Texte intégral
M. Biraben et C. Roux.- M. Biraben : B. Apparu, secrétaire d'Etat au Logement, voilà bien un portefeuille qui vous place au coeur du quotidien des Français mais aussi de leur galère avec les prix de l'immobilier qui flambent, loyers et prix au m², les Français sont bien souvent contraints de mettre plus que la moitié de leur salaire dans leur logement. Ajouter à cela la vague de froid et la nécessité de loger les sans-abri sans l'urgence. B. Apparu bonjour.
Bonjour.
C. Roux : Alors flambée historique des prix de l'immobilier - +13,8 % à Paris, le prix du m² atteint en moyenne 7.000 euros. Flambée aussi dans toute la France, +8,6 %. La question qui se pose ce matin, c'est : est-ce que vous en tant que secrétaire d'Etat au Logement, vous avez un moyen de limiter, de jouer sur cette flambée des prix ?
Sur une partie oui. La flambée des prix, vous l'avez évoqué tout à l'heure, c'est quoi ? C'est deux choses. Un, des spéculateurs qui vont sur le marché de l'immobilier parce qu'ils ont déserté les marchés financiers traditionnels. Et donc la valeur refuge de l'immobilier en la matière joue pleinement son rôle. Ça, c'est de la spéculation quasi-financière. Il y a un deuxième point qui pose problème, c'est l'absence ou la faiblesse de production, notamment en Ile-de-France. Et là effectivement, on a clairement un rôle à jouer qui est de réorienter toute notre production de logements sur les territoires les plus tendus...
C. Roux : Production de logements, tous types de logements, logements sociaux ?
Tous types de logements, logements sociaux, logements locatifs libres, accession à la propriété. Il faut que l'ensemble de notre production soit sur les territoires les plus tendus parce que c'est là que vous avez la montée des prix de l'immobilier. Cette montée des prix de l'immobilier, elle est très diverse en fonction du territoire. Il y a des territoires où ça progresse très peu parce qu'il y a déjà trop de matières, trop de productions, trop d'immobilier, trop de logements vides, donc les choses sont beaucoup plus mesurées que ça.
C. Roux : Quels sont les territoires tendus, comme vous dites ?
Essentiellement l'Ile-de-France, la Côte d'Azur, une partie du bassin... enfin de l'arc atlantique et les grandes métropoles françaises.
C. Roux : Et est-ce que quand vous vous projetez, vous voyez des prix toujours augmenter ? Comment est-ce que vous voyez la tendance sur l'évolution des prix de l'immobilier ?
La tendance est plutôt une tendance qui va continuer à être une tendance à la hausse. Nous ce qu'on souhaite faire aujourd'hui, c'est pousser toute la production sur les territoires les plus tendus et essayer de re-solvabiliser une partie de nos compatriotes pour qu'ils puissent accéder à la propriété via la réforme qu'on est en train de mettre en place sur le nouveau prêt à taux zéro plus.
C. Roux : Est-ce que vous pouvez être plus précis sur la production comme types de logements, à la fois à Paris et dans les territoires tendus ?
C'est simple, on a 3 outils pour construire des logements. Le logement social, on en faisait 50.000 par an, on en fait 100.000 par an, on en faisait malheureusement à peine 25 % des 50.000 en territoires tendus type Ile-de- France, maintenant on va en faire cette année 31 %, l'année prochaine 35 %, ça a été réorienté vers les territoires où on a besoin de construire des logements.
C. Roux : A quelle échéance, quand est-ce que ces logements sortent de terre ?
Ces logements, malheureusement c'est toute la difficulté que nous avons en matière de logements, c'est que les décisions que nous prenons aujourd'hui ou l'année dernière, elles trouvent leur application concrète, les immeubles sortent de terre dans 2 ans, 3 ans, 4 ans au plus tôt.
C. Roux : N. Sarkozy voulait faire une France de propriétaires, pardonnez-moi mais c'est mal barré, non ?
Non.
C. Roux : Ah bon !
Le taux de propriétaires a augmenté, très légèrement je vous l'accorde, à peine 1 point sur les 5 dernières années. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé cette année - le président de la République l'a annoncé il y a un mois et demi - de remettre à plat l'ensemble des outils de l'accession à la propriété pour avoir un nouveau produit beaucoup plus simple. Il y en a un qui en remplace trois, qui s'appelle le prêt à taux zéro plus, qui est beaucoup plus solvabilisateur. Pourquoi ? Parce qu'avant, entre ma ville, Châlons-en-Champagne, 1.800 euros du m², et Paris, 7.000 euros du m², le prêt à taux zéro était le même. Là, on va avoir un produit qui va épouser la réalité des prix pour mieux solvabiliser ceux qui veulent acheter.
C. Roux : Vous savez que les taux d'intérêt sont très bas, vous savez que les classes moyennes à Paris, à 7.000 euros le m², même avec un prêt très intéressant, ne peuvent pas accéder à la propriété et sont confrontés à des loyers extrêmement élevés. Est-ce qu'il y a une solution ou est-ce que vous dites face à cette situation-là dans des villes comme Paris : "on est un peu coincés " ?
Non mais déjà, il n'y a pas que Paris...
C. Roux : Non mais on a parlé de Paris et vous nous avez dit que c'était une zone tendue...
J'entends bien mais...
C. Roux : Parlons-en.
Paris est une zone tendue, l'Ile-de-France est une zone tendue. J'étais hier en train de visiter des programmes en Ile-de-France à 3.000 euros du m², donc là encore, il faut nuancer les choses. C'est vrai que Paris c'est 7.000 euros du m² en moyenne, l'Ile-de-France ce n'est heureusement pas 7.000 euros. Hier en Seine-et- Marne, des projets qui sont en train de se monter, de très belles qualités de maisons individuelles à 3.000 euros du m², ça, notre produit va permettre de solvabiliser les classes moyennes pour acheter à 3.000 euros du m², ce qui n'était pas le cas hier. Donc on va faire une avancée considérable l'année prochaine, je ne vous dis pas que quelqu'un qui gagne 1.500 euros par mois ou 2.000 euros par mois pourra acheter à 7.000 euros, on est bien d'accord.
C. Roux : Combien il faut pour se loger à Paris ?
M. Biraben : C'est le salaire moyen, on le rappelle.
C'est une vraie difficulté parce que vous prenez un fonctionnaire célibataire qui commence dans la carrière, qui va gagner 1.500, 2.000 euros par mois, pour se loger à Paris aujourd'hui, dans le marché libre c'es quasiment impossible. Il lui reste évidemment le logement social et pour ça, je reviens sur ce qu'on disait tout à l'heure, produire du logement social à Paris dans tous les arrondissements.
C. Roux : Les socialistes ont planché sur la question du logement, leur objectif c'est que les foyers ne soient pas obligés de dépenser plus de 25 % de leur budget pour leur logement. Et ils proposent notamment de porter le taux de la loi SRU de 20 à 25 % en quintuplant les pénalités contre les communes qui ne respectent pas leur obligation. Est-ce que ça, la contrainte des communes, c'est une piste de réflexion pour vous ?
Premier point : la loi SRU en question, les 20 % ils sont appliqués, ils ne sont pas appliqués ? La réponse est oui, on fait 50 % de plus de logements que les obligations légales. Donc là encore, il y a un fantasme en France sur "on ne respecte pas la loi SRU".
C. Roux : Là aussi, on pourrait différencier certaines zones où elles sont appliquées et certaines zones où elles ne le sont pas, mais bon !
Alors j'y arrivais, j'y arrivais. On fait 154 % des obligations de la loi SRU, mais c'est vrai qu'il y a encore des communes qui ne respectent pas cette loi. Eh oui, il faut faire respecter cette loi et quintupler ou doubler...
C. Roux : Comment ?
Peu importe, les pénalit??s pour les communes qui ne la respectent pas, j'y serai sur le principe favorable. 25 % ? Je serai beaucoup plus nuancé, pourquoi ? Parce que là encore, dans une ville où il n'y a plus besoin de construire des logements sociaux, est-ce qu'il est vraiment nécessaire de leur dire « continuez à produire » ? Moi j'ai le souvenir d'une rencontre à Moulins avec un adjoint au maire PS qui me disait : « quand je construis un logement social dans ma ville, j'en vide un parce que j'en ai déjà trop ». Est-ce vraiment nécessaire de poursuivre la construction là ? Non. L'objectif principal que nous devons tous avoir, je le répète, ce n'est pas de savoir s'il en faut 25 % partout, c'est de se dire que les territoires sont totalement différents et qu'il faut surtout privilégier la production dans les endroits là où c'est nécessaire.
M. Biraben : L'autre gros dossier, c'est l'urgence bien entendu avec la météo.
C. Roux : Oui parce que vous avez déclaré lundi dernier : « toutes les demandes d'hébergement d'urgence devront être pourvue cet hiver ». Le froid est là, est-ce que vous êtes prêts ?
Oui, nous sommes prêts...
C. Roux : Parce qu'il y a un petit problème, vous nous dites « vous êtes prêts », la Fédération nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion sociale, elle fait le tour des grandes villes de France, elle constate, elle, qu'en tout cas, il y a toujours des gens qui sont dans la rue et qui n'ont pas de logement, un hébergement grâce au 115 notamment, 100 personnes restent dans la rue à Bordeaux, 259 à Lille, 150 à Lyon. Comment est-ce que vous allez faire pour ces personnes ?
Comme l'hiver dernier. L'hiver dernier, nous avons dit, c'était la première fois : zéro demande, zéro appel au 115 qui n'a pas de réponse d'hébergement. On reprend la même logique : zéro demande non pourvue. On veut que toutes les demandes soient pourvues...
C. Roux : Et alors ceci...
Alors bien évidemment...
C. Roux : Alors qu'est-ce qui s'est passé ?
Je mets un petit bémol tout de suite, c'est que bien évidemment l'une des difficultés que nous avons, c'est que les publics les plus cassés qui sont à la rue depuis 3 ans, 4 ans, 5 ans, 10 ans, ils ne décrochent pas le téléphone, ils ne vont pas appeler le 115 pour avoir un hébergement. Et donc là, on met en place ce qu'on appelle « des maraudes », c'est-à-dire des travailleurs sociaux qui tournent tout simplement dans le territoire, dans les rues pour essayer de les prendre en charge. Ce n'est pas tout à fait la même chose.
C. Roux : Alors soyons précis sur le travail de cette Fédération nationale qui a fait un vrai boulot...
La FNARS.
C. Roux : Voilà, c'est ça, la FNARS, et qui a recensé justement dans les grandes villes de France le manque d'hébergements d'urgence. A quoi correspondent ces chiffres alors, à rien ?
A une chose très simple, avec la FNARS nous avons l'année dernière au mois de novembre, il y a un an, pris 20 décisions communes qui s'appliqueront cette année. Prenons un exemple très concret. L'année dernière, quand vous passiez un coup de téléphone au 115 à Paris, on vous répondait « oui ou non il y a une place » quand le 115 avait une visibilité sur à peine 30 % des places, 30 % des places, sans savoir si dans 70 % des centres d'hébergement, il y avait des lits de libres oui ou non. La réforme qu'on a mise en place avec la FNARS, c'est justement de mutualiser l'ensemble des moyens de toutes les associations pour mieux accueillir, pour avoir une coordination totale des places, des maraudes, bref ! Pour que l'Etat et toutes les associations travaillent totalement ensemble.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 décembre 2010
Bonjour.
C. Roux : Alors flambée historique des prix de l'immobilier - +13,8 % à Paris, le prix du m² atteint en moyenne 7.000 euros. Flambée aussi dans toute la France, +8,6 %. La question qui se pose ce matin, c'est : est-ce que vous en tant que secrétaire d'Etat au Logement, vous avez un moyen de limiter, de jouer sur cette flambée des prix ?
Sur une partie oui. La flambée des prix, vous l'avez évoqué tout à l'heure, c'est quoi ? C'est deux choses. Un, des spéculateurs qui vont sur le marché de l'immobilier parce qu'ils ont déserté les marchés financiers traditionnels. Et donc la valeur refuge de l'immobilier en la matière joue pleinement son rôle. Ça, c'est de la spéculation quasi-financière. Il y a un deuxième point qui pose problème, c'est l'absence ou la faiblesse de production, notamment en Ile-de-France. Et là effectivement, on a clairement un rôle à jouer qui est de réorienter toute notre production de logements sur les territoires les plus tendus...
C. Roux : Production de logements, tous types de logements, logements sociaux ?
Tous types de logements, logements sociaux, logements locatifs libres, accession à la propriété. Il faut que l'ensemble de notre production soit sur les territoires les plus tendus parce que c'est là que vous avez la montée des prix de l'immobilier. Cette montée des prix de l'immobilier, elle est très diverse en fonction du territoire. Il y a des territoires où ça progresse très peu parce qu'il y a déjà trop de matières, trop de productions, trop d'immobilier, trop de logements vides, donc les choses sont beaucoup plus mesurées que ça.
C. Roux : Quels sont les territoires tendus, comme vous dites ?
Essentiellement l'Ile-de-France, la Côte d'Azur, une partie du bassin... enfin de l'arc atlantique et les grandes métropoles françaises.
C. Roux : Et est-ce que quand vous vous projetez, vous voyez des prix toujours augmenter ? Comment est-ce que vous voyez la tendance sur l'évolution des prix de l'immobilier ?
La tendance est plutôt une tendance qui va continuer à être une tendance à la hausse. Nous ce qu'on souhaite faire aujourd'hui, c'est pousser toute la production sur les territoires les plus tendus et essayer de re-solvabiliser une partie de nos compatriotes pour qu'ils puissent accéder à la propriété via la réforme qu'on est en train de mettre en place sur le nouveau prêt à taux zéro plus.
C. Roux : Est-ce que vous pouvez être plus précis sur la production comme types de logements, à la fois à Paris et dans les territoires tendus ?
C'est simple, on a 3 outils pour construire des logements. Le logement social, on en faisait 50.000 par an, on en fait 100.000 par an, on en faisait malheureusement à peine 25 % des 50.000 en territoires tendus type Ile-de- France, maintenant on va en faire cette année 31 %, l'année prochaine 35 %, ça a été réorienté vers les territoires où on a besoin de construire des logements.
C. Roux : A quelle échéance, quand est-ce que ces logements sortent de terre ?
Ces logements, malheureusement c'est toute la difficulté que nous avons en matière de logements, c'est que les décisions que nous prenons aujourd'hui ou l'année dernière, elles trouvent leur application concrète, les immeubles sortent de terre dans 2 ans, 3 ans, 4 ans au plus tôt.
C. Roux : N. Sarkozy voulait faire une France de propriétaires, pardonnez-moi mais c'est mal barré, non ?
Non.
C. Roux : Ah bon !
Le taux de propriétaires a augmenté, très légèrement je vous l'accorde, à peine 1 point sur les 5 dernières années. C'est la raison pour laquelle nous avons décidé cette année - le président de la République l'a annoncé il y a un mois et demi - de remettre à plat l'ensemble des outils de l'accession à la propriété pour avoir un nouveau produit beaucoup plus simple. Il y en a un qui en remplace trois, qui s'appelle le prêt à taux zéro plus, qui est beaucoup plus solvabilisateur. Pourquoi ? Parce qu'avant, entre ma ville, Châlons-en-Champagne, 1.800 euros du m², et Paris, 7.000 euros du m², le prêt à taux zéro était le même. Là, on va avoir un produit qui va épouser la réalité des prix pour mieux solvabiliser ceux qui veulent acheter.
C. Roux : Vous savez que les taux d'intérêt sont très bas, vous savez que les classes moyennes à Paris, à 7.000 euros le m², même avec un prêt très intéressant, ne peuvent pas accéder à la propriété et sont confrontés à des loyers extrêmement élevés. Est-ce qu'il y a une solution ou est-ce que vous dites face à cette situation-là dans des villes comme Paris : "on est un peu coincés " ?
Non mais déjà, il n'y a pas que Paris...
C. Roux : Non mais on a parlé de Paris et vous nous avez dit que c'était une zone tendue...
J'entends bien mais...
C. Roux : Parlons-en.
Paris est une zone tendue, l'Ile-de-France est une zone tendue. J'étais hier en train de visiter des programmes en Ile-de-France à 3.000 euros du m², donc là encore, il faut nuancer les choses. C'est vrai que Paris c'est 7.000 euros du m² en moyenne, l'Ile-de-France ce n'est heureusement pas 7.000 euros. Hier en Seine-et- Marne, des projets qui sont en train de se monter, de très belles qualités de maisons individuelles à 3.000 euros du m², ça, notre produit va permettre de solvabiliser les classes moyennes pour acheter à 3.000 euros du m², ce qui n'était pas le cas hier. Donc on va faire une avancée considérable l'année prochaine, je ne vous dis pas que quelqu'un qui gagne 1.500 euros par mois ou 2.000 euros par mois pourra acheter à 7.000 euros, on est bien d'accord.
C. Roux : Combien il faut pour se loger à Paris ?
M. Biraben : C'est le salaire moyen, on le rappelle.
C'est une vraie difficulté parce que vous prenez un fonctionnaire célibataire qui commence dans la carrière, qui va gagner 1.500, 2.000 euros par mois, pour se loger à Paris aujourd'hui, dans le marché libre c'es quasiment impossible. Il lui reste évidemment le logement social et pour ça, je reviens sur ce qu'on disait tout à l'heure, produire du logement social à Paris dans tous les arrondissements.
C. Roux : Les socialistes ont planché sur la question du logement, leur objectif c'est que les foyers ne soient pas obligés de dépenser plus de 25 % de leur budget pour leur logement. Et ils proposent notamment de porter le taux de la loi SRU de 20 à 25 % en quintuplant les pénalités contre les communes qui ne respectent pas leur obligation. Est-ce que ça, la contrainte des communes, c'est une piste de réflexion pour vous ?
Premier point : la loi SRU en question, les 20 % ils sont appliqués, ils ne sont pas appliqués ? La réponse est oui, on fait 50 % de plus de logements que les obligations légales. Donc là encore, il y a un fantasme en France sur "on ne respecte pas la loi SRU".
C. Roux : Là aussi, on pourrait différencier certaines zones où elles sont appliquées et certaines zones où elles ne le sont pas, mais bon !
Alors j'y arrivais, j'y arrivais. On fait 154 % des obligations de la loi SRU, mais c'est vrai qu'il y a encore des communes qui ne respectent pas cette loi. Eh oui, il faut faire respecter cette loi et quintupler ou doubler...
C. Roux : Comment ?
Peu importe, les pénalit??s pour les communes qui ne la respectent pas, j'y serai sur le principe favorable. 25 % ? Je serai beaucoup plus nuancé, pourquoi ? Parce que là encore, dans une ville où il n'y a plus besoin de construire des logements sociaux, est-ce qu'il est vraiment nécessaire de leur dire « continuez à produire » ? Moi j'ai le souvenir d'une rencontre à Moulins avec un adjoint au maire PS qui me disait : « quand je construis un logement social dans ma ville, j'en vide un parce que j'en ai déjà trop ». Est-ce vraiment nécessaire de poursuivre la construction là ? Non. L'objectif principal que nous devons tous avoir, je le répète, ce n'est pas de savoir s'il en faut 25 % partout, c'est de se dire que les territoires sont totalement différents et qu'il faut surtout privilégier la production dans les endroits là où c'est nécessaire.
M. Biraben : L'autre gros dossier, c'est l'urgence bien entendu avec la météo.
C. Roux : Oui parce que vous avez déclaré lundi dernier : « toutes les demandes d'hébergement d'urgence devront être pourvue cet hiver ». Le froid est là, est-ce que vous êtes prêts ?
Oui, nous sommes prêts...
C. Roux : Parce qu'il y a un petit problème, vous nous dites « vous êtes prêts », la Fédération nationale des Associations d'Accueil et de Réinsertion sociale, elle fait le tour des grandes villes de France, elle constate, elle, qu'en tout cas, il y a toujours des gens qui sont dans la rue et qui n'ont pas de logement, un hébergement grâce au 115 notamment, 100 personnes restent dans la rue à Bordeaux, 259 à Lille, 150 à Lyon. Comment est-ce que vous allez faire pour ces personnes ?
Comme l'hiver dernier. L'hiver dernier, nous avons dit, c'était la première fois : zéro demande, zéro appel au 115 qui n'a pas de réponse d'hébergement. On reprend la même logique : zéro demande non pourvue. On veut que toutes les demandes soient pourvues...
C. Roux : Et alors ceci...
Alors bien évidemment...
C. Roux : Alors qu'est-ce qui s'est passé ?
Je mets un petit bémol tout de suite, c'est que bien évidemment l'une des difficultés que nous avons, c'est que les publics les plus cassés qui sont à la rue depuis 3 ans, 4 ans, 5 ans, 10 ans, ils ne décrochent pas le téléphone, ils ne vont pas appeler le 115 pour avoir un hébergement. Et donc là, on met en place ce qu'on appelle « des maraudes », c'est-à-dire des travailleurs sociaux qui tournent tout simplement dans le territoire, dans les rues pour essayer de les prendre en charge. Ce n'est pas tout à fait la même chose.
C. Roux : Alors soyons précis sur le travail de cette Fédération nationale qui a fait un vrai boulot...
La FNARS.
C. Roux : Voilà, c'est ça, la FNARS, et qui a recensé justement dans les grandes villes de France le manque d'hébergements d'urgence. A quoi correspondent ces chiffres alors, à rien ?
A une chose très simple, avec la FNARS nous avons l'année dernière au mois de novembre, il y a un an, pris 20 décisions communes qui s'appliqueront cette année. Prenons un exemple très concret. L'année dernière, quand vous passiez un coup de téléphone au 115 à Paris, on vous répondait « oui ou non il y a une place » quand le 115 avait une visibilité sur à peine 30 % des places, 30 % des places, sans savoir si dans 70 % des centres d'hébergement, il y avait des lits de libres oui ou non. La réforme qu'on a mise en place avec la FNARS, c'est justement de mutualiser l'ensemble des moyens de toutes les associations pour mieux accueillir, pour avoir une coordination totale des places, des maraudes, bref ! Pour que l'Etat et toutes les associations travaillent totalement ensemble.
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 7 décembre 2010