Déclaration de Mme Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l'outre-mer, sur les apports des outre-mer à la poésie et la participation du "Printemps des poètes" à l'Année des outre-mer, à Paris le 7 mars 2011.

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Circonstance : 13e édition du Printemps des poètes, à Paris du 7 au 21 mars 2011

Texte intégral

Mesdames, Messieurs,
"Je reviendrai un jour de mes lointaines errances
Danseuse dans l'eau et soleil dans la nuit
Je prendrai l'accent du coeur et du présent
Un grand voyage d'oiseau
Voilà ce que j'aurai aimé faire
Passer par l'herbe de l'été
Pour atteindre la Grande Ourse"
C'est par ces vers de la poétesse réunionnaise Nadine FIDJI que je vous souhaite la bienvenue au ministère de l'Outre-mer.
Je suis particulièrement émue, en vous regardant toutes et tous, d'imaginer que les poètes des Outre-mer ont fait entendre leur voix, leurs mots, leur âme au public aujourd'hui, et ce, à Paris et en province.
De ces rencontres, je l'espère, naîtront une envie, un désir de découvrir la poésie ultramarine et plus globalement la littérature et les arts de nos territoires.
Dans le monde entier, la France des Outre-mer est riche de ses traditions et de la diversité de ses cultures. Pour mieux les connaître, deux solutions existent : se rendre sur place ou s'enrichir de leurs cultures. La poésie me semble être un compromis de qualité car elle incite au voyage immobile, qui lorsque l'on ferme les yeux, permet d'entendre le vent entre les mots.
Comme dans ces vers d'Edouard Glissant à qui je veux rendre hommage ce soir :
"Vos champs meurent, vos champs sans fin :
De branche en branche vers l'écho
Le rêve à peine est dans la fleur
Déjà le vent court au matin »
La poésie, telle que vous la mettez à l'honneur dans le cadre du
"Printemps des poètes", doit résonner hors des murs, hors des
frontières et surgir là où on ne l'attend pas.
C'est tout le sens de notre rencontre ce matin à la station de métro Auber,
c'est tout le sens de l'affichage des poèmes que propose la RATP dans ses rames de métro depuis plusieurs années, offrant ainsi aux voyageurs des vers et autres petits textes poétiques,
c'est tout le sens de votre démarche aujourd'hui, de lire des poèmes dans les rues, les boulevards, les passages, les écoles, les hôpitaux, les prisons.
Car au travers des poèmes ultramarins que vous avez lu, c'est bien nos Outre-mer que vous avez promu. Vous le savez, les Outre-mer ne sont pas de lointains cousins mais bien nos voisins de coeur. Trop de clichés, trop de préjugés ternissent leur image et la représentation que l'on se fait de ces territoires.
L'année des Outre-mer doit permettre ce changement de regard, cette mise en lumière des apports de ces petits morceaux de France à la grandeur de notre pays.
Le mois prochain, le Président de la République rendra l'hommage de la Nation à Aimé Césaire en dévoilant au Panthéon une inscription célébrant les mérites du poète martiniquais dont André Breton aimait à dire que sa parole était "belle comme l'oxygène naissant".
Au-delà d'Aimé Césaire, c'est la poésie et les Outre-mer qui seront à l'honneur en ce moment exceptionnel.
Ce seront les valeurs universelles défendues ardemment par ce chantre de la négritude, de la dignité des hommes, de la résistance face aux oppresseurs, qui seront célébrées.
Lui, le martiniquais, monté à Paris se former à l'Ecole normale supérieure avant de devenir un professeur, un intellectuel, un homme de lettres dont la voix se fît entendre par delà les montagnes, les océans ou les préjugés,
Lui, l'homme à la bouche des malheurs qui n'ont point de bouche,
Lui, l'homme à la voix universelle, désormais éternelle grâce au travail d'Euzhan Palcy qui nous a légué une présence pour l'avenir,
Lui, enfin, l'homme debout qui, par la force de son Verbe, nous aide chaque jour à le demeurer face aux épreuves.
Avant de conclure, je voudrais rappeler que l'année des Outre-mer est une belle ambition. Et le "printemps des poètes" y participe grandement.
Souvent, lors de mes déplacements, je visite des écoles et je suis toujours émerveillée d'entendre des enfants lire des poèmes de leur territoire. Et je mesure à quel point cette richesse doit être mieux connue.
C'est pour eux, c'est pour vous, c'est pour nous, que nous devons réussir cette année des Outre-mer, en faire une année de rencontre, de partage, de découverte, de main tendue vers l'ailleurs, vers les horizons que l'on croit connaître sans pour autant les apprécier à leur juste mesure.
Aujourd'hui, votre participation à ce "Printemps des Poètes" a fait de vous les messagers des Outre-mer, des rayons du soleil, des amis du vent, des sourires précieux.
Et pour cela, je vous exprime ma reconnaissance.
Je vous remercie de votre attention.Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 14 mars 2011