Déclaration de M. Bernard Kouchner, ministre des affaires étrangères et européennes, sur les financements innovants pour le développement, New York le 21 septembre 2010.

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Circonstance : Réunion du Sommet sur les Objectifs du Millénaire pour le Développement : réunion sur les financements innovants à New York le 21 septembre 2010

Texte intégral

Mesdames et Messieurs, c'est un miracle que cette réunion ait eu lieu. D'abord parce que ce sujet rencontre quelques difficultés et ensuite parce que l'électricité nous manquait. C'est la première conférence qui ait eu lieu sans que le son puisse se propager à travers la foule et sans qu'il y ait de traduction.
Mais grâce à la présidence japonaise, grâce à la Présidence belge de l'Union européenne et grâce à M. Douste-Blazy, nous avons réussi à tenir trois heures et demi sur des sujets considérables : la santé, le développement, l'éducation. Et tout cela autour d'une idée centrale : il manque de l'argent pour ces trois sujets. Il manque de l'argent pour le développement. L'argent public ne suffira pas. L'aide publique doit être soutenue avec les financements innovants. Encore une fois, - et c'est le message que je vous demande de faire passer -, il ne s'agit pas de remplacer les politiques de soutien au développement des Etats, mais de s'y ajouter.
La déclaration qui a été adoptée - et qui sera diffusée très vite - prouve une seule chose : il y a eu plusieurs rapports qui consacrent ces financements innovants. Tous les rapports convergent. Il n'y a pas de problème technique, il y a un problème politique. Il faut une volonté politique forte pour faire passer ce mouvement nécessaire, quelles que soient les modalités. Cela a toujours été ainsi : quand on engage un mouvement qui révolutionne le monde, il y a eu beaucoup d'obstacles. Nous avons rencontré beaucoup d'obstacles.
Il y aura des gens qui ne trouveront pas cela orthodoxe, parce que ce n'est pas politiquement correct. Il y en aura beaucoup d'autres qui comprendront, que dans le monde actuel, après la crise économique que l'on a connue, donner un peu de moralité aux échanges internationaux et aux transactions financières internationales, ce serait bien. A mon avis, on le fera ; dans combien de temps ? Je n'en sais rien. J'espère dans cinq ans, au rendez-vous de 2015 pour que les Objectifs du Millénaire soient atteints. J'espère qu'à cette date, nous tiendrons cette taxe sur les transactions financières à laquelle, je crois, et à laquelle bientôt tout le monde croira.
Q - Il est important que le nombre de pays adhérant à cette démarche soit le plus important possible, mais des pays comme les Etats-Unis ne sont même pas membre du Groupe pilote...
R - Je sais que l'adhésion n'est pas totale. C'est impossible... Eh bien nous le ferons ! Quand nous avons voulu créer Médecins sans frontières, c'était également impossible, mais nous l'avons fait.

Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 24 septembre 2010