Texte intégral
Mesdames, Messieurs les Ambassadeurs, Chers Amis,
Tout d'abord, je voudrais vous dire le grand plaisir que j'éprouve à vous rencontrer ici ce soir.
Soyez les bienvenus dans ce bâtiment qui est un peu le vôtre, aux vétérans de la fonction comme votre prestigieux doyen - prestigieux aussi comme écrivain - l'ambassadeur du Congo Henri Lopes, mais aussi à ceux qui sont arrivés ici plus récemment, Mesdames les Ambassadeurs du Kenya et de Tanzanie, Monsieur l'Ambassadeur d'Ethiopie, et, il y a moins d'une semaine, Monsieur l'Ambassadeur de Côte d'Ivoire. Je vous souhaite, Cher Ali Coulibaly, une bienvenue particulière, en raison de la légitimité que vous représentez et des circonstances un peu particulières dans lesquelles vous commencez à exercer vos fonctions.
Je profite de cette occasion pour souhaiter à chacun d'entre vous une belle et heureuse année. Qu'elle soit pour les pays que vous représentez synonyme de paix et de prospérité.
Dans quelques jours, le président de la République, Nicolas Sarkozy, se rendra au sommet de l'Union africaine, dont il sera l'invité d'honneur. Devant ses pairs africains, le président Sarkozy exposera sans doute les ambitions qui sont les siennes alors qu'il assume la double Présidence du G8 et du G20. Vous en avez été les témoins lors de la conférence de presse du président lundi. Les chantiers sont multiples et difficiles : la lutte contre le réchauffement climatique, la régulation financière internationale, la dimension sociale de la mondialisation, les fluctuations excessives des cours des produits alimentaires, la promotion de l'innovation, les défis d'Internet, les financements innovants pour le développement.
Dans ce dialogue planétaire - le président de la République l'a affirmé avec force au Sommet de Nice auquel nombre d'entre vous ont pris part - il faut que l'Afrique ait toute sa place. C'est l'intérêt de l'Afrique. C'est aussi celui du monde.
Dans cet esprit, les tâches que je m'assigne en tant que ministre chargé de la Coopération dans les mois qui viennent, visent essentiellement à la rénovation de la politique africaine, voulue par le président de la République. Je défends une approche moderne et réaliste des atouts (démographie, croissance), des besoins (énergie, intégration régionale, financement à long terme) et des défis (écologie, migrations interne et externe) du continent. Je souhaite orienter ma stratégie vers une vision d'intérêts partagés et de respect mutuel à l'échelle du continent : je crois qu'il faut savoir écouter tous les acteurs contribuant à la croissance de l'Afrique. Je crois aussi que notre coopération doit reposer tout d'abord sur le développement économique de l'Afrique à travers le financement du développement via des partenariats publics - privés pour la croissance et l'emploi. Ensuite, elle doit s'appuyer sur le développement social et humain qui passe par l'aide au développement (santé, éducation) et l'accompagnement des crises. L'Afrique est, ne l'oublions pas, le principal réservoir de croissance dans le monde d'aujourd'hui. De nombreux pays africains connaissent des taux d'expansion économique élevés et font figure de «pays pré-émergents».
Je suis convaincu que c'est par cette approche pragmatique que nous réussirons à promouvoir la politique de développement de la France, qui est, je le rappelle, le deuxième bailleur de fonds après les Etats-Unis.
Mais cela ne suffit pas : le développement des pays du Sud ne peut dépendre uniquement de l'aide et des seuls transferts budgétaires des pays du Nord. Dans cette perspective, la réflexion sur les financements innovants est cruciale : il faut adapter nos outils et en trouver de nouveaux, performants, si nous voulons atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Les débats vont déjà bon train autour des contributions (volontaires ou prélevées) sur les flux financiers, les transports maritimes, le tabac, la taxe sur les billets d'avion, etc. qui seront ensuite alloués au développement ou à la protection de la planète. Comme l'a dit le président, la France peut et doit se lancer, avec quelques autres pays, afin de provoquer un effet d'entrainement mondial. C'est ce que je souhaite ardemment ! Unissons nos efforts : la mobilisation du continent africain en faveur de ces initiatives est primordiale. Vous avez un rôle moteur à jouer pour donner à cette nouvelle vision du développement solidaire l'ampleur et tout l'intérêt qu'elle mérite. L'Afrique n'est pas passive, elle est un partenaire essentiel. Elle est d'abord exemplaire à bien des égards sur la mise en place de financements innovants (14 des 29 pays qui participent à UNITAID sont africains). Elle peut ensuite contribuer à optimiser l'efficacité de ces nouvelles ressources en en définissant précisément l'utilisation la plus pertinente.
Enfin, la coopération doit agir comme un amortisseur à la mondialisation. Ma mission est de relayer le président de la République et le Premier ministre lorsqu'ils portent au G8 et au G20 la vision de la France sur le développement, notamment sur des sujets tels que la sécurité alimentaire, les infrastructures essentielles (eau, énergie) et la place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale.
Dans ce défi majeur, l'Afrique a tout sa place : c'est vrai pour le G8 et le G20 eux-mêmes, c'est vrai aussi pour les institutions financières internationales, c'est vrai enfin pour le Conseil de sécurité des Nations unies. Nous savons que cela ne va pas de soi, qu'il faudra surmonter des hésitations, des réticences, parfois d'inévitables rivalités. Mais cette évolution est inéluctable. Les nouvelles techniques d'information et de communication ont pénétré le continent et ont permis à l'Afrique de sauter les étapes. Elles sont aussi, on l'a vu en Tunisie et on le voit aussi en Côte d'Ivoire, un puissant outil de diffusion des idées et de contournement des censures.
Je souhaiterais vous dire un mot des crises. Elles ne résument pas l'Afrique, elles vont au rebours de sa rapide modernisation et de sa marche vers l'intégration. Mais elles sont là. Parfois, on ne les voit pas venir. Nous devons être modestes. C'est vrai, nous n'avons pas su anticiper le changement prodigieux qui vient de se produire en Tunisie. Mais des défenseurs des droits de l'Homme m'ont avoué eux aussi qu'ils n'avaient rien discerné. Nous devons nous efforcer de mieux anticiper, de mieux en déchiffrer les prémices. C'est une priorité du ministre d'Etat des Affaires étrangères. Et quand la crise est là, nous devons nous attacher à l'aborder tous ensemble. C'est ce que nous faisons en Côte d'Ivoire. L'Afrique et ses partenaires n'ont qu'un but : aider ce pays ami à vivre normalement, avec le dirigeant qu'il s'est démocratiquement donné, et faire triompher paisiblement, dignement, sans violence ni perte de face, la légitimité de l'élection. Nous espérons toujours que la raison l'emportera et que la Côte d'Ivoire pourra se remettre, dans l'unité et la concorde retrouvées, au travail.
Il y a quand même des crises qui n'aboutissent pas à la catastrophe annoncée. Je reviens de Conakry. Le président élu a pris ses fonctions et s'est attelé à la tâche. Son concurrent moins heureux, tout en émettant de vives réserves sur le scrutin, en a accepté les résultats avec élégance. Ce pays au grand potentiel revient de loin. Il nous donne une belle leçon. Il faut maintenant qu'il poursuive dans cette voie en donnant à la représentation nationale la légitimité du peuple.
Nous entretenons aussi de grands espoirs sur l'avenir du Soudan. Les dirigeants de Khartoum comme de Jouba nous assuraient, depuis longtemps, que le referendum d'autodétermination de janvier 2011 se déroulerait à la date prévue. Beaucoup étaient sceptiques. Mais c'est bien ce qui s'est produit. Les résultats publiés, le processus sera loin d'être achevé. Les périls guetteront encore. Mais tout de même, quels progrès accomplis ! Quelle que soit l'issue du referendum, on la devine, il nous appartient à tous, Africains, et partenaires, d'aider nos amis soudanais à franchir les nouvelles étapes. La France y est décidée. C'est ce que Mme Alliot-Marie a dit au ministre soudanais des Affaires étrangères lors de sa récente visite à Paris.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chers Amis
Vous et nous, nous croyons passionnément à l'Afrique. Je sais que vous voyez lorsque vous le souhaitez mes collaborateurs, notamment dans le cadre du suivi du Sommet de Nice. Cependant, je désire que cette rencontre soit suivie de beaucoup d'autres. Nous avons, vous et nous, beaucoup à échanger, beaucoup à apprendre les uns des autres. Je souhaite bénéficier de votre sagesse et de votre expérience. Merci de servir l'Afrique à Paris. Je veux vous témoigner mon attachement personnel et ma volonté de travailler à vos côtés pour le développement et l'épanouissement de ce beau continent.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2011
Tout d'abord, je voudrais vous dire le grand plaisir que j'éprouve à vous rencontrer ici ce soir.
Soyez les bienvenus dans ce bâtiment qui est un peu le vôtre, aux vétérans de la fonction comme votre prestigieux doyen - prestigieux aussi comme écrivain - l'ambassadeur du Congo Henri Lopes, mais aussi à ceux qui sont arrivés ici plus récemment, Mesdames les Ambassadeurs du Kenya et de Tanzanie, Monsieur l'Ambassadeur d'Ethiopie, et, il y a moins d'une semaine, Monsieur l'Ambassadeur de Côte d'Ivoire. Je vous souhaite, Cher Ali Coulibaly, une bienvenue particulière, en raison de la légitimité que vous représentez et des circonstances un peu particulières dans lesquelles vous commencez à exercer vos fonctions.
Je profite de cette occasion pour souhaiter à chacun d'entre vous une belle et heureuse année. Qu'elle soit pour les pays que vous représentez synonyme de paix et de prospérité.
Dans quelques jours, le président de la République, Nicolas Sarkozy, se rendra au sommet de l'Union africaine, dont il sera l'invité d'honneur. Devant ses pairs africains, le président Sarkozy exposera sans doute les ambitions qui sont les siennes alors qu'il assume la double Présidence du G8 et du G20. Vous en avez été les témoins lors de la conférence de presse du président lundi. Les chantiers sont multiples et difficiles : la lutte contre le réchauffement climatique, la régulation financière internationale, la dimension sociale de la mondialisation, les fluctuations excessives des cours des produits alimentaires, la promotion de l'innovation, les défis d'Internet, les financements innovants pour le développement.
Dans ce dialogue planétaire - le président de la République l'a affirmé avec force au Sommet de Nice auquel nombre d'entre vous ont pris part - il faut que l'Afrique ait toute sa place. C'est l'intérêt de l'Afrique. C'est aussi celui du monde.
Dans cet esprit, les tâches que je m'assigne en tant que ministre chargé de la Coopération dans les mois qui viennent, visent essentiellement à la rénovation de la politique africaine, voulue par le président de la République. Je défends une approche moderne et réaliste des atouts (démographie, croissance), des besoins (énergie, intégration régionale, financement à long terme) et des défis (écologie, migrations interne et externe) du continent. Je souhaite orienter ma stratégie vers une vision d'intérêts partagés et de respect mutuel à l'échelle du continent : je crois qu'il faut savoir écouter tous les acteurs contribuant à la croissance de l'Afrique. Je crois aussi que notre coopération doit reposer tout d'abord sur le développement économique de l'Afrique à travers le financement du développement via des partenariats publics - privés pour la croissance et l'emploi. Ensuite, elle doit s'appuyer sur le développement social et humain qui passe par l'aide au développement (santé, éducation) et l'accompagnement des crises. L'Afrique est, ne l'oublions pas, le principal réservoir de croissance dans le monde d'aujourd'hui. De nombreux pays africains connaissent des taux d'expansion économique élevés et font figure de «pays pré-émergents».
Je suis convaincu que c'est par cette approche pragmatique que nous réussirons à promouvoir la politique de développement de la France, qui est, je le rappelle, le deuxième bailleur de fonds après les Etats-Unis.
Mais cela ne suffit pas : le développement des pays du Sud ne peut dépendre uniquement de l'aide et des seuls transferts budgétaires des pays du Nord. Dans cette perspective, la réflexion sur les financements innovants est cruciale : il faut adapter nos outils et en trouver de nouveaux, performants, si nous voulons atteindre les Objectifs du Millénaire pour le Développement. Les débats vont déjà bon train autour des contributions (volontaires ou prélevées) sur les flux financiers, les transports maritimes, le tabac, la taxe sur les billets d'avion, etc. qui seront ensuite alloués au développement ou à la protection de la planète. Comme l'a dit le président, la France peut et doit se lancer, avec quelques autres pays, afin de provoquer un effet d'entrainement mondial. C'est ce que je souhaite ardemment ! Unissons nos efforts : la mobilisation du continent africain en faveur de ces initiatives est primordiale. Vous avez un rôle moteur à jouer pour donner à cette nouvelle vision du développement solidaire l'ampleur et tout l'intérêt qu'elle mérite. L'Afrique n'est pas passive, elle est un partenaire essentiel. Elle est d'abord exemplaire à bien des égards sur la mise en place de financements innovants (14 des 29 pays qui participent à UNITAID sont africains). Elle peut ensuite contribuer à optimiser l'efficacité de ces nouvelles ressources en en définissant précisément l'utilisation la plus pertinente.
Enfin, la coopération doit agir comme un amortisseur à la mondialisation. Ma mission est de relayer le président de la République et le Premier ministre lorsqu'ils portent au G8 et au G20 la vision de la France sur le développement, notamment sur des sujets tels que la sécurité alimentaire, les infrastructures essentielles (eau, énergie) et la place de l'Afrique dans la gouvernance mondiale.
Dans ce défi majeur, l'Afrique a tout sa place : c'est vrai pour le G8 et le G20 eux-mêmes, c'est vrai aussi pour les institutions financières internationales, c'est vrai enfin pour le Conseil de sécurité des Nations unies. Nous savons que cela ne va pas de soi, qu'il faudra surmonter des hésitations, des réticences, parfois d'inévitables rivalités. Mais cette évolution est inéluctable. Les nouvelles techniques d'information et de communication ont pénétré le continent et ont permis à l'Afrique de sauter les étapes. Elles sont aussi, on l'a vu en Tunisie et on le voit aussi en Côte d'Ivoire, un puissant outil de diffusion des idées et de contournement des censures.
Je souhaiterais vous dire un mot des crises. Elles ne résument pas l'Afrique, elles vont au rebours de sa rapide modernisation et de sa marche vers l'intégration. Mais elles sont là. Parfois, on ne les voit pas venir. Nous devons être modestes. C'est vrai, nous n'avons pas su anticiper le changement prodigieux qui vient de se produire en Tunisie. Mais des défenseurs des droits de l'Homme m'ont avoué eux aussi qu'ils n'avaient rien discerné. Nous devons nous efforcer de mieux anticiper, de mieux en déchiffrer les prémices. C'est une priorité du ministre d'Etat des Affaires étrangères. Et quand la crise est là, nous devons nous attacher à l'aborder tous ensemble. C'est ce que nous faisons en Côte d'Ivoire. L'Afrique et ses partenaires n'ont qu'un but : aider ce pays ami à vivre normalement, avec le dirigeant qu'il s'est démocratiquement donné, et faire triompher paisiblement, dignement, sans violence ni perte de face, la légitimité de l'élection. Nous espérons toujours que la raison l'emportera et que la Côte d'Ivoire pourra se remettre, dans l'unité et la concorde retrouvées, au travail.
Il y a quand même des crises qui n'aboutissent pas à la catastrophe annoncée. Je reviens de Conakry. Le président élu a pris ses fonctions et s'est attelé à la tâche. Son concurrent moins heureux, tout en émettant de vives réserves sur le scrutin, en a accepté les résultats avec élégance. Ce pays au grand potentiel revient de loin. Il nous donne une belle leçon. Il faut maintenant qu'il poursuive dans cette voie en donnant à la représentation nationale la légitimité du peuple.
Nous entretenons aussi de grands espoirs sur l'avenir du Soudan. Les dirigeants de Khartoum comme de Jouba nous assuraient, depuis longtemps, que le referendum d'autodétermination de janvier 2011 se déroulerait à la date prévue. Beaucoup étaient sceptiques. Mais c'est bien ce qui s'est produit. Les résultats publiés, le processus sera loin d'être achevé. Les périls guetteront encore. Mais tout de même, quels progrès accomplis ! Quelle que soit l'issue du referendum, on la devine, il nous appartient à tous, Africains, et partenaires, d'aider nos amis soudanais à franchir les nouvelles étapes. La France y est décidée. C'est ce que Mme Alliot-Marie a dit au ministre soudanais des Affaires étrangères lors de sa récente visite à Paris.
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chers Amis
Vous et nous, nous croyons passionnément à l'Afrique. Je sais que vous voyez lorsque vous le souhaitez mes collaborateurs, notamment dans le cadre du suivi du Sommet de Nice. Cependant, je désire que cette rencontre soit suivie de beaucoup d'autres. Nous avons, vous et nous, beaucoup à échanger, beaucoup à apprendre les uns des autres. Je souhaite bénéficier de votre sagesse et de votre expérience. Merci de servir l'Afrique à Paris. Je veux vous témoigner mon attachement personnel et ma volonté de travailler à vos côtés pour le développement et l'épanouissement de ce beau continent.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 28 janvier 2011