Texte intégral
- Si les dirigeants des 27 sont réunis à Bruxelles, est-ce parce que l'Europe est en danger ?
Non, l'Europe n'est pas en danger. Elle se porte d'ailleurs plutôt mieux que d'autres grandes régions du monde, même si certains de ses membres subissent des tensions financières. Lors de la crise financière, la plupart des Etats ont été obligés de soutenir la croissance et de se substituer aux banques et, pour se faire, ont dû emprunter. En conséquence, les prêteurs (grands investisseurs, fonds de pension) regardent les pays avec un oeil plus critique et plus dubitatif. Certains Etats sont plus en risque que d'autres.
-Le problème viendrait-il de notre monnaie ?
Ce n'est pas une crise de l'euro. Quand on l'a lancé en 2002, il valait 1,16 dollar. Nous sommes aujourd'hui à 1,31 ou 1,32 dollar. La monnaie se porte bien. C'est le regard des investisseurs sur les pays qui empruntent qui a changé.
Dans la zone euro, tous les pays n'ont pas le même degré de compétitivité, de santé de leur secteur bancaire, de tensions sur leurs finances publiques. Les prêteurs se sont rendu compte que le risque n'est pas le même selon qu'ils prêtent à la Grèce ou à la France.
- Mais l'adoption d'un mécanisme permanent, n'est-ce pas le signe que l'Europe est vulnérable ?
Au contraire, il signale l'unité des Etats de la zone euro, leur détermination à préserver la stabilité de l'Union. Il n'était pas question de laisser tomber la Grèce ou l'Irlande. Il fallait trouver un mécanisme. Dans le cas de la Grèce, chaque pays a consenti des prêts. Cette fois, on constitue un fonds qui ira emprunter sur les marchés pour ensuite prêter aux pays qui en auront besoin. Les Etats membres ne sont là que pour donner une garantie. D'un point de vue du budget, ça ne coûte rien et ça rapportera en fin de compte. Les intérêts payés par l'Irlande et la Grèce sont, en effet, supérieurs à ceux que paie la France.
- Est-ce donc un mécanisme pour éteindre les incendies ?
Pas seulement. Nous avons aussi l'impératif de réduire le déficit et la dette. Il nous faut des mécanismes d'assistance pour les coups durs, pour les pays en danger. Ensemble, nous devons aussi avoir la volonté de réduire l'endettement public et par conséquent le déficit.
- Confirmez-vous les objectifs annoncés dans le budget 2011 ?
L'objectif imminent est d'arriver à 3 % du déficit en 2013 et 6 % dès 2011 (contre 7,7 % en 2010, ndlr). C'est incontournable et inconditionnel. C'est un engagement vis-à-vis des générations futures et des Européens. C'est aussi une exigence de souveraineté nationale.
- Les Français n'auront donc pas à vivre les cures d'austérité de ses voisins grecs ou irlandais ?
Nous ne sommes pas dans la même situation, soyons clairs. Cependant, nous devrons tous faire des efforts. Et le budget pour 2011 le reflète. Onze milliards de niches fiscales en moins, c'est un effort. Un point supplémentaire d'impôt pour les catégories les plus favorisées, c'est également un effort.
- Pourquoi notre pays ne serait-il pas menacé ?
Notre modèle économique n'est pas seulement basé sur l'immobilier et le tourisme comme en Irlande ; il est plus équilibré. Et notre secteur bancaire est équilibré, profondément régulé et supervisé. Ce n'est pas un miracle si nous n'avons jamais emprunté à un taux aussi faible. Les prêteurs considèrent que le risque France est un bon risque. Mais attention, si on mène une mauvaise politique, on sera un mauvais élève. Notre politique doit être un mélange de redressement des finances publiques et de relance de la compétitivité.
- Pour éviter tout risque, certains préconisent de sortir de l'euro...
C'est une option totalement catastrophique et c'est une hypothèse constitutionnellement impossible.
-Quand pourra-t-on dire que nous sommes sortis de la crise ?
J'ai toujours dit qu'on serait sorti de l'épisode le plus dur dès lors que l'économie recommence à créer des emplois. C'est le cas depuis quatre trimestres. En 2010, nous avons déjà créé 74 000 emplois. Le chômage est passé de 9,6 à 9,3 %. Je considère qu'on est sorti du plus dur de la crise. Mais on a toujours un impératif de redressement de nos finances publiques. Notre endettement va atteindre 80 %. Pour le descendre, on peut théoriquement augmenter les recettes - mais le Président a exclu toute hausse d'impôt généralisée - ou réduire la dépense. C'est dans cette voie qu'il faut aller en prenant soin de ménager la croissance.
- Cela implique que les Français doivent encore se serrer la ceinture en 2011. On a vu lundi qu'il n'y avait pas de coup de pouce au smic...
Le smic augmente de 1,6 % au 1er janvier. Par ailleurs, les chiffres de l'Insee nous indiquent qu'au cours des deux années qui viennent de s'écouler, le pouvoir d'achat a augmenté.
J'espère que l'on fera encore mieux en 2011 car on va continuer à observer un reflux du chômage. Aussi, nous luttons contre les hausses artificielles des prix. Les services de l'Etat sont mobilisés pour suivre au quotidien que les lois sont respectées. On sera très vigilant en 2011.
- Est-ce l'enjeu de l'audit que vous avez lancé pour vérifier les tarifs d'assurance ?
J'ai effectivement demandé à mes équipes d'analyser les justificatifs d'augmentation de prix. Si les assureurs prouvent qu'ils sont contraints d'augmenter les tarifs parce qu'il y a eu plus de sinistres - ça peut être le cas -, il n'y aura pas de problème. Si en revanche ces augmentations ne reposent pas sur des faits justificatifs avérés, alors on demandera des éclaircissements. Cela passera par un dialogue ferme.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 17 décembre 2010
Non, l'Europe n'est pas en danger. Elle se porte d'ailleurs plutôt mieux que d'autres grandes régions du monde, même si certains de ses membres subissent des tensions financières. Lors de la crise financière, la plupart des Etats ont été obligés de soutenir la croissance et de se substituer aux banques et, pour se faire, ont dû emprunter. En conséquence, les prêteurs (grands investisseurs, fonds de pension) regardent les pays avec un oeil plus critique et plus dubitatif. Certains Etats sont plus en risque que d'autres.
-Le problème viendrait-il de notre monnaie ?
Ce n'est pas une crise de l'euro. Quand on l'a lancé en 2002, il valait 1,16 dollar. Nous sommes aujourd'hui à 1,31 ou 1,32 dollar. La monnaie se porte bien. C'est le regard des investisseurs sur les pays qui empruntent qui a changé.
Dans la zone euro, tous les pays n'ont pas le même degré de compétitivité, de santé de leur secteur bancaire, de tensions sur leurs finances publiques. Les prêteurs se sont rendu compte que le risque n'est pas le même selon qu'ils prêtent à la Grèce ou à la France.
- Mais l'adoption d'un mécanisme permanent, n'est-ce pas le signe que l'Europe est vulnérable ?
Au contraire, il signale l'unité des Etats de la zone euro, leur détermination à préserver la stabilité de l'Union. Il n'était pas question de laisser tomber la Grèce ou l'Irlande. Il fallait trouver un mécanisme. Dans le cas de la Grèce, chaque pays a consenti des prêts. Cette fois, on constitue un fonds qui ira emprunter sur les marchés pour ensuite prêter aux pays qui en auront besoin. Les Etats membres ne sont là que pour donner une garantie. D'un point de vue du budget, ça ne coûte rien et ça rapportera en fin de compte. Les intérêts payés par l'Irlande et la Grèce sont, en effet, supérieurs à ceux que paie la France.
- Est-ce donc un mécanisme pour éteindre les incendies ?
Pas seulement. Nous avons aussi l'impératif de réduire le déficit et la dette. Il nous faut des mécanismes d'assistance pour les coups durs, pour les pays en danger. Ensemble, nous devons aussi avoir la volonté de réduire l'endettement public et par conséquent le déficit.
- Confirmez-vous les objectifs annoncés dans le budget 2011 ?
L'objectif imminent est d'arriver à 3 % du déficit en 2013 et 6 % dès 2011 (contre 7,7 % en 2010, ndlr). C'est incontournable et inconditionnel. C'est un engagement vis-à-vis des générations futures et des Européens. C'est aussi une exigence de souveraineté nationale.
- Les Français n'auront donc pas à vivre les cures d'austérité de ses voisins grecs ou irlandais ?
Nous ne sommes pas dans la même situation, soyons clairs. Cependant, nous devrons tous faire des efforts. Et le budget pour 2011 le reflète. Onze milliards de niches fiscales en moins, c'est un effort. Un point supplémentaire d'impôt pour les catégories les plus favorisées, c'est également un effort.
- Pourquoi notre pays ne serait-il pas menacé ?
Notre modèle économique n'est pas seulement basé sur l'immobilier et le tourisme comme en Irlande ; il est plus équilibré. Et notre secteur bancaire est équilibré, profondément régulé et supervisé. Ce n'est pas un miracle si nous n'avons jamais emprunté à un taux aussi faible. Les prêteurs considèrent que le risque France est un bon risque. Mais attention, si on mène une mauvaise politique, on sera un mauvais élève. Notre politique doit être un mélange de redressement des finances publiques et de relance de la compétitivité.
- Pour éviter tout risque, certains préconisent de sortir de l'euro...
C'est une option totalement catastrophique et c'est une hypothèse constitutionnellement impossible.
-Quand pourra-t-on dire que nous sommes sortis de la crise ?
J'ai toujours dit qu'on serait sorti de l'épisode le plus dur dès lors que l'économie recommence à créer des emplois. C'est le cas depuis quatre trimestres. En 2010, nous avons déjà créé 74 000 emplois. Le chômage est passé de 9,6 à 9,3 %. Je considère qu'on est sorti du plus dur de la crise. Mais on a toujours un impératif de redressement de nos finances publiques. Notre endettement va atteindre 80 %. Pour le descendre, on peut théoriquement augmenter les recettes - mais le Président a exclu toute hausse d'impôt généralisée - ou réduire la dépense. C'est dans cette voie qu'il faut aller en prenant soin de ménager la croissance.
- Cela implique que les Français doivent encore se serrer la ceinture en 2011. On a vu lundi qu'il n'y avait pas de coup de pouce au smic...
Le smic augmente de 1,6 % au 1er janvier. Par ailleurs, les chiffres de l'Insee nous indiquent qu'au cours des deux années qui viennent de s'écouler, le pouvoir d'achat a augmenté.
J'espère que l'on fera encore mieux en 2011 car on va continuer à observer un reflux du chômage. Aussi, nous luttons contre les hausses artificielles des prix. Les services de l'Etat sont mobilisés pour suivre au quotidien que les lois sont respectées. On sera très vigilant en 2011.
- Est-ce l'enjeu de l'audit que vous avez lancé pour vérifier les tarifs d'assurance ?
J'ai effectivement demandé à mes équipes d'analyser les justificatifs d'augmentation de prix. Si les assureurs prouvent qu'ils sont contraints d'augmenter les tarifs parce qu'il y a eu plus de sinistres - ça peut être le cas -, il n'y aura pas de problème. Si en revanche ces augmentations ne reposent pas sur des faits justificatifs avérés, alors on demandera des éclaircissements. Cela passera par un dialogue ferme.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 17 décembre 2010