Déclaration de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, sur les positions et la démarche adoptées par la France pour lutter contre le changement climatique, à Cancun (Mexique) le 9 décembre 2010.

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Texte intégral

Madame la Présidente,
Mesdames et Messieurs les chefs d’Etats et de gouvernement, Mesdames et Messieurs les Ministres, chers délégués
Señoras y señores,
I - Certains ont dénoncé l'an dernier l'échec de Copenhague. D'autres ont voulu y voir les bases d’un nouveau régime international de lutte contre le changement climatique.
Copenhague contient des avancées sans précédent, que ce soit par le nombre de pays qui ont pris des engagements, ou par l’effort financier prévu à destination des pays en développement. Mais c'est un texte qui reste largement à mettre en oeuvre.
II - Cancun doit être l'occasion de transformer l'essai.
Ce doit être la conférence du pragmatisme et de l'action.
Nous devons aboutir rapidement à un accord sur des décisions équilibrées. Nous devons associer des instruments de soutien – que sont les mécanismes de financement, le transfert de technologie -, à de réelles ambitions dans le domaine de l'adaptation et de l’atténuation.
Un système d’échange d’informations très transparent doit accompagner ce processus.
Nous devons en outre tout faire pour que la communauté internationale prenne réellement un chemin compatible avec une limitation du réchauffement en dessous de 2°C. Il est indispensable d'ancrer les engagements et de mener les actions de réduction des émissions présentées après Copenhague.
Au regard des mises en garde des scientifiques, ces engagements restent insuffisants. Mais prenons les comme une première étape vers le renforcement de la lutte contre le changement climatique, et n’interrompons pas notre marche.
J’ai parfaitement conscience qu’il faudra encore du temps pour parvenir à un accord unique juridiquement contraignant permettant d’atteindre l’objectif d’une division par deux des émissions. La grande réunification que nous espérons tous, cela doit rester notre ambition. Nous devons avancer dès à présent dans cette direction. En attendant nous appliquons la feuille de route de Bali et l'Union européenne est prête à s'engager pour une deuxième période au titre du Protocole de Kyoto, au-delà de 2012. C’est une démarche que la France soutient pleinement.
Je ne comprendrais pas que nous n'avancions pas clairement sur ce point, ici, à Cancun.
Au-delà, la réponse au changement climatique, nous le savons, doit reposer sur des engagements plus larges et équitablement répartis.
III – Pour accompagner les efforts des pays en développement dans la lutte contre le changement climatique, la mise en oeuvre d'actions concrètes et immédiates est fondamentale.
La France s'est ainsi engagée à mobiliser 420 millions d’euros par an, dont 20 % sur la forêt, sur les trois ans au titre du financement pilote. Elle a lancé cette année avec la Norvège le Partenariat REDD+ qui rassemble plus de 70 pays forestiers et donateurs et mobilise 4 Mds $ sur trois ans. Elle a d’ores et déjà engagé plusieurs dizaines de millions d’euros pour soutenir des projets concrets de reboisement ou de gestion durable de la forêt dans les pays du Sud.
Selon la même logique, la France et le Kenya ont lancé hier un partenariat mondial sur l’accès aux énergies propres en Afrique et dans les pays les plus vulnérables.
La France se réjouit également des travaux du groupe à haut niveau sur les financements mis en place par le Secrétaire Général de l'ONU. Le rapport permet de faire le constat que la mobilisation des 100 milliards de dollars, annoncés à Copenhague, est possible à travers notamment des financements innovants. Il nous faut donner suite à ces travaux, au sein des instances internationales concernées. Je pense bien sûr au G20. La France sera mobilisée sur cette question dans le cadre de sa présidence en 2011.
Nous devons impérativement prendre des décisions fortes et claires à Cancun. C'est la condition d'un succès à Durban l'année prochaine. C'est aussi la condition pour que la Conférence Rio+20 en 2012 permette des avancées sur la croissance verte et la gouvernance internationale de l’environnement.
Nous ne pouvons nous permettre d’échouer. Nous devons trouver ensemble un accord nous permettant d’avancer de manière concrète dans la lutte contre le réchauffement climatique. L’enjeu est majeur, notre responsabilité l’est aussi.
Muchas gracias por su atencion.
Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 15 décembre 2010