Texte intégral
Q - Notre assiette contient-elle des résidus de pesticides ?
Bruno Le Maire : Evitons de jouer avec les peurs des Français. En Europe, nous sommes passés de 1.000 molécules autorisées dans les pesticides à 250. En France, le plan Ecophytho lancé en 2008 à loccasion du Grenelle de lenvironnement fera diminuer de moitié lusage des pesticides dici à 2018. Et aujourdhui, un millier de fermes expérimentales testent de nouvelles pratiques de cultures.
Q - Est-il possible de bannir la chimie dans lagriculture ?
Bruno Le Maire : Il faut surtout réduire les quantités utilisées. Avec Nathalie Kosciusko-Morizet [ministre de lEcologie, du Développement durable, des Transports et du Logement], nous soutenons le développement de la culture bio. Quinze nouvelles exploitations de ce type ouvrent chaque jour, la France rattrape son retard. Je refuse la désinformation des médias. Les crédits accordés à cette activité nont pas baissé : le bio reçoit 100 millions deuros cette année, et je maintiens lobjectif doffrir 20% de produits bio dans les cantines dans dix ans.
Q - Et les antibiotiques dans la nourriture animale ?
Bruno Le Maire : Nous devons diminuer, dans les élevages, les doses dantibiotiques utilisées qui accroissent le risque de diffuser des microbes plus résistants dans lenvironnement. Je souhaite que nous réduisions de 25% le recours aux antibiotiques dici à cinq ans. Ce plan démarrera en mai en concertation avec les éleveurs.
Q - La journaliste Marie-Monique Robin insiste dans son documentaire sur les dangers des cocktails de molécules dans le corps, qui favoriseraient des cancers.
Bruno Le Maire : Les recherches progressent pour mesurer la réalité de ces effets. De nombreuses études sont déjà en cours. Je viens de commander à lAgence nationale de sécurité sanitaire, lAnses, une étude supplémentaire sur les résidus chimiques présents dans 4.800 produits composant lalimentation des enfants de 0 à 3 ans.
Q - Craignez-vous un scandale similaire à celui du Mediator, qui a souligné la collusion entre industriels et agences de contrôle ?
Bruno Le Maire : Il nest pas question de mettre en cause la probité des scientifiques. Mais je compléterai le projet de loi sur les conflits dintérêts que François Baroin, ministre du Budget, présentera au Parlement.
Q - Les agriculteurs sont victimes des pesticides. Comment les protéger ?
Bruno Le Maire : Je veux développer la formation des exploitants pour diminuer les risques quils encourent. Depuis 2009, 45.000 agriculteurs ont suivi des sessions de deux jours sur lusage des gants, des masques Cela continuera. En 2014, il faudra montrer un certificat de formation pour acheter un produit phytosanitaire.
Q - Ces mesures semblent aller à contre-sens de la désormais fameuse déclaration de Nicolas Sarkozy : "Lenvironnement, ça commence à bien faire !"
Bruno Le Maire : Cette phrase a été mal interprétée. Avec le président de la République, nous voulons défendre une agriculture durable qui respecte les paysans, qui traversent une des crises les plus rudes de leur histoire et dont le revenu moyen est inférieur de 15% à celui de la population française. Les mises aux normes quils doivent effectuer sont onéreuses : installer les truies dans des boxes de 2,5 mètres carrés coûte par exemple 370 millions deuros.
Q - Il existe un hiatus entre la santé publique qui exige des réponses rapides, et la lenteur de lévolution de la réglementation.
Bruno Le Maire : Il faut trouver léquilibre entre la sécurité des consommateurs et la pérennité de lagriculture. Si la France supprime lusage des pesticides sur son sol et que dautres pays continuent les mêmes pratiques, alors une partie des récoltes sera perdue. On devra acheter des aliments aux États moins scrupuleux.
Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 1er avril 2011
Bruno Le Maire : Evitons de jouer avec les peurs des Français. En Europe, nous sommes passés de 1.000 molécules autorisées dans les pesticides à 250. En France, le plan Ecophytho lancé en 2008 à loccasion du Grenelle de lenvironnement fera diminuer de moitié lusage des pesticides dici à 2018. Et aujourdhui, un millier de fermes expérimentales testent de nouvelles pratiques de cultures.
Q - Est-il possible de bannir la chimie dans lagriculture ?
Bruno Le Maire : Il faut surtout réduire les quantités utilisées. Avec Nathalie Kosciusko-Morizet [ministre de lEcologie, du Développement durable, des Transports et du Logement], nous soutenons le développement de la culture bio. Quinze nouvelles exploitations de ce type ouvrent chaque jour, la France rattrape son retard. Je refuse la désinformation des médias. Les crédits accordés à cette activité nont pas baissé : le bio reçoit 100 millions deuros cette année, et je maintiens lobjectif doffrir 20% de produits bio dans les cantines dans dix ans.
Q - Et les antibiotiques dans la nourriture animale ?
Bruno Le Maire : Nous devons diminuer, dans les élevages, les doses dantibiotiques utilisées qui accroissent le risque de diffuser des microbes plus résistants dans lenvironnement. Je souhaite que nous réduisions de 25% le recours aux antibiotiques dici à cinq ans. Ce plan démarrera en mai en concertation avec les éleveurs.
Q - La journaliste Marie-Monique Robin insiste dans son documentaire sur les dangers des cocktails de molécules dans le corps, qui favoriseraient des cancers.
Bruno Le Maire : Les recherches progressent pour mesurer la réalité de ces effets. De nombreuses études sont déjà en cours. Je viens de commander à lAgence nationale de sécurité sanitaire, lAnses, une étude supplémentaire sur les résidus chimiques présents dans 4.800 produits composant lalimentation des enfants de 0 à 3 ans.
Q - Craignez-vous un scandale similaire à celui du Mediator, qui a souligné la collusion entre industriels et agences de contrôle ?
Bruno Le Maire : Il nest pas question de mettre en cause la probité des scientifiques. Mais je compléterai le projet de loi sur les conflits dintérêts que François Baroin, ministre du Budget, présentera au Parlement.
Q - Les agriculteurs sont victimes des pesticides. Comment les protéger ?
Bruno Le Maire : Je veux développer la formation des exploitants pour diminuer les risques quils encourent. Depuis 2009, 45.000 agriculteurs ont suivi des sessions de deux jours sur lusage des gants, des masques Cela continuera. En 2014, il faudra montrer un certificat de formation pour acheter un produit phytosanitaire.
Q - Ces mesures semblent aller à contre-sens de la désormais fameuse déclaration de Nicolas Sarkozy : "Lenvironnement, ça commence à bien faire !"
Bruno Le Maire : Cette phrase a été mal interprétée. Avec le président de la République, nous voulons défendre une agriculture durable qui respecte les paysans, qui traversent une des crises les plus rudes de leur histoire et dont le revenu moyen est inférieur de 15% à celui de la population française. Les mises aux normes quils doivent effectuer sont onéreuses : installer les truies dans des boxes de 2,5 mètres carrés coûte par exemple 370 millions deuros.
Q - Il existe un hiatus entre la santé publique qui exige des réponses rapides, et la lenteur de lévolution de la réglementation.
Bruno Le Maire : Il faut trouver léquilibre entre la sécurité des consommateurs et la pérennité de lagriculture. Si la France supprime lusage des pesticides sur son sol et que dautres pays continuent les mêmes pratiques, alors une partie des récoltes sera perdue. On devra acheter des aliments aux États moins scrupuleux.
Source http://www.agriculture.gouv.fr, le 1er avril 2011