Texte intégral
Monsieur le président, cher Pierre CHEVALIER,
Messieurs les députés, cher François SAUVADET, cher Jean-Paul ANCIAUX,
Monsieur le président, cher François PATRIAT,
Monsieur le maire d'Autun,
Chers amis,
Vous me demandez de faire du terrain en Saône-et-Loire, je le fais très volontiers, c'est la troisième fois que je viens dans le bassin allaitant, je serai très heureux d'y revenir une quatrième ou une cinquième fois, je reviendrai tant que les difficultés n'auront pas été réglées. Je reviendrai tant que vous n'aurez pas le revenu dont vous avez besoin pour vivre correctement. Le bassin allaitant, je peux rester là, y passer la fin de ma semaine, parlons sérieusement, je partage entièrement l'appréciation qui a été portée par Pierre CHEVALIER.
Je suis là pour vous tenir un discours de vérité sinon autant rester à Paris ou ailleurs. Le discours de vérité, c'est que si les choses progressent dans l'ensemble de l'agriculture française, il y a une filière où la situation reste préoccupante, une filière où le revenu reste trop bas, une filière où le revenu n'a pas augmenté en 2010, c'est la votre, c'est la filière bovine. Il y a trop de misère dans l'élevage, trop de difficultés et depuis des années. Depuis des années qu'on vous tient, permettez-moi de vous le dire au passage d'un discours de compassion, où à coups de subventions ici ou là, on vous explique qu'on va s'en sortir alors même que ce n'est pas la solution. Et je suis là au risque de déplaire à certains pour vous tenir un discours de vérité, pas un discours de compassion. Je suis là pour vous parler des choses qui fâchent comme le dit très bien votre président Pierre CHEVALIER et vous dire que depuis des années un certain nombre de décisions qui auraient dû être prises, ne l'ont pas été, qu'un certain nombre de choix économiques qui auraient dû être faits ne l'ont pas été et que si votre revenu reste aussi bas, c'est peut-être parce qu'on ne s'est pas penché suffisamment sur les difficultés structurelles de la filière pour y apporter enfin des réponses. Et mon cap je n'en dévierai pas, c'est celui des réponses structurelles pour chaque filière de l'agriculture française. Car toute autre solution, c'est accepter de laisser des filières mourir à petit feu, c'est accepter que nos voisins prennent des parts de marché à notre place, c'est accepter que systématiquement dans une filière, ce soit les industriels, les distributeurs qui prennent la part des revenus à la place des producteurs.
La première des difficultés, c'est le prix. J'en ai parfaitement conscience. Il n'est pas acceptable que le prix du kilo de viande bovine ou porcine soit payé ce qu'il est aujourd'hui. Il n'est pas acceptable que le coût de référence pour la viande bovine, ce soit la vache de réforme, quand vous faites des races à viande de la qualité de celles que vous arrivez à produire. Cela fait des semaines qu'on se bat avec Pierre CHEVALIER, avec Dominique LANGLOIS, avec l'interprofession pour essayer de faire remonter les prix et faire en sorte que la situation s'améliore. Ça ne va pas assez vite, ça ne suffit pas, mais j'aimerais simplement, puisque je suis ici une fois encore pour vous tenir un discours de vérité, que chacun prenne ses responsabilités, certains industriels jouent le jeu, d'autres non. Certains industriels font du dégagement de carcasses, d'autres en font venir de pays étrangers, d'Allemagne ou d'ailleurs pour continuer à faire baisser les prix. Certaines entreprises ont accepté de jouer le jeu, d'autres ne le jouent pas. Et s'il faut publiquement expliquer qui joue le jeu pour remonter les cours dans la filière bovine et qui ne le joue pas, je n'hésiterai pas à le faire dans les jours qui viennent, car je n'accepterai pas que systématiquement ce soit le ministre et les pouvoirs publics qui se battent depuis des semaines pour faire remonter vos cours, qui soient pointés du doigt, alors que certains jouent les plus fins dans la filière pour continuer à garantir leurs revenus parce qu'ils n'ont pas été capables de faire les efforts nécessaires pour restructurer leur industrie, soyons clair sur ce point.
Deuxième chose sur laquelle je tiens à insister, faire remonter les prix, c'est accepter aussi de tenir un discours de vérité avec les consommateurs. Pour moi ministre, ce serait plus simple d'aller expliquer aux consommateurs, qui - permettez-moi de vous le dire sont plus nombreux que les éleveurs bovins - que le prix de la viande ne bougera pas. J'ai accepté de dire que le prix de la viande allait augmenter. J'ai accepté de réunir hier l'ensemble des acteurs de la filière industrielle et les distributeurs pour demander aux distributeurs de répercuter immédiatement la hausse des prix des coûts de production sur les prix des viandes bovines. Ils l'ont accepté, ils répercuteront dès aujourd'hui les augmentations sur les rayonnages, ça aussi c'est un discours de vérité. Une fois encore, il aurait été plus facile et plus simple pour moi d'aller expliquer aux consommateurs que les prix ne bougeraient pas, de rester tranquillement chez moi à Paris et de ne pas venir à Autun vous tenir ce discours de vérité.
Augmenter le prix de la viande, c'est donc faire en sorte que les coûts de production qui augmentent soient répercutés sur le coût de vente. Je ferai vérifier par la direction générale de la répression des fraudes que les engagements qui ont été pris par les distributeurs sur la répercussion des coûts soient dès aujourd'hui applicables dans tous les rayonnages des distributeurs qui s'y sont engagés. Faire remonter les prix, c'est aussi valoriser la viande bovine. C'est un sujet que Pierre CHEVALIER n'a pas évoqué, sur lequel il a jeté soigneusement un poil pudique. Là aussi, disons les choses comme elles sont et mettons les pieds dans le plat, pas la peine de s'enfermer sur notre façon de voir les choses, pas la peine de faire comme si le reste du monde, le reste des consommateurs n'existaient pas. Vous faites l'objet d'attaques répétées, d'attaques violentes contre la consommation de viande bovine, il faut résister à ces attaques, il faut lutter contre, je le fais. Je n'hésite pas à dire que la consommation de viande bovine fait partie de l'équilibre nutritionnel français. Je n'hésite pas à dire qu'il est scandaleux de tirer prétexte de faux arguments sanitaires pour faire croire que la viande bovine pose des problèmes à la santé humaine, alors que même les plus grands spécialistes, quelqu'un comme le professeur David KHAYAT qui s'est exprimé à la France agricole il y a quelques jours, soulignait que la consommation de viande bovine ne posait aucune difficulté à la santé humaine, qu'il n'existait aucun lien entre la consommation de viande bovine et la prétendue augmentation de cancers dans n'importe quelle population en France ou ailleurs et qu'au contraire la consommation de la viande bovine pouvait être favorable à la santé humaine. Je le dis ici, je le redirai publiquement, ça aussi, c'est vous défendre contre les attaques de la viande bovine, il faut souligner la nécessité de soutenir la consommation de cette viande.
Toujours sur la question des prix, il faut améliorer - oui c'est la couverture des Inrockuptibles, j'ai eu l'occasion de m'en expliquer avec les journalistes concernés - mais je vous dis je suis là pour mettre les pieds dans le plat, comme vous le demande votre président Pierre CHEVALIER et je suis là pour vous parler des choses qui fâchent, pas pour faire comme si tout allait bien. Faire remonter le prix, c'est donc se battre avec les distributeurs, se battre avec les industriels, en particulier ceux qui ne jouent pas le jeu et permettez-moi de dire que ceux qui auraient vocation à jouer le plus le jeu en la mati??re, je veux dire les coopératives, ne sont pas toujours celles qui jouent le mieux le jeu avec vous en matière de remontée des prix.
Faire remonter les prix, c'est aussi défendre l'étiquetage de la viande bovine française. Le consommateur est sensible à cet étiquetage. Je crois dans l'étiquetage « viande bovine française », je continuerai à me battre pour qu'il devienne systématique et nous ferons en sorte qu'il soit davantage valorisé dans les rayons de la grande distribution, nous le dirons aux Français, je mettrai cinq millions d'euros sur les campagnes de publicité à la télévision pour valoriser la viande bovine française, parce que défendre les prix c'est aussi défendre la qualité des produits que vous réalisez.
Faire remonter les prix, c'est aussi favoriser les débouchés à l'exportation - Pierre CHEVALIER l'a dit - je me suis battu avec la Russie pour qu'elle lève l'embargo sur la viande bovine française. Elle a levé l'embargo sur la viande bovine française qui était depuis cinq ans en activité en Russie. Vous avez désormais des débouchés en Russie, vous pouvez les saisir et je suis là pour vous aider à les obtenir. Nous aurons les mêmes résultats sur l'Algérie et je vous annonce qu'en Algérie un nouveau certificat sanitaire a été signé mardi entre les chefs des services vétérinaires. Vous n'aurez donc plus besoin que les mères soient certifiées « vaccinées contre la FCO » pour exporter vos produits vers l'Algérie. Nous avons ré-ouvert les marchés Libanais et Egyptien, nous rouvrirons les marchés en Turquie et sur les marchés Kazakhs. Tout ce qui pourra être fait pour l'export nous le ferons. Vous demandez la mise en place d'un GIE pour l'export, nous soutiendrons la mise en place d'un GIE pour l'export, pour favoriser le placement des viandes bovines françaises à l'étranger.
Faire remonter les prix, c'est aussi naturellement vous permettre d'avoir les soutiens à la trésorerie dont vous avez besoin immédiatement. Vous avez demandé que le solde de la part nationale à la prime à la vache allaitante vous soit versée, le solde vous sera versé aujourd'hui avec un mois d'avance, cela représente 66 millions d'euros versés aujourd'hui, concerne 88 000 éleveurs et représente 95 % des dossiers. Vous toucherez... Ah ! C'est toujours la même chose : on annonce un truc positif et on réclame le suivant ! Vous avez raison, vous avez raison... On ne demande jamais suffisamment au Gouvernement... Profitez-en pendant que je suis là ! Je vous annonce donc que vous toucherez le solde de la PMTVA le 15 mars, soit trois mois avant la date habituelle du versement. Par ailleurs, je serai vigilant sur toutes les nouvelles charges que des technocrates bien inspirés pourraient inventer, je pense en particulier à la question très difficile du nouveau fuel qui a été abordée par Pierre CHEVALIER. Nouveau fuel ça veut dire nouvelle cuve, nouvelle cuve cela veut dire nouvelle dépense : les éleveurs de bovins ne peuvent supporter la moindre nouvelle dépense dans les mois ou les années à venir.
Il faut faire remonter le prix, il faut aussi gagner en compétitivité, et je ne suis pas là, Pierre CHEVALIER je le redis avec beaucoup d'humilité, je ne suis pas là pour faire la leçon à qui que ce soit, je suis là simplement pour tracer un cap qui vous permettra de vous en sortir. La compétitivité c'est d'abord les coûts de production, on a fait le nécessaire pour le travail occasionnel et ne disons pas que rien n'a été fait. Je rappelle que les décisions qui ont été prises par le Gouvernement pour réduire le coût du travail occasionnel dans l'agriculture représentent désormais un demi-milliard d'euros de dépenses publiques par an. Simplement, vous le travail occasionnel, ça vous concerne peu, ce qui compte c'est le travail permanent : Bernard REYNÈS me remettra un rapport sur ce sujet en juin sur la réduction du coût du travail permanent en agriculture. Je souhaite que les conclusions de ce rapport soient mises en oeuvre dans les meilleurs délais et je souhaite que chacun prenne conscience en France que, si nous ne résolvons pas ce problème du coût du travail dans l'agriculture, il se passera dans l'agriculture ce qui s'est passé dans l'industrie : des délocalisations, des fermetures d'exploitations et la ruine de milliers d'exploitants. Il y a urgence à agir sous le coup du travail permanent dans l'agriculture française, que cela plaise à certains ou non.
Nous devons aussi réduire le coût de l'énergie et améliorer les performances énergétiques des exploitants, je retiens votre message sur le photovoltaïque et notamment sur l'installation des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments d'élevage : vous dites que je ne me bats pas assez, message reçu. Je le transmettrai au Premier ministre avant que les arbitrages soient rendus sur le sujet. Que cela ne nous interdise pas de développer la méthanisation en augmentant le tarif de rachat du biogaz, c'est vital pour un certain nombre d'élevages. Il n'est pas normal qu'il y ait plus de quatre mille installations de méthanisation en Allemagne parce que le tarif de rachat du biogaz est le double de celui qui existe en France et qu'en France nous en ayons à peine une dizaine d'installées, parce que le coût est trop élevé par rapport au tarif de rachat du biogaz. Nous devons augmenter le tarif de rachat du biogaz en France pour vous permettre d'installer la méthanisation.
Il faut bien entendu, pour gagner en compétitivité, poursuivre la modernisation des bâtiments. Nous maintiendrons les crédits à la modernisation des bâtiments d'élevage. Il faut également - et je sais que le sujet est délicat, vous l'avez aussi abordé - maintenir le même niveau de sécurité sanitaire. La sécurité sanitaire c'est un investissement pour la filière, c'est la réputation de la filière qui est en jeu et c'est la consommation de viande dont je vous ai parlée auparavant qui est, elle aussi, en jeu. On a reconnu l'acte vétérinaire pour les éleveurs : vous le demandiez, nous l'avons fait. Nous allons poursuivre dans le même sens. Je sais que le prix du vaccin est aujourd'hui trop élevé, tout le monde me l'a dit, j'ai des éleveurs chez moi en Normandie, je sais ce qui se dit sur le coût du vaccin, je verrai les laboratoires pour leur demander de faire un effort sur le coût du vaccin et pour que ce coût soit réduit par rapport à ce qu'il est aujourd'hui.
Par ailleurs, si vous vaccinez vous-même, l'État reconnaîtra officiellement cette vaccination en cas de nouveau foyer d'infection, je pense que c'est un point important pour la filière bovine.
Il faut également que nous arrivions - toujours pour faire remonter les prix, toujours pour améliorer le revenu - à adapter l'offre à la demande des consommateurs. Nous avons un système de cotation qui date des années 50. Quand je vous dis qu'il y a un travail qui aurait dû être fait plus tôt, qui n'a pas été fait, je l'assume. Un certain nombre de responsables politiques, syndicaux, professionnels, aurait peut-être pu parler de ces réformes de structures avant que je ne le fasse moi-même en 2011, car nous avons perdu du temps. Je n'hésite pas à le dire : il n'est pas normal que le système de cotation n'ait pas été revu depuis les années 50 dans une filière d'excellence comme la filière bovine. Nous avons donc mis en place un comité qui rassemble toutes les organisations professionnelles de votre filière, y compris France AgriMer. Je souhaite que le nouveau dispositif de cotation pour la filière bovine soit mis en place en avril et je donnerai à France AgriMer un véritable pouvoir de contrôle sur les cotations en abattoir. Il ne faut plus que vous vous fassiez gruger en matière de cotation : je veux de la transparence, je veux de l'équité et je veux de la vérité sur les prix.
Je souhaite également - travail qui, là aussi, aurait dû être fait depuis longtemps -que nous nous penchions sur la situation de tous les abattoirs en France. Il y a 280 abattoirs en France. Personne ne s'est encore posée la question de savoir si tous étaient compétitifs ou non. Je sais que vous avez déposé une plainte contre l'Allemagne sur la question des coûts de production et des coûts salariaux par rapport à ceux qui existent en France : c'est votre responsabilité. Moi, la mienne, c'est de regarder ce qui se passe dans les abattoirs français, de voir pourquoi certains sont performants et d'autres pas, parce que lorsqu'un abattoir n'est pas performant, celui qui paye le coût de la non-performance de l'abattoir, c'est l'éleveur, c'est le producteur, c'est vous. Je souhaite donc que cet audit soit réalisé avant la fin du mois de juin. « Audit » ça ne veut pas dire défense d'un seul modèle d'abattoir : il y a des petits abattoirs qui marchent très bien, qui sont très performants - celui que j'ai visité à Paray-le-Monial en est un très bon exemple - mais il y en a d'autres qui sont coûteux, qui ne sont pas suffisamment aux normes, qui n'ont pas fait les efforts de restructuration nécessaires et qui font porter le prix du surcoût sur le prix auquel ils payent vos carcasses. C'est cela qui n'est pas acceptable et le résultat de l'audit doit se faire en votre faveur.
De la même façon, j'ai pris un engagement sur les machines à classer - Pierre CHEVALIER vient de nous le rappeler - cet engagement sur les machines à classer sera tenu : tous les abattoirs de plus de 3000 tonnes doivent posséder cette machine à classer standardisée qui vous garantit la transparence et des prix justes sur l'ensemble du territoire français. Je souhaite que partout en France les machines à classer soient les mêmes, pour que les prix soient justes et pour que la transparence soit totale. J'avais fixé au 1er février la date limite : si cette date limite n'est pas respectée dans certains endroits, nous prendrons les sanctions nécessaires pour que les machines soient partout où nous avions demandé qu'elles le soient. Le 1er février, c'est le 1er février, nous sommes le 3. Nous regarderons dès aujourd'hui si les machines à classer sont bien installées là où j'avais pris l'engagement qu'elles le soient. Je ne peux pas être plus clair : si elles ne le sont pas, nous prendrons les sanctions nécessaires.
Je souhaite également que nous développions la contractualisation. Je sais bien les interrogations qu'il y a sur la contractualisation - elles ont été rappelées - et je ne suis pas pour me précipiter dans un système uniforme, imposé à tous, dont on ne verrait les résultats que plus tard, mais je souhaite au moins qu'on ait les instruments à disposition. Je souhaite que l'interprofession se mette d'accord sur des contrats types et sur des indicateurs de tendance de marché d'ici la fin du mois de mars, car c'est la seule solution pour stabiliser votre revenu sur le long terme et, si jamais l'interprofession n'arrive pas à se mettre d'accord sur des décrets standards, nous procéderons de la même façon que ce que nous avons fait dans d'autres filières. Nous procéderons par décret car c'est la seule façon pour garantir la stabilité du revenu dans les filières. Je souhaite également, qu'entre la filière de l'élevage et la filière des céréales, une solidarité se manifeste clairement en faveur de la filière de l'élevage par la mise en place de contrats opérationnels dès le mois de juin, qui vous permettront d'avoir un prix de l'alimentation et des céréales plus stable que celui auquel vous avez droit aujourd'hui.
Un mot, enfin, sur la PAC. Vous avez compris que je suis totalement déterminé à me battre pour maintenir la filière bovine dans le bassin allaitant et ailleurs, et pour maintenir le modèle français de production bovine, qui est un modèle de qualité, qui est un modèle respectueux de l'environnement, qui est un modèle qui favorise l'élevage extensif à l'herbe, qui correspond exactement à la demande des consommateurs. Simplement tout cela ne sert à rien si nous n'obtenons pas des résultats sur la politique agricole commune. Tout cela ne sert à rien ou n'aurait servi à rien si je n'avais pas réussi à obtenir que le budget de la PAC soit maintenu, alors même qu'il y a un an, si je m'étais exprimé devant vous, je vous aurais annoncé que la Commission européenne entendait baisser de 30 à 40 % le budget de la politique agricole commune. En un an nous avons parcouru du chemin, en un an nous avons sécurisé le budget, en un an nous avons fait comprendre que la politique agricole commune était indispensable pour tous les paysans français ou européens et en particulier pour les éleveurs. Maintenant je souhaite que les choses soient claires pour tous : maintenir le budget ça ne suffit pas, il faut aussi faire en sorte que l'équilibre entre le premier et le deuxième pilier soit maintenu. Je refuse le transfert massif des aides du premier pilier vers le deuxième pilier parce que ce n'est pas l'intérêt de la France et parce que ce n'est pas l'intérêt des éleveurs et des producteurs français. Je demande la révision des zones défavorisées simples, le projet qui m'a été remis n'est pas dans l'intérêt de la France, il n'est pas question de le soutenir. Nous avons demandé la révision, nous obtiendrons la révision. Je sais qu'ici, en Saône-et-Loire, c'est 386 qui sont concernées. C'est des centaines d'exploitations qui seraient touchées si les zones défavorisées simples étaient révisées conformément à ce que souhaite la Commission. Je souhaite qu'elle soit révisée conformément à ce que souhaite la France. C'est indispensable ! C'est indispensable pour maintenir l'indemnité compensatrice de l'handicap naturel, indispensable pour maintenir la PHAE, indispensable pour maintenir la PMTVA. Tout est lié : si nous n'avons pas un budget élevé nous n'aurons plus les primes dont je viens de parler, si nous avons un transfert massif du premier au deuxième pilier nous n'aurons plus le même niveau de primes, si nous avons les révisions défavorables des ZDS nous n'aurons plus le même niveau de primes dans un département comme celui-ci. Il faut livrer la bataille matin, midi et soir, le préfet pourra être témoin de ce qu'elle se livre jusque dans sa voiture entre la gare dans laquelle je me suis arrêtée et la ville d'Autun.
Dernier point important - et je m'étonne que Pierre CHEVALIER, qui d'habitude en est l'avocat, ne l'ait pas dit plus clairement - il faut se battre à l'échelle internationale. Vous avez compris que j'étais déterminé à le faire. Il faut se battre à l'échelle européenne, il faut aussi veiller à ce qui se passe à l'international car une grande partie de votre avenir à vous tous qui êtes ici, se joue à Paris, un peu à Bruxelles aussi, mais beaucoup au Brésil, en Argentine, dans les pays d'Amérique du Sud, dans tous les pays du Mercosur. Je refuse catégoriquement la conclusion d'un accord entre l'Union européenne et le Mercosur qui se ferait sur le dos des paysans français, qui se ferait sur le dos des éleveurs français. Je rappelle à tous ceux qui l'auraient oublié que les règles sanitaires qu'on vous impose ont un coût, que les règles environnementales qu'on vous impose ont un coût, que les règles de bien-être animal qu'on vous impose ont un coût et qu'il serait à la fois injuste moralement et suicidaire économiquement de laisser rentrer sur le territoire européen, sans contrôles, sans droits de douane, sans tarifs appropriés, sans règles de contrôle suffisantes, des bêtes qui ne respectent, ni les mêmes règles sanitaires, ni les mêmes règles environnementales, ni les mêmes règles de bien-être animal : c'est une injustice morale et c'est une erreur économique profonde. Il n'est pas question de conclure un accord à l'OMC sur le dos des éleveurs français.
Voilà les quelques éléments que je voulais vous présenter aujourd'hui, très spontanément, avec le plus de franchise possible. C'est difficile ! C'est difficile pour vous tous qui êtes ici, je mesure parfaitement la situation de chacun et la détresse d'un certain nombre de personnes que je rencontre. Pas ici, mais en Normandie où je suis élu, j'ai l'habitude de rencontrer les personnes dont j'ai la charge et la responsabilité et de rencontrer ceux qui m'ont élu sur mon territoire. Je vous connais moins bien, vous ne m'avez pas encore élu, ça viendra peut-être un jour ! Mais je crée des inquiétudes chez François PATRIAT, vous l'aurez remarqué ! En tout cas, c'était un plaisir de discuter avec vous, je reviens quand vous voulez et on continuera à se battre.Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 8 février 2011
Messieurs les députés, cher François SAUVADET, cher Jean-Paul ANCIAUX,
Monsieur le président, cher François PATRIAT,
Monsieur le maire d'Autun,
Chers amis,
Vous me demandez de faire du terrain en Saône-et-Loire, je le fais très volontiers, c'est la troisième fois que je viens dans le bassin allaitant, je serai très heureux d'y revenir une quatrième ou une cinquième fois, je reviendrai tant que les difficultés n'auront pas été réglées. Je reviendrai tant que vous n'aurez pas le revenu dont vous avez besoin pour vivre correctement. Le bassin allaitant, je peux rester là, y passer la fin de ma semaine, parlons sérieusement, je partage entièrement l'appréciation qui a été portée par Pierre CHEVALIER.
Je suis là pour vous tenir un discours de vérité sinon autant rester à Paris ou ailleurs. Le discours de vérité, c'est que si les choses progressent dans l'ensemble de l'agriculture française, il y a une filière où la situation reste préoccupante, une filière où le revenu reste trop bas, une filière où le revenu n'a pas augmenté en 2010, c'est la votre, c'est la filière bovine. Il y a trop de misère dans l'élevage, trop de difficultés et depuis des années. Depuis des années qu'on vous tient, permettez-moi de vous le dire au passage d'un discours de compassion, où à coups de subventions ici ou là, on vous explique qu'on va s'en sortir alors même que ce n'est pas la solution. Et je suis là au risque de déplaire à certains pour vous tenir un discours de vérité, pas un discours de compassion. Je suis là pour vous parler des choses qui fâchent comme le dit très bien votre président Pierre CHEVALIER et vous dire que depuis des années un certain nombre de décisions qui auraient dû être prises, ne l'ont pas été, qu'un certain nombre de choix économiques qui auraient dû être faits ne l'ont pas été et que si votre revenu reste aussi bas, c'est peut-être parce qu'on ne s'est pas penché suffisamment sur les difficultés structurelles de la filière pour y apporter enfin des réponses. Et mon cap je n'en dévierai pas, c'est celui des réponses structurelles pour chaque filière de l'agriculture française. Car toute autre solution, c'est accepter de laisser des filières mourir à petit feu, c'est accepter que nos voisins prennent des parts de marché à notre place, c'est accepter que systématiquement dans une filière, ce soit les industriels, les distributeurs qui prennent la part des revenus à la place des producteurs.
La première des difficultés, c'est le prix. J'en ai parfaitement conscience. Il n'est pas acceptable que le prix du kilo de viande bovine ou porcine soit payé ce qu'il est aujourd'hui. Il n'est pas acceptable que le coût de référence pour la viande bovine, ce soit la vache de réforme, quand vous faites des races à viande de la qualité de celles que vous arrivez à produire. Cela fait des semaines qu'on se bat avec Pierre CHEVALIER, avec Dominique LANGLOIS, avec l'interprofession pour essayer de faire remonter les prix et faire en sorte que la situation s'améliore. Ça ne va pas assez vite, ça ne suffit pas, mais j'aimerais simplement, puisque je suis ici une fois encore pour vous tenir un discours de vérité, que chacun prenne ses responsabilités, certains industriels jouent le jeu, d'autres non. Certains industriels font du dégagement de carcasses, d'autres en font venir de pays étrangers, d'Allemagne ou d'ailleurs pour continuer à faire baisser les prix. Certaines entreprises ont accepté de jouer le jeu, d'autres ne le jouent pas. Et s'il faut publiquement expliquer qui joue le jeu pour remonter les cours dans la filière bovine et qui ne le joue pas, je n'hésiterai pas à le faire dans les jours qui viennent, car je n'accepterai pas que systématiquement ce soit le ministre et les pouvoirs publics qui se battent depuis des semaines pour faire remonter vos cours, qui soient pointés du doigt, alors que certains jouent les plus fins dans la filière pour continuer à garantir leurs revenus parce qu'ils n'ont pas été capables de faire les efforts nécessaires pour restructurer leur industrie, soyons clair sur ce point.
Deuxième chose sur laquelle je tiens à insister, faire remonter les prix, c'est accepter aussi de tenir un discours de vérité avec les consommateurs. Pour moi ministre, ce serait plus simple d'aller expliquer aux consommateurs, qui - permettez-moi de vous le dire sont plus nombreux que les éleveurs bovins - que le prix de la viande ne bougera pas. J'ai accepté de dire que le prix de la viande allait augmenter. J'ai accepté de réunir hier l'ensemble des acteurs de la filière industrielle et les distributeurs pour demander aux distributeurs de répercuter immédiatement la hausse des prix des coûts de production sur les prix des viandes bovines. Ils l'ont accepté, ils répercuteront dès aujourd'hui les augmentations sur les rayonnages, ça aussi c'est un discours de vérité. Une fois encore, il aurait été plus facile et plus simple pour moi d'aller expliquer aux consommateurs que les prix ne bougeraient pas, de rester tranquillement chez moi à Paris et de ne pas venir à Autun vous tenir ce discours de vérité.
Augmenter le prix de la viande, c'est donc faire en sorte que les coûts de production qui augmentent soient répercutés sur le coût de vente. Je ferai vérifier par la direction générale de la répression des fraudes que les engagements qui ont été pris par les distributeurs sur la répercussion des coûts soient dès aujourd'hui applicables dans tous les rayonnages des distributeurs qui s'y sont engagés. Faire remonter les prix, c'est aussi valoriser la viande bovine. C'est un sujet que Pierre CHEVALIER n'a pas évoqué, sur lequel il a jeté soigneusement un poil pudique. Là aussi, disons les choses comme elles sont et mettons les pieds dans le plat, pas la peine de s'enfermer sur notre façon de voir les choses, pas la peine de faire comme si le reste du monde, le reste des consommateurs n'existaient pas. Vous faites l'objet d'attaques répétées, d'attaques violentes contre la consommation de viande bovine, il faut résister à ces attaques, il faut lutter contre, je le fais. Je n'hésite pas à dire que la consommation de viande bovine fait partie de l'équilibre nutritionnel français. Je n'hésite pas à dire qu'il est scandaleux de tirer prétexte de faux arguments sanitaires pour faire croire que la viande bovine pose des problèmes à la santé humaine, alors que même les plus grands spécialistes, quelqu'un comme le professeur David KHAYAT qui s'est exprimé à la France agricole il y a quelques jours, soulignait que la consommation de viande bovine ne posait aucune difficulté à la santé humaine, qu'il n'existait aucun lien entre la consommation de viande bovine et la prétendue augmentation de cancers dans n'importe quelle population en France ou ailleurs et qu'au contraire la consommation de la viande bovine pouvait être favorable à la santé humaine. Je le dis ici, je le redirai publiquement, ça aussi, c'est vous défendre contre les attaques de la viande bovine, il faut souligner la nécessité de soutenir la consommation de cette viande.
Toujours sur la question des prix, il faut améliorer - oui c'est la couverture des Inrockuptibles, j'ai eu l'occasion de m'en expliquer avec les journalistes concernés - mais je vous dis je suis là pour mettre les pieds dans le plat, comme vous le demande votre président Pierre CHEVALIER et je suis là pour vous parler des choses qui fâchent, pas pour faire comme si tout allait bien. Faire remonter le prix, c'est donc se battre avec les distributeurs, se battre avec les industriels, en particulier ceux qui ne jouent pas le jeu et permettez-moi de dire que ceux qui auraient vocation à jouer le plus le jeu en la mati??re, je veux dire les coopératives, ne sont pas toujours celles qui jouent le mieux le jeu avec vous en matière de remontée des prix.
Faire remonter les prix, c'est aussi défendre l'étiquetage de la viande bovine française. Le consommateur est sensible à cet étiquetage. Je crois dans l'étiquetage « viande bovine française », je continuerai à me battre pour qu'il devienne systématique et nous ferons en sorte qu'il soit davantage valorisé dans les rayons de la grande distribution, nous le dirons aux Français, je mettrai cinq millions d'euros sur les campagnes de publicité à la télévision pour valoriser la viande bovine française, parce que défendre les prix c'est aussi défendre la qualité des produits que vous réalisez.
Faire remonter les prix, c'est aussi favoriser les débouchés à l'exportation - Pierre CHEVALIER l'a dit - je me suis battu avec la Russie pour qu'elle lève l'embargo sur la viande bovine française. Elle a levé l'embargo sur la viande bovine française qui était depuis cinq ans en activité en Russie. Vous avez désormais des débouchés en Russie, vous pouvez les saisir et je suis là pour vous aider à les obtenir. Nous aurons les mêmes résultats sur l'Algérie et je vous annonce qu'en Algérie un nouveau certificat sanitaire a été signé mardi entre les chefs des services vétérinaires. Vous n'aurez donc plus besoin que les mères soient certifiées « vaccinées contre la FCO » pour exporter vos produits vers l'Algérie. Nous avons ré-ouvert les marchés Libanais et Egyptien, nous rouvrirons les marchés en Turquie et sur les marchés Kazakhs. Tout ce qui pourra être fait pour l'export nous le ferons. Vous demandez la mise en place d'un GIE pour l'export, nous soutiendrons la mise en place d'un GIE pour l'export, pour favoriser le placement des viandes bovines françaises à l'étranger.
Faire remonter les prix, c'est aussi naturellement vous permettre d'avoir les soutiens à la trésorerie dont vous avez besoin immédiatement. Vous avez demandé que le solde de la part nationale à la prime à la vache allaitante vous soit versée, le solde vous sera versé aujourd'hui avec un mois d'avance, cela représente 66 millions d'euros versés aujourd'hui, concerne 88 000 éleveurs et représente 95 % des dossiers. Vous toucherez... Ah ! C'est toujours la même chose : on annonce un truc positif et on réclame le suivant ! Vous avez raison, vous avez raison... On ne demande jamais suffisamment au Gouvernement... Profitez-en pendant que je suis là ! Je vous annonce donc que vous toucherez le solde de la PMTVA le 15 mars, soit trois mois avant la date habituelle du versement. Par ailleurs, je serai vigilant sur toutes les nouvelles charges que des technocrates bien inspirés pourraient inventer, je pense en particulier à la question très difficile du nouveau fuel qui a été abordée par Pierre CHEVALIER. Nouveau fuel ça veut dire nouvelle cuve, nouvelle cuve cela veut dire nouvelle dépense : les éleveurs de bovins ne peuvent supporter la moindre nouvelle dépense dans les mois ou les années à venir.
Il faut faire remonter le prix, il faut aussi gagner en compétitivité, et je ne suis pas là, Pierre CHEVALIER je le redis avec beaucoup d'humilité, je ne suis pas là pour faire la leçon à qui que ce soit, je suis là simplement pour tracer un cap qui vous permettra de vous en sortir. La compétitivité c'est d'abord les coûts de production, on a fait le nécessaire pour le travail occasionnel et ne disons pas que rien n'a été fait. Je rappelle que les décisions qui ont été prises par le Gouvernement pour réduire le coût du travail occasionnel dans l'agriculture représentent désormais un demi-milliard d'euros de dépenses publiques par an. Simplement, vous le travail occasionnel, ça vous concerne peu, ce qui compte c'est le travail permanent : Bernard REYNÈS me remettra un rapport sur ce sujet en juin sur la réduction du coût du travail permanent en agriculture. Je souhaite que les conclusions de ce rapport soient mises en oeuvre dans les meilleurs délais et je souhaite que chacun prenne conscience en France que, si nous ne résolvons pas ce problème du coût du travail dans l'agriculture, il se passera dans l'agriculture ce qui s'est passé dans l'industrie : des délocalisations, des fermetures d'exploitations et la ruine de milliers d'exploitants. Il y a urgence à agir sous le coup du travail permanent dans l'agriculture française, que cela plaise à certains ou non.
Nous devons aussi réduire le coût de l'énergie et améliorer les performances énergétiques des exploitants, je retiens votre message sur le photovoltaïque et notamment sur l'installation des panneaux photovoltaïques sur les bâtiments d'élevage : vous dites que je ne me bats pas assez, message reçu. Je le transmettrai au Premier ministre avant que les arbitrages soient rendus sur le sujet. Que cela ne nous interdise pas de développer la méthanisation en augmentant le tarif de rachat du biogaz, c'est vital pour un certain nombre d'élevages. Il n'est pas normal qu'il y ait plus de quatre mille installations de méthanisation en Allemagne parce que le tarif de rachat du biogaz est le double de celui qui existe en France et qu'en France nous en ayons à peine une dizaine d'installées, parce que le coût est trop élevé par rapport au tarif de rachat du biogaz. Nous devons augmenter le tarif de rachat du biogaz en France pour vous permettre d'installer la méthanisation.
Il faut bien entendu, pour gagner en compétitivité, poursuivre la modernisation des bâtiments. Nous maintiendrons les crédits à la modernisation des bâtiments d'élevage. Il faut également - et je sais que le sujet est délicat, vous l'avez aussi abordé - maintenir le même niveau de sécurité sanitaire. La sécurité sanitaire c'est un investissement pour la filière, c'est la réputation de la filière qui est en jeu et c'est la consommation de viande dont je vous ai parlée auparavant qui est, elle aussi, en jeu. On a reconnu l'acte vétérinaire pour les éleveurs : vous le demandiez, nous l'avons fait. Nous allons poursuivre dans le même sens. Je sais que le prix du vaccin est aujourd'hui trop élevé, tout le monde me l'a dit, j'ai des éleveurs chez moi en Normandie, je sais ce qui se dit sur le coût du vaccin, je verrai les laboratoires pour leur demander de faire un effort sur le coût du vaccin et pour que ce coût soit réduit par rapport à ce qu'il est aujourd'hui.
Par ailleurs, si vous vaccinez vous-même, l'État reconnaîtra officiellement cette vaccination en cas de nouveau foyer d'infection, je pense que c'est un point important pour la filière bovine.
Il faut également que nous arrivions - toujours pour faire remonter les prix, toujours pour améliorer le revenu - à adapter l'offre à la demande des consommateurs. Nous avons un système de cotation qui date des années 50. Quand je vous dis qu'il y a un travail qui aurait dû être fait plus tôt, qui n'a pas été fait, je l'assume. Un certain nombre de responsables politiques, syndicaux, professionnels, aurait peut-être pu parler de ces réformes de structures avant que je ne le fasse moi-même en 2011, car nous avons perdu du temps. Je n'hésite pas à le dire : il n'est pas normal que le système de cotation n'ait pas été revu depuis les années 50 dans une filière d'excellence comme la filière bovine. Nous avons donc mis en place un comité qui rassemble toutes les organisations professionnelles de votre filière, y compris France AgriMer. Je souhaite que le nouveau dispositif de cotation pour la filière bovine soit mis en place en avril et je donnerai à France AgriMer un véritable pouvoir de contrôle sur les cotations en abattoir. Il ne faut plus que vous vous fassiez gruger en matière de cotation : je veux de la transparence, je veux de l'équité et je veux de la vérité sur les prix.
Je souhaite également - travail qui, là aussi, aurait dû être fait depuis longtemps -que nous nous penchions sur la situation de tous les abattoirs en France. Il y a 280 abattoirs en France. Personne ne s'est encore posée la question de savoir si tous étaient compétitifs ou non. Je sais que vous avez déposé une plainte contre l'Allemagne sur la question des coûts de production et des coûts salariaux par rapport à ceux qui existent en France : c'est votre responsabilité. Moi, la mienne, c'est de regarder ce qui se passe dans les abattoirs français, de voir pourquoi certains sont performants et d'autres pas, parce que lorsqu'un abattoir n'est pas performant, celui qui paye le coût de la non-performance de l'abattoir, c'est l'éleveur, c'est le producteur, c'est vous. Je souhaite donc que cet audit soit réalisé avant la fin du mois de juin. « Audit » ça ne veut pas dire défense d'un seul modèle d'abattoir : il y a des petits abattoirs qui marchent très bien, qui sont très performants - celui que j'ai visité à Paray-le-Monial en est un très bon exemple - mais il y en a d'autres qui sont coûteux, qui ne sont pas suffisamment aux normes, qui n'ont pas fait les efforts de restructuration nécessaires et qui font porter le prix du surcoût sur le prix auquel ils payent vos carcasses. C'est cela qui n'est pas acceptable et le résultat de l'audit doit se faire en votre faveur.
De la même façon, j'ai pris un engagement sur les machines à classer - Pierre CHEVALIER vient de nous le rappeler - cet engagement sur les machines à classer sera tenu : tous les abattoirs de plus de 3000 tonnes doivent posséder cette machine à classer standardisée qui vous garantit la transparence et des prix justes sur l'ensemble du territoire français. Je souhaite que partout en France les machines à classer soient les mêmes, pour que les prix soient justes et pour que la transparence soit totale. J'avais fixé au 1er février la date limite : si cette date limite n'est pas respectée dans certains endroits, nous prendrons les sanctions nécessaires pour que les machines soient partout où nous avions demandé qu'elles le soient. Le 1er février, c'est le 1er février, nous sommes le 3. Nous regarderons dès aujourd'hui si les machines à classer sont bien installées là où j'avais pris l'engagement qu'elles le soient. Je ne peux pas être plus clair : si elles ne le sont pas, nous prendrons les sanctions nécessaires.
Je souhaite également que nous développions la contractualisation. Je sais bien les interrogations qu'il y a sur la contractualisation - elles ont été rappelées - et je ne suis pas pour me précipiter dans un système uniforme, imposé à tous, dont on ne verrait les résultats que plus tard, mais je souhaite au moins qu'on ait les instruments à disposition. Je souhaite que l'interprofession se mette d'accord sur des contrats types et sur des indicateurs de tendance de marché d'ici la fin du mois de mars, car c'est la seule solution pour stabiliser votre revenu sur le long terme et, si jamais l'interprofession n'arrive pas à se mettre d'accord sur des décrets standards, nous procéderons de la même façon que ce que nous avons fait dans d'autres filières. Nous procéderons par décret car c'est la seule façon pour garantir la stabilité du revenu dans les filières. Je souhaite également, qu'entre la filière de l'élevage et la filière des céréales, une solidarité se manifeste clairement en faveur de la filière de l'élevage par la mise en place de contrats opérationnels dès le mois de juin, qui vous permettront d'avoir un prix de l'alimentation et des céréales plus stable que celui auquel vous avez droit aujourd'hui.
Un mot, enfin, sur la PAC. Vous avez compris que je suis totalement déterminé à me battre pour maintenir la filière bovine dans le bassin allaitant et ailleurs, et pour maintenir le modèle français de production bovine, qui est un modèle de qualité, qui est un modèle respectueux de l'environnement, qui est un modèle qui favorise l'élevage extensif à l'herbe, qui correspond exactement à la demande des consommateurs. Simplement tout cela ne sert à rien si nous n'obtenons pas des résultats sur la politique agricole commune. Tout cela ne sert à rien ou n'aurait servi à rien si je n'avais pas réussi à obtenir que le budget de la PAC soit maintenu, alors même qu'il y a un an, si je m'étais exprimé devant vous, je vous aurais annoncé que la Commission européenne entendait baisser de 30 à 40 % le budget de la politique agricole commune. En un an nous avons parcouru du chemin, en un an nous avons sécurisé le budget, en un an nous avons fait comprendre que la politique agricole commune était indispensable pour tous les paysans français ou européens et en particulier pour les éleveurs. Maintenant je souhaite que les choses soient claires pour tous : maintenir le budget ça ne suffit pas, il faut aussi faire en sorte que l'équilibre entre le premier et le deuxième pilier soit maintenu. Je refuse le transfert massif des aides du premier pilier vers le deuxième pilier parce que ce n'est pas l'intérêt de la France et parce que ce n'est pas l'intérêt des éleveurs et des producteurs français. Je demande la révision des zones défavorisées simples, le projet qui m'a été remis n'est pas dans l'intérêt de la France, il n'est pas question de le soutenir. Nous avons demandé la révision, nous obtiendrons la révision. Je sais qu'ici, en Saône-et-Loire, c'est 386 qui sont concernées. C'est des centaines d'exploitations qui seraient touchées si les zones défavorisées simples étaient révisées conformément à ce que souhaite la Commission. Je souhaite qu'elle soit révisée conformément à ce que souhaite la France. C'est indispensable ! C'est indispensable pour maintenir l'indemnité compensatrice de l'handicap naturel, indispensable pour maintenir la PHAE, indispensable pour maintenir la PMTVA. Tout est lié : si nous n'avons pas un budget élevé nous n'aurons plus les primes dont je viens de parler, si nous avons un transfert massif du premier au deuxième pilier nous n'aurons plus le même niveau de primes, si nous avons les révisions défavorables des ZDS nous n'aurons plus le même niveau de primes dans un département comme celui-ci. Il faut livrer la bataille matin, midi et soir, le préfet pourra être témoin de ce qu'elle se livre jusque dans sa voiture entre la gare dans laquelle je me suis arrêtée et la ville d'Autun.
Dernier point important - et je m'étonne que Pierre CHEVALIER, qui d'habitude en est l'avocat, ne l'ait pas dit plus clairement - il faut se battre à l'échelle internationale. Vous avez compris que j'étais déterminé à le faire. Il faut se battre à l'échelle européenne, il faut aussi veiller à ce qui se passe à l'international car une grande partie de votre avenir à vous tous qui êtes ici, se joue à Paris, un peu à Bruxelles aussi, mais beaucoup au Brésil, en Argentine, dans les pays d'Amérique du Sud, dans tous les pays du Mercosur. Je refuse catégoriquement la conclusion d'un accord entre l'Union européenne et le Mercosur qui se ferait sur le dos des paysans français, qui se ferait sur le dos des éleveurs français. Je rappelle à tous ceux qui l'auraient oublié que les règles sanitaires qu'on vous impose ont un coût, que les règles environnementales qu'on vous impose ont un coût, que les règles de bien-être animal qu'on vous impose ont un coût et qu'il serait à la fois injuste moralement et suicidaire économiquement de laisser rentrer sur le territoire européen, sans contrôles, sans droits de douane, sans tarifs appropriés, sans règles de contrôle suffisantes, des bêtes qui ne respectent, ni les mêmes règles sanitaires, ni les mêmes règles environnementales, ni les mêmes règles de bien-être animal : c'est une injustice morale et c'est une erreur économique profonde. Il n'est pas question de conclure un accord à l'OMC sur le dos des éleveurs français.
Voilà les quelques éléments que je voulais vous présenter aujourd'hui, très spontanément, avec le plus de franchise possible. C'est difficile ! C'est difficile pour vous tous qui êtes ici, je mesure parfaitement la situation de chacun et la détresse d'un certain nombre de personnes que je rencontre. Pas ici, mais en Normandie où je suis élu, j'ai l'habitude de rencontrer les personnes dont j'ai la charge et la responsabilité et de rencontrer ceux qui m'ont élu sur mon territoire. Je vous connais moins bien, vous ne m'avez pas encore élu, ça viendra peut-être un jour ! Mais je crée des inquiétudes chez François PATRIAT, vous l'aurez remarqué ! En tout cas, c'était un plaisir de discuter avec vous, je reviens quand vous voulez et on continuera à se battre.Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 8 février 2011