Texte intégral
Mesdames, Messieurs, cher(e)s ami(e)s, cher(e)s camarades,
Permettez-moi d'abord de vous dire ma satisfaction d'être parmi vous, à Quimperlé, à l'occasion de ce moment de convivialité organisée par les communistes du Finistère.
Je tiens à les en remercier, et particulièrement Stéphane Meyer, responsable départemental de notre parti. Merci, également, à toutes celles, tous ceux qui, dans la diversité de leurs sensibilités nous font l'amitié de leur présence.
Et puis je n'oublie pas combien votre région a été durement éprouvée par les inondations qui ont affecté récemment une bonne partie de l'Ouest de la France.
Je l'oublie d'autant moins que cette épreuve est survenue après la marée noire de " l'Erika " et la tempête de la fin de l'année 1999.
Alors, à celles et ceux d'entre vous qui ont été victimes de ces catastrophes, je veux simplement dire que la solidarité des communistes vous est acquise, ainsi que notre disponibilité pour aider, dans la mesure de nos possibilités, à obtenir réparation des dommages subis. Ce sera, d'ailleurs, le sens de la visite que j'effectuerai en début d'après-midi auprès de sinistrés de cette ville.
Mais auparavant vous comprendrez que j'évoque devant vous quelques aspects de l'actualité politique.
Il y a, d'abord, les toutes prochaines échéances électorales. Dans un mois, jour pour jour, les électrices et les électeurs seront appelés à élire leurs conseils municipaux et à renouveler les conseils généraux.
Il s'agit de deux scrutins extrêmement importants. Avec les municipales, c'est la vie quotidienne de millions de Françaises et de Français qui est concernée. Et selon que les équipes en place sont de droite ou de gauche, la gestion des affaires locales est toute différente.
Il y a toujours beaucoup à faire, dans une ville. Il y a à se préoccuper, constamment, de l'intérêt général, en termes d'aménagement et d'environnement ; de transports ; d'équipements scolaires, culturels, sportifs ; de logements ; d'activité économique .
Les décisions prises par les élus locaux conditionnent le nombre et la qualité des réalisations dans tous ces domaines. Plus encore : il convient encore - c'est une exigence qui ne cesse de grandir - d'accomplir ces choix dans la transparence, dans des processus démocratiques associant le plus étroitement possible les citoyennes et les citoyens.
C'est la condition indispensable d'une gestion humaine, solidaire, de progrès au service de l'ensemble de la population.
J'ai parlé d'intérêt général. Il y a aussi - c'est une dimension essentielle des responsabilités et des compétences municipales - à porter attention aux situations concrètes, particulières, des habitantes et des habitants. Je pense tout spécialement à celles et ceux que frappent les inégalités, les injustices, la pauvreté, auprès desquels il est grand besoin de développer des politiques actives de solidarité.
Oui, vraiment, pour toutes ces raisons, l'enjeu des élections municipales est extrêmement politique. La gestion de la droite est caractérisée par le clientélisme, par l'opacité, par les décisions non concertées, prises en dehors des citoyennes et des citoyens. Au fond par des politiques locales semblables à celle qu'elle a conduit au gouvernement de la France avant 1997, et qui lui a valu d'être désavouée par une majorité de notre peuple.
A gauche nous abordons ces échéances dans l'union. Jamais, dans le passé, autant de villes et de villages n'ont été concernés par de bons accords conclu entre les différentes composantes de la gauche plurielle. Il nous est donc possible de conserver les villes déjà à gauche, et d'en conquérir beaucoup d'autres sur la droite et l'extrême droite.
De la même façon aux élections cantonales. L'étendue des compétences confiées aux conseils généraux en font des lieux de décision décisifs au niveau de chaque département. Et là encore, il saute aux yeux que droite ou gauche en charge des affaires, ce n'est vraiment pas la même chose !
Ici, dans le Finistère, le Conseil général est précisément dirigé par une majorité de gauche. Une majorité qu'il est possible de conforter les 11 et 18 mars prochain, notamment par l'élection, je sais qu'elle est à votre portée, de Corentin Kerneis dans le canton de Scaër.
J'ajoute, car c'est très important, que le résultat des élections cantonales aura aussi une signification nationale. C'est pourquoi le vote en faveur des candidates et candidats présentés ou soutenus par le Parti communiste, permettra d'exprimer la volonté d'une politique du gouvernement plus résolument ancrée à gauche et tout particulièrement en matière de pouvoir d'achat.
Car je veux y insister devant vous, cher(e)s ami(e)s et camarades : la revalorisation sensible et rapide des salaires, des minima sociaux et des retraites doit devenir la priorité du gouvernement de gauche plurielle.
C'est ce que je viens de dire aux responsables des formations de la majorité, dans une lettre qui leur est parvenue mardi. Je les invite à ce que nous décidions ensemble de proposer au gouvernement l'organisation d'une conférence nationale sur les revenus. Nous étions convenus de son principe le 7 novembre dernier : maintenant, il faut passer à l'action.
Tout commande d'aller dans ce sens.
La hausse du pouvoir d'achat est redevenue la priorité numéro 1 des Françaises et des Français : il serait dangereux de l'ignorer plus longtemps. Les organisations syndicales mettent la question des salaires en tête de leurs revendications. On l'a vu, tout particulièrement dans la fonction publique. De nombreux conflits du travail se développent à partir de cette même exigence. Et elle s'exprime, aussi, au sein de la gauche plurielle, et jusque dans le parti socialiste.
Je sais bien que les Françaises et les Français donnent acte au gouvernement d'un certain nombre de résultats, positifs de son action depuis juin 1997. Et les communistes - leurs parlementaires, leurs ministres - ont contribué à ce bilan.
Mais l'heure ne peut pas être, pour autant, " à surfer " sur ce bilan et à spéculer sur les déchirements de la droite pour attendre tranquillement, les grands rendez-vous électoraux de 2002.
Pour deux raisons majeures.
D'abord il n'est pas supportable que les effets d'une certaine croissance retrouvée ne bénéficient pas - ou très peu - aux salariés, aux millions de Français qui vivent dans la précarité, ou qui ne subsistent qu'avec les minima sociaux.
La gauche n'est pas elle-même quand elle ne fait pas véritablement réponse à ces attentes d'une plus grande justice sociale. Des attentes qui, dès lors, pourraient bien se transformer en impatience, en mécontentement et se traduire par un affaiblissement de la gauche, de toute la gauche.
Et puis il est une seconde raison pour laquelle il est nécessaire de faire progresser les rémunérations, les minima sociaux et les retraites : c'est que la qualité et la pérennité de la croissance en dépendent. Car il est faux de dire que le salaire - tout comme l'emploi - serait l'ennemi de l'activité économique. La plupart des observateurs font remarquer que le retournement de tendance aux Etats-Unis se confirme, et ils en expriment des craintes pour la croissance en Europe, et donc en France.
Sommes-nous démunis face à cette situation ? Sommes-nous condamnés à la subir ?
Absolument pas. Les risques qui s'accumulent ont pour origine la course effrénée à la rentabilité financière, au détriment des salaires et de l'emploi. C'est cette logique qu'il faut inverser, et c'est par des décisions politiques que l'on pourra y contribuer utilement.
Il est un autre grand dossier auquel les Françaises et les Français sont particulièrement attentifs : celui des retraites.
Des centaines de milliers de personnes ont manifesté à travers toute la France, le 25 janvier dernier, pour les défendre contre les attaques brutales du MEDEF.
Et nous le savons à présent : cette mobilisation exceptionnelle n'a pas été sans effet. M. Seillière a du en rabattre même si, profondément, il continue de vouloir imposer ses projets régressifs.
C'est ce qu' a montré la longue négociation entre organisateurs syndicales et patronat qui s'est achevée samedi matin.
Certes le MEDEF a renoncé au chantage qu'il exerçait sur le financement des retraites complémentaires à partir du 1er avril. Il n'en continue pas moins à prétendre qu'il faut obliger les salariés à cotiser plus longtemps. Et il se tourne vers le gouvernement, en, le pressant d'agir dans ce sens avant la fin de l'année 2002
Je le dis nettement : pour nous, communistes, ni les méthodes ni les projets du MEDEF ne sont acceptables. Le gouvernement ne doit donc en aucun cas y céder. D'autant moins qu'il existe d'autres solutions pour préparer l'avenir des régimes de retraite.
J'entends dire, parfois, qu'en la matière il y aurait les " modernes " et les " archaïques ".
Etre moderne consisterait à admettre que l'allongement de la durée de la vie entraîne obligatoirement le recul de l'âge ouvrant droit à la retraite. Etre archaïque, ce serait vouloir conserver à notre peuple cet acquis récent - car il ne date que de 1983 - du départ en retraite à 60 ans.
Il faut faire évoluer les régimes de retraites, nous dit-on, faute de quoi la catastrophe est imminente, en raison des modifications démographiques. Eh bien je suis d'accord : il faut faire évoluer les choses en effet. Seulement, je conteste radicalement le dogme selon lequel la seule façon d'y parvenir serait, encore et toujours, de mettre davantage à contribution les salariés.
Il y a au moins trois pistes dans lesquelles s'engager afin de garantir durablement notre système de retraite par répartition.
D'abord celle du plein emploi.
La précarité grandissante et le chômage encore massif - en dépit du recul amorcé des dernières années - privent la protection sociale de contributions extrêmement importantes. Et nous, communistes, nous avons l'ambition, pour notre pays, d'éradiquer le chômage. Ce qui, par parenthèse, exige de mettre un coup d'arrêt à la succession des plans de licenciements.
Il y a aussi - seconde piste - à élargir l'assiette sur laquelle reposent aujourd'hui les prélèvements sociaux. Au-delà des salaires, c'est aussi sur la valeur ajoutée par le travail des hommes qu'il faut les appuyer.
Par forcément, d'ailleurs, de manière uniforme. Je pense qu'il est possible de moduler ces prélèvements : de les accroître pour les entreprises qui gagnent beaucoup d'argent et jouent cependant contre l'emploi, et de les diminuer pour celles qui développent leurs activités et créent des emplois c'est-à-dire, bien souvent, les petites et moyennes entreprises.
Enfin, troisième piste, il est nécessaire de mettre un terme au régime de faveur dont bénéficient les revenus financiers des entreprises, des banques et des compagnies d'assurance. Ils doivent, eux aussi, contribuer financièrement à la nécessaire solidarité nationale.
Nous avons fait le calcul : c'est une somme d'environ 100 milliards de francs qu'il serait alors possible de dégager au bénéfice de la protection sociale et donc, notamment, des retraites.
Oui, être moderne, en vérité, c'est engager un vrai débat sur ces moyens nouveaux que je viens d'évoquer. Et c'est aussi entendre, écouter, ce que disent les Françaises et les Français. Par exemple ce qu'ils ont exprimé, par centaines de milliers, le 25 janvier dernier : " Pas touche à la retraite à 60 ans ", ont-ils scandé dans des dizaines de villes de France. Bien sûr on peut, là aussi, imaginer des adaptations. Encore faut-il qu'elles ne soient pas à sens unique. Je continue de penser que pour un très grand nombre de salariés, entrés très tôt dans la vie active et particulièrement exposés au plan professionnel, il est juste de pouvoir partir en retraite avant 60 ans. Et si, dans d'autres cas, certains veulent aller au-delà, alors pourquoi pas ?
Telles sont, cher(e)s ami(e)s et camarades, les propositions que nous formulons sur ce dossier capital des retraites. Un mot encore : face aux projets destructeurs du MEDEF il est indispensable, j'y insiste, de s'appuyer sur les attentes, les aspirations, des Françaises et des Français. Il est indispensable que rien ne soit entrepris sans en tenir compte, sans permettre qu'elles puissent s'exprimer.
Toutes les enquêtes le montrent : les salariés sont, dans leur immense majorité, particulièrement attachés à la retraite à 60 ans et, même, beaucoup d'entre eux souhaitent pouvoir partir avant. Ce serait une lourde erreur que de ne pas les entendre et de céder aux injonctions du MEDEF.
J'ai voulu, à travers ces exemples des salaires et des retraites, montrer ce qui anime aujourd'hui les communistes C'est très simple : Nous voulons contribuer à ancrer résolument à gauche l'action du gouvernement de la gauche plurielle.
Et pour cela, nous voulons être pleinement nous-mêmes au sein de la majorité. Nous l'avons réaffirmé avec beaucoup de force il y a deux semaines, à l'occasion d'un Conseil national de notre parti. Car voyez-vous il ne faut rien croire de ceux qui disent le parti communiste condamné à n'être plus que " l'aile gauche " de la sociale démocratie.
Très peu pour nous, si j'ose dire.
Et nous ne limitons pas davantage nos ambitions à participer à un gouvernement dirigé - et, à bien des égards, dominé - par le parti socialiste.
Si nous acceptions de nous cantonner à ce rôle, alors les partisans du libéralisme ou du social-libéralisme auraient de beaux jours devant eux. Notre peuple n'aurait plus le choix qu'entre les uns et les autres, dans une alternance molle et sans conséquences pour le capitalisme.
Un capitalisme, précisément, dont il s'agit de combattre la logique financière inhumaine, et les dominations, les régressions qu'elle entraîne, pour lui en substituer une autre, fondée en toutes circonstances sur les besoins à satisfaire, sur les aspirations des Français à la justice, à la démocratie, à l'épanouissement de la citoyenneté.
Nous voulons travailler à l'émergence d'une véritable alternative populaire, susceptible de rassembler largement celles et eux qui continuent de penser - avec raison - qu'une autre organisation de la société est possible.
Dans les semaines, dans les mois à venir, les communistes vont réfléchir, débattre, entre eux et avec beaucoup d'autres, pour élaborer le projet communiste moderne dont notre pays et notre peuple ont besoin.
Ce travail d'élaboration se conclura à l'automne, dans le courant du mois d'octobre, par un congrès exceptionnel, qui adoptera également les nouveaux statuts du Parti communiste.
Il ne s'agit pas d'une question " technique ". Il s'agit de concrétiser le choix que nous avons accompli en mars dernier, au 30ème congrès, à Martigues. Il s'agit de fonder véritablement le nouveau parti communiste.
Avec un projet cohérent, convaincant, en rupture avec les discussions fatalistes - de droite et de gauche - selon lesquels hors le capitalisme il n'y aurait aucune perspective.
Avec un mode d'organisation et de fonctionnement de notre parti à la hauteur de cet objectif.
Oui, cher(e)s ami(e)s et camarades, il y aura bien dans notre pays, avant la fin de l'année, un nouveau parti communiste. Un parti communiste moderne, en permanence ouvert sur la société, disponible au débat, au rassemblement, à l'action pour changer, changer vraiment le cours des choses.
Je tenais à dire cela aujourd'hui, à Quimperlé, parce que ce que nous voulons entreprendre concerne - j'en suis sûr - et peut intéresser - je le souhaite - chacune et chacun d'entre vous.
Permettez-moi de terminer mon propos par une invitation : nous avons besoin de l'intelligence, de la sensibilité, de l'expérience de toutes et de tous. Alors n'hésitez pas à solliciter les communistes ; à leur faire part de vos idées, de vos attentes, de vos exigences à leur égard et à l'égard de leur parti.
C'est par cette démarche d'ouverture que nous voulons fonder un nouveau parti communiste. Il en résultera du bon pour la vie politique - qui en a bien besoin - du bon pour les citoyennes et les citoyens, du bon pour la France.
(Source http://www.pcf.fr, le 13 février 2001).
Permettez-moi d'abord de vous dire ma satisfaction d'être parmi vous, à Quimperlé, à l'occasion de ce moment de convivialité organisée par les communistes du Finistère.
Je tiens à les en remercier, et particulièrement Stéphane Meyer, responsable départemental de notre parti. Merci, également, à toutes celles, tous ceux qui, dans la diversité de leurs sensibilités nous font l'amitié de leur présence.
Et puis je n'oublie pas combien votre région a été durement éprouvée par les inondations qui ont affecté récemment une bonne partie de l'Ouest de la France.
Je l'oublie d'autant moins que cette épreuve est survenue après la marée noire de " l'Erika " et la tempête de la fin de l'année 1999.
Alors, à celles et ceux d'entre vous qui ont été victimes de ces catastrophes, je veux simplement dire que la solidarité des communistes vous est acquise, ainsi que notre disponibilité pour aider, dans la mesure de nos possibilités, à obtenir réparation des dommages subis. Ce sera, d'ailleurs, le sens de la visite que j'effectuerai en début d'après-midi auprès de sinistrés de cette ville.
Mais auparavant vous comprendrez que j'évoque devant vous quelques aspects de l'actualité politique.
Il y a, d'abord, les toutes prochaines échéances électorales. Dans un mois, jour pour jour, les électrices et les électeurs seront appelés à élire leurs conseils municipaux et à renouveler les conseils généraux.
Il s'agit de deux scrutins extrêmement importants. Avec les municipales, c'est la vie quotidienne de millions de Françaises et de Français qui est concernée. Et selon que les équipes en place sont de droite ou de gauche, la gestion des affaires locales est toute différente.
Il y a toujours beaucoup à faire, dans une ville. Il y a à se préoccuper, constamment, de l'intérêt général, en termes d'aménagement et d'environnement ; de transports ; d'équipements scolaires, culturels, sportifs ; de logements ; d'activité économique .
Les décisions prises par les élus locaux conditionnent le nombre et la qualité des réalisations dans tous ces domaines. Plus encore : il convient encore - c'est une exigence qui ne cesse de grandir - d'accomplir ces choix dans la transparence, dans des processus démocratiques associant le plus étroitement possible les citoyennes et les citoyens.
C'est la condition indispensable d'une gestion humaine, solidaire, de progrès au service de l'ensemble de la population.
J'ai parlé d'intérêt général. Il y a aussi - c'est une dimension essentielle des responsabilités et des compétences municipales - à porter attention aux situations concrètes, particulières, des habitantes et des habitants. Je pense tout spécialement à celles et ceux que frappent les inégalités, les injustices, la pauvreté, auprès desquels il est grand besoin de développer des politiques actives de solidarité.
Oui, vraiment, pour toutes ces raisons, l'enjeu des élections municipales est extrêmement politique. La gestion de la droite est caractérisée par le clientélisme, par l'opacité, par les décisions non concertées, prises en dehors des citoyennes et des citoyens. Au fond par des politiques locales semblables à celle qu'elle a conduit au gouvernement de la France avant 1997, et qui lui a valu d'être désavouée par une majorité de notre peuple.
A gauche nous abordons ces échéances dans l'union. Jamais, dans le passé, autant de villes et de villages n'ont été concernés par de bons accords conclu entre les différentes composantes de la gauche plurielle. Il nous est donc possible de conserver les villes déjà à gauche, et d'en conquérir beaucoup d'autres sur la droite et l'extrême droite.
De la même façon aux élections cantonales. L'étendue des compétences confiées aux conseils généraux en font des lieux de décision décisifs au niveau de chaque département. Et là encore, il saute aux yeux que droite ou gauche en charge des affaires, ce n'est vraiment pas la même chose !
Ici, dans le Finistère, le Conseil général est précisément dirigé par une majorité de gauche. Une majorité qu'il est possible de conforter les 11 et 18 mars prochain, notamment par l'élection, je sais qu'elle est à votre portée, de Corentin Kerneis dans le canton de Scaër.
J'ajoute, car c'est très important, que le résultat des élections cantonales aura aussi une signification nationale. C'est pourquoi le vote en faveur des candidates et candidats présentés ou soutenus par le Parti communiste, permettra d'exprimer la volonté d'une politique du gouvernement plus résolument ancrée à gauche et tout particulièrement en matière de pouvoir d'achat.
Car je veux y insister devant vous, cher(e)s ami(e)s et camarades : la revalorisation sensible et rapide des salaires, des minima sociaux et des retraites doit devenir la priorité du gouvernement de gauche plurielle.
C'est ce que je viens de dire aux responsables des formations de la majorité, dans une lettre qui leur est parvenue mardi. Je les invite à ce que nous décidions ensemble de proposer au gouvernement l'organisation d'une conférence nationale sur les revenus. Nous étions convenus de son principe le 7 novembre dernier : maintenant, il faut passer à l'action.
Tout commande d'aller dans ce sens.
La hausse du pouvoir d'achat est redevenue la priorité numéro 1 des Françaises et des Français : il serait dangereux de l'ignorer plus longtemps. Les organisations syndicales mettent la question des salaires en tête de leurs revendications. On l'a vu, tout particulièrement dans la fonction publique. De nombreux conflits du travail se développent à partir de cette même exigence. Et elle s'exprime, aussi, au sein de la gauche plurielle, et jusque dans le parti socialiste.
Je sais bien que les Françaises et les Français donnent acte au gouvernement d'un certain nombre de résultats, positifs de son action depuis juin 1997. Et les communistes - leurs parlementaires, leurs ministres - ont contribué à ce bilan.
Mais l'heure ne peut pas être, pour autant, " à surfer " sur ce bilan et à spéculer sur les déchirements de la droite pour attendre tranquillement, les grands rendez-vous électoraux de 2002.
Pour deux raisons majeures.
D'abord il n'est pas supportable que les effets d'une certaine croissance retrouvée ne bénéficient pas - ou très peu - aux salariés, aux millions de Français qui vivent dans la précarité, ou qui ne subsistent qu'avec les minima sociaux.
La gauche n'est pas elle-même quand elle ne fait pas véritablement réponse à ces attentes d'une plus grande justice sociale. Des attentes qui, dès lors, pourraient bien se transformer en impatience, en mécontentement et se traduire par un affaiblissement de la gauche, de toute la gauche.
Et puis il est une seconde raison pour laquelle il est nécessaire de faire progresser les rémunérations, les minima sociaux et les retraites : c'est que la qualité et la pérennité de la croissance en dépendent. Car il est faux de dire que le salaire - tout comme l'emploi - serait l'ennemi de l'activité économique. La plupart des observateurs font remarquer que le retournement de tendance aux Etats-Unis se confirme, et ils en expriment des craintes pour la croissance en Europe, et donc en France.
Sommes-nous démunis face à cette situation ? Sommes-nous condamnés à la subir ?
Absolument pas. Les risques qui s'accumulent ont pour origine la course effrénée à la rentabilité financière, au détriment des salaires et de l'emploi. C'est cette logique qu'il faut inverser, et c'est par des décisions politiques que l'on pourra y contribuer utilement.
Il est un autre grand dossier auquel les Françaises et les Français sont particulièrement attentifs : celui des retraites.
Des centaines de milliers de personnes ont manifesté à travers toute la France, le 25 janvier dernier, pour les défendre contre les attaques brutales du MEDEF.
Et nous le savons à présent : cette mobilisation exceptionnelle n'a pas été sans effet. M. Seillière a du en rabattre même si, profondément, il continue de vouloir imposer ses projets régressifs.
C'est ce qu' a montré la longue négociation entre organisateurs syndicales et patronat qui s'est achevée samedi matin.
Certes le MEDEF a renoncé au chantage qu'il exerçait sur le financement des retraites complémentaires à partir du 1er avril. Il n'en continue pas moins à prétendre qu'il faut obliger les salariés à cotiser plus longtemps. Et il se tourne vers le gouvernement, en, le pressant d'agir dans ce sens avant la fin de l'année 2002
Je le dis nettement : pour nous, communistes, ni les méthodes ni les projets du MEDEF ne sont acceptables. Le gouvernement ne doit donc en aucun cas y céder. D'autant moins qu'il existe d'autres solutions pour préparer l'avenir des régimes de retraite.
J'entends dire, parfois, qu'en la matière il y aurait les " modernes " et les " archaïques ".
Etre moderne consisterait à admettre que l'allongement de la durée de la vie entraîne obligatoirement le recul de l'âge ouvrant droit à la retraite. Etre archaïque, ce serait vouloir conserver à notre peuple cet acquis récent - car il ne date que de 1983 - du départ en retraite à 60 ans.
Il faut faire évoluer les régimes de retraites, nous dit-on, faute de quoi la catastrophe est imminente, en raison des modifications démographiques. Eh bien je suis d'accord : il faut faire évoluer les choses en effet. Seulement, je conteste radicalement le dogme selon lequel la seule façon d'y parvenir serait, encore et toujours, de mettre davantage à contribution les salariés.
Il y a au moins trois pistes dans lesquelles s'engager afin de garantir durablement notre système de retraite par répartition.
D'abord celle du plein emploi.
La précarité grandissante et le chômage encore massif - en dépit du recul amorcé des dernières années - privent la protection sociale de contributions extrêmement importantes. Et nous, communistes, nous avons l'ambition, pour notre pays, d'éradiquer le chômage. Ce qui, par parenthèse, exige de mettre un coup d'arrêt à la succession des plans de licenciements.
Il y a aussi - seconde piste - à élargir l'assiette sur laquelle reposent aujourd'hui les prélèvements sociaux. Au-delà des salaires, c'est aussi sur la valeur ajoutée par le travail des hommes qu'il faut les appuyer.
Par forcément, d'ailleurs, de manière uniforme. Je pense qu'il est possible de moduler ces prélèvements : de les accroître pour les entreprises qui gagnent beaucoup d'argent et jouent cependant contre l'emploi, et de les diminuer pour celles qui développent leurs activités et créent des emplois c'est-à-dire, bien souvent, les petites et moyennes entreprises.
Enfin, troisième piste, il est nécessaire de mettre un terme au régime de faveur dont bénéficient les revenus financiers des entreprises, des banques et des compagnies d'assurance. Ils doivent, eux aussi, contribuer financièrement à la nécessaire solidarité nationale.
Nous avons fait le calcul : c'est une somme d'environ 100 milliards de francs qu'il serait alors possible de dégager au bénéfice de la protection sociale et donc, notamment, des retraites.
Oui, être moderne, en vérité, c'est engager un vrai débat sur ces moyens nouveaux que je viens d'évoquer. Et c'est aussi entendre, écouter, ce que disent les Françaises et les Français. Par exemple ce qu'ils ont exprimé, par centaines de milliers, le 25 janvier dernier : " Pas touche à la retraite à 60 ans ", ont-ils scandé dans des dizaines de villes de France. Bien sûr on peut, là aussi, imaginer des adaptations. Encore faut-il qu'elles ne soient pas à sens unique. Je continue de penser que pour un très grand nombre de salariés, entrés très tôt dans la vie active et particulièrement exposés au plan professionnel, il est juste de pouvoir partir en retraite avant 60 ans. Et si, dans d'autres cas, certains veulent aller au-delà, alors pourquoi pas ?
Telles sont, cher(e)s ami(e)s et camarades, les propositions que nous formulons sur ce dossier capital des retraites. Un mot encore : face aux projets destructeurs du MEDEF il est indispensable, j'y insiste, de s'appuyer sur les attentes, les aspirations, des Françaises et des Français. Il est indispensable que rien ne soit entrepris sans en tenir compte, sans permettre qu'elles puissent s'exprimer.
Toutes les enquêtes le montrent : les salariés sont, dans leur immense majorité, particulièrement attachés à la retraite à 60 ans et, même, beaucoup d'entre eux souhaitent pouvoir partir avant. Ce serait une lourde erreur que de ne pas les entendre et de céder aux injonctions du MEDEF.
J'ai voulu, à travers ces exemples des salaires et des retraites, montrer ce qui anime aujourd'hui les communistes C'est très simple : Nous voulons contribuer à ancrer résolument à gauche l'action du gouvernement de la gauche plurielle.
Et pour cela, nous voulons être pleinement nous-mêmes au sein de la majorité. Nous l'avons réaffirmé avec beaucoup de force il y a deux semaines, à l'occasion d'un Conseil national de notre parti. Car voyez-vous il ne faut rien croire de ceux qui disent le parti communiste condamné à n'être plus que " l'aile gauche " de la sociale démocratie.
Très peu pour nous, si j'ose dire.
Et nous ne limitons pas davantage nos ambitions à participer à un gouvernement dirigé - et, à bien des égards, dominé - par le parti socialiste.
Si nous acceptions de nous cantonner à ce rôle, alors les partisans du libéralisme ou du social-libéralisme auraient de beaux jours devant eux. Notre peuple n'aurait plus le choix qu'entre les uns et les autres, dans une alternance molle et sans conséquences pour le capitalisme.
Un capitalisme, précisément, dont il s'agit de combattre la logique financière inhumaine, et les dominations, les régressions qu'elle entraîne, pour lui en substituer une autre, fondée en toutes circonstances sur les besoins à satisfaire, sur les aspirations des Français à la justice, à la démocratie, à l'épanouissement de la citoyenneté.
Nous voulons travailler à l'émergence d'une véritable alternative populaire, susceptible de rassembler largement celles et eux qui continuent de penser - avec raison - qu'une autre organisation de la société est possible.
Dans les semaines, dans les mois à venir, les communistes vont réfléchir, débattre, entre eux et avec beaucoup d'autres, pour élaborer le projet communiste moderne dont notre pays et notre peuple ont besoin.
Ce travail d'élaboration se conclura à l'automne, dans le courant du mois d'octobre, par un congrès exceptionnel, qui adoptera également les nouveaux statuts du Parti communiste.
Il ne s'agit pas d'une question " technique ". Il s'agit de concrétiser le choix que nous avons accompli en mars dernier, au 30ème congrès, à Martigues. Il s'agit de fonder véritablement le nouveau parti communiste.
Avec un projet cohérent, convaincant, en rupture avec les discussions fatalistes - de droite et de gauche - selon lesquels hors le capitalisme il n'y aurait aucune perspective.
Avec un mode d'organisation et de fonctionnement de notre parti à la hauteur de cet objectif.
Oui, cher(e)s ami(e)s et camarades, il y aura bien dans notre pays, avant la fin de l'année, un nouveau parti communiste. Un parti communiste moderne, en permanence ouvert sur la société, disponible au débat, au rassemblement, à l'action pour changer, changer vraiment le cours des choses.
Je tenais à dire cela aujourd'hui, à Quimperlé, parce que ce que nous voulons entreprendre concerne - j'en suis sûr - et peut intéresser - je le souhaite - chacune et chacun d'entre vous.
Permettez-moi de terminer mon propos par une invitation : nous avons besoin de l'intelligence, de la sensibilité, de l'expérience de toutes et de tous. Alors n'hésitez pas à solliciter les communistes ; à leur faire part de vos idées, de vos attentes, de vos exigences à leur égard et à l'égard de leur parti.
C'est par cette démarche d'ouverture que nous voulons fonder un nouveau parti communiste. Il en résultera du bon pour la vie politique - qui en a bien besoin - du bon pour les citoyennes et les citoyens, du bon pour la France.
(Source http://www.pcf.fr, le 13 février 2001).