Texte intégral
Monsieur le Président, Mesdames, Messieurs les Sénateurs, la proposition de résolution qui est présentée aujourd'hui, sur l'initiative de Jean-Marc Pastor, marque certainement une nouvelle étape dans l'amitié entre la France, d'une part, l'Amérique latine et les Caraïbes, d'autre part.
Elle s'inscrit dans la continuité de la célébration, en 2010, du bicentenaire des indépendances, à laquelle, comme MM. Cornu et Adnot l'ont rappelé, le Sénat a pris toute sa part.
Cette proposition de résolution souligne aussi la volonté de la France de s'appuyer sur le lien exceptionnel qui nous unit avec l'Amérique latine et les Caraïbes pour construire, entre tous ces pays, une relation ambitieuse.
Mesdames, Messieurs les Sénateurs, vous avez rappelé les liens étroits qui unissent la France aux pays d'Amérique latine et des Caraïbes.
Ces liens sont avant tout géographiques, et l'on oublie trop souvent que la France est présente dans les Caraïbes et en Amérique latine. En effet, la Martinique, la Guadeloupe et la Guyane contribuent au rayonnement de notre pays et à l'établissement de liens avec l'ensemble des pays de la zone.
Nous entretenons aussi des liens intellectuels. Nous savons le rôle qu'ont joué les penseurs des Lumières dans l'émancipation des peuples d'Amérique latine et des Caraïbes et nous mesurons la richesse des échanges entre nos pays qu'évoquent les noms de Braudel, Lévi-Strauss, Lautréamont, Le Clézio ou encore de Victor Hugo, que citait M. Bel, sans oublier, bien sûr, les poètes Tarbais, Monsieur Fortassin.
Ces liens sont aussi institutionnels et politiques. Je pense aux parentés institutionnelles entre la France et une partie des Etats de la région, à la culture juridique commune, aux liens tissés avec les exilés d'Amérique latine pendant les années noires.
Mesdames, Messieurs les Sénateurs, soyons lucides : les liens entre la France et les pays d'Amérique latine et des Caraïbes se sont quelque peu distendus dans le passé ; la politique étrangère de la France a tardé à donner à l'Amérique latine toute la place qu'elle méritait. Tous ceux qui sont présents ici même sont attachés à ce que le temps perdu soit rattrapé.
La France se tient aux côtés de l'Amérique latine et des Caraïbes pour relever les défis de notre avenir commun. L'actualité, nous ne saurions l'oublier, se concentre aujourd'hui sur la situation de Florence Cassez. Nous avons amitié et respect pour le Mexique et le peuple mexicain et nous savons la gravité de la situation en matière d'enlèvement. Nous respectons l'indépendance de la justice, au Mexique, comme partout. Notre mobilisation en faveur de Florence Cassez se fonde justement sur les valeurs de justice et d'attachement à l'Etat de droit que nous avons en partage. Encore une fois, elle ne remet pas en cause notre amitié à l'égard du peuple mexicain. Elle n'entame en rien notre volonté de conforter nos liens avec les peuples d'Amérique latine et des Caraïbes.
La zone Amérique latine-Caraïbes s'affirme comme un acteur majeur de l'univers multipolaire qui se dessine sous nos yeux. Nos pays partagent la même vision de la mondialisation.
La zone Amérique latine-Caraïbes est au coeur de problématiques globales : le changement climatique, qui l'affecte directement, la préservation de la biodiversité, dont l'Amérique latine détient une part majeure, la sécurité alimentaire.
Un multilatéralisme rénové doit nous conduire à apporter des réponses globales aux questions globales.
La France soutient l'Amérique latine sur la scène internationale. Nous voulons que celle-ci retrouve toute sa place au sein du Conseil de sécurité de l'ONU. C'est pourquoi la France souhaite que le Brésil en soit un membre permanent.
Qu'il s'agisse de réformer le système monétaire international, de lutter contre la volatilité des prix des matières premières ou de rééquilibrer la gouvernance mondiale, le continent sud-américain doit faire entendre sa voix. La France y travaille en coopération étroite avec les pays d'Amérique du Sud dans le cadre du G20.
Notre pays veut aussi contribuer concrètement à l'essor de la zone Amérique du Sud et Caraïbes.
Le développement économique et social est à la fois la contrepartie et la condition de la stabilité. Il entraîne des besoins considérables. Pour y répondre, la France a des atouts à faire valoir. Toutes nos grandes entreprises sont présentes sur le continent, sur des créneaux stratégiques : l'aéronautique, les transports, l'énergie ou les infrastructures. Aujourd'hui, la France figure parmi les premiers investisseurs au Venezuela, en Colombie, au Brésil. Nos exportations ont augmenté de 20 % en cinq ans. Parfois, les industriels sont en avance sur les politiques. Pourtant, il reste encore du chemin à parcourir. Notre part de marché, de l'ordre de 2 %, fait de nous un acteur trop modeste. C'est l'un des enjeux de notre stratégie à l'égard de l'Amérique latine et des Caraïbes.
Mesdames, Messieurs les Sénateurs, l'amitié entre nos pays est tout entière tournée vers l'avenir.
La France doit être plus présente pour accompagner la prospérité économique de l'Amérique latine. Elle doit assurer davantage le rayonnement culturel qui est traditionnellement le sien dans cette partie du monde.
Le gouvernement soutient donc la proposition de résolution du Sénat. La journée du 31 mai fera honneur à notre histoire commune et à nos idéaux partagés. Elle accompagnera les efforts de la diplomatie française en direction de cette région du monde. Elle sensibilisera, j'en suis sûre, nos concitoyens à la solidarité qui nous unit et à la volonté qui nous rassemble face aux défis de la modernité.Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 21 février 2011