Texte intégral
Madame la Présidente, chère Christel Prado,
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse de vous retrouver aujourd'hui pour ouvrir ce 7e colloque consacré à la santé de la personne handicapée mentale. Vous avez réussi, chère Christel Prado, a réunir pour cette journée autour de l'UNAPEI un nombre important d'acteurs, médecins, infirmiers, responsables associatifs, responsables d'établissement, proche et aidant de personnes handicapées. Je m'en réjouis car c'est le signe que cette question, trop longtemps ignorée, trouve sa place dans nos politiques de santé publique, grâce à la persévérance de votre association et de vos partenaires.
En ouverture de ce colloque, je ne voudrais dire que quelques mots pour souligner les enjeux et l'importance du thème que vous avez choisi : l'hygiène de vie et la prévention des facteurs de risque. Il me semble également nécessaire de replacer ces questions abordées aujourd'hui sous l'angle médical dans le contexte plus large de la participation sociale des personnes handicapées, qui reste notre horizon collectif.
1/ L'amélioration de l'hygiène de vie et l'accès à la prévention des facteurs de risque des personnes handicapées mentales est un enjeu particulièrement important de nos politiques de santé publique
L'hygiène de vie et la prévention constituent pour chacun d'entre nous des conditions essentielles à notre bonne santé. Elles sont intégrées très tôt dans l'éducation de tous les enfants. Elles ont constitué un levier important de l'élévation de l'espérance de vie de la population générale.
Les personnes handicapées, et plus particulièrement les personnes handicapées mentales, ont bénéficié de ce mouvement. Les progrès immenses en matière d'espérance de vie de ces personnes sont à l'origine du phénomène souvent désigné sous l'expression de « vieillissement des personnes handicapées ». S'il met au défi notre dispositif d'accompagnement médico-social de s'adapter, il constitue une nouvelle formidable pour les personnes concernées, leurs familles et la société toute entière. C'est un véritable progrès social.
La prévention, l'hygiène de vie et la promotion de la santé sont également des déterminants essentiels de la qualité de vie des personnes handicapées. C'est la raison pour laquelle j'avais souhaité qu'un titre entier de la loi du 11 février 2005 le titre II soit consacré à la prévention, la recherche et l'accès aux soins.
Particulièrement exposées à certains risques du fait de leur handicap, les personnes handicapées mentales peuvent voir leur handicap renforcé et leur autonomie réduite du fait d'une mauvaise hygiène de vie. La difficulté à faire face seules aux contraintes d'une maladie chronique qui nécessite un suivi au long cours peut également conduire à l'aggravation du handicap.
Nous avons le devoir de protéger des personnes particulièrement exposées. Apporter plus à ceux qui en ont le plus besoin : voilà un objectif prioritaire de nos politiques de santé publique et un levier de la réduction des inégalités de santé.
Il est ainsi nécessaire de bien identifier ces risques généraux et spécifiques afin d'y apporter les réponses adaptées et de définir des priorités de santé publique. C'est ce à quoi vous avez prévu de vous livrer aujourd'hui et je m'en réjouis.
2/ Or, nous faisons face, aujourd'hui, au paradoxe selon lequel les personnes handicapées font face à un accès difficile aux soins et à la santé en général. Nous devons y mettre fin.
C'est à ce paradoxe qu'a voulu répondre l'audition publique sur l'accès aux soins des personnes handicapées accompagnée par la Haute Autorité de Santé qui s'est tenue en octobre 2008. Les obstacles ont été pointés du doigt ; les solutions pourraient se résumer en quelques mots : la mise en oeuvre du principe d'accessibilité dans le champ de la santé. Cela signifie que c'est donc bien aux acteurs de notre système de santé de s'approprier cette question et de s'adapter.
On connait bien les difficultés liées au handicap physique : problème d'accès aux cabinets médicaux, difficulté de certains actes. Pour ce qui concerne les personnes ayant un handicap sensoriel, c'est l'accès aux campagnes de prévention qui constituent un des problèmes souvent dénoncé.
Lorsqu'il s'agit de favoriser l'accès des personnes ayant un handicap mental à la santé et plus particulièrement à la prévention et à l'hygiène de vie, il est nécessaire de mettre en place un accompagnement adapté. Il faut en effet favoriser l'appropriation de certaines habitudes de vie par nos compatriotes handicapés. Il s'agit bien sûr de prendre en compte la famille et les aidants familiaux. Il faut également intégrer le savoir faire des professionnels des services et établissements sociaux et médico-sociaux.
A cet égard, la commission du CNCPH qui s'est constituée autour des questions de santé et d'accès aux soins a souligné l'importance de la formation des professionnels. Elle pense aux professionnels de santé bien sûr, mais aussi aux professionnels sociaux et médico-sociaux qui accompagnent les personnes dans le quotidien.
3/ Les associations et les dispositifs d'accompagnement ont ainsi un rôle majeur à jouer
Je l'ai dit, ce sont eux qui accompagnent les personnes tous les jours. Ils portent la mise en place des soins spécifiques ; ils doivent constituer un relais des actions de santé publique plus générales à destination des personnes qu'ils accompagnent.
Je ne prendrai qu'un exemple, qui me parait très symptomatique et qui avait été relevé par le rapport « Handicap et santé bucco-dentaire » remis en octobre dernier à Nadine Morano par les docteurs Patrick Hescot, président de l'Union française pour la santé bucco-dentaire et Alain Moutarde, secrétaire national du Conseil de l'ordre des chirurgiens dentistes. Il signalait que le programme d'éducation bucco-dentaire MT'Dents de la CNAMTS ne concerne pas les enfants et adolescents accueillis en établissement médico-social, parce qu'il se développe auprès des enfants de 6 et 12 ans à travers des séances de sensibilisation dans les classes de CP et de 5e. C'est tout à fait anormal. Il doit pouvoir trouver son relais auprès des établissements médico-sociaux qui accueillent notamment de nombreux jeunes handicapés mentaux.
Afin d'être en mesure de jouer ce rôle de relais, les professionnels des établissements et services médico-sociaux doivent intégrer à leurs pratiques ces objectifs d'accompagnement à l'hygiène de vie et à l'éducation en santé. Je me félicite que l'ANESM ait intégré à ses priorités de travail 2011 l'accès aux soins des personnes handicapées. Elle a prévu de collaborer avec la Haute Autorité de santé, ce qui est tout à fait essentiel.
Les associations telles que l'UNAPEI ont, elles aussi, un rôle à jouer. Elles ont beaucoup travaillé sur les moyens de favoriser l'accessibilité aux personnes handicapées mentales, et ont développé des approches intéressantes à travers le langage simplifié par exemple qui me paraissent parfaitement adaptées pour le sujet qui nous intéresse aujourd'hui. Elles sont des partenaires naturels de tous ceux qui doivent favoriser l'accès des personnes handicapées mentales à la prévention, à l'éducation thérapeutique.
Le sujet dont vous traitez aujourd'hui est porteur de l'enjeu d'inclusion sociale et d'égalité des chances. La santé de la personne handicapée mentale constitue donc un enjeu majeur, au croisement des politiques de santé, et des politiques du handicap.Source http://www.unapei.org, le 8 avril 2011
Mesdames, Messieurs,
Je suis très heureuse de vous retrouver aujourd'hui pour ouvrir ce 7e colloque consacré à la santé de la personne handicapée mentale. Vous avez réussi, chère Christel Prado, a réunir pour cette journée autour de l'UNAPEI un nombre important d'acteurs, médecins, infirmiers, responsables associatifs, responsables d'établissement, proche et aidant de personnes handicapées. Je m'en réjouis car c'est le signe que cette question, trop longtemps ignorée, trouve sa place dans nos politiques de santé publique, grâce à la persévérance de votre association et de vos partenaires.
En ouverture de ce colloque, je ne voudrais dire que quelques mots pour souligner les enjeux et l'importance du thème que vous avez choisi : l'hygiène de vie et la prévention des facteurs de risque. Il me semble également nécessaire de replacer ces questions abordées aujourd'hui sous l'angle médical dans le contexte plus large de la participation sociale des personnes handicapées, qui reste notre horizon collectif.
1/ L'amélioration de l'hygiène de vie et l'accès à la prévention des facteurs de risque des personnes handicapées mentales est un enjeu particulièrement important de nos politiques de santé publique
L'hygiène de vie et la prévention constituent pour chacun d'entre nous des conditions essentielles à notre bonne santé. Elles sont intégrées très tôt dans l'éducation de tous les enfants. Elles ont constitué un levier important de l'élévation de l'espérance de vie de la population générale.
Les personnes handicapées, et plus particulièrement les personnes handicapées mentales, ont bénéficié de ce mouvement. Les progrès immenses en matière d'espérance de vie de ces personnes sont à l'origine du phénomène souvent désigné sous l'expression de « vieillissement des personnes handicapées ». S'il met au défi notre dispositif d'accompagnement médico-social de s'adapter, il constitue une nouvelle formidable pour les personnes concernées, leurs familles et la société toute entière. C'est un véritable progrès social.
La prévention, l'hygiène de vie et la promotion de la santé sont également des déterminants essentiels de la qualité de vie des personnes handicapées. C'est la raison pour laquelle j'avais souhaité qu'un titre entier de la loi du 11 février 2005 le titre II soit consacré à la prévention, la recherche et l'accès aux soins.
Particulièrement exposées à certains risques du fait de leur handicap, les personnes handicapées mentales peuvent voir leur handicap renforcé et leur autonomie réduite du fait d'une mauvaise hygiène de vie. La difficulté à faire face seules aux contraintes d'une maladie chronique qui nécessite un suivi au long cours peut également conduire à l'aggravation du handicap.
Nous avons le devoir de protéger des personnes particulièrement exposées. Apporter plus à ceux qui en ont le plus besoin : voilà un objectif prioritaire de nos politiques de santé publique et un levier de la réduction des inégalités de santé.
Il est ainsi nécessaire de bien identifier ces risques généraux et spécifiques afin d'y apporter les réponses adaptées et de définir des priorités de santé publique. C'est ce à quoi vous avez prévu de vous livrer aujourd'hui et je m'en réjouis.
2/ Or, nous faisons face, aujourd'hui, au paradoxe selon lequel les personnes handicapées font face à un accès difficile aux soins et à la santé en général. Nous devons y mettre fin.
C'est à ce paradoxe qu'a voulu répondre l'audition publique sur l'accès aux soins des personnes handicapées accompagnée par la Haute Autorité de Santé qui s'est tenue en octobre 2008. Les obstacles ont été pointés du doigt ; les solutions pourraient se résumer en quelques mots : la mise en oeuvre du principe d'accessibilité dans le champ de la santé. Cela signifie que c'est donc bien aux acteurs de notre système de santé de s'approprier cette question et de s'adapter.
On connait bien les difficultés liées au handicap physique : problème d'accès aux cabinets médicaux, difficulté de certains actes. Pour ce qui concerne les personnes ayant un handicap sensoriel, c'est l'accès aux campagnes de prévention qui constituent un des problèmes souvent dénoncé.
Lorsqu'il s'agit de favoriser l'accès des personnes ayant un handicap mental à la santé et plus particulièrement à la prévention et à l'hygiène de vie, il est nécessaire de mettre en place un accompagnement adapté. Il faut en effet favoriser l'appropriation de certaines habitudes de vie par nos compatriotes handicapés. Il s'agit bien sûr de prendre en compte la famille et les aidants familiaux. Il faut également intégrer le savoir faire des professionnels des services et établissements sociaux et médico-sociaux.
A cet égard, la commission du CNCPH qui s'est constituée autour des questions de santé et d'accès aux soins a souligné l'importance de la formation des professionnels. Elle pense aux professionnels de santé bien sûr, mais aussi aux professionnels sociaux et médico-sociaux qui accompagnent les personnes dans le quotidien.
3/ Les associations et les dispositifs d'accompagnement ont ainsi un rôle majeur à jouer
Je l'ai dit, ce sont eux qui accompagnent les personnes tous les jours. Ils portent la mise en place des soins spécifiques ; ils doivent constituer un relais des actions de santé publique plus générales à destination des personnes qu'ils accompagnent.
Je ne prendrai qu'un exemple, qui me parait très symptomatique et qui avait été relevé par le rapport « Handicap et santé bucco-dentaire » remis en octobre dernier à Nadine Morano par les docteurs Patrick Hescot, président de l'Union française pour la santé bucco-dentaire et Alain Moutarde, secrétaire national du Conseil de l'ordre des chirurgiens dentistes. Il signalait que le programme d'éducation bucco-dentaire MT'Dents de la CNAMTS ne concerne pas les enfants et adolescents accueillis en établissement médico-social, parce qu'il se développe auprès des enfants de 6 et 12 ans à travers des séances de sensibilisation dans les classes de CP et de 5e. C'est tout à fait anormal. Il doit pouvoir trouver son relais auprès des établissements médico-sociaux qui accueillent notamment de nombreux jeunes handicapés mentaux.
Afin d'être en mesure de jouer ce rôle de relais, les professionnels des établissements et services médico-sociaux doivent intégrer à leurs pratiques ces objectifs d'accompagnement à l'hygiène de vie et à l'éducation en santé. Je me félicite que l'ANESM ait intégré à ses priorités de travail 2011 l'accès aux soins des personnes handicapées. Elle a prévu de collaborer avec la Haute Autorité de santé, ce qui est tout à fait essentiel.
Les associations telles que l'UNAPEI ont, elles aussi, un rôle à jouer. Elles ont beaucoup travaillé sur les moyens de favoriser l'accessibilité aux personnes handicapées mentales, et ont développé des approches intéressantes à travers le langage simplifié par exemple qui me paraissent parfaitement adaptées pour le sujet qui nous intéresse aujourd'hui. Elles sont des partenaires naturels de tous ceux qui doivent favoriser l'accès des personnes handicapées mentales à la prévention, à l'éducation thérapeutique.
Le sujet dont vous traitez aujourd'hui est porteur de l'enjeu d'inclusion sociale et d'égalité des chances. La santé de la personne handicapée mentale constitue donc un enjeu majeur, au croisement des politiques de santé, et des politiques du handicap.Source http://www.unapei.org, le 8 avril 2011