Texte intégral
M.-O. Fogiel.- Bonjour E. Besson.
Bonjour M.-O. Fogiel.
Vous êtes donc ministre de lImmigration. Quinze jours après la promulgation de la loi interdisant le port du voile intégral dans lespace public, vous venez dinstaller quinze ambassadrices chargées de promouvoir la laïcité, légalité homme/femme dans les quartiers les plus sensibles, on les a entendues dailleurs tout à lheure dans le journal de 6h30. Vous avez installé des femmes pour aller parler aux femmes, vous ne croyez pas quil faudrait plutôt quelles parlent aux hommes ?
Elles parleront dabord aux femmes, mais sans doute aussi aux hommes et aux jeunes...
Ce nest pas ce quelles disent.
Jessaye dapporter ma contribution à ce que va être le grand plan interministériel qui va être lancé sous lautorité du Premier ministre, conformément à la loi. La loi dit que le 11 avril 2011, cest-à-dire six mois après la promulgation de la loi, nul ne pourra plus porter de voile intégral en France. Donc il y a ces six mois de pédagogie, dinformation. Et lassociation « Ni putes ni soumises » nous a proposés une convention que jai trouvé intéressante par laquelle effectivement quinze ambassadrices vont aller sillonner la France et parler à celles qui pourraient recevoir des contraventions si elles ne changent pas dattitude dici six mois.
Au moment où vous installez ces quinze ambassadrices, Ben Laden lance un message spécifiquement aux Français et trouve injuste la façon dont sont traités les musulmans en France. Comment vous interprétez ça. Sil arrivait quelque chose aux otages, est-ce que vous auriez une forme de regret davoir fait passer cette loi ?
Je crois quil faut bien distinguer les choses. La France est une nation bâtie sur des valeurs : la liberté, légalité, la fraternité. Mais aussi la laïcité et légalité homme/femme. Et la spécificité de la nation française, au regard de la laïcité, elle est connue et reconnue dans le monde. Alors les menaces de Ben Laden il ne faut pas les prendre à la légère, B. Hortefeux a dit il y a quarante huit heures tout ce que devait être à la fois notre vigilance et notre action, mais ça nest pas Ben Laden qui peut nous faire renoncer à des valeurs qui sont constitutives de notre identité nationale, de notre vivre ensemble.
Mais vous ne dites pas que la loi elle sadresse finalement à quasiment personne, 2.000 femmes, et que dun coup ça suscite une réaction certes dun terroriste, mais une réaction dont on se serait bien passé non ?
Le concept de « quasiment personne »... Dabord 2.000 ce nest pas quasiment personne. Deuxièmement, lenquête parlementaire, la mission dinformation parlementaire a montré que cétait un chiffre en expansion. Vous pensez que ça aurait été plus intéressant quon attende quil y en ait 20 000 ou 200 000 pour que la loi soit votée ? Je crois que quand on touche à des principes et lidée quon ne peut pas masquer son visage, quon ne peut pas imposer à une femme une espèce de cercueil ambulant comme est le voile intégral, est quelque chose qui touche à lessentiel des valeurs de notre nation. Voilà, je crois quil faut faire preuve à la fois de fermeté - cest la loi - de pédagogie et de dialogue.
E. Besson, vous êtes également donc secrétaire général adjoint de lUMP, est-ce que vous diriez quavec votre rôle de ministre de lImmigration, vous avez pesé sur limpopularité de N. Sarkozy, les difficultés quil rencontre aujourdhui en termes dimage ?
Votre question est formulée de façon ...
Interrogative.
On va aller à lessentiel. La régulation de la migration cest lidée que lEurope et la France sont une terre dimmigration légale, quil faut lutter contre limmigration irrégulière et contre les mafias qui organisent cette immigration irrégulière. Et quen même temps nous devons rester une terre dasile, ce que la France fait puisque nous sommes les premiers en Europe en matière doctroie de lasile à des réfugiés politiques. Cest quelque chose qui est maintenant la politique commune de lUnion européenne, quelle que soit la sensibilité politique...
Cest la façon dont on le fait, E. Besson. A propos dUnion européenne, on ne va pas revenir sur les déclarations de V. Reding, mais la politique autour des Roms a été contestée, elle a crée une polémique, donc cest la façon dont les choses sont faites qui sont en question.
Le fait quelle ait été contestée nimplique pas quelle nest pas juste. Juste au regard du droit communautaire et de la loi française : nous avons respecté le droit communautaire et la loi française. Et juste sur le plan politique au sens où lUnion européenne ça ne veut pas dire le droit de sinstaller partout en se mettant instantanément dans lillégalité ou au crochet dun système de protection sociale. LEurope ça nest pas le supermarché de la protection sociale.
Sur la popularité de N. Sarkozy, vous en pensez quoi vous E. Besson ? Le remaniement est nécessaire rapidement aujourdhui pour tourner une page ?
Dabord sur la popularité de N. Sarkozy regardez la situation de tous les gouvernements après la crise que nous venons de connaître. Regardez la situation de B. Obama, de J.-L. Zapatero en Espagne, dA. Merckel en Allemagne, et regardez ce qui est arrivé aux travaillistes britanniques. Toutes les crises sont une source de difficultés pour les pouvoirs en place. Or la France la traverse mieux que dautres. Deuxièmement, nous venons de connaître et de vitre une réforme très très importante pour lavenir des retraites en France, lavenir des retraités actuels mais surtout de ceux qui partiront dans les décennies à venir. Et donc il est normal, après cette phase là, que le Gouvernement ou le président de la République connaisse des difficultés de popularité.
Mais donc un remaniement... Vous, vous dites dans le Figaro ce matin : « je jouerai au poste quon me donnera » puisque vous aimez bien le football. Si cest sur le banc de touche, vous direz quoi ?
Je laccepterai, mais il se peut aussi que je sois sur le terrain...
Sur le terrain, plutôt un autre ministère ? Vous dites « plutôt dans ce qui manime, léconomie, les finances », cest ce que vous souhaitez. Manifestement, vous avez envie de bouger de votre ministère, clairement E. Besson ?
On verra le moment venu. Je crois que vos auditeurs comme les Français globalement doivent être lassés de la spéculation sur le remaniement...
Oui mais on en parle depuis tellement longtemps puisque cest le président de la République qui a parlé de ce remaniement il y a tellement longtemps...
Il en a parlé une fois à huis clos devant des députés, et depuis nous vivons à ce rythme-là. Pour lheure, on est au travail, moi je peux vous décrire tout ce que je fais, mes collègues sont dans laction. Quel est laxe ? Laxe il est simple : sadapter à la mondialisation, être plus compétitif sur le plan économique, sans abîmer notre système de protection sociale, adapter notre protection sociale. Cest ça le cap, le pacte qua passé le président de la République avec les Français en 2007, et cest la feuille de route que nous déclinons. Il y aura un remaniement, il est annoncé, ou pré annoncé vraisemblablement pour la fin novembre. Eh bien on aura tout le temps de voir ce que seront nos places et vous de le commenter ?
Vous poser des questions. Merci E. Besson.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 5 novembre 2010
Bonjour M.-O. Fogiel.
Vous êtes donc ministre de lImmigration. Quinze jours après la promulgation de la loi interdisant le port du voile intégral dans lespace public, vous venez dinstaller quinze ambassadrices chargées de promouvoir la laïcité, légalité homme/femme dans les quartiers les plus sensibles, on les a entendues dailleurs tout à lheure dans le journal de 6h30. Vous avez installé des femmes pour aller parler aux femmes, vous ne croyez pas quil faudrait plutôt quelles parlent aux hommes ?
Elles parleront dabord aux femmes, mais sans doute aussi aux hommes et aux jeunes...
Ce nest pas ce quelles disent.
Jessaye dapporter ma contribution à ce que va être le grand plan interministériel qui va être lancé sous lautorité du Premier ministre, conformément à la loi. La loi dit que le 11 avril 2011, cest-à-dire six mois après la promulgation de la loi, nul ne pourra plus porter de voile intégral en France. Donc il y a ces six mois de pédagogie, dinformation. Et lassociation « Ni putes ni soumises » nous a proposés une convention que jai trouvé intéressante par laquelle effectivement quinze ambassadrices vont aller sillonner la France et parler à celles qui pourraient recevoir des contraventions si elles ne changent pas dattitude dici six mois.
Au moment où vous installez ces quinze ambassadrices, Ben Laden lance un message spécifiquement aux Français et trouve injuste la façon dont sont traités les musulmans en France. Comment vous interprétez ça. Sil arrivait quelque chose aux otages, est-ce que vous auriez une forme de regret davoir fait passer cette loi ?
Je crois quil faut bien distinguer les choses. La France est une nation bâtie sur des valeurs : la liberté, légalité, la fraternité. Mais aussi la laïcité et légalité homme/femme. Et la spécificité de la nation française, au regard de la laïcité, elle est connue et reconnue dans le monde. Alors les menaces de Ben Laden il ne faut pas les prendre à la légère, B. Hortefeux a dit il y a quarante huit heures tout ce que devait être à la fois notre vigilance et notre action, mais ça nest pas Ben Laden qui peut nous faire renoncer à des valeurs qui sont constitutives de notre identité nationale, de notre vivre ensemble.
Mais vous ne dites pas que la loi elle sadresse finalement à quasiment personne, 2.000 femmes, et que dun coup ça suscite une réaction certes dun terroriste, mais une réaction dont on se serait bien passé non ?
Le concept de « quasiment personne »... Dabord 2.000 ce nest pas quasiment personne. Deuxièmement, lenquête parlementaire, la mission dinformation parlementaire a montré que cétait un chiffre en expansion. Vous pensez que ça aurait été plus intéressant quon attende quil y en ait 20 000 ou 200 000 pour que la loi soit votée ? Je crois que quand on touche à des principes et lidée quon ne peut pas masquer son visage, quon ne peut pas imposer à une femme une espèce de cercueil ambulant comme est le voile intégral, est quelque chose qui touche à lessentiel des valeurs de notre nation. Voilà, je crois quil faut faire preuve à la fois de fermeté - cest la loi - de pédagogie et de dialogue.
E. Besson, vous êtes également donc secrétaire général adjoint de lUMP, est-ce que vous diriez quavec votre rôle de ministre de lImmigration, vous avez pesé sur limpopularité de N. Sarkozy, les difficultés quil rencontre aujourdhui en termes dimage ?
Votre question est formulée de façon ...
Interrogative.
On va aller à lessentiel. La régulation de la migration cest lidée que lEurope et la France sont une terre dimmigration légale, quil faut lutter contre limmigration irrégulière et contre les mafias qui organisent cette immigration irrégulière. Et quen même temps nous devons rester une terre dasile, ce que la France fait puisque nous sommes les premiers en Europe en matière doctroie de lasile à des réfugiés politiques. Cest quelque chose qui est maintenant la politique commune de lUnion européenne, quelle que soit la sensibilité politique...
Cest la façon dont on le fait, E. Besson. A propos dUnion européenne, on ne va pas revenir sur les déclarations de V. Reding, mais la politique autour des Roms a été contestée, elle a crée une polémique, donc cest la façon dont les choses sont faites qui sont en question.
Le fait quelle ait été contestée nimplique pas quelle nest pas juste. Juste au regard du droit communautaire et de la loi française : nous avons respecté le droit communautaire et la loi française. Et juste sur le plan politique au sens où lUnion européenne ça ne veut pas dire le droit de sinstaller partout en se mettant instantanément dans lillégalité ou au crochet dun système de protection sociale. LEurope ça nest pas le supermarché de la protection sociale.
Sur la popularité de N. Sarkozy, vous en pensez quoi vous E. Besson ? Le remaniement est nécessaire rapidement aujourdhui pour tourner une page ?
Dabord sur la popularité de N. Sarkozy regardez la situation de tous les gouvernements après la crise que nous venons de connaître. Regardez la situation de B. Obama, de J.-L. Zapatero en Espagne, dA. Merckel en Allemagne, et regardez ce qui est arrivé aux travaillistes britanniques. Toutes les crises sont une source de difficultés pour les pouvoirs en place. Or la France la traverse mieux que dautres. Deuxièmement, nous venons de connaître et de vitre une réforme très très importante pour lavenir des retraites en France, lavenir des retraités actuels mais surtout de ceux qui partiront dans les décennies à venir. Et donc il est normal, après cette phase là, que le Gouvernement ou le président de la République connaisse des difficultés de popularité.
Mais donc un remaniement... Vous, vous dites dans le Figaro ce matin : « je jouerai au poste quon me donnera » puisque vous aimez bien le football. Si cest sur le banc de touche, vous direz quoi ?
Je laccepterai, mais il se peut aussi que je sois sur le terrain...
Sur le terrain, plutôt un autre ministère ? Vous dites « plutôt dans ce qui manime, léconomie, les finances », cest ce que vous souhaitez. Manifestement, vous avez envie de bouger de votre ministère, clairement E. Besson ?
On verra le moment venu. Je crois que vos auditeurs comme les Français globalement doivent être lassés de la spéculation sur le remaniement...
Oui mais on en parle depuis tellement longtemps puisque cest le président de la République qui a parlé de ce remaniement il y a tellement longtemps...
Il en a parlé une fois à huis clos devant des députés, et depuis nous vivons à ce rythme-là. Pour lheure, on est au travail, moi je peux vous décrire tout ce que je fais, mes collègues sont dans laction. Quel est laxe ? Laxe il est simple : sadapter à la mondialisation, être plus compétitif sur le plan économique, sans abîmer notre système de protection sociale, adapter notre protection sociale. Cest ça le cap, le pacte qua passé le président de la République avec les Français en 2007, et cest la feuille de route que nous déclinons. Il y aura un remaniement, il est annoncé, ou pré annoncé vraisemblablement pour la fin novembre. Eh bien on aura tout le temps de voir ce que seront nos places et vous de le commenter ?
Vous poser des questions. Merci E. Besson.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 5 novembre 2010