n'est pas très, très grave. Il faut avoir un peu de tendresse ou de tolérance pour nos amis de l'opposition. Si vous voulez, c'est un virage majeur de la société française. Cinq textes en vingt-quatre mois, en gros 300 grandes mesures qui sont dans tous les domaines. Sachez qu'aujourd'hui on construit des logements à 50 kilowattheures le mètre carré alors que le parc français est à 300. Songez qu'on lance aujourd'hui des voitures électriques, hybrides ou hybrides rechargeables en France. Il y a encore trois ans, on avait un parc qui était extrêmement polluant, on est les moins polluants d'Europe. Sachez, parce que j'entendais mon ami, je crois que c'est Y. Cochet, tout à l'heure, sur votre antenne...
Oui, dans le journal de 8 h. ...
Qui parlait du bio, des OGM.
Il parlait de la colonne des plus et la colonne des moins, on va y venir.
Il rame, mon ami ! Il rame, il rame ! Quelle était la situation française, honnêtement, il y a encore 4 ou 5 ans ? On était les derniers d'Europe en bio, les derniers en photovoltaïque, les derniers en centrale solaire, les derniers ou presque en développement des biomasses, on était les derniers en éolien.
On a progressé sur ces dossiers-là, personne ne conteste.
C'est une progression spectaculaire ! Non mais, quelques chiffres en tête, parce que c'est bien de commenter les commentaires, mais la réalité... J'entendais mon ami Yves parler des OGM tout à l'heure, c'est à mourir de rire ! C'est D. Voynet qui les autorise en France, c'est moi qui fais le moratoire 810. Prenez le bio, est-ce que vous savez qu'en deux ans, 17.000 exploitations agricoles françaises se sont mises au bio ? Tous les jours, vous avez dix exploitations agricoles - tous les jours ! - qui se convertissent au bio. Le photovoltaïque, est-ce que vous savez qu'en dix-huit mois, 18.000 exploitations agricoles sont devenues des producteurs d'énergie grâce au photovoltaïque ? Et à partir du vote de ce soir, vous savez cette fameuse méthanisation que demandent les agriculteurs, c'est-à-dire quand on fait de la méthanisation, on produit du gaz, eh bien ce gaz on va pouvoir le vendre sur les réseaux de distribution. C'est la révolution des tramways. Alors, tout n'est évidemment pas parfait quand on fait une mutation de cette importance là, mais franchement, franchement...
Alors, justement, vous le dites vous-même, « ça n'est pas parfait », évidemment je vais parler des choses qui fâchent, vous me connaissez, J.-L. Borloo.
Allez-y ! Allez-y ! Sur 300, vous allez bien m'en trouver 2-3 quand même.
Le texte a reculé, sur la fiscalité écologique...
... mais non, mais non, mais non, mais non !
En tout cas, c'est différé. Sur les pesticides...
... non, non, non, mais qu'est-ce que...
...je vous ai laissé parler, laissez-moi terminer !
Madame Duchemin, vous êtes journaliste, vous ne pouvez pas dire que... parce que vous faites allusion à... vous savez, il a le Marquis de Source Sûre.
...je faisais la colonne des moins, alors ?
Non, non ! Le Marquis de Source Sûre a dit « on a reculé sur l'écotaxe poids lourds ». Vous vous souvenez, c'est bien à ça que vous faites allusion. Faux. Ca été voté il y a dix-huit mois, l'article 159 de la loi de finances, application le 31 décembre 2011. Nous avons lanc?? l'appel d'offres, les entreprises ont été désignées, ça se fera bien à l'heure prévue.
Bon ! Sur les pesticides, J.-L. Borloo, puisqu'il faudra mesurer les impacts sociaux, économiques et environnementaux avant de retirer un produit de la circulation. Non, non, non, non... Pour quelles raisons ? Si c'est dangereux, pourquoi est-ce qu'on ne les retire pas tout de suite ?
Non, non, non, non ! Quand mon excellent ami Y. Cochet était au pouvoir, on était à un indice 100 de pesticides. Nous sommes aujourd'hui à un indice 70, et le Grenelle de l'environnement prévoit un indice 39, une division par presque trois. Les molécules dangereuses, réputées dangereuses, les trente prévues dans le Grenelle ont d'ores et déjà été retirées l'année dernière, voilà. Donc, il n'y a pas... c'est quand même extravagant, vous savez c'est plus on va moins vite moins on va plus loin, vous savez, ces fameuses phases... On va tellement vite dans le Grenelle que si tout d'un coup on est à 95 % d'objectifs, on a l'impression que les 5 % sont un recul. Non, soyons sérieux et raisonnables !
Donc, il y a que des points positifs finalement dans le texte. Il n'y a rien qui a reculé, d'après vous.
Rien ! Non, on est allés beaucoup plus loin.
Sur les enquêtes publiques concernant le nucléaire, par exemple ?
Mais par exemple ! Le fait qu'il y a plus de transparence, je ne vois pas très très bien en quoi c'est difficile. La France de l'environnement jusqu'à il y a quelques années...
... plus de transparence !
Bien sûr !
On supprime les enquêtes publiques !
Mais non, mais pas du tout. On les amplifie, on les modifie. Mais, ne vous laissez pas embarquer. Je comprends bien qu'une mutation de cette vitesse, de cette importance... qui aurait pu imaginer il y a encore un an et demi, s'il n'y avait pas le bonus-malus écologique voiture, que Peugeot, Renault lancent massivement des voitures tout électrique à la fin de l'année, avec le bonus écologique de 5 000 euros ? Qui aurait imaginé les hybrides rechargeables, les hybrides tout court, la multiplication par quatre des tramways ?
Bon, ça va trop vite pour nous J.-L. Borloo, c'est ça, en fait ?
Mais bien sûr que ça va très vite, mais évidemment. Quand on fait 600 % d'augmentation du photovoltaïque en deux ans - 600 % ! - vous faites 600 % d'auditeurs, vous ? Non mais... Il y a un moment où les chiffres font même un peu tourner la tête. Alors, moi, je suis embarrassé parce que je suis le plus mal placé pour en parler, évidemment. 500 articles de loi, cinq lois, 2 000 décrets et circulaires. C'est vrai que ce virage est là. Alors, bon, moi, je comprends nos amis de l'opposition qui sont un peu embarrassés.
Ca explique, justement, que les Verts ne veuillent pas voter, ou votent contre ce texte, parce sur le Grenelle 1 ils s'étaient abstenus ?
Non ! Non, non !
Ils s'étaient abstenus.
Ils s'étaient abstenus. Ils n'avaient pas voté pour à l'inscription notable de Monsieur de Rugy. Mais entre temps, on est entre deux élections, voilà, c'est la vie démocratique. Vous savez, j'ai l'impression que... vous savez, ça grogne un peu parce qu'on a un peu piqué la gamelle, quoi. Vous savez, il y a un petit côté....
« Piqué la gamelle » !
Oui !
Vous avez « piqué la gamelle des Verts ».
Non mais, voilà, il ne faut pas leur en vouloir. Ils avaient inventé trois trucs pour ne pas voter. Ils avaient inventé l'histoire de la taxe poids lourds. Bon, ce n'est pas vrai, ce n'est pas de chance, c'est factuel. Un deuxième truc qui avait été inventé, une espèce de mise en scène sur les éoliennes. Ils sont très experts puisque quand ils ont quitté le pouvoir, il y avait 8 000 mâts d'éoliennes en Allemagne et 3 000 en Espagne, il y en avait 29 en France.
Le fameux seuil des 15...
Non mais 29, il y en avait 29 en France en 2002 ou 2003, bien. On est à 500 par an. Il y a eu... à un moment donné, on avait pris une disposition en se disant : « si les régions ne font pas les schémas régionaux, on ne pourra plus mettre de (...) », c'était pour forcer tout le monde. Et on s'est rendus compte, effectivement, que du coup ça risquait de devenir un moratoire. Alors, on a fait un amendement en disant « si par extraordinaire - ce que je crois pas une seconde - nos amis qui dirigent les régions n'avaient pas fait le schéma régional le 31/12/2011, eh bien l'Etat s'y pourvoira ». Vous avez vu que le Syndicat des énergies renouvelables, là, vient de faire un communiqué, les professionnels saluent...
... oui, c'est dans la colonne des plus, on est d'accord.
... saluent les avancées en faveur du développement des énergies renouvelables.
Bon, vous ne craigniez pas, J.-L. Borloo, parce qu'ils nous restent quand même peu de temps...
...allez-y !
Vous ne craigniez pas que les avancées, le Grenelle, tout ce qui va avec, ça soit passé à la moulinette de la rigueur ?
Non, pas du tout !
Ce mot interdit en ce moment dans la majorité.
Mais, pas du tout, parce que maintenant, si on met de côté toute la partie santé, environnement, le fait, si vous avez un bébé, qu'il n'y aura pas de bisphénol dans les biberons, les enseignes lumineuses, enfin bref, si on met tout ça de côté, et la nouvelle démocratie, on a fait une réforme de la Constitution pour que les ONG soient au Conseil économique et social, je rappelle quand même, bon. Mais, au fond du fond de quoi s'agit-il ? C'est notre emploi, c'est l'emploi de demain, c'est la croissance verte, c'est la prospérité verte. Qui peut croire une seconde que dans une Europe un peu essoufflée, que ce ne sont pas sur les secteurs de la réduction des besoins énergétiques, de la performance énergétique, des voitures décarbonées, que va se passer notre compétitivité ?
C'est générateur d'emplois.
C'est évidemment... il y a un très bon rapport, pas de chez nous, du Boston Consulting Group, qui dit : « le Grenelle, 440 milliards d'investissements, 600 000 emplois ». La Chine a choisi, la Chine a choisi les technologies vertes. Eh bien, nous aussi.
Alors, puisqu'on parlait de rigueur à l'instant, c'est un mot visiblement tabou en ce moment dans la majorité. Vous pensez, vous, qu'il faut se serrer la ceinture et qu'on peut employer le mot austérité ou le mot rigueur pour ce qui se passe en ce moment ?
Ecoutez, je ne sais pas ce qu'il faut employer comme mot. Ce qui est sûr c'est que nous, à la maison, on faisait attention, voilà, bon. Donc, c'est bien de faire attention. Quand on dépense plus d'argent que ce qu'on a, ben le mieux à faire c'est de faire très attention. Mais les secteurs sur lesquels, nous, nous sommes, qui sont des secteurs d'investissement... il y a trois jours, il y a trois jours, le Premier ministre m'a bien autorisé à lancer un deuxième appel à candidature, vous savez qu'il y a dix-huit mois on en a fait un premier pour faire 400 km de tramways, on en refait 400. On aura triplé l'offre de tramways dans les villes. Est-ce que on va arrêter ces programmes-là ? Est-ce qu'on va arrêter les prêts Grenelle, les prêts à taux zéro avec avantage fiscal pour faire des économies chez nous ?
Pas de rigueur pour le Grenelle ?
Bien sûr que non ! Bien sûr que non ! Si, il faut faire très attention, mais est-ce qu'on va arrêter d'investir sur les voitures décarbonées ? Bien sûr que non. Donc, c'est clairement de l'investissement pour notre pays. Moi, je n'ai pas d'inquiétude.
Vous pensez qu'il faut, comme le disent certains dans la majorité, ou ailleurs, comme le dit par exemple D. de Villepin, parler de rigueur avec une dose de justice sociale, c'est-à-dire prendre des mesures pour faire participer les plus riches demain et à l'effort commun ?
Attendez, s'il y a des efforts, la moindre des choses c'est qu'ils soient proportionnels aux capacités de chacun. Enfin, je ne vois pas très très bien comment on peut imaginer ou penser faire autrement. Mais en tous les cas, il y a une chose que je voudrais dire à vos auditeurs ce matin : c'est que après deux ans et demi de boulot complètement acharné et dingue, après des milliers d'heures avec tous les experts sur le Grenelle, voilà, la dernière marche elle est franchie. Il y a eu des chausse-trappes, il y a eu des malentendus, ça été difficile, mais on l'a mené à bon port, n'en déplaise aux grincheux.
D'un mot, après le Grenelle vous allez avoir plus de temps libre, J.- L. Borloo, pour penser notamment à la présidentielle ?
Mais décidément, c'est une obsession !
Oui, c'est une obsession !
Ca, tous les matins, j'y ai droit maintenant.
La dernière fois, vous m'avez répondu que vous vous rasiez au rasoir électrique. Absolument !
Ce matin, vous allez me répondre quoi ?
Ben, je continue, je continue.
Oui !
Là, je suis pas passé au rasoir à main.
F. Bayrou, lui, dit « le centre c'est moi » ; vous dites quoi, vous lui répondez quoi ?
Mais, je ne lui réponds pas. D'abord, à moi, il n'a pas dit grand-chose, et moi j'ai une obsession, c'est réussir définitivement ce Grenelle, voilà. On a commandé 50 000 voitures électriques publiques, eh bien je vais m'occuper de la livraison, savoir si c'est La Poste, EDF, enfin, vous voyez, voilà. C'est la vraie vie qui m'intéresse.
Merci en tout cas, J.-L. Borloo, d'être venu nous parler de la vraie vie, ce matin, sur France Info.
Voilà ! Excusez-moi pour ma voix un peu rocailleuse, ce matin.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 11 mai 2010