Déclaration de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, sur la coopération internationale en vue de la création d'une organisation mondiale de l'environnement, à Nairobi (Kenya) le 23 février 2011.

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Circonstance : Réunion des ministres de l'environnement, à Nairobi (Kenya) le 23 février 2011

Texte intégral

Monsieur le Directeur exécutif,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Honorables délégués,
Chers collègues,
* Préambule : soutien à la position exprimée au niveau européen
Comme ses partenaires de l'Union européenne, la France souhaite la création d'une organisation internationale dédiée à l'environnement comme résultat de Rio+20. Il serait temps en 2012 de tirer les conséquences des insuffisances du système actuel, en ayant une voix mondiale forte sur l'environnement, garante d'une expertise reconnue au sein des Nations Unies et de l'efficacité du système multilatéral.
* Pourquoi une réforme ambitieuse ?
Il y a 40 ans, l'Assemblée générale des Nations-Unies décidait de la création du Programme des Nations-Unies pour l'Environnement et prévoyait déjà explicitement la nécessité d'une enceinte politique internationale pour donner autorité et cohérence à la gouvernance internationale de l'environnement.
Il y a 20 ans, la notion de développement durable était formellement reconnue et mise au coeur du programme du Sommet de la Terre à Rio.
Nous avons aujourd'hui une chance unique de consolider les fondements de ce nouveau modèle.
500 conventions et instruments internationaux ou régionaux existent dans le domaine de l'environnement. Ce foisonnement témoigne de l'importance et de la complexité des enjeux environnementaux. Il procède aussi d'un choix, effectué alors que la question de la protection de l'environnement faisait encore l'objet d'oppositions de principe. Celui de procéder au cas par cas, en bâtissant sur des consensus d'abord limités, pour élargir progressivement leur portée. Mais il en résulte aujourd'hui éparpillement des moyens, duplication, absence de vision d'ensemble et incapacité à définir des priorités.
Au moment où les défis sont plus importants que jamais, les moyens doivent être employés de la manière la plus efficace possible. Il faut passer à une nouvelle étape. La protection de l'environnement, bien commun de l'humanité, ne doit pas être victime de son succès. Les leaders mondiaux doivent s'entendre sur une réforme simple, efficace, pragmatique, et en même temps ambitieuse, de la gouvernance internationale de l'environnement.
Cette nouvelle gouvernance devrait se fixer quatre objectifs :
- Porter une vision stratégique de l'agenda environnemental global, sur la base d'une interface science-politique renforcée ;
- Etre une organisation moderne, reconnaissant le rôle de la société civile et l'associant aux débats ;
- Jouer un rôle de chef de file pour l'environnement au sein des Nations-Unies, pour agir en meilleure coordination avec les acteurs du développement ;
- Etre un chef d'orchestre organisant les synergies entre accords multilatéraux pour l'environnement, dans le respect de l'autonomie juridique de ceux-ci.
La seule option qui remplit ces critères est pour nous celle d'une agence spécialisée des Nations Unies, bâtie sur un PNUE renforcé et basée à Nairobi.
* Quel contenu pour une organisation mondiale de l'environnement ?
Naturellement la question n'est pas seulement celle de la création d'un nouveau dispositif institutionnel, mais celle de l'agenda qu'il permettra de faire avancer.
Il s'agit de faire évoluer le système pour qu'il produise des solutions adaptées aux besoins spécifiques des pays face aux enjeux environnementaux. Nous avons besoin de réconcilier les approches « top down » et « bottom up », les objectifs fournis par la science et les réalités de terrain.
Nous sommes conscients aussi que la solidarité avec les pays en développement doit occuper une place de choix dans les questions d'environnement international. Pour progresser dans le respect de nos engagements, il nous faut appuyer les efforts de renforcement de capacités, aider à rendre effectifs les transferts de technologies pertinents.
Une agence spécialisée sera donc l'expression d'une mobilisation internationale du Nord comme du Sud. Sans remettre en cause les accords ou instruments préexistants, sur laquelle elle s'appuiera, cette organisation devra favoriser la cohérence et la convergence pratique des instruments existants, de manière à assurer leur plus grande efficacité et à faire en sorte que l'essentiel des ressources soient dégagées pour l'action sur le terrain.
* Conclusion : liens avec l'ensemble du cadre institutionnel du développement durable
L'environnement, le secrétaire général des Nations-Unies l'a rappelé récemment, est le pilier le plus faible du développement durable. Le renforcer est l'étape indispensable d'une réforme de la gouvernance globale. Il faut une institution légitime et efficace capable de dialoguer à égalité avec les autres piliers du développement durable. Bien sûr, les liens entre les piliers environnemental, social et économique doivent être renforcés. Environnement et développement doivent être rendus solidaires, comme le montrent les réflexions actuelles sur l'économie verte. Mais reconnaissons en 2012 la nécessité d'un vrai pilier environnemental pour cimenter toutes les briques empilées depuis 40 ans.
A Rio+20, la communauté internationale doit démontrer sa sincérité. Nous avons à peine plus d'un an. Pour un résultat concret au Brésil l'an prochain, ce Conseil d'administration est un jalon crucial. J'espère qu'à l'issue d'un processus ministériel consultatif où ont tant investi le Kenya et la Finlande, mais aussi avant eux l'Italie, ce CA reconnaîtra la nécessité d'une nouvelle donne.
Je vous remercie.Source http://www.developpement-durable.gouv.fr, le 24 février 2011