Point de presse de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur la situation régionale en Afrique de l'Ouest, la menace terroriste dans la bande sahélienne, la coopération francaise avec le Burkina Faso, ainsi que sur l'élection présidentielle en Guinée, Paris le 2 septembre 2010.

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Circonstance : Point de presse de Bernard Kouchner à l'issue de son entretien avec le ministre d'Etat burkinabe, ministre des affaires étrangères, Bedouma Alain Yoda, à Paris le 2 septembre 2010

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, je ne cache pas mon plaisir d'avoir reçu le ministre des Affaires étrangères du Burkina-Faso, mon ami Alain Yoda. Cela fait longtemps que je l'avais invité. D'ailleurs, il m'avait invité aussi. Et bien le voila. Merci.
J'ai évidemment salué, au nom du président de la République et du peuple français, le président Blaise Compaoré. Une fois encore, il a réuni - j'espère qu'ils seront ensemble - les deux candidats à l'élection guinéenne, qui seront au deuxième tour de l'élection, le 19 septembre. Ils sont au Burkina, à Ouagadougou. C'est un geste de sagesse et une aide incomparable que le président Compaoré, une fois de plus, met à la disposition de toute la région.
Nous avons parlé de la situation en Guinée avec Alain. Nous avons aussi parlé de la situation en Cote d'Ivoire où semble se dessiner - vous me direz peut-être une fois de plus mais, après tout c'est peut-être la bonne -, le 31 octobre, une élection que nous attendons tous.
Puis nous avons parlé - mais je laisse le ministre le dire lui-même - de la situation dans la région, de la région de l'Afrique de l'Ouest, de la bande sahélienne, des dangers qu'elle comporte, des otages : problèmes auxquels nous avons dû faire face avec nos amis mauritaniens, nos amis maliens, nos amis nigériens, nos amis algériens mais aussi avec nos amis burkinabé.
Nous avons décidé - il y avait déjà beaucoup de choses de faites - d'étendre cette coopération avec le Burkina-Faso. Il y a bien des éléments dont nous avons discuté à propos de ce problème d'Al Qaïda au Maghreb Islamique, ce qui nous entraîne évidemment à parler de développement et de l'ensemble des problèmes, mais aussi des résultats et des succès des pays de la région. Je ne souhaite pas que l'on présente les pays d'Afrique de l'Ouest, et en particulier ces pays amis que je viens de citer, comme l'expression d'un danger, mais plutôt comme l'expression d'une amitié, s'ajoutant au constat du développement. Le Burkina Faso est un pays organisé, qui marche. D'ailleurs, nous pouvons continuer avec notre nouvel ambassadeur qui va gagner Ouagadougou, et qui se fera l'interprète et le guide de ce développement commun.
C'est d'abord au gouvernement du Burkina et à son président - j'ose dire mon ami Blaise Compaoré que je connais depuis si longtemps - qu'il faut rendre hommage. Rien n'aurait été possible - souvenez-vous de la situation qui prévalait en Guinée - sans l'intervention, sans la sagesse, sans l'insistance, sans l'obstination du président Compaoré et de son gouvernement, d'Alain Yoda en particulier. Rien n'aurait été possible, il était même inimaginable qu'il y ait des élections aussi rapidement en Guinée ; alors, s'il y en a en plus en Côte d'Ivoire. Je ne mêle pas les deux problèmes, je sais qu'ils sont différents, mais enfin tout cela c'est l'influence apaisante, intelligente, de nos amis du Burkina. Monsieur le Ministre soyez le bienvenu.
(...)
Q - Monsieur le Ministre, est-ce que AQMI fait peser une menace particulière sur le Burkina Faso ?
R - Ecoutez, c'est à Alain de répondre. Je ne crois pas et justement nous nous en félicitons. Est-ce qu'il y a un danger particulier ou est-ce qu'il y a une pesanteur particulière d'Al Qaïda au Burkina ? Je ne le crois pas.
Et nous collaborons, et collaborerons étroitement.
Q - Messieurs les Ministres, j'ai une question concernant la rencontre de Ouagadougou : le président Blaise Compaoré va-t-il aborder avec les deux candidats la question de la révision du code électoral ? J'ai une autre question si vous le permettez : j'aimerais savoir s'il va leur faire signer ou non un code de bonne conduite en vue du second tour ?
(...)
R - Je partage entièrement l'opinion du Ministre des Affaires Etrangères. J'ajoute que j'ai parlé à plusieurs reprises avec le président par intérim M. Sécouba Konaté. J'ai parlé hier avec M. Seydou Diallo, et hier M. Alpha Condé est passé par la France ; je l'ai reçu comme je reçois évidement aussi, et le même nombre de fois - je fais très attention -, le deuxième candidat à l'élection présidentielle. Je voudrais dire - parce que Alain n'a pas prononcé le mot qu'il a employé tout à l'heure - que c'est pour eux, pour la Guinée, un moment historique après 50 ans d'enfermement. Comme tu l'as dit, le premier tour s'est bien passé, fait inimaginable. Et si la rencontre de Ouagadougou de demain se déroule bien, encore une fois nous devrons remercier le président Compaoré.
Je pense que cela va marcher dans ce pays enfermé pendant cinquante ans dans une région où le dialogue politique était très difficile, voire impossible. Si cela se passe bien, nous serons vraiment très heureux pour les Guinéens d'abord, pour l'Afrique de l'ouest et pour l'Afrique dans son ensemble. Nous n'avons pas, nous la France, de candidat et nous voulons que les choses se déroulent au plus prés de la légalité, avec des corrections qui ont été faites, tu as raison, pour les points qui avaient été soulignés comme défaillants, en particulier le nombre des bureaux de vote.
Il y a eu un effort de tous les pays d'ailleurs, de la CEDEAO, de l'Union européenne, de l'Union africaine bien entendu, pour que se multiplie le nombre de bureaux de vote. Les électeurs devaient en effet se déplacer sur des dizaines de kilomètres pour aller voter ; cela n'était pas très équilibré.
Merci beaucoup.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 septembre 2010