Texte intégral
Q - Le terme «alimentation» s'est imposé dans l'intitulé de votre ministère depuis 2007. Que signifie ce changement ?
R - Ce changement dans l'intitulé du ministère est loin d'être anecdotique. Il correspond à un vrai choix politique du président de la République et du Premier ministre. Il reflète une profonde évolution de la politique agricole en France et en Europe. Par le passé, le premier objectif de cette politique était de garantir une alimentation suffisante pour les consommateurs européens, donc de produire le plus possible. Aujourd'hui, nous poursuivons un deuxième objectif, qui est de garantir une alimentation diversifiée, de qualité, respectueuse de l'environnement et répondant à des critères de sécurité sanitaire totale.
Q - Qu'est-ce qui distingue une «politique d'alimentation» d'une politique agricole classique ?
R - D'abord, il ne s'agit plus de produire le plus possible, mais le mieux possible. Ensuite, c'est une politique qui concerne les 64 millions de consommateurs français et non les seuls agriculteurs. Notre ministère n'est plus uniquement le ministère des agriculteurs, mais celui de tous les Français.
Q - La politique agricole française se décide-t-elle à Paris ou à Bruxelles ?
R - Elle se décide à Paris et à Bruxelles. La vision française de l'agriculture est établie à Paris et s'inspire de nos traditions. Elle prône un modèle agricole basé sur des exploitations de taille raisonnable, présentes sur tout le territoire - y compris dans les zones difficiles, comme les régions montagneuses - et aboutissant à une production très diversifiée avec des milliers de sortes de fromages, de vins, de viandes, de laits, etc. La défense de ce modèle suppose une Politique agricole commune (PAC) européenne forte qui, elle, se négocie à Bruxelles en concertation avec nos partenaires européens. C'est pourquoi je passe en moyenne deux jours par semaine à Bruxelles ou dans un autre pays européen.
Q - Comment défendre le modèle agricole français auprès de nos partenaires européens ?
R - Tout notre travail depuis bientôt dix-huit mois a consisté à remettre la France au coeur du jeu européen. Nous y sommes parvenus en démontrant que l'agriculture française était capable de se moderniser et de gagner en compétitivité. C'est le sens de la loi de modernisation de l'agriculture votée en juillet 2010. Si notre pays s'était accroché aux quotas laitiers, alors que tous les pays européens les rejettent, il ne serait plus écouté aujourd'hui. Plus généralement, pour faire valoir son point de vue, la France a intérêt à être la première à formuler des propositions, plutôt qu'à attendre passivement celles des autres. C'est ce que nous avons fait en décembre 2009, en rassemblant à Paris 22 Etats qui ont tapé du poing sur la table pour dire qu'ils voulaient conserver un budget important pour la PAC.
Q - Quels sont les arguments de la France pour maintenir, après 2013, les 10 milliards d'euros d'aides en faveur de l'agriculture française dans le cadre de la PAC ?
R - La négociation sur la PAC renvoie à un choix politique majeur de la part des Etats et citoyens européens. Elle pose la triple question de la sécurité alimentaire, de la sécurité sanitaire et de la qualité écologique. Si les pays européens veulent un modèle agricole qui refuse le productivisme à tout prix et recherche la qualité sanitaire et environnementale, ils doivent en payer le prix en optant pour une politique agricole commune ambitieuse. Si l'Europe ne développe pas ce modèle, personne ne le fera à sa place.
Q - Quel doit être le rôle du G20 dans la régulation des prix agricoles ?
R - Afin de lutter contre la spéculation sur les prix agricoles, qui a des conséquences dramatiques pour les populations, la France proposera plusieurs pistes aux Etats du G20. La première est de livrer une information plus claire et transparente sur les stocks et la production. Aujourd'hui, personne ne connaît avec précision les stocks mondiaux de céréales à un instant donné et cette incertitude alimente la spéculation. La deuxième piste est d'instaurer une véritable coordination des décisions des membres du G20 en matière agricole. Lorsque la Russie a décidé, cet été, de fermer ses frontières à l'exportation, sans concertation, cela a entraîné une flambée du cours du blé parce qu'aucun de ses partenaires n'avait été prévenu. Troisième piste de travail, il faut davantage réguler les marchés d'échange de produits agricoles. Il n'est pas normal que l'encours financier sur les marchés agricoles représente quinze fois l'encours physique. Cette spéculation est inacceptable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 février 2011
R - Ce changement dans l'intitulé du ministère est loin d'être anecdotique. Il correspond à un vrai choix politique du président de la République et du Premier ministre. Il reflète une profonde évolution de la politique agricole en France et en Europe. Par le passé, le premier objectif de cette politique était de garantir une alimentation suffisante pour les consommateurs européens, donc de produire le plus possible. Aujourd'hui, nous poursuivons un deuxième objectif, qui est de garantir une alimentation diversifiée, de qualité, respectueuse de l'environnement et répondant à des critères de sécurité sanitaire totale.
Q - Qu'est-ce qui distingue une «politique d'alimentation» d'une politique agricole classique ?
R - D'abord, il ne s'agit plus de produire le plus possible, mais le mieux possible. Ensuite, c'est une politique qui concerne les 64 millions de consommateurs français et non les seuls agriculteurs. Notre ministère n'est plus uniquement le ministère des agriculteurs, mais celui de tous les Français.
Q - La politique agricole française se décide-t-elle à Paris ou à Bruxelles ?
R - Elle se décide à Paris et à Bruxelles. La vision française de l'agriculture est établie à Paris et s'inspire de nos traditions. Elle prône un modèle agricole basé sur des exploitations de taille raisonnable, présentes sur tout le territoire - y compris dans les zones difficiles, comme les régions montagneuses - et aboutissant à une production très diversifiée avec des milliers de sortes de fromages, de vins, de viandes, de laits, etc. La défense de ce modèle suppose une Politique agricole commune (PAC) européenne forte qui, elle, se négocie à Bruxelles en concertation avec nos partenaires européens. C'est pourquoi je passe en moyenne deux jours par semaine à Bruxelles ou dans un autre pays européen.
Q - Comment défendre le modèle agricole français auprès de nos partenaires européens ?
R - Tout notre travail depuis bientôt dix-huit mois a consisté à remettre la France au coeur du jeu européen. Nous y sommes parvenus en démontrant que l'agriculture française était capable de se moderniser et de gagner en compétitivité. C'est le sens de la loi de modernisation de l'agriculture votée en juillet 2010. Si notre pays s'était accroché aux quotas laitiers, alors que tous les pays européens les rejettent, il ne serait plus écouté aujourd'hui. Plus généralement, pour faire valoir son point de vue, la France a intérêt à être la première à formuler des propositions, plutôt qu'à attendre passivement celles des autres. C'est ce que nous avons fait en décembre 2009, en rassemblant à Paris 22 Etats qui ont tapé du poing sur la table pour dire qu'ils voulaient conserver un budget important pour la PAC.
Q - Quels sont les arguments de la France pour maintenir, après 2013, les 10 milliards d'euros d'aides en faveur de l'agriculture française dans le cadre de la PAC ?
R - La négociation sur la PAC renvoie à un choix politique majeur de la part des Etats et citoyens européens. Elle pose la triple question de la sécurité alimentaire, de la sécurité sanitaire et de la qualité écologique. Si les pays européens veulent un modèle agricole qui refuse le productivisme à tout prix et recherche la qualité sanitaire et environnementale, ils doivent en payer le prix en optant pour une politique agricole commune ambitieuse. Si l'Europe ne développe pas ce modèle, personne ne le fera à sa place.
Q - Quel doit être le rôle du G20 dans la régulation des prix agricoles ?
R - Afin de lutter contre la spéculation sur les prix agricoles, qui a des conséquences dramatiques pour les populations, la France proposera plusieurs pistes aux Etats du G20. La première est de livrer une information plus claire et transparente sur les stocks et la production. Aujourd'hui, personne ne connaît avec précision les stocks mondiaux de céréales à un instant donné et cette incertitude alimente la spéculation. La deuxième piste est d'instaurer une véritable coordination des décisions des membres du G20 en matière agricole. Lorsque la Russie a décidé, cet été, de fermer ses frontières à l'exportation, sans concertation, cela a entraîné une flambée du cours du blé parce qu'aucun de ses partenaires n'avait été prévenu. Troisième piste de travail, il faut davantage réguler les marchés d'échange de produits agricoles. Il n'est pas normal que l'encours financier sur les marchés agricoles représente quinze fois l'encours physique. Cette spéculation est inacceptable.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 février 2011