Déclaration de Mme Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l'outre-mer, sur le développement économique de La Réunion, à La Réunion le 30 novembre 2010.

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Circonstance : Installation de M. Bertrand Coûteaux, commissaire au développement endogène pour l'océan Indien, à Saint-Denis de la Réunion, à La Réunion le 30 novembre 2010

Texte intégral

Madame la présidente du conseil général,
Monsieur le président du conseil régional,
Monsieur le préfet,
Messieurs les ambassadeurs,
Messieurs les représentants de l'économie
réunionnaise,
J'ai le plaisir de vous réunir aujourd'hui pour
vous présenter M. Bertrand COUTEAUX et,
comme je l'ai fait hier à Mayotte, l'installer
officiellement au poste de commissaire au
développement endogène à La Réunion.
Cette installation concrétise l'une des
mesures emblématiques du conseil
interministériel de l'outre-mer du 6
novembre 2009. Elle répond à une volonté
largement exprimée lors des états généraux
de l'outre-mer et rappelée par le Président
de la République le 19 janvier 2010, à
l'occasion de sa visite sur l'île : celle d'«
ouvrir La Réunion à son environnement et
de créer, avec ses voisins, des synergies et
une capacité de développement de marché
qui permette à ses entreprises de créer des
emplois ».
La mise en place d'une croissance
économique durable à La Réunion passe, en
effet, par une logique d'insertion du
territoire dans son environnement régional.
Je pense bien sûr aux marchés contigus du
sud de l'Océan Indien, mais aussi à ceux de
grands pays émergents ou développés plus
lointains, qu'il s'agisse de l'Afrique du Sud,
de l'Australie, de l'Inde ou de la Chine.
Le développement endogène n'a de
véritable sens que dans le cadre d'une
approche régionale. C'est avant tout la
recherche d'un effet de taille à cette échelle
qui peut motiver les entreprises
réunionnaises à relever le défi de l'export.
Je voudrais à cet égard mentionner le
partenariat du Ministère chargé de
l'Outre-mer avec UBIFRANCE. Je sais que le
Président d'UBIFRANCE, M. Alain COUSIN
était à la Réunion hier pour signer une
convention avec le Président ROBERT. C'est
une illustration supplémentaire des
convergences nouvelles que je cherche à
mettre en oeuvre.
En effet, le partenariat entre UBIFRANCE et
le Ministère chargé de l'Outre-mer
fonctionne bien et vient d'être reconduit
pour 2 ans.
Deux jeunes volontaires internationaux
originaires de la Réunion sont déjà partis
dans ce cadre à Madagascar et à Maurice,
pour le compte d'entreprises réunionnaises.
Il y a aussi des exemples
d'accompagnement à l'export réussis
d'entreprises innovantes. Je pense à
l'entreprise Réunion Valorisation
Environnement dans le domaine des
déchets et à l'entreprise SINARYSEC dans
celui de la sécurité informatique.
Je sais que les délégués régionaux
d'UBIFRANCE et de la COFACE ont été
nommés au sein des CCI de chaque DOM et
qu'ils sont opérationnels. Je sais aussi que
des conventions bancaires prévoyant des
garanties publiques en matière d'assurance
prospection ont été passées entre la
COFACE et la Banque de la Réunion.
Il y a donc du nouveau sur le front de
l'export et c'est une bonne chose. Pour
autant, le travail ne manque pas et nous
devons aller plus loin.
J'ai souhaité que soit nommé, au poste de
commissaire au développement endogène,
une personnalité ayant exercé
d'importantes responsabilités dans le
secteur privé, en France comme à
l'étranger, et disposant d'une connaissance
fine de la zone au sein de laquelle il sera
amené à promouvoir les atouts du territoire
pour lequel il a été recruté.
Le profil de M. Bertrand COUTEAUX répond
pleinement à ces exigences. Ingénieur
agronome de formation, il est devenu, au
cours de sa carrière, un expert reconnu
dans les secteurs de l'agroalimentaire, de la
pêche et de l'aquaculture, pour lesquels La
Réunion est en pointe. Ayant travaillé de
nombreuses années à Madagascar, il
connaît très bien les caractéristiques
économiques, administratives et politiques
des Etats voisins de La Réunion.
Directement placé auprès de moi, M.
Bertrand COUTEAUX aura pour mission de
renforcer la capacité de La Réunion :
* d'abord à produire elle-même, grâce à une
meilleure structuration et à une
diversification de ses filières ;
* ensuite à exporter une part plus
importante de sa production ;
* à valoriser ses nombreux atouts tout en
organisant son économie autour de
nouveaux points forts, tels que le tourisme,
l'agroalimentaire ou les énergies
renouvelables ;
* à promouvoir, enfin, son territoire auprès
des entreprises et des investisseurs
étrangers.
Pour que sa mission soit un succès, le
commissaire au développement endogène
devra s'insérer dans le paysage économique
et administratif de l'île, afin d'être un
interface efficace entre les acteurs publics
et privés du développement. Je ne doute
pas que son expérience du monde de
l'entreprise lui permettra de vous parler, à
vous chefs d'entreprises, en terrain de
confiance et de s'attaquer aux difficultés
auxquelles le développement économique
de La Réunion est aujourd'hui confronté.
J'ai aussi conscience que la nomination d'un
commissaire au développement endogène
n'est pas une fin en soi et que Bertrand
COUTEAUX pour réussir, devra s'appuyer
sur des services solides. Je pense bien sûr
au secrétariat général aux affaires
générales de la préfecture qui joue un rôle
clé en matière de coordination et de
stratégie dans le domaine du
développement économique. Il est donc
primordial que le commissaire au
développement endogène s'appuie sur cette
source d'expertise ainsi que sur notre
ambassadeur pour la coopération régionale
dans l'Océan Indien : Philippe LEYSSENE qui
depuis sa prise de fonction, a multiplié les
initiatives concrètes et positives
notamment dans les domaines sanitaire et
éducatif. Je profite de cette intervention,
pour vous remercier, mon cher Philippe,
pour votre dynamisme et votre action
toujours efficace.
Au delà, et pour bien fixer les choses, je
souhaite qu'une instance dédiée au
développement endogène soit rapidement
créée et installée. Présidée par une
personnalité majeure de la société civile
réunionnaise, elle réunira l'ensemble des
acteurs économiques pour dynamiser cette
politique. Le Préfet et le Commissaire en
seront les aiguillons. J'ai demandé à
Bertrand COUTEAUX de me soumettre
prochainement une lettre de mission qui
tiendra compte de l'ensemble de ces axes
de travail. Cette feuille de route sera rendue
publique et servira de base à l'évaluation de
son action.
Je voudrais également profiter de ma
présence pour saluer toutes les initiatives
prises ces derniers mois pour intensifier les
relations de La Réunion avec les Etats de
cette partie du monde.
Je voudrais ainsi mettre en avant l'action de
LADOM en matière internationale : en 2010,
ce sont 230 jeunes réunionnais qui ont
bénéficié de mesures de mobilité à
l'étranger. Ils ont choisi les Etats de la COI
pour un tiers, l'Australie pour un autre tiers
et la Chine pour 21 %. Je n'irais pas jusqu'à
dire que les jeunes réunionnais nous
montrent le chemin, mais enfin, nous n'en
sommes pas loin.
Je voudrais aussi et surtout me féliciter de
l'intensification des contacts bilatéraux dans
la zone. La présence parmi nous de
l'ambassadeur de France en Afrique du Sud,
Jacques LAPOUGE, en est un témoignage
concret. De même que la mission récente
d'une délégation réunionnaise emmenée par
le Président Didier ROBERT aux Seychelles,
ou celle de Michel LALANDE à Maurice.
La liste des visites officielles est trop
fournie pour que je puisse prétendre à
l'exhaustivité, d'autant qu'elle oublierait
sans aucun doute les initiatives prises par
les entreprises elles-mêmes pour aller à la
conquête de marchés extérieurs. S'il fallait
en définitive trouver un indicateur pour
mesurer l'appropriation par La Réunion du
développement endogène, je pense que l'on
pourrait retenir celui de l'activité
diplomatique des institutions réunionnaises.
Je me dis que, depuis quelques mois, cet
indicateur connaît une impulsion
significative. Cela montre bien que l'Etat et
les collectivités territoriales sont en ordre
de marche pour s'ouvrir sur l'environnement
régional.
Que pouvons-nous faire de plus dans ce
domaine ? Je crois d'abord qu'un mécanisme
d'information rapide et opérationnel sur les
marchés potentiels pour nos entreprises de
la Réunion devra être mis en place,
notamment avec nos ambassades et leurs
missions économiques.
Il faudra aussi étudier comment nos
entreprises peuvent mieux saisir les
opportunités qu'offrent certains financement
internationaux – je pense notamment au
FED européen accordé à nos voisins -
Enfin, je rappelle que le CIOM offre la
possibilité aux Conseils régionaux de mettre
en place au sein de nos ambassades une
antenne, qui peut parfaitement être axée
sur le développement des échanges
commerciaux et la recherche de marchés
pour nos entreprises.
Nous devons aussi bien nous positionner au
niveau européen, secteur sur lequel je suis,
vous le savez, tout particulièrement
engagée.
D'abord, je crois que l'outil de protection de
l'emploi et du développement économique
que constitue l'octroi de mer doit être
pérennisé. Vous savez que nous en sommes
à l'approbation de notre rapport "à
mi-parcours" concernant lequel j'espère
avoir prochainement une bonne nouvelle à
vous annoncer.
Ensuite, il nous faut travailler aux
perspectives financières post 2013, sur des
sujets aussi importants pour les entreprises
que le maintien de l'allocation permanente
des contraintes, ou du montant des fonds
structurels, et ce d'autant, cher Président
ROBERT, qu'ils sont gérés de façon
exemplaire à la Réunion.
Mesdames et Messieurs
Il me reste à souhaiter à Bertrand
COUTEAUX, une rapide immersion dans son
nouvel environnement et des premiers
résultats qui seront autant
d'encouragement à mener à bien cette
mission nouvelle et passionnante, voulue
par le Président de la République.
Je voudrais aussi redire aux chefs
d'entreprises présents ma confiance dans le
proche avenir. Les derniers chiffres du
tourisme sont très encourageants et le
classement des hauts de la Réunion au
patrimoine mondial de l'UNESCO n'y est pas
étranger.
La mise en chantier de plusieurs
programmes de logements sociaux devrait
dans les prochains mois redonner de
l'oxygène au secteur du BTP. Les premiers
effets significatifs des allègements de
charges consécutif à la LODEOM au profit
des entreprises éligibles vont se faire sentir
et soulager la trésorerie de beaucoup
d'entre elles.
Je tenais à terminer mon propos sur cette
note positive car je sais que la Réunion
dispose d'atouts incontestables et
d'avantages comparatifs réels pour passer à
l'offensive et renouer avec une croissance
durable et créatrice d'emplois.
Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 1er décembre 2010