Texte intégral
Monsieur l'Ambassadeur du Cambodge,
Monsieur l'Ambassadeur de France au Cambodge,
Mesdames et Messieurs,
Vous vous souvenez peut-être que, lors de la visite du Premier ministre cambodgien M. Hun sen, qui avait été invité au défilé du 14 juillet 2009, nos deux pays avaient décidé de dynamiser leurs relations. Leurs relations historiques ne font aucun doute, et des relations d'amitié, des relations vraiment sentimentales existent entre la France et le Royaume du Cambodge.
Une alchimie très particulière s'est produite entre le Cambodge et la France, et nous avions décidé de dynamiser cette relation. Le vice-Premier ministre et moi-même avions initié ce processus dès le mois de décembre 2009.
Moins d'un an après, plusieurs réunions thématiques se sont déroulées, à Phnom Penh et à Paris, sur quatre sujets. Mme Anne-Marie Idrac, à cette occasion, s'est rendue à Phnom Penh pour relancer notre coopération et ces discussions ont été fructueuses. Elles ont permis de réfléchir aux meilleurs moyens d'aller plus loin, afin que des investissements soient proposés, réalisés au Cambodge et que, dans des domaines très particuliers, nous développions cette relation commerciale, économique, culturelle, etc.
Les conseillers du Commerce extérieur ont travaillé, ainsi que les ONG. Des recommandations ont permis de signer cette convention entre nos deux pays et je m'en réjouis.
Le Cambodge a changé ; il continue de changer. Le pays s'est relevé des années dévastatrices des Khmers rouges. Le Japon et la France, entre autres, ont beaucoup insisté pour qu'un Tribunal international puisse se tenir. Nous y avons participé avec des juristes et des juges. Maintenant, il s'agit de poursuivre encore cette action, puisqu'il reste quatre accusés.
C'est donc le sens de ce partenariat que nous avons signé, où il est écrit que, progressivement, nos relations seront amenées à évoluer, passant d'une relation de coopération au développement à une coopération économique de nature à créer des emplois. Lorsque j'ai parlé d'investissements, cela veut dire que des emplois doivent être créés au Cambodge, bien sûr, mais également en France.
Nous avons donc pour ambition d'aider à développer le potentiel du Cambodge pour sa jeune génération, autour des ressources naturelles qui existent dans ce pays. Je ne parle pas des ressources culturelles, je ne parle pas d'Angkor, je ne parle pas du travail avec des équipes internationales, avec de nombreux Français qui ont contribué à la réfection de ces temples merveilleux.
Nous voulons que des prêts non-souverains soient possibles au Cambodge et que cette coopération se développe à partir de ces quatre groupes de travail à propos de la culture, des forêts, etc... Cela a permis d'éclaircir notre avenir commun.
Monsieur le Vice-Premier ministre, je vous remercie, j'ai fait quelques remarques à propos de la justice au Cambodge que vous avez enregistrées et je vous en remercie.
(...)
Q - La Francophonie se porte-t-elle bien au Cambodge ? Subit-elle les assauts de langue et de la culture anglaises comme d'autres pays francophones ?
R - Le Cambodge est le seul pays - dans un environnement anglais, dans les pays alentours - dont les études supérieures sont suivies en français. La faculté de pharmacie, la faculté de médecine, les sciences économiques etc., tout cela est enseigné en français. Donc, la Francophonie se porte plutôt bien, mais jamais assez bien. Je crois qu'il faut des investissements. Il y a eu cette expression précise et politique de ce qu'est la Francophonie, pas seulement un espace où l'on parle une même langue ; c'est beaucoup plus que cela. Mais, pour entretenir cette amitié et cette langue, il serait bon qu'il y ait des investissements supplémentaires, en dehors des grands Groupes qui ont été cités : le traitement de l'eau par exemple, ou bien l'aménagement des forêts. Nous espérons, notamment avec des rencontres avec le patronat, que nous n'abandonnerons pas cette partie de l'Asie du sud-est, et en particulier que l'on pourra demeurer très présents au Cambodge.
La Francophonie est encore très présente, mais il est vrai que les générations qui arrivent sont tentées, dans un monde où tous les pays le sont, de parler anglais. La Francophonie n'est pas en régression, elle est en progression. Il y a 200 millions de personnes qui parlent français dans le monde, mais le danger est réel. Ce n'est pas un combat avec l'anglais, c'est la nécessité d'une seconde langue.
Ce matin, j'ai signé, avec M. Jean-Pierre de Launoit, le patron de la Fondation de l'Alliance française, une convention entre le ministère des Affaires étrangères et européennes et les Alliances françaises. J'attendais d'avoir enfin réalisé cette grande réforme que, depuis 25 ou 30 ans, mes prédécesseurs souhaitaient faire mais qu'ils n'ont jamais fait ; elle est faite, et il y a maintenant un Institut français.
Une réforme de notre politique d'influence, votée au Parlement, permettra aux instituts français, à partir du 1er janvier, de signer des partenariats. Ce matin, en l'occurrence, c'est le ministère des Affaires étrangères qui a signé une convention triennale avec la fondation Alliance française. Ce partenariat constitue une force de frappe considérable pour la Francophonie. Tout cela est plutôt bon en cette période de «vaches maigres».
Nous espérons, en particulier pour le Cambodge, où il y a des alliances françaises, où une culture française est maintenue, qu'on puisse en faire profiter nos amis cambodgiens.
Q - Tout d'abord, je salue le Cambodge et notamment le fait que le gouvernement français se soit associé a la restauration des temples d'Angkor à hauteur de 6 millions d'euros. J'ai une question à propos des otages : que peut-on espérer de l'aide demandée au Mali notamment ?
R - Je ne veux pas commenter tous les jours ces questions. Hier, nous avons pu nous réjouir des preuves de vie portées à la connaissance de l'opinion publique. Une photo des sept otages, cinq Français, un Malgache et un Togolais, a été prise. Je ne peux que souligner cela comme une preuve de vie qui nous faisait défaut. Et pour les familles c'est très important.
Nous continuons à être plus qu'attentifs, complètement prêts, si d'autres signaux nous sont adressés.
Q - L'Algérie, la Mauritanie et le Mali veulent créer un centre anti-terroriste. La France va-t-elle s'y associer ? Comment voyez-vous cette perspective pour lutter contre les prises d'otages et le terrorisme au Sahel ?
R - Un état-major a déjà été créé à Tamanrasset et les Algériens l'ont d'une certaine façon remis dans l'actualité, après leur effort pour la tenue d'une réunion la semaine dernière. Cet état-major regroupe les Algériens, les Mauritaniens, les Maliens et les Nigériens. Je suis très heureux de cette réunion parce que cet état-major était plus théorique que pratique. Par une décision de l'Algérie, qui possède une armée majeure dans la région, cette réunion a eu lieu la semaine dernière. C'est évidemment avant tout aux pays de la région de préserver leurs citoyens et de mener, s'ils le souhaitent, des opérations militaires. Cet état-major est une preuve supplémentaire de l'attention tournée vers ces katibas. Ces efforts pour lutter contre le terrorisme ont permis de repousser vers le Sud un certain nombre de ces terroristes.
Q - M. Ban Ki-moon a lancé un appel de fonds pour les chambres extraordinaires. Il semblerait qu'il manque 47 millions de dollars. La France va-t-elle aider dans ce processus ?
R - La France a beaucoup aidé. Nous en avons parlé avec mon ami, en particulier pour ce qui concerne le tribunal, fortement soutenu par la France et le Japon, et qui a rendu une sentence à propos d'un accusé de l'époque «khmers rouges». Il y en a d'autres ; nous avons fait, en effet, beaucoup d'efforts.
Ce n'est pas à la France, seule, de combler ce déficit de financement d'une justice internationale dont nous sommes au demeurant très partisans puisque nous avons créé, par exemple dans ce discours de Rome - j'étais d'ailleurs chargé de le faire -, une justice internationale. Concernant les Khmers rouges, il s'agit-là de tribunaux spéciaux, comme c'est le cas pour l'assassinat de Rafic Hariri. Ailleurs, c'est la Cour pénale internationale qui agit.
Tout cela est bien sûr très coûteux, mais je suis convaincu qu'il faut persister. Je l'ai dit d'ailleurs lundi en prononçant le discours de la France à l'Assemblée générale des Nations unies : nous sommes partisans de la justice internationale. Je ne peux pas dire autrement devant le vice-Premier ministre du Cambodge qui a, pour sa part, beaucoup insisté pour que cette justice soit mise en oeuvre.
Cela dit, ne me demandez pas quel sera le montant de notre soutien, car je n'en sais rien pour le moment. En tout cas nous avons participé depuis le début.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 4 octobre 2010