Texte intégral
J.-P. Elkabbach - La FNSEA en baisse, mais majoritaire, vous avez eu chaud. Votre soulagement, je suppose, ce matin il est à la mesure de vos peurs d'hier.
- "Oui tout à fait, mais surtout nous avons eu une joie très importante, c'est de voir que les agriculteurs ont été fidèles au rendez-vous. 64% de participation, je crois que c'était du jamais vu. Il faut le signaler."
C'est-à-dire que vous gardez nettement l'avantage mais que s'effritent ou s'érodent les privilèges qu'avaient la FNSEA et la CNJA. Maintenant, il faut accepter un début de pluralisme de la représentation professionnelle agricole.
- "Non, il ne faut pas l'accepter puisqu'il existe déjà"
Alors, il va être davantage.
- "Il existe à l'intérieur de notre organisation et puis, nous avions déjà depuis de nombreuses années la présence des autres syndicats dans les discussions. Aujourd'hui, nous maintenons notre présence majoritaire à près de 55 %, présents dans quasiment toutes les chambres d'agriculture puisque quatre seulement ne seront pas présidées par quelqu'un de la FNSEA et du CNJA, la confédération ayant perdu un gros bastion dans le Finistère. Mais nous avons récupéré la Lozère que nous avions perdue la dernière fois."
Pourquoi, à votre avis, José Bové n'a pas obtenu davantage ?
- "Je pense que le discours qu'il tient ne correspond pas au souhait et à la demande des agriculteurs qui sont pleins de pragmatisme et qui veulent être défendus bien sûr dans le cadre de leur revenu, mais aussi s'intégrer dans une société non pas rêvée, mais dans la société d'aujourd'hui. Je crois que les slogans trop faciles de "malbouffe" n'ont pas servi sa cause puisque les agriculteurs et les concitoyens savent que la France est le pays justement de la bonne alimentation et un pays très sécurisé."
Donc, J. Bové joue contre ses propres intérêts et contre les agriculteurs ?
- "Contre ses intérêts, c'est lui qui peut en juger mais contre les agriculteurs, c'est indéniable. Les agriculteurs l'ont sanctionné à cause de cela."
Mais pourtant, elle a gagné en influence : plus 6 %.
- "Elle a gagné en influence mais je rappelle qu'elle est présente dans plus de dix départements nouveaux. Nous sommes en train de faire le compte. Quand on voit la progression de Modef plus Confédération paysanne, ça n'a pas bougé depuis vingt ans, c'est toujours autour de 25 %."
Vous diriez que la coqueluche des médias devrait retourner à la campagne comme je l'ai lu ?
- "Il fait comme il veut, mais je dois dire simplement qu'après s'être occupé pendant quelques mois de l'agriculture, je souhaite bon courage aux politiques maintenant parce qu'il va s'occuper d'eux."
Cela veut dire ?
- "Cela veut dire que la campagne qu'il va faire maintenant ne sera peut-être pas en direction de l'agriculture, mais pourrait être sur d'autres sujets. Je souhaite bon courage à tous ceux qui, peut-être, ont ri dans leurs moustaches ou ailleurs."
Ici, on essaie d'être clairs. Vous voulez dire qu'il pourrait être candidat pour X ou Y en 2002 aux présidentielles.
- "C'est lui qui choisira mais."
Votre avis, votre flair ?
- "Tel qu'il est parti aujourd'hui, je crois qu'il va tout droit vers d'autres missions ou d'autres combats. Cela le regarde mais je crois que ce n'est pas l'agriculture qui l'intéresse."
Vous voteriez pour lui ?
- "Non, je crois que j'aurais du mal."
Vous avez pendant la campagne beaucoup tapé sur le ministre Glavany comme un guignol, cela a été payant. Est-ce le passé ou allez-vous continuer ?
- "Je crois que le ministre, s'il n'a pas compris le message qu'ont transmis, les agriculteurs en votant massivement et en s'exprimant massivement pour la FNSEA, c'est à désespérer ! Je souhaite simplement qu'ils comprennent que nous avons besoin de travailler tous ensemble, nous avons besoin de semer pour récolter. Les enjeux sont très importants, les enjeux conjoncturels, parce que sur la viande bovine on attend depuis trois mois on n'a toujours rien eu ,et puis il y a les grands enjeux européens et là, on doit faire front commun."
Vous avez beaucoup semé avec la FNSEA : le productivisme, la production intensive. Vous avez récolté ou nous avons récolté ?
- "Il faut être bien clair sur le productivisme, je crois qu'il faut que l'on s'explique là-dessus. Les agriculteurs ont répondu à la demande de la société qui leur a demandé de produire des biens alimentaires en quantité suffisante et avec des exigences de plus en plus fortes au fil des ans. Les agriculteurs ont répondu et sont prêts encore à répondre à tout cela. Il ne faudrait pas, demain, considérer qu'il ne faut plus produire et que"
Personne n'a dit cela
- "Non, mais aujourd'hui, il y a quand même des messages"
Contrôler, maîtriser.
- "Contrôler, maîtriser, aujourd'hui nous y sommes. Je rappelle que nous avons l'alimentation la plus saine et la plus sécurisée au monde et même la plus gastronome. S'il y a quelques éléments qui sont découverts dans l'alimentation, c'est parce qu'on cherche. D'autres pays ne cherchent pas, on l'a vu d'ailleurs l'autre jour avec l'Allemagne."
En 96, vous disiez : "les farines animales sont un élément de la modernité agricole". Est-ce que ce matin vous le répéteriez ?
- "Je suis clair : les farines animales sont interdites pour les bovins. En 96, j'ai dit que l'agriculture avait droit à la modernité, je maintiens. A ce moment-là, les farines animales destinées aux porcs et aux volailles étaient un instrument de l'alimentation."
Mais alors, pourquoi quand il y a eu des excès, vous n'avez pas dénoncé les farines animales ou en tout cas les filières de l'alimentation animales qui restaient opaques.
- "Nous avons dénoncé tout cela et d'ailleurs nous avons porté plainte. Nous avons été reçus par le juge Boizette l'autre jour. Je regrette simplement que la justice ait mis quatre ans à s'en préoccuper. J'espère qu'on aura plus de vérité rapidement."
A l'évidence, le système productiviste tentant - on l'a dit tout à l'heure - qui correspondait peut-être au début de la FNSEA, il y a quarante ans, qui a servi - vous venez de le rappeler - aux besoins des Français et d'autres, montre en même temps ses limites et ses dégâts, est-ce que vous allez en changer ?
- "Je crois que nous recherchons toujours le juste milieu entre la production, la rentabilité et le service rendu aux consommateurs. Je n'aime pas le terme "productiviste "parce que le productivisme c'est celui qui ne se "
Alors, on va dire la quantité.
- "Non, pas que la quantité parce que les agriculteurs aujourd'hui essaient justement de travailler le plus possible en lien avec le marché, en quantité et en qualité, c'est ce qu'on appelle la productivité. Nous continuerons dans ce cadre-là."
Vous changez d'objectifs mais est-ce que vous avez changé de méthode, parce que quand on dit la FNSEA, le CNJA on dit " de l'aide, encore de l'aide sinon la rue, sinon le purin dans les préfectures et puis après l'impunité ". Est-ce que cela va continuer ou allez-vous adapter aussi vos méthodes au monde qui vient et qu'apparemment vous voulez voir venir ?
- "Si on nous répond en valorisant nos produits par des prix qui nous permettent d'avoir un revenu satisfaisant, je peux vous assurer que nous faisons une grande majorité des agriculteurs qui sont prêts à se passer des aides. Mais il faudra bien que les consommateurs comprennent que les agriculteurs aujourd'hui, avec 4 % des dépenses des ménages qui vont à l'agriculture, ne pourront pas avoir toujours plus de qualité, plus de sécurité et moins de prix."
Donc, vous comprenez que les consommateurs soient méfiants, qu'ils soient exigeants, de plus en plus exigeants, mais vous dites que, s'ils veulent que ça continue dans la sécurité, il faut qu'ils payent un peu plus.
- "Aujourd'hui, lorsque vous achetez une voiture avec Airbag et ABS, vous payez en plus. Lorsque l'on doit faire de la qualité, de la spécificité, cela doit pouvoir se payer en plus. Mais nous concevons notre mission, parce que je ne voudrais pas qu'on m'accuse demain de faire des prix plus chers alors que les catégories les plus basses dans la société ne pourraient pas s'approvisionner. Il faut répondre à une demande diversifiée. On ne pourra pas banaliser l'agriculture, il faut qu'elle soit diversifiée"
Personne ne veut la banaliser, mais on voit bien qu'il y a une population qui décline et on voit bien qu'il y a une population qui vieillit.
- "Elle décline, elle vieillit mais elle reste toujours aussi indispensable à l'équilibre de la société."
Absolument, on n'a jamais dit le contraire. Pourquoi la solidarité entre les agriculteurs ne joue pas davantage. Par exemple, Télérama dit très bien - et on voit bien - qu'entre les exploitants prospères de plus en plus riches et les autres de plus en plus dépendants des banques, des fournisseurs et des organismes sociaux, se creuse un fossé.
- "Il faut quand même qu'on arrête tout ce dénigrement ! Je suis prêt à prendre"
Ce n'est pas dénigrement, c'est la réalité.
- "Si, parce que l'on a sorti pendant cette campagne des chiffres qui sont complètement aberrants, qui n'ont rien à voir avec la réalité. Il y a des efforts encore à faire de solidarité, nous en avons fait, nous en ferons encore mais il faut arrêter de donner des chiffres qui n'ont rien à voir avec la réalité. Il y a des agriculteurs qui vivent sans aides et qui ont les meilleurs revenus de ce pays et d'autres qui vivent avec des aides et qui ont des revenus de misère en particulier les producteurs de viande bovine"
Que joue la solidarité
- "Et la fiscalité, elle sert à quoi ?"
Les scientifiques européens de Bruxelles, vont demander dans quelques jours à chaque pays un dépistage des moutons fous. Est-ce que vous y êtes favorable ?
- "Pour l'instant, on n'a pas de moutons fous, mais si demain, il faut mettre des tests dans le cadre des ovins ou d'autres productions pour sécuriser le consommateur, nous sommes d'accord."
La Commission de Bruxelles a chiffré le coût de la vache folle à l'Europe, c'est près de 3 milliards d'euros par an, rappelait Jean-Louis Gombeaud. Des Etats comme l'Allemagne ne veulent plus jusqu'ici ajouter un sou, qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce qu'il faut redéployer à l'intérieur du budget de la PAC qui est de 45 milliards d'euros par an, est-ce qu'il faut redéployer ou vous allez demander encore un peu de sous ?
- "Depuis déjà un certain temps, il y a eu du redéploiement. Il faudra sans doute continuer à le faire. Je rappelle que cela ne représente que 0,40% du produit intérieur brut européen. Mais de toute façon, l'Europe ne pourra pas continuer sans avoir un véritable budget de sécurité alimentaire"
En plus.
- "En plus parce que si à chaque fois qu'il y a une crise, on l'affecte à la politique agricole, c'est vrai qu'on dira toujours que c'est l'agriculture qui coûte plus cher. Mais bien souvent ce qui est fait sur les tests en particulier ou les retraits des farines animales, c'est plus de la santé publique que de la politique agricole."
Vous vous avez de la chance en France, vous avez un ministre qui est un homme, vous avez vu que deux pays européens, l'Italie et l'Allemagne ont nommé d'abord des Verts comme ministre de l'Agriculture et le chancelier Schröder a nommé une femme, une écologiste et il paraît qu'elle est dure.
- "Elle est sans doute dure, mais cela dépend des personnes. Je crois que si on a un discours concret, réaliste et si on conjugue l'économie avec l'écologie c'est possible. Si on ne veut faire que de l'écologie, c'est vrai qu'il y aura des conflits, mais autrement on peut le faire, je crois que c'est possible."
Vous avez imaginé que José Bové pouvait être candidat et aller dans des terres politique. En ce qui vous concerne, est-ce que ce matin vous dites que vous ne serez pas candidat à la présidence et bientôt à la présidence de l'Assemblée des chambres d'agriculture qui viennent de naître ?
- "Non, je ne le dis pas puisque nous nous réunirons tous ensemble pour assurer nos responsabilités"
C'est le grand baratin
- "Ce n'est pas le grand baratin"
"Les responsabilités tous ensemble dans un esprit démocratique" mais la vérité ! !
- "Nous avons assumé ces responsabilités aux chambres d'agriculture et à la FNSEA, nous le ferons en équipe parce que, je vous rappelle, qu'il n'y a pas que le président qui change à la PCA, il y a les trois quarts de l'équipe et donc nous devrons l'assumer en commun et je ferai partie de cet ensemble."
Vous êtes prêt ?
- "Bien sûr que je suis prêt !"
Alors, pourquoi pas le dire aussi nettement.
- "Aujourd'hui, avec les responsabilités que nous avons eues mais je tiens à dire que ce sera quelque chose qui sera fait en équipe."
En accord, en équipe.
- "Non, pas en accord, mais en équipe."
Vous êtes prêt et vous êtes resté neuf ans à la tête de la FNSEA
- "On a déjà beaucoup vécu à la FNSEA."
Autrement dit, bientôt on interrogera le président de l'Assemblée des chambres d'agriculture.
- "On verra, peut-être."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 2 février 2001)
- "Oui tout à fait, mais surtout nous avons eu une joie très importante, c'est de voir que les agriculteurs ont été fidèles au rendez-vous. 64% de participation, je crois que c'était du jamais vu. Il faut le signaler."
C'est-à-dire que vous gardez nettement l'avantage mais que s'effritent ou s'érodent les privilèges qu'avaient la FNSEA et la CNJA. Maintenant, il faut accepter un début de pluralisme de la représentation professionnelle agricole.
- "Non, il ne faut pas l'accepter puisqu'il existe déjà"
Alors, il va être davantage.
- "Il existe à l'intérieur de notre organisation et puis, nous avions déjà depuis de nombreuses années la présence des autres syndicats dans les discussions. Aujourd'hui, nous maintenons notre présence majoritaire à près de 55 %, présents dans quasiment toutes les chambres d'agriculture puisque quatre seulement ne seront pas présidées par quelqu'un de la FNSEA et du CNJA, la confédération ayant perdu un gros bastion dans le Finistère. Mais nous avons récupéré la Lozère que nous avions perdue la dernière fois."
Pourquoi, à votre avis, José Bové n'a pas obtenu davantage ?
- "Je pense que le discours qu'il tient ne correspond pas au souhait et à la demande des agriculteurs qui sont pleins de pragmatisme et qui veulent être défendus bien sûr dans le cadre de leur revenu, mais aussi s'intégrer dans une société non pas rêvée, mais dans la société d'aujourd'hui. Je crois que les slogans trop faciles de "malbouffe" n'ont pas servi sa cause puisque les agriculteurs et les concitoyens savent que la France est le pays justement de la bonne alimentation et un pays très sécurisé."
Donc, J. Bové joue contre ses propres intérêts et contre les agriculteurs ?
- "Contre ses intérêts, c'est lui qui peut en juger mais contre les agriculteurs, c'est indéniable. Les agriculteurs l'ont sanctionné à cause de cela."
Mais pourtant, elle a gagné en influence : plus 6 %.
- "Elle a gagné en influence mais je rappelle qu'elle est présente dans plus de dix départements nouveaux. Nous sommes en train de faire le compte. Quand on voit la progression de Modef plus Confédération paysanne, ça n'a pas bougé depuis vingt ans, c'est toujours autour de 25 %."
Vous diriez que la coqueluche des médias devrait retourner à la campagne comme je l'ai lu ?
- "Il fait comme il veut, mais je dois dire simplement qu'après s'être occupé pendant quelques mois de l'agriculture, je souhaite bon courage aux politiques maintenant parce qu'il va s'occuper d'eux."
Cela veut dire ?
- "Cela veut dire que la campagne qu'il va faire maintenant ne sera peut-être pas en direction de l'agriculture, mais pourrait être sur d'autres sujets. Je souhaite bon courage à tous ceux qui, peut-être, ont ri dans leurs moustaches ou ailleurs."
Ici, on essaie d'être clairs. Vous voulez dire qu'il pourrait être candidat pour X ou Y en 2002 aux présidentielles.
- "C'est lui qui choisira mais."
Votre avis, votre flair ?
- "Tel qu'il est parti aujourd'hui, je crois qu'il va tout droit vers d'autres missions ou d'autres combats. Cela le regarde mais je crois que ce n'est pas l'agriculture qui l'intéresse."
Vous voteriez pour lui ?
- "Non, je crois que j'aurais du mal."
Vous avez pendant la campagne beaucoup tapé sur le ministre Glavany comme un guignol, cela a été payant. Est-ce le passé ou allez-vous continuer ?
- "Je crois que le ministre, s'il n'a pas compris le message qu'ont transmis, les agriculteurs en votant massivement et en s'exprimant massivement pour la FNSEA, c'est à désespérer ! Je souhaite simplement qu'ils comprennent que nous avons besoin de travailler tous ensemble, nous avons besoin de semer pour récolter. Les enjeux sont très importants, les enjeux conjoncturels, parce que sur la viande bovine on attend depuis trois mois on n'a toujours rien eu ,et puis il y a les grands enjeux européens et là, on doit faire front commun."
Vous avez beaucoup semé avec la FNSEA : le productivisme, la production intensive. Vous avez récolté ou nous avons récolté ?
- "Il faut être bien clair sur le productivisme, je crois qu'il faut que l'on s'explique là-dessus. Les agriculteurs ont répondu à la demande de la société qui leur a demandé de produire des biens alimentaires en quantité suffisante et avec des exigences de plus en plus fortes au fil des ans. Les agriculteurs ont répondu et sont prêts encore à répondre à tout cela. Il ne faudrait pas, demain, considérer qu'il ne faut plus produire et que"
Personne n'a dit cela
- "Non, mais aujourd'hui, il y a quand même des messages"
Contrôler, maîtriser.
- "Contrôler, maîtriser, aujourd'hui nous y sommes. Je rappelle que nous avons l'alimentation la plus saine et la plus sécurisée au monde et même la plus gastronome. S'il y a quelques éléments qui sont découverts dans l'alimentation, c'est parce qu'on cherche. D'autres pays ne cherchent pas, on l'a vu d'ailleurs l'autre jour avec l'Allemagne."
En 96, vous disiez : "les farines animales sont un élément de la modernité agricole". Est-ce que ce matin vous le répéteriez ?
- "Je suis clair : les farines animales sont interdites pour les bovins. En 96, j'ai dit que l'agriculture avait droit à la modernité, je maintiens. A ce moment-là, les farines animales destinées aux porcs et aux volailles étaient un instrument de l'alimentation."
Mais alors, pourquoi quand il y a eu des excès, vous n'avez pas dénoncé les farines animales ou en tout cas les filières de l'alimentation animales qui restaient opaques.
- "Nous avons dénoncé tout cela et d'ailleurs nous avons porté plainte. Nous avons été reçus par le juge Boizette l'autre jour. Je regrette simplement que la justice ait mis quatre ans à s'en préoccuper. J'espère qu'on aura plus de vérité rapidement."
A l'évidence, le système productiviste tentant - on l'a dit tout à l'heure - qui correspondait peut-être au début de la FNSEA, il y a quarante ans, qui a servi - vous venez de le rappeler - aux besoins des Français et d'autres, montre en même temps ses limites et ses dégâts, est-ce que vous allez en changer ?
- "Je crois que nous recherchons toujours le juste milieu entre la production, la rentabilité et le service rendu aux consommateurs. Je n'aime pas le terme "productiviste "parce que le productivisme c'est celui qui ne se "
Alors, on va dire la quantité.
- "Non, pas que la quantité parce que les agriculteurs aujourd'hui essaient justement de travailler le plus possible en lien avec le marché, en quantité et en qualité, c'est ce qu'on appelle la productivité. Nous continuerons dans ce cadre-là."
Vous changez d'objectifs mais est-ce que vous avez changé de méthode, parce que quand on dit la FNSEA, le CNJA on dit " de l'aide, encore de l'aide sinon la rue, sinon le purin dans les préfectures et puis après l'impunité ". Est-ce que cela va continuer ou allez-vous adapter aussi vos méthodes au monde qui vient et qu'apparemment vous voulez voir venir ?
- "Si on nous répond en valorisant nos produits par des prix qui nous permettent d'avoir un revenu satisfaisant, je peux vous assurer que nous faisons une grande majorité des agriculteurs qui sont prêts à se passer des aides. Mais il faudra bien que les consommateurs comprennent que les agriculteurs aujourd'hui, avec 4 % des dépenses des ménages qui vont à l'agriculture, ne pourront pas avoir toujours plus de qualité, plus de sécurité et moins de prix."
Donc, vous comprenez que les consommateurs soient méfiants, qu'ils soient exigeants, de plus en plus exigeants, mais vous dites que, s'ils veulent que ça continue dans la sécurité, il faut qu'ils payent un peu plus.
- "Aujourd'hui, lorsque vous achetez une voiture avec Airbag et ABS, vous payez en plus. Lorsque l'on doit faire de la qualité, de la spécificité, cela doit pouvoir se payer en plus. Mais nous concevons notre mission, parce que je ne voudrais pas qu'on m'accuse demain de faire des prix plus chers alors que les catégories les plus basses dans la société ne pourraient pas s'approvisionner. Il faut répondre à une demande diversifiée. On ne pourra pas banaliser l'agriculture, il faut qu'elle soit diversifiée"
Personne ne veut la banaliser, mais on voit bien qu'il y a une population qui décline et on voit bien qu'il y a une population qui vieillit.
- "Elle décline, elle vieillit mais elle reste toujours aussi indispensable à l'équilibre de la société."
Absolument, on n'a jamais dit le contraire. Pourquoi la solidarité entre les agriculteurs ne joue pas davantage. Par exemple, Télérama dit très bien - et on voit bien - qu'entre les exploitants prospères de plus en plus riches et les autres de plus en plus dépendants des banques, des fournisseurs et des organismes sociaux, se creuse un fossé.
- "Il faut quand même qu'on arrête tout ce dénigrement ! Je suis prêt à prendre"
Ce n'est pas dénigrement, c'est la réalité.
- "Si, parce que l'on a sorti pendant cette campagne des chiffres qui sont complètement aberrants, qui n'ont rien à voir avec la réalité. Il y a des efforts encore à faire de solidarité, nous en avons fait, nous en ferons encore mais il faut arrêter de donner des chiffres qui n'ont rien à voir avec la réalité. Il y a des agriculteurs qui vivent sans aides et qui ont les meilleurs revenus de ce pays et d'autres qui vivent avec des aides et qui ont des revenus de misère en particulier les producteurs de viande bovine"
Que joue la solidarité
- "Et la fiscalité, elle sert à quoi ?"
Les scientifiques européens de Bruxelles, vont demander dans quelques jours à chaque pays un dépistage des moutons fous. Est-ce que vous y êtes favorable ?
- "Pour l'instant, on n'a pas de moutons fous, mais si demain, il faut mettre des tests dans le cadre des ovins ou d'autres productions pour sécuriser le consommateur, nous sommes d'accord."
La Commission de Bruxelles a chiffré le coût de la vache folle à l'Europe, c'est près de 3 milliards d'euros par an, rappelait Jean-Louis Gombeaud. Des Etats comme l'Allemagne ne veulent plus jusqu'ici ajouter un sou, qu'est-ce qu'il faut faire ? Est-ce qu'il faut redéployer à l'intérieur du budget de la PAC qui est de 45 milliards d'euros par an, est-ce qu'il faut redéployer ou vous allez demander encore un peu de sous ?
- "Depuis déjà un certain temps, il y a eu du redéploiement. Il faudra sans doute continuer à le faire. Je rappelle que cela ne représente que 0,40% du produit intérieur brut européen. Mais de toute façon, l'Europe ne pourra pas continuer sans avoir un véritable budget de sécurité alimentaire"
En plus.
- "En plus parce que si à chaque fois qu'il y a une crise, on l'affecte à la politique agricole, c'est vrai qu'on dira toujours que c'est l'agriculture qui coûte plus cher. Mais bien souvent ce qui est fait sur les tests en particulier ou les retraits des farines animales, c'est plus de la santé publique que de la politique agricole."
Vous vous avez de la chance en France, vous avez un ministre qui est un homme, vous avez vu que deux pays européens, l'Italie et l'Allemagne ont nommé d'abord des Verts comme ministre de l'Agriculture et le chancelier Schröder a nommé une femme, une écologiste et il paraît qu'elle est dure.
- "Elle est sans doute dure, mais cela dépend des personnes. Je crois que si on a un discours concret, réaliste et si on conjugue l'économie avec l'écologie c'est possible. Si on ne veut faire que de l'écologie, c'est vrai qu'il y aura des conflits, mais autrement on peut le faire, je crois que c'est possible."
Vous avez imaginé que José Bové pouvait être candidat et aller dans des terres politique. En ce qui vous concerne, est-ce que ce matin vous dites que vous ne serez pas candidat à la présidence et bientôt à la présidence de l'Assemblée des chambres d'agriculture qui viennent de naître ?
- "Non, je ne le dis pas puisque nous nous réunirons tous ensemble pour assurer nos responsabilités"
C'est le grand baratin
- "Ce n'est pas le grand baratin"
"Les responsabilités tous ensemble dans un esprit démocratique" mais la vérité ! !
- "Nous avons assumé ces responsabilités aux chambres d'agriculture et à la FNSEA, nous le ferons en équipe parce que, je vous rappelle, qu'il n'y a pas que le président qui change à la PCA, il y a les trois quarts de l'équipe et donc nous devrons l'assumer en commun et je ferai partie de cet ensemble."
Vous êtes prêt ?
- "Bien sûr que je suis prêt !"
Alors, pourquoi pas le dire aussi nettement.
- "Aujourd'hui, avec les responsabilités que nous avons eues mais je tiens à dire que ce sera quelque chose qui sera fait en équipe."
En accord, en équipe.
- "Non, pas en accord, mais en équipe."
Vous êtes prêt et vous êtes resté neuf ans à la tête de la FNSEA
- "On a déjà beaucoup vécu à la FNSEA."
Autrement dit, bientôt on interrogera le président de l'Assemblée des chambres d'agriculture.
- "On verra, peut-être."
(Source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 2 février 2001)