Déclaration de M. François Fillon, Premier ministre, sur la position de la France concernant l'abolition des visas de courte durée entre l'Union européenne et la Russie, les négociations bilatérales sur les affaires familiales (couples mixtes, adoption), la sécurité européenne et la coopération économique et culturelle, à Moscou le 10 décembre 2010.

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Circonstance : Discours du Premier ministre devant la communauté française de Russie, à Moscou le 10 décembre 2010

Texte intégral

Mes chers compatriotes,
Je voudrais d'abord vous demander de pardonner le retard avec lequel je viens m'adresser à vous. Je pourrais vous dire que cela n'est pas tout à fait de ma faute et vous qui vivez au quotidien en Russie, peut-être comprendre-vous ce que je veux dire.
Nous avons passé près de six heures en quasi tête-à-tête en deux jours avec Vladimir Poutine à évoquer tous les sujets de la coopération franco-russe et je dois dire que j'avais rarement vu des horaires aussi explosés que ceux-là, mais les résultats en valent la peine.
C'est la troisième fois que j'ai l'occasion de me rendre en Russie en tant que Premier ministre mais je n'avais pas eu la possibilité lors de mes déplacements précédents de vous rencontrer tout simplement parce que deux fois cela n'était pas à Moscou et la troisième fois c'était un voyage très court. Je suis donc particulièrement heureux de pouvoir aujourd'hui vous rencontrer et partager ce plaisir avec de nombreux membres du gouvernement et du Parlement qui m'accompagnent et vous me permettrez de remercier monsieur l'ambassadeur et tous ceux qui ont organisé cette réception.
L'amitié franco-russe c'est une relation extrêmement vivante, qui est héritière de liens historiques. C'est une relation qui est chargée de promesses et en dépit de cette réalité nous savons tous, vous et moi, qu'il y a beaucoup de clichés tenaces qui persistent de part et d'autre. Et en venant vous installer ici vous êtes passés outre ces barrières imaginaires et vous êtes de plus en plus nombreux à le faire puisqu'en 10 ans votre communauté a augmenté de plus de deux fois et demie.
Engagés dans la vie moscovite, vous êtes en première ligne pour faire évoluer les perceptions que les Français ont de la Russie. Mieux que quiconque vous pouvez témoigner auprès de vos compatriotes de la complexité de la Russie d'aujourd'hui et de tous les changements qu'elle connaît. Mais je voudrais aussi dire que mieux que quiconque vous pouvez contribuer à faire aimer la France à nos amis russes en leur montrant combien elle mérite l'attachement que lui portent déjà beaucoup d'entre eux. Je sais que 2010 n'a pas été pour beaucoup d'entre vous une année facile, les incidents climatiques entre autres ne vous ont pas épargnés. Cet été, il y a eu la canicule et les incendies et je voudrais remercier tous ceux qui ont contribué à travailler avec les autorités russes pour coordonner l'aide que nous avons apportée. Mi-avril, après l'éruption du volcan islandais, beaucoup de Français ont été bloqués dans les aéroports et on dû être secourus de Saint-Pétersbourg à Ekaterinbourg en passant par Moscou. Et quelques semaines plus tôt les attentats meurtriers dans le métro de Moscou à proximité immédiate du lycée français et de notre ambassade avaient déjà suscité beaucoup d'angoisse dans les familles.
Quelques heures après ces actes barbares, j'avais eu l'occasion de m'entretenir avec Vladimir Poutine et de lui dire toute notre solidarité dans cette occasion et d'une façon plus générale dans la lutte contre le terrorisme. Si les contraintes existent ici comme partout, je pense que la plupart d'entre vous vous avez su saisir les opportunités exceptionnelles qui s'offrent en Russie à ceux qui sont entreprenants. Et pour le visage que vous offrez d'une France qui est ouverte sur le monde, pour les liens authentiques que vous contribuez à nouer entre nos deux pays, je voudrais tout simplement et très chaleureusement vous remercier. Je sais que parmi vos préoccupations aujourd'hui il y a l'extension du lycée français de Moscou. C'est un sujet que j'ai évoqué à chaque reprise, à chaque fois que j'ai rencontré Vladimir Poutine depuis trois ans. Nous nous sommes mobilisés pour qu'une solution satisfaisante soit rapidement trouvée. Je sais aussi que la lourdeur des procédures administratives liée aux visas et aux procédures d'enregistrement est une contrainte pesante. Je veux vous dire toute notre détermination à rendre plus facile la circulation des personnes entre l'Europe et la Russie.
L'an passé, au séminaire intergouvernemental que nous avions tenu à Rambouillet, nous avons obtenu des progrès sur les migrations professionnelles en signant un accord qui a largement inspiré une loi qui a été adoptée cet été en Russie mais évidemment il faut aller plus loin et nous avons clairement pris position, et je viens de le répéter encore aujourd'hui devant les médias russes, pour l'abolition des visas de courte durée de part et d'autre. Naturellement, c'est une abolition qui ne peut se produire que dans le cadre d'une négociation entre l'Union européenne et la Russie mais nous jouons un rôle moteur dans cette négociation et nous allons nous battre pour convaincre tous ceux de nos partenaires européens qui sont encore réticents.
Sur le lycée de Moscou, j'ajoute que Vladimir Poutine m'a demandé hier si je n'avais pas changé d'avis pour le terrain de la météorologie nationale que nous allons vendre à la Russie pour y installer un centre culturel et une église. Je lui ai indiqué que je n'avais pas changé d'avis à condition toutefois que cela se passe bien sur le terrain du lycée. Enfin, avec l'augmentation des mariages mixtes, je sais que certains sont exposés à des affaires familiales très sensibles. Les conflits familiaux donnent lieu à un nombre croissant de médiations dans des affaires de divorce ou de séparation et nous sommes très attentifs à la question douloureuse des enfants issus de couples mixtes. Nous avons donc décidé de créer une commission franco-russe dédiée à ce sujet et nous allons lancer sans tarder une négociation bilatérale pour aboutir à un accord de reconnaissance mutuelle des décisions de justice en matière familiale. Et parallèlement nous avons préparé un accord de coopération bilatérale sur les questions d'adoption et nous espérons pouvoir le signer dans un délai très court.
Mesdames et Messieurs, j'ai une conviction profonde, très ancienne, que je partage aujourd'hui avec le Président de la République, une conviction qui a souvent effarouché certains occidentaux, une conviction qui manifestement ne va pas de soi pour tous, j'ai la conviction que la Russie est une puissance européenne. C'est une puissance qui doit être écoutée, c'est une puissance qui doit être respectée et c'est une puissance qui doit être traitée avec franchise et avec amitié. Et depuis trois ans et demi c'est exactement la ligne de conduite qui est celle du gouvernement français. Nous soutenons l'idée que dans un monde multipolaire il faut développer des partenariats au niveau de notre continent et à commencer par la création de cet espace économique et humain qui doit être commun à l'Union européenne et à la Russie. Unis par un espace commun, nous partageons en réalité un même destin et au coeur de ce destin il y a les questions de sécurité qui ne sont pas moins importantes que les questions économiques.
Nous avons à faire face aux mêmes menaces de terrorisme, de crimes organisés et d'ailleurs nous avons commencé à les affronter ensemble. La semaine dernière, j'étais au Kazakhstan à ce sommet qui a donné un nouveau départ à l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe dont l'objectif est de créer une communauté de sécurité qui aille de Vancouver à Vladivostok.
Il y a deux semaines, à Lisbonne, vous savez que les Etats-membres de l'Otan ont décidé d'un accord commun avec la Russie, de franchir une nouvelle étape dans leur partenariat. Et le Président de la République française me confiait que lorsqu'il s'est trouvé avec monsieur Medvedev à franchir la porte d'entrée du sommet de l'Otan sous le drapeau de l'Otan, il a ressenti une certaine émotion compte tenu de l'histoire qui est la nôtre et qui est celle en particulier de cette organisation.
Dans le même esprit, la France et la Russie ont sur l'Iran des positions communes qui reflètent un intérêt commun que l'Iran ne se dote pas de l'arme nucléaire. Et, enfin, quand on évoque la sécurité en Europe on ne peut pas oublier la médiation qui a été conduite par la France entre la Géorgie et la Russie lors des jours terribles de 2008.
Pour la première fois dans son histoire, l'Union européenne imposait par la seule voix diplomatique la paix hors de ses frontières.
Depuis 2007, nous avons la volonté d'arrimer la Russie à l'espace européen en nouant avec elle une série de partenariats privilégiés. Cet été, le Président de la République française est venu au Forum économique de Saint-Pétersbourg et il a clairement évoqué cette idée française que nous sommes en train de faire partager à nos alliés européens : de voir émerger une grande zone de libre-échange qui réunirait la Russie et l'Europe.
Il y a un an, à Rambouillet, le séminaire franco-russe avait été un moment de très grande convergence et cette convergence s'est confirmée tout au long de l'année 2010. Et les contacts au plus haut niveau n'ont jamais été aussi nombreux entre la France et la Russie : le Président Medvedev était en visite d'Etat au mois de mars, le Premier ministre Poutine était à Paris peu de temps après, le Président Sarkozy est venu en Russie en juin, le Président Medvedev est venu à Deauville en octobre. J'ai moi-même invité Vladimir Poutine à revenir à Paris au printemps pour inaugurer un monument à la mémoire des soldats russes morts pendant la Première Guerre mondiale pour avoir défendu notre territoire, monument qui, en accord avec la Ville de Paris, se dressera entre le monument de Churchill et celui du Général de Gaulle à proximité immédiate du pont Alexandre III.
Cette année, ce rendez-vous qui réunit chaque année les Premiers ministres et plusieurs membres de leur gouvernement coïncide avec le très grand succès de l'année croisée franco-russe. 350 manifestations dont certaines très prestigieuses, je pense à l'exposition consacrée à la Sainte Russie au Louvre, à Picasso à Moscou et à Saint-Pétersbourg.
On peut dire que 2010 aura été s'agissant de la coopération culturelle un moment unique dans l'amitié entre la France et la Russie. Je pense que le spectacle de clôture hier au Bolchoï été le symbole de cette coopération culturelle, mais je n'en sais rien en réalité, même si pour dire vrai, quand je suis arrivé dans ma chambre d'hôtel, j'ai appuyé sur la télévision et j'ai entendu l'ambassadeur lire mon discours, ce qui m'a fait grand plaisir.
Je voudrais à cette occasion remercier tous ceux qui ont conçu, organisé et qui ont financé les projets de cette année exceptionnelle parce qu'ils nous ont offert des grands moments d'émotion et en même temps des grands moments de fierté.
La coopération économique n'est pas séparée de cette coopération en terme de sécurité ou en terme culturel. Il y a un élan nouveau à la coopération économique entre la France et la Russie, nos échanges ont augmenté de 38% sur les 10 premiers mois de 2010, ça veut dire que la crise économique s'agissant des relations franco-russes est derrière nous.
On a vu des partenariats majeurs voir le jour. Les investissements français en Russie ont dépassé ceux des Etats-Unis. Nous sommes aujourd'hui le cinquième investisseur en Russie et nous sommes d'ailleurs le cinquième fournisseur de la Russie. Je voudrais dire que je ne m'y méprends pas, ce résultat ce n'est pas le résultat des visites du Premier ministre ou du Président de la République : c'est le résultat de votre travail à vous, c'est le résultat de la constance, du courage, du sang-froid, de la lucidité des membres de la communauté d'affaires dont je veux saluer le travail.
Avec le Premier ministre Poutine, nous avons décidé que l'on ne se reposerait pas sur ces bons résultats d'autant qu'ils sont toujours remis en cause.
Nous voulons accroître la vigueur des relations franco-russes et nous avons pris plusieurs engagements que je veux juste évoquer en un mot devant vous.
D'abord nous avons décidé de créer un centre franco-russe sur l'efficacité énergétique qui va permettre aux entreprises françaises de venir travailler de façon massive sur ce dossier qui est si important pour la Russie.
Dans le domaine financier, Paris Europlace tient aujourd'hui son premier forum à Moscou et c'est un pas de plus dans la coopération engagée cet été pour moderniser la place financière de Moscou. Non seulement nous nous réjouissons que les Russes aient gagné la Coupe du monde de football en 2018 contre nos amis britanniques, mais nous ne serions pas agacés que la place de Moscou prenne un peu plus d'importance et que les entreprises russes l'utilisent, plutôt qu'elles aillent à Londres à chaque occasion. Mais c'est un Premier ministre marié avec une citoyenne britannique - on ne dit pas "citoyenne", "un sujet de sa Majesté" - qui se permet de vous dire ça.
En matière d'innovation et de haute technologie, on a décidé d'accélérer notre participation au futur technopole de Skolkovo et en particulier nous avons proposé que Jean-Marie Lehn, notre prix Nobel de chimie, soit le représentant de la France au comité scientifique.
Et puis enfin on a décidé d'ouvrir notre coopération à des nouveaux domaines. C'est pour ça d'ailleurs qu'ils sont là, l'agriculture, la santé, et en particulier nous misons beaucoup sur les partenariats dans l'agroalimentaire.
Voilà, mes Chers Compatriotes, ce que je voulais vous dire sur cette visite à Moscou.
Je voudrais simplement pour conclure vous dire un mot de votre pays en vous disant que depuis 2007 avec le Président de la République et avec la majorité que les Français ont choisie, nous avons tenu les engagements que nous avions pris.
Cet engagement consistait à moderniser notre pays, à faire face aux défis de la mondialisation qui nous obligent à changer notre organisation.
Mais en même temps nous avons dû affronter ce que nous n'avions pas prévu, une crise économique et financière qui est une des crises les plus sérieuses que le monde ait connue depuis les années 30 et d'ailleurs on s'en rend compte quand on constate qu'elle n'est pas, par bien des aspects, terminée. Cette crise aurait pu nous désarçonner, elle aurait pu nous conduire à abandonner notre effort de réforme.
Elle aurait pu nous conduire à nous replier sur nous-mêmes en nous disant au fond, on a un seul objectif, sauver notre système financier, faire des économies pour réduire notre déficit et puis faire le gros dos et attendre que les choses se passent, ça n'a pas été le cas.
Nous avons engagé des réformes très ambitieuses, qui sont souvent des réformes structurelles qui vont donner des résultats dans la durée.
Je pense à cette réforme fondamentale qu'a conduit Valérie Pécresse pour donner à nos universités l'autonomie. Une fois que l'on a donné aux universités l'autonomie, ce n'est pas pour autant qu'elles sont devenues les meilleures universités du monde dans la minute, mais elles ont maintenant les instruments pour le devenir. Elles ont les instruments pour recruter leurs enseignants, elles ont leurs instruments pour décider de leur politique scientifique, elles ont les instruments pour décider de leurs investissements, de leurs alliances avec des laboratoires de recherche, avec des entreprises, avec des universités étrangères.
Nous avons donné une très forte priorité à la recherche et à l'innovation. C'est la première fois sans doute dans l'histoire récente de notre pays, qu'en période de crise on augmente le budget de la recherche, qu'on augmente le budget de l'innovation. Nous avons triplé le crédit impôt recherche qui permet aux entreprises d'investir plus facilement dans la recherche et dans l'innovation. Et on dit aujourd'hui que nous sommes le pays le plus attractif de tous les pays de l'OCDE sur cette question.
Nous avons engagé une réforme profonde de la représentativité syndicale dans notre pays. Demain, les syndicats représentatifs ce seront ceux qui auront obtenu le maximum de voix aux élections. Cela peut paraître assez logique, mais ce n'était pas comme ça chez nous. Les syndicats chez nous, leur représentativité datait de la Seconde Guerre mondiale et de la qualité de leur attitude pendant la Seconde Guerre mondiale et de quelques autres éléments qui n'avaient rien à voir avec la démocratie.
Nous avons mis en place le service minimum en temps de grève dans les transports et dans les écoles. Ca aussi cela peut paraître banal mais dans un pays comme la France cela ne l'était pas.
Nous avons entrepris de reconfigurer l'Etat en réduisant son organisation là où elle n'est pas absolument nécessaire. Ce n'est pas facile et cela suscite beaucoup de tensions mais on a supprimé des tribunaux là où il n'y avait pas de raison d'en laisser, où seule l'histoire expliquait leur présence. On a réorganisé nos armées pour faire face à une situation qui n'a plus rien à voir avec celle qui avait conduit à la création des régiments et de cette organisation.
On est en train de réformer l'organisation du territoire pour essayer progressivement de fusionner, de rapprocher les départements et les régions pour faire en sorte qu'il y ait moins d'échelons administratifs dans notre pays.
Et puis on a engagé une réforme structurelle en matière de retraite pour porter l'âge légal de la retraite à 62 ans, qui a fait l'objet de quelques débats mais qui aujourd'hui a été votée par le Parlement et qui s'applique et dont tout le monde découvrira au fur et à mesure du temps que c'était une réforme extrêmement raisonnable surtout si on la compare à celles qui ont été conduites dans les autres pays européens.
Et puis face à la crise économique et financière, la France a été aux avant-postes, on peut dire que c'est la France et la Grande-Bretagne qui ont sauvé le système financier les premiers, en prenant les initiatives qui s'imposaient au moment où le monde semblait tétanisé.
C'est la France qui a joué un rôle moteur avec l'Allemagne dans la consolidation de l'euro, la mise en place des mécanismes de solidarité et de garantie qui ont fait l'objet de beaucoup de discussions mais qui sont aujourd'hui en place et qui permettent de faire face à la crise grecque et maintenant à la crise irlandaise.
Ou encore le projet de gouvernance économique que nous portons avec le Président de la République et que nous allons défendre demain à Fribourg, en Allemagne, avec la chancelière Angela Merkel pour que la zone euro ait enfin une politique économique commune et un gouvernement économique qui soit capable d'agir lorsqu'il y a une crise comme dans n'importe quelle région du monde lorsqu'une monnaie est attaquée.
Je voudrais dire que dans ce cadre l'entente franco-allemande a été efficace, c'est vrai que c'est une entente qui est exigeante et qui nécessite parfois beaucoup de travail pour rapprocher les points de vue mais en même temps on voit que c'est un moteur extrêmement puissant.
Et bien je voudrais pour finir vous dire que cette politique de réforme, cette politique de changement, on va la continuer.
On va la continuer jusqu'au dernier jour du quinquennat, jusqu'à la dernière minute du quinquennat parce que je considère que mon devoir de membre, de chef du gouvernement, mon devoir, le devoir des ministres qui sont avec moi, le devoir de la majorité, ce n'est pas de se préoccuper des sondages à court terme, c'est d'accomplir ce pour quoi les Français nous ont élus, c'est-à-dire mettre en oeuvre les réformes qui sont nécessaires à la modernisation de notre pays.
Donc on va continuer à lutter contre les déficits que nous allons réduire par deux d'ici 2013.
Nous allons conduire une politique parallèlement d'investissement d'avenir pour aider les secteurs les plus stratégiques de l'économie française à progresser.
Et puis nous allons engager deux réformes emblématiques dans l'année 2011.
Une réforme de la fiscalité du patrimoine pour mettre un terme à cette spécificité française qui veut que nous ayons une fiscalité du patrimoine qui n'est à la fois pas très efficace et en même temps très injuste et très antiéconomique. Et bien nous avons décidé, puisque nous sommes dans la même zone monétaire que l'Allemagne, de rapprocher notre fiscalité de la fiscalité allemande et nous allons, au printemps prochain, débattre au Parlement d'une réforme qui vise à supprime le bouclier fiscal, à supprimer l'impôt sur la grande fortune et à mettre en place une fiscalité du patrimoine qui soit plus juste, plus efficace économiquement et qui, naturellement, devra continuer à contribuer à réduire le déficit public. Je le dis pour ceux qui pourraient rêver qu'il n'y ait demain plus de fiscalité à la place de celle que nous allons supprimer.
Et puis nous allons engager une autre réforme très ambitieuse et très difficile aussi qui est la réforme du financement de la dépendance. Nous sommes dans des sociétés qui vieillissent. C'est à la fois une chance extraordinaire mais en même temps, il faut que l'on donne à chaque famille la garantie que les personnes âgées pourront aller jusqu'au bout de leur existence dans des conditions qui sont des conditions normales, qui sont des conditions auxquelles elles ont droit. Et nous engageons un grand débat dans les prochains jours pour arriver à l'automne à des décisions au Parlement sur le financement de la dépendance.
Enfin, nous aurons toujours à coeur - et Christine Lagarde y veille jalousement - à ce que la compétitivité des entreprises françaises soit protégée. Et donc je continuerai à me battre, comme nous l'avons fait avec la suppression de la taxe professionnelle, comme nous l'avons fait avec plusieurs simplifications administratives, à faire en sorte qu'à chaque occasion, cette question de la compétitivité des entreprises françaises soit au coeur de la politique gouvernementale.
Voilà, tout cela donne des résultats. Nous avons eu une récession, certes, mais deux fois moins importante que celle des autres pays européens. Nous aurons cette année une croissance qui sera certainement supérieure aux prévisions gouvernementales. Ces prévisions gouvernementales, on les avait commencées à 0,8 puis on est monté à 1,2 puis à 1,4, à 1,5 et je pense qu'elle sera au-dessus de 1,5. Et nous sommes parfaitement capables désormais d'atteindre en 2011 la prévision de croissance à 2 %.
Comme vous le voyez, votre pays se modernise. Nous nous battons. Nous ne jouons pas la prudence. Nous ne jouons pas la tactique. Avec le Président de la République, nous sommes engagés dans un combat qui, pour nous, est un combat absolument vital pour notre pays qui est celui de la modernisation de l'économie française, de la modernisation de nos institutions.
On a un formidable défi à relever, celui de la compétition. Avec des continents entiers qui sont en train de se lever et qui sont en train de nous concurrencer. Avec des moyens qui sont les leurs et avec une énergie, avec une soif de réussir fantastique.
On n'a pas le droit de se décourager. On n'a pas le droit de miser sur une sorte de déclin inéluctable de nos vieilles économies.
Mais pour réussir, il faut changer, il faut réformer, il faut aussi s'ouvrir au reste du monde, construire cet espace européen avec la Russie que j'évoquais tout à l'heure.
En tout cas, je voudrais vous dire que nous sommes fiers du travail que vous, vous faites ici en Russie. Nous savons que les conditions ne sont pas toujours faciles et c'est un grand plaisir pour moi ce soir de vous en remercier.
Source http://www.gouvernement.fr, le 13 décembre 2010