Texte intégral
Q - Avant de parler de ce qui s'est passé hier en Egypte, je voudrais que l'on revienne sur le cas de Florence Cassez, cette Française détenue au Mexique. Le dernier recours a été refusé cette nuit par les Mexicains. Vous êtes choquée par ce qui s'est passé ?
R - Je suis choquée. C'est un véritable déni de justice. Aujourd'hui, bien sûr, je pense d'abord à Florence Cassez et à sa famille. Je ne peux pas admettre cette décision inique, alors que de nombreux éléments ont démontré, de façon très concrète, qu'il y avait eu un montage policier, que la procédure avait été totalement irrégulière, qu'il n'y avait pas eu d'enquête. Alors que l'on a vu pendant toute cette procédure que tous les témoins à décharge avaient été écartés, que les témoignages à charge avaient démontré leur totale incohérence, que le nombre de personnes qui ont montré que cette enquête ne s'était pas faite normalement, qu'il y avait eu de la manipulation, qu'il y avait eu des pressions. Alors même que des autorités, telles que les autorité religieuses, ont dit effectivement que ce qui s'était passé n'était pas normal. On a une décision qui est une décision inique.
Q - Mais comment expliquez-vous cette décision ? Vous parliez de pressions...
R - Je pense, effectivement que les conditions dans lesquelles cette décision a été prise ne sont pas dignes d'un Etat de droit. Et je le dirai tout à l'heure à l'ambassadeur du Mexique qui viendra me voir à 11h. Je le lui ai demandé cette nuit, parce que c'est tout à fait intolérable et il est évident que cela aura des conséquences sur les relations entre la France et le Mexique.
Q - Alors justement à propos de ces relations, cette année c'est l'année du Mexique en France. Faut-il annuler cette manifestation ?
R - Il ne s'agit pas de l'annuler en soi mais il est évident que je ne participerai à aucune de ces manifestations. Je pense que ces manifestations seront peut-être aussi l'occasion pour des Français d'exprimer ce qu'ils pensent de la situation.
Q - Que peut faire le gouvernement français pour Florence Cassez ? Peut-on imaginer qu'il demande par exemple sa grâce au président mexicain ?
R - Je vais recevoir les avocats de Florence Cassez. Il est évident que nous ne l'abandonnerons pas, il n'en est pas question. Nous allons regarder ensemble quelles sont toutes les voies de droit national ou international qui peuvent être mise en oeuvre. Florence a été jugée dans des conditions qui ne sont pas admissibles. C'est un déni de vérité, c'est un déni de justice. Eh bien nous la soutiendrons et nous la soutiendrons jusqu'au bout.
Q - Sur l'Egypte. Beaucoup attendaient une démission du président Moubarak, certains l'avaient même annoncée. Finalement, il délègue des pouvoirs mais il reste. Que pensez-vous de cette position du président ?
R - Nous sommes extrêmement attentifs à ce qui se passe en Egypte. L'Egypte est un très grand pays, très peuplé. C'est également un pays charnière, un pays clé dans la situation de cette région, ô combien instable et ô combien difficile. Je rappelle que l'Egypte joue un rôle clé dans le processus de paix entre Israël et la Palestine. L'Egypte a reconnu Israël, a accepté de faire la paix.
Nous avons appelé à un processus de transition politique qui soit un processus serein. Il y a effectivement des éléments. Le président Moubarak a, au fur et à mesure, transféré ses pouvoirs au vice-président. Le vice-président a commandé, organisé la commission qui est justement chargée de la mise en place des réformes constitutionnelles souhaitées par les Egyptiens. Est-ce que cela est suffisant ? Nous voyons qu'il y a encore beaucoup de manifestations dans les rues et notamment des manifestants qui demandent le départ du président Moubarak et qui demandent des réformes politiques, mais également économiques.
Q - Justement, vous ne croyez pas qu'il va y avoir de nouvelles violences ? Parce que les manifestants du Caire demandaient la démission du président Moubarak...
R - Nous, ce que nous souhaitons, c'est qu'il n'y ait pas de violences. Il est évident que voir des morts dans des manifestations, c'est quelque chose qui nous choque profondément, qui me choque profondément. Je pense que chacun doit pouvoir exprimer ses aspirations, ses idées, ses refus aussi d'ailleurs, sans mettre en jeu sa vie. C'est ce que nous souhaitons pour l'Egypte et nous avons déjà dit que nous sommes prêts à accompagner l'Egypte, si elle le souhaite. Ce n'est pas à nous de décider à la place des Egyptiens mais, si s'ils le souhaitent, nous sommes prêts à les accompagner dans cette période de transition.
Q - Mais vous ne demandez pas la démission du président Moubarak un peu comme ont l'air de le souhaiter les Etats-Unis et le président Obama ?
R - Je crois qu'il faut être respectueux et c'est l'une des caractéristiques de la France et de sa politique étrangère. Nous sommes aux côtés des peuples, nous sommes prêts à les accompagner, nous n'avons pas à décider à leur place.
La démocratie est le respect de l'autre, ce n'est pas de dire qui doit diriger où comment les choses doivent se faire.
Q - Et c'est ce que font les Américains ?
R - Je dirai que c'est en tout cas ressenti comme tel dans certains pays.
Q - Pensez-vous que les Américains auraient été un peu vite en besogne ?
R - Je ne sais pas s'il s'agit d'aller vite, je dis simplement qu'il faut faire très attention. Que penseriez-vous si, de l'extérieur, les dirigeants d'un autre pays vous disaient voilà qui doit vous diriger ou voilà qui vous devez écarter ?
Q - Concernant la Tunisie, avez-vous le sentiment que la situation est en cours de normalisation ?
R - Je pense en effet que, même s'il demeure un certain nombre de tensions dans certaines parties du pays et notamment dans les zones où la situation économique et sociale est la plus tendue, il y a aujourd'hui un apaisement, il y a un certain nombre de progrès.
J'en parle très régulièrement avec mon homologue, le ministre tunisien des Affaires étrangères et avec d'autres ministres aussi puisque ce que nous souhaitons, c'est pouvoir accompagner la Tunisie, là aussi, dans son processus de transition démocratique et également de développement économique.
En ce sens, nous espérons pouvoir très prochainement lever les restrictions de voyages, les restrictions de tourisme notamment sur un certain nombre de villes côtières, un certain nombre de villes touristiques parce que le tourisme est un élément économique important, créateurs de très nombreux emplois en Tunisie. Il est évident que nous souhaitons soutenir la Tunisie en ce sens.
Q - Concernant votre voyage en Tunisie, le président de la République a dit qu'il comprenait que cela ait pu choquer. Le comprenez-vous aussi ?
R - Oui effectivement. Vous savez, a postériori, c'est souvent facile de juger a postériori. Il est évident que c'était maladroit, je l'ai dit moi-même et je le regrette. Ceci dit, le président a également souligné deux choses,
La première, c'est qu'il n'y avait pas eu un sou d'argent public français ou tunisien dépensé dans ces vacances que j'ai réglées moi-même. Deuxièmement, il a confirmé que cela n'avait influencé en rien la position de la France, que cela n'avait en rien porté atteinte à l'image de la France en Tunisie et je vous disais les relations que j'ai quasi quotidiennement avec mes homologues tunisiens.
Il a donc considéré qu'il n'y avait pas de faute, dans le même temps, il a fixé un certain nombre de règles pour les vacances des ministres dans l'avenir et il est évidement que, comment tous les membres du gouvernement, je m'y arrêterai et je les respecterai.
Q - Juste un mot sur la vente de l'avion Rafale au Brésil. Cette vente est-elle définitivement compromise ?
R - Certainement pas et d'ailleurs il y avait eu des rumeurs en ce sens qui ont toutes été démenties, y compris par la Présidence elle-même. Je pense que c'est là l'un des points, comme vous le savez, nous avons un très bel avion, je pense que cela correspond également à notre volonté d'avoir des relations avec le Brésil et par la même, de créer aussi, en faisant reconnaître les qualités françaises, des emplois. Nous sommes bien là au coeur de la prestation du président de la République.
J'irai bien entendu au Brésil d'ici une dizaine de jours mais ce qui est effectivement important, c'est de montrer la qualité des technologies françaises et ainsi de défendre l'emploi des Français. Nous avons vu hier, à l'occasion m'a-t-il semblé, de la remarquable émission du président de la République que c'était une préoccupation majeure des Français et une préoccupation majeure du président de la République. Vous avez peu parlé de l'émission du président, moi je crois qu'elle était extrêmement intéressante parce que les Français pouvaient, à travers ce panel, exprimer leurs préoccupations, leur enthousiasme que nous avons vu à travers un médecin, une pharmacienne, même un agriculteur ou un soudeur.
Le président de la République a répondu à ces préoccupations des Français, à ces craintes des Français devant l'avenir, il l'a fait d'une façon claire, d'une façon pédagogique en expliquant ce que sont les grands enjeux de la concurrence mondiale où se trouve, par la force des choses la France, en apportant des réponses, en montrant qu'il existait en effet des difficultés mais comment par ailleurs, sa volonté de réformes pour la France devait permettre à notre pays de développer ses atouts afin de permettre aux Français d'envisager l'avenir avec davantage de confiance.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 février 2011
R - Je suis choquée. C'est un véritable déni de justice. Aujourd'hui, bien sûr, je pense d'abord à Florence Cassez et à sa famille. Je ne peux pas admettre cette décision inique, alors que de nombreux éléments ont démontré, de façon très concrète, qu'il y avait eu un montage policier, que la procédure avait été totalement irrégulière, qu'il n'y avait pas eu d'enquête. Alors que l'on a vu pendant toute cette procédure que tous les témoins à décharge avaient été écartés, que les témoignages à charge avaient démontré leur totale incohérence, que le nombre de personnes qui ont montré que cette enquête ne s'était pas faite normalement, qu'il y avait eu de la manipulation, qu'il y avait eu des pressions. Alors même que des autorités, telles que les autorité religieuses, ont dit effectivement que ce qui s'était passé n'était pas normal. On a une décision qui est une décision inique.
Q - Mais comment expliquez-vous cette décision ? Vous parliez de pressions...
R - Je pense, effectivement que les conditions dans lesquelles cette décision a été prise ne sont pas dignes d'un Etat de droit. Et je le dirai tout à l'heure à l'ambassadeur du Mexique qui viendra me voir à 11h. Je le lui ai demandé cette nuit, parce que c'est tout à fait intolérable et il est évident que cela aura des conséquences sur les relations entre la France et le Mexique.
Q - Alors justement à propos de ces relations, cette année c'est l'année du Mexique en France. Faut-il annuler cette manifestation ?
R - Il ne s'agit pas de l'annuler en soi mais il est évident que je ne participerai à aucune de ces manifestations. Je pense que ces manifestations seront peut-être aussi l'occasion pour des Français d'exprimer ce qu'ils pensent de la situation.
Q - Que peut faire le gouvernement français pour Florence Cassez ? Peut-on imaginer qu'il demande par exemple sa grâce au président mexicain ?
R - Je vais recevoir les avocats de Florence Cassez. Il est évident que nous ne l'abandonnerons pas, il n'en est pas question. Nous allons regarder ensemble quelles sont toutes les voies de droit national ou international qui peuvent être mise en oeuvre. Florence a été jugée dans des conditions qui ne sont pas admissibles. C'est un déni de vérité, c'est un déni de justice. Eh bien nous la soutiendrons et nous la soutiendrons jusqu'au bout.
Q - Sur l'Egypte. Beaucoup attendaient une démission du président Moubarak, certains l'avaient même annoncée. Finalement, il délègue des pouvoirs mais il reste. Que pensez-vous de cette position du président ?
R - Nous sommes extrêmement attentifs à ce qui se passe en Egypte. L'Egypte est un très grand pays, très peuplé. C'est également un pays charnière, un pays clé dans la situation de cette région, ô combien instable et ô combien difficile. Je rappelle que l'Egypte joue un rôle clé dans le processus de paix entre Israël et la Palestine. L'Egypte a reconnu Israël, a accepté de faire la paix.
Nous avons appelé à un processus de transition politique qui soit un processus serein. Il y a effectivement des éléments. Le président Moubarak a, au fur et à mesure, transféré ses pouvoirs au vice-président. Le vice-président a commandé, organisé la commission qui est justement chargée de la mise en place des réformes constitutionnelles souhaitées par les Egyptiens. Est-ce que cela est suffisant ? Nous voyons qu'il y a encore beaucoup de manifestations dans les rues et notamment des manifestants qui demandent le départ du président Moubarak et qui demandent des réformes politiques, mais également économiques.
Q - Justement, vous ne croyez pas qu'il va y avoir de nouvelles violences ? Parce que les manifestants du Caire demandaient la démission du président Moubarak...
R - Nous, ce que nous souhaitons, c'est qu'il n'y ait pas de violences. Il est évident que voir des morts dans des manifestations, c'est quelque chose qui nous choque profondément, qui me choque profondément. Je pense que chacun doit pouvoir exprimer ses aspirations, ses idées, ses refus aussi d'ailleurs, sans mettre en jeu sa vie. C'est ce que nous souhaitons pour l'Egypte et nous avons déjà dit que nous sommes prêts à accompagner l'Egypte, si elle le souhaite. Ce n'est pas à nous de décider à la place des Egyptiens mais, si s'ils le souhaitent, nous sommes prêts à les accompagner dans cette période de transition.
Q - Mais vous ne demandez pas la démission du président Moubarak un peu comme ont l'air de le souhaiter les Etats-Unis et le président Obama ?
R - Je crois qu'il faut être respectueux et c'est l'une des caractéristiques de la France et de sa politique étrangère. Nous sommes aux côtés des peuples, nous sommes prêts à les accompagner, nous n'avons pas à décider à leur place.
La démocratie est le respect de l'autre, ce n'est pas de dire qui doit diriger où comment les choses doivent se faire.
Q - Et c'est ce que font les Américains ?
R - Je dirai que c'est en tout cas ressenti comme tel dans certains pays.
Q - Pensez-vous que les Américains auraient été un peu vite en besogne ?
R - Je ne sais pas s'il s'agit d'aller vite, je dis simplement qu'il faut faire très attention. Que penseriez-vous si, de l'extérieur, les dirigeants d'un autre pays vous disaient voilà qui doit vous diriger ou voilà qui vous devez écarter ?
Q - Concernant la Tunisie, avez-vous le sentiment que la situation est en cours de normalisation ?
R - Je pense en effet que, même s'il demeure un certain nombre de tensions dans certaines parties du pays et notamment dans les zones où la situation économique et sociale est la plus tendue, il y a aujourd'hui un apaisement, il y a un certain nombre de progrès.
J'en parle très régulièrement avec mon homologue, le ministre tunisien des Affaires étrangères et avec d'autres ministres aussi puisque ce que nous souhaitons, c'est pouvoir accompagner la Tunisie, là aussi, dans son processus de transition démocratique et également de développement économique.
En ce sens, nous espérons pouvoir très prochainement lever les restrictions de voyages, les restrictions de tourisme notamment sur un certain nombre de villes côtières, un certain nombre de villes touristiques parce que le tourisme est un élément économique important, créateurs de très nombreux emplois en Tunisie. Il est évident que nous souhaitons soutenir la Tunisie en ce sens.
Q - Concernant votre voyage en Tunisie, le président de la République a dit qu'il comprenait que cela ait pu choquer. Le comprenez-vous aussi ?
R - Oui effectivement. Vous savez, a postériori, c'est souvent facile de juger a postériori. Il est évident que c'était maladroit, je l'ai dit moi-même et je le regrette. Ceci dit, le président a également souligné deux choses,
La première, c'est qu'il n'y avait pas eu un sou d'argent public français ou tunisien dépensé dans ces vacances que j'ai réglées moi-même. Deuxièmement, il a confirmé que cela n'avait influencé en rien la position de la France, que cela n'avait en rien porté atteinte à l'image de la France en Tunisie et je vous disais les relations que j'ai quasi quotidiennement avec mes homologues tunisiens.
Il a donc considéré qu'il n'y avait pas de faute, dans le même temps, il a fixé un certain nombre de règles pour les vacances des ministres dans l'avenir et il est évidement que, comment tous les membres du gouvernement, je m'y arrêterai et je les respecterai.
Q - Juste un mot sur la vente de l'avion Rafale au Brésil. Cette vente est-elle définitivement compromise ?
R - Certainement pas et d'ailleurs il y avait eu des rumeurs en ce sens qui ont toutes été démenties, y compris par la Présidence elle-même. Je pense que c'est là l'un des points, comme vous le savez, nous avons un très bel avion, je pense que cela correspond également à notre volonté d'avoir des relations avec le Brésil et par la même, de créer aussi, en faisant reconnaître les qualités françaises, des emplois. Nous sommes bien là au coeur de la prestation du président de la République.
J'irai bien entendu au Brésil d'ici une dizaine de jours mais ce qui est effectivement important, c'est de montrer la qualité des technologies françaises et ainsi de défendre l'emploi des Français. Nous avons vu hier, à l'occasion m'a-t-il semblé, de la remarquable émission du président de la République que c'était une préoccupation majeure des Français et une préoccupation majeure du président de la République. Vous avez peu parlé de l'émission du président, moi je crois qu'elle était extrêmement intéressante parce que les Français pouvaient, à travers ce panel, exprimer leurs préoccupations, leur enthousiasme que nous avons vu à travers un médecin, une pharmacienne, même un agriculteur ou un soudeur.
Le président de la République a répondu à ces préoccupations des Français, à ces craintes des Français devant l'avenir, il l'a fait d'une façon claire, d'une façon pédagogique en expliquant ce que sont les grands enjeux de la concurrence mondiale où se trouve, par la force des choses la France, en apportant des réponses, en montrant qu'il existait en effet des difficultés mais comment par ailleurs, sa volonté de réformes pour la France devait permettre à notre pays de développer ses atouts afin de permettre aux Français d'envisager l'avenir avec davantage de confiance.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 février 2011