Texte intégral
J.-M. Aphatie.- Bonjour, E. Besson.
Bonjour, J.-M. Aphatie.
Trois ingénieurs du constructeur automobile Renault ont été mis à pied, lundi, sur la base d'un soupçon d'espionnage industriel. Vous avez vous-même, E. Besson, visité le Techno centre de Renault à Guyancourt, mardi. Avez-vous des informations sur ce dossier ?
J'ai discuté avec la direction générale. Je ne peux pas évoquer les faits. Vous l'imaginez. Il y a une procédure en cours. Pour l'instant, c'est une mise à pied à titre conservatoire, comme on dit juridiquement, qui a été prise à l'encontre de trois cadres. La seule chose que je puisse vous dire, c'est que l'affaire paraît sérieuse, qu'elle illustre une nouvelle fois les risques pour nos entreprises en matière d'espionnage industriel, en matière d'intelligence économique, comme on dit aujourd'hui, et que dès hier, j'ai demandé aux services, à l'Administration, à Bercy, que l'État renforce les obligations pour les entreprises qui demandent de l'argent de l'État. Et vous savez que nous y consacrons beaucoup en matière d'innovation, que la sécurisation du secret industriel soit renforcée dans les conventions d'aide à l'innovation que nous passons. Donc, à ce stade, la seule chose que je puisse vous dire, c'est que : oui, malheureusement, l'affaire paraît sérieuse.
C'est un péril pour Renault ?
C'est un péril globalement pour l'industrie française, c'était l'expression "guerre économique" - là pour le coup, parfois outrancière - est adaptée et c'est une chose à laquelle nous devrons veiller à l'avenir, oui clairement.
On parle de secrets diffusés concernant la voiture électrique ?
Il semble que ça concerne la voiture électrique ; mais je vous l'ai dit, je ne veux pas aller plus loin. La présomption d'innocence, ça existe en France et il y a des procédures contradictoires à respecter.
L'essence flambe à la pompe. Le Litre de super 98 frôle 1,50 euro, record de l'automne 1998. L'État est-il spectateur de cette situation ou peut-il intervenir, E. Besson ?
On n'est pas au pic. Le pic de l'été 2008 est loin d'être atteint. Nous sommes à 95 dollars, le baril et pas à 150.
A la pompe, on n'est pas loin !
Oui. Mais ce que je veux dire...
Vous direz que peut-être que les raffineurs s'en mettent dans les poches, mais...
Justement, j'allais vous dire : nous, la tâche de l'État dans une économie de marché régulée, c'est de veiller à ce qu'il n'y ait pas de spéculation. Nous en avons parlé, hier, avec C. Lagarde et F. Lefebvre. Nous allons être extrêmement vigilants. Le cas échéant, si le besoin s'en faisait sentir, nous réunirons prochainement les producteurs, les distributeurs pour faire le point avec eux sur la situation.
Vous savez ce qu'on dit - comme ça - quand on regarde tout ça d'un peu loin : dès que le brut monte, la hausse est immédiate dans la pompe. Quand il baisse, ça prend un peu de temps. C'est une impression que vous partagez ou pas, E. Besson ?
On veillera à ce que si j'ai bien compris, ce dicton populaire soit démenti.
Vous partagez le...
Non pas nécessairement. Il y a effectivement ce qu'on appelle des inerties qui s'expliquent techniquement-on n'aurait pas le temps- mais je crois que sur longue durée, le prix à la pompe reflète le prix du baril du pétrole.
Total est une grande entreprise française ; elle va annoncer ses résultats à la mi-février.
Oui.
Probablement quelques milliards, peut-être une dizaine d'euros de bénéfices.
Je ne serais pas de ceux qui s'en plaindront ! On a besoin de champions énergétiques français, européens, continentaux et on a besoin dans un monde qui va demander de plus en plus d'énergie, que tous nos grands champions, il n'y a pas que Total, il y a tous les acteurs de la filière nucléaire, soient en pleine forme. Ensuite, il y a comment cet argent est utilisé ? Où il est investi ? J'imagine qu'on en reparlera un autre jour.
On y reviendra effectivement. Le ministre de l'Industrie que vous êtes doit être sensible au débat sur les 35 heures. Je voudrais vous livrer la réflexion de votre collègue de la Défense, A. Juppé, qui sur son blog hier a écrit ceci : "Il faut dépasser les 35 heures, c'est une vieille idée du siècle dernier, en complet décalage avec la réalité économique d'aujourd'hui". Alors, E. Besson, je ne sais pas où vous étiez quand les 35 heures ont été appliquées, d'ailleurs ?
Je crois que j'étais député socialiste, si ma mémoire est bonne et si c'est ça que vous vouliez dire. Je les ai votées après un débat interne que vous connaissez.
"Vieille idée du siècle dernier", dit A. Juppé.
Moi ce que je crois surtout, c'est qu'il y a un point positif dans ce débat, même s'il part un peu dans tous les sens, c'est qu'il a le mérite de redire qu'il y a un lien entre compétitivité, donc coût du travail et niveau de la protection sociale. Et donc de ce point de vue-là, il est bénéfique. Alors après, qu'est-ce qu'on veut dire très exactement ? Quand M. Valls dit : "Il faut déverrouiller les 35 heures". Elles ont déjà été déverrouillées. Aujourd'hui, les 35 heures, c'est le seuil de déclenchement à partir duquel les heures supplémentaires bénéficient d'exonérations pour les salariés comme pour les entreprises, et j'ai l'impression que les deux s'en réjouissent. Et puis, il y a autre chose. Ceux qui suggèrent qu'il faut les- entre guillemets- tuer, les faire disparaître...
Donc, A. Juppé, par exemple.
Il faut dire très exactement : qu'est-ce que ça signifierait ?
Alors J.-F. Copé, qui était à votre place, hier, l'a dit : "Eh bien, ça signifie que les salariés devront travailler plus pour le salaire actuel". Donc, travailler plus pour gagner autant, c'est-à-dire moins quoi, en gros.
Moi je suis au Gouvernement et je constate une chose : c'est que cela ne figure pas à l'agenda social 2011 fixé par le Président de la République. Le Président de la République a le droit de le modifier. Il l'a fait l'année dernière pour les retraites ; et il reçoit cet après midi, les partenaires sociaux. Donc s'il voulait le faire, il pourrait. Pour l'heure, pour le ministre que je suis, ça n'est pas la feuille de route. En revanche que pour 2012, ce lien compétitivité, coût du travail, et protection sociale- moyen de financer la protection sociale- me paraît extrêmement intéressant. A condition de ne pas oublier que la maîtrise des dépenses sociales est le corollaire indispensable.
Je vais faire une dernière tentative, E. Besson : les 35 heures sont-elles "une vieille idée du siècle dernier" ?
Je ne sais pas, je me méfie des... J'avais bien compris...
C'est A. Juppé, je le répète qui pour nos auditeurs, n'auraient pas... sur son blog... Voilà...
Sur son blog, si vous voulez lui faire de la publicité : comment on va faire sur le site internet qui s'appelle colloquenouveaumonde.fr dans une minute.
Blog intéressant !"Vieille idée du siècle dernier" ?!
Moi, je me méfie des slogans. Je vous ai dit, je pense qu'il faut parler : durée du travail, salaires, compétitivité. Je n'ai pas envie d'utiliser cette expression.
On peut dire, sans être polémique, qu'il y a une division au sein du Gouvernement sur ce sujet ?
Oui, il y a probablement des sensibilités différentes, c'est-à-dire que je crois que tout le monde, à Gauche ou à Droite, dise que finalement, les 35 heures, ce n'était peut-être pas effectivement l'idée du siècle, l'idée géniale du siècle. Mais en même temps, à partir de la situation actuelle, et ce qu'a déjà fait à la demande de N. Sarkozy, le Gouvernement, les pistes d'évolution ne sont pas évidentes, convenons-en !
Vous regrettez d'avoir voté cette loi, il y a dix ans ?
Ah je crois qu'elle n'était pas la plus adaptée. Mais il faut toujours juger avec le contexte de l'époque. Le contexte de l'époque c'était une forte augmentation du chômage. Les socialistes proposaient 35 heures et emplois-jeunes. Avec le recul, on pense qu'il aurait pu être mieux fait. C'est peut-être pas la peine d'épiloguer sur 1997 en 2011 !
Il nous reste 30 secondes, E. Besson, pour évoquer le colloque qui se déroule aujourd'hui et demain, à Bercy. "Nouveau monde, nouveau capitalisme ?" Quesaco ?
Oui, comment aller vers plus de croissance ? Il ne faut pas qu'après la crise financière, la crise de l'endettement, ce soit une crise de la croissance ; et c'est F. Fillon, le Premier ministre, et le Premier ministre grec courageux et qui prend des mesures difficiles, qui viennent ouvrir ce colloque ; et comme je n'ai que vingt secondes, j'ai compris. Je voudrais redire que vos auditeurs et les internautes peuvent suivre pendant deux jours ce colloque avec beaucoup de ministres, de prix Nobel d'économie, d'experts sur le site : colloquenouveaumonde.fr
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 janvier 2011
Bonjour, J.-M. Aphatie.
Trois ingénieurs du constructeur automobile Renault ont été mis à pied, lundi, sur la base d'un soupçon d'espionnage industriel. Vous avez vous-même, E. Besson, visité le Techno centre de Renault à Guyancourt, mardi. Avez-vous des informations sur ce dossier ?
J'ai discuté avec la direction générale. Je ne peux pas évoquer les faits. Vous l'imaginez. Il y a une procédure en cours. Pour l'instant, c'est une mise à pied à titre conservatoire, comme on dit juridiquement, qui a été prise à l'encontre de trois cadres. La seule chose que je puisse vous dire, c'est que l'affaire paraît sérieuse, qu'elle illustre une nouvelle fois les risques pour nos entreprises en matière d'espionnage industriel, en matière d'intelligence économique, comme on dit aujourd'hui, et que dès hier, j'ai demandé aux services, à l'Administration, à Bercy, que l'État renforce les obligations pour les entreprises qui demandent de l'argent de l'État. Et vous savez que nous y consacrons beaucoup en matière d'innovation, que la sécurisation du secret industriel soit renforcée dans les conventions d'aide à l'innovation que nous passons. Donc, à ce stade, la seule chose que je puisse vous dire, c'est que : oui, malheureusement, l'affaire paraît sérieuse.
C'est un péril pour Renault ?
C'est un péril globalement pour l'industrie française, c'était l'expression "guerre économique" - là pour le coup, parfois outrancière - est adaptée et c'est une chose à laquelle nous devrons veiller à l'avenir, oui clairement.
On parle de secrets diffusés concernant la voiture électrique ?
Il semble que ça concerne la voiture électrique ; mais je vous l'ai dit, je ne veux pas aller plus loin. La présomption d'innocence, ça existe en France et il y a des procédures contradictoires à respecter.
L'essence flambe à la pompe. Le Litre de super 98 frôle 1,50 euro, record de l'automne 1998. L'État est-il spectateur de cette situation ou peut-il intervenir, E. Besson ?
On n'est pas au pic. Le pic de l'été 2008 est loin d'être atteint. Nous sommes à 95 dollars, le baril et pas à 150.
A la pompe, on n'est pas loin !
Oui. Mais ce que je veux dire...
Vous direz que peut-être que les raffineurs s'en mettent dans les poches, mais...
Justement, j'allais vous dire : nous, la tâche de l'État dans une économie de marché régulée, c'est de veiller à ce qu'il n'y ait pas de spéculation. Nous en avons parlé, hier, avec C. Lagarde et F. Lefebvre. Nous allons être extrêmement vigilants. Le cas échéant, si le besoin s'en faisait sentir, nous réunirons prochainement les producteurs, les distributeurs pour faire le point avec eux sur la situation.
Vous savez ce qu'on dit - comme ça - quand on regarde tout ça d'un peu loin : dès que le brut monte, la hausse est immédiate dans la pompe. Quand il baisse, ça prend un peu de temps. C'est une impression que vous partagez ou pas, E. Besson ?
On veillera à ce que si j'ai bien compris, ce dicton populaire soit démenti.
Vous partagez le...
Non pas nécessairement. Il y a effectivement ce qu'on appelle des inerties qui s'expliquent techniquement-on n'aurait pas le temps- mais je crois que sur longue durée, le prix à la pompe reflète le prix du baril du pétrole.
Total est une grande entreprise française ; elle va annoncer ses résultats à la mi-février.
Oui.
Probablement quelques milliards, peut-être une dizaine d'euros de bénéfices.
Je ne serais pas de ceux qui s'en plaindront ! On a besoin de champions énergétiques français, européens, continentaux et on a besoin dans un monde qui va demander de plus en plus d'énergie, que tous nos grands champions, il n'y a pas que Total, il y a tous les acteurs de la filière nucléaire, soient en pleine forme. Ensuite, il y a comment cet argent est utilisé ? Où il est investi ? J'imagine qu'on en reparlera un autre jour.
On y reviendra effectivement. Le ministre de l'Industrie que vous êtes doit être sensible au débat sur les 35 heures. Je voudrais vous livrer la réflexion de votre collègue de la Défense, A. Juppé, qui sur son blog hier a écrit ceci : "Il faut dépasser les 35 heures, c'est une vieille idée du siècle dernier, en complet décalage avec la réalité économique d'aujourd'hui". Alors, E. Besson, je ne sais pas où vous étiez quand les 35 heures ont été appliquées, d'ailleurs ?
Je crois que j'étais député socialiste, si ma mémoire est bonne et si c'est ça que vous vouliez dire. Je les ai votées après un débat interne que vous connaissez.
"Vieille idée du siècle dernier", dit A. Juppé.
Moi ce que je crois surtout, c'est qu'il y a un point positif dans ce débat, même s'il part un peu dans tous les sens, c'est qu'il a le mérite de redire qu'il y a un lien entre compétitivité, donc coût du travail et niveau de la protection sociale. Et donc de ce point de vue-là, il est bénéfique. Alors après, qu'est-ce qu'on veut dire très exactement ? Quand M. Valls dit : "Il faut déverrouiller les 35 heures". Elles ont déjà été déverrouillées. Aujourd'hui, les 35 heures, c'est le seuil de déclenchement à partir duquel les heures supplémentaires bénéficient d'exonérations pour les salariés comme pour les entreprises, et j'ai l'impression que les deux s'en réjouissent. Et puis, il y a autre chose. Ceux qui suggèrent qu'il faut les- entre guillemets- tuer, les faire disparaître...
Donc, A. Juppé, par exemple.
Il faut dire très exactement : qu'est-ce que ça signifierait ?
Alors J.-F. Copé, qui était à votre place, hier, l'a dit : "Eh bien, ça signifie que les salariés devront travailler plus pour le salaire actuel". Donc, travailler plus pour gagner autant, c'est-à-dire moins quoi, en gros.
Moi je suis au Gouvernement et je constate une chose : c'est que cela ne figure pas à l'agenda social 2011 fixé par le Président de la République. Le Président de la République a le droit de le modifier. Il l'a fait l'année dernière pour les retraites ; et il reçoit cet après midi, les partenaires sociaux. Donc s'il voulait le faire, il pourrait. Pour l'heure, pour le ministre que je suis, ça n'est pas la feuille de route. En revanche que pour 2012, ce lien compétitivité, coût du travail, et protection sociale- moyen de financer la protection sociale- me paraît extrêmement intéressant. A condition de ne pas oublier que la maîtrise des dépenses sociales est le corollaire indispensable.
Je vais faire une dernière tentative, E. Besson : les 35 heures sont-elles "une vieille idée du siècle dernier" ?
Je ne sais pas, je me méfie des... J'avais bien compris...
C'est A. Juppé, je le répète qui pour nos auditeurs, n'auraient pas... sur son blog... Voilà...
Sur son blog, si vous voulez lui faire de la publicité : comment on va faire sur le site internet qui s'appelle colloquenouveaumonde.fr dans une minute.
Blog intéressant !"Vieille idée du siècle dernier" ?!
Moi, je me méfie des slogans. Je vous ai dit, je pense qu'il faut parler : durée du travail, salaires, compétitivité. Je n'ai pas envie d'utiliser cette expression.
On peut dire, sans être polémique, qu'il y a une division au sein du Gouvernement sur ce sujet ?
Oui, il y a probablement des sensibilités différentes, c'est-à-dire que je crois que tout le monde, à Gauche ou à Droite, dise que finalement, les 35 heures, ce n'était peut-être pas effectivement l'idée du siècle, l'idée géniale du siècle. Mais en même temps, à partir de la situation actuelle, et ce qu'a déjà fait à la demande de N. Sarkozy, le Gouvernement, les pistes d'évolution ne sont pas évidentes, convenons-en !
Vous regrettez d'avoir voté cette loi, il y a dix ans ?
Ah je crois qu'elle n'était pas la plus adaptée. Mais il faut toujours juger avec le contexte de l'époque. Le contexte de l'époque c'était une forte augmentation du chômage. Les socialistes proposaient 35 heures et emplois-jeunes. Avec le recul, on pense qu'il aurait pu être mieux fait. C'est peut-être pas la peine d'épiloguer sur 1997 en 2011 !
Il nous reste 30 secondes, E. Besson, pour évoquer le colloque qui se déroule aujourd'hui et demain, à Bercy. "Nouveau monde, nouveau capitalisme ?" Quesaco ?
Oui, comment aller vers plus de croissance ? Il ne faut pas qu'après la crise financière, la crise de l'endettement, ce soit une crise de la croissance ; et c'est F. Fillon, le Premier ministre, et le Premier ministre grec courageux et qui prend des mesures difficiles, qui viennent ouvrir ce colloque ; et comme je n'ai que vingt secondes, j'ai compris. Je voudrais redire que vos auditeurs et les internautes peuvent suivre pendant deux jours ce colloque avec beaucoup de ministres, de prix Nobel d'économie, d'experts sur le site : colloquenouveaumonde.fr
Source : Premier ministre, Service d'Information du Gouvernement, le 10 janvier 2011