Déclaration de Mme Marie-Luce Penchard, ministre chargée de l'outre-mer, sur la célébration de l'année des Outre-mer et la programmation des événements prévus au Jardin d'acclimatation en lien avec le Comité pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, à Paris le 9 avril 2011.

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Circonstance : Inauguration de la manifestation "Un jardin en Outre-mer", au Jardin d'acclimatation, à Paris le 9 avril 2011

Texte intégral

Monsieur le Président, cher Marc-Antoine Jamet,
Monsieur le Commissaire à l'année des Outre-mer, cher Daniel Maximin,
Mesdames et Messieurs les Parlementaires et les élus,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Depuis le coup d'envoi, le 2 février dernier à l'Assemblée Nationale, de cette année 2011, année des Outre-mer, les moments forts se multiplient.
Nous étions, il y a trois jours, aux côtés du Président de la République, pour rendre un hommage solennel à Aimé Césaire, au Panthéon.
Nous voici ce matin, au Jardin d'acclimatation, pour lancer "Un jardin en Outre-mer".
L'Assemblée Nationale, le Panthéon et, ce matin, le Jardin d'acclimatation…
A l'Assemblée Nationale, à travers cette magnifique mise en lumière de la colonnade du Palais Bourbon, il y avait la République mettant à l'honneur ses 12 territoires d'au-delà des mers - la République fière de les compter en son sein.
Mercredi, au Panthéon, il y avait la reconnaissance de la Nation à un grand homme, un moment d'exception pour un homme d'exception, un moment pour l'histoire.
Et ce matin, ici, dans ce Parc, le plus visité de Paris, l'un des deux les plus visités de France, il y a de fait cette dimension populaire à laquelle nous sommes si attachés avec le Président de la République pour cette année des Outre-mer.
Mais ce que je voudrais vous dire ce matin, en quelques mots, c'est que l'évènement qui se tient ici, aujourd'hui et jusqu'au 8 mai prochain, dans ces jardins, ne se réduit pas pour autant à cette seule dimension populaire :
Ici aussi, au coeur de ce "Jardin en outre-mer", il y a, comme à l'Assemblée Nationale, une dimension qui tient aux lumières de la République ;
Ici aussi, comme au Panthéon il y a trois jours, il y a la Nation recueillie ;
Il y a, ici aussi, cette dimension historique.
Il suffit pour le comprendre de revenir un instant sur ce qui a présidé à cette décision du Président de la République de faire de 2011, l'année des Outre-mer.
L'idée, à travers ces évènements qui se déroulent tout au long de cette année, est tout simplement de contribuer à changer le regard que portent nos concitoyens métropolitains sur ces territoires exceptionnels de la France d'Outre-mer.
Au fond, loin des oublis et des clichés, l'enjeu est de dire à quel point les femmes, les hommes et les territoires d'Outre-mer contribuent à faire de la France une grande nation.
Il s'agit, comme jamais, de mettre en lumière les atouts incontestables que ces territoires incomparables constituent pour notre pays.
Les lumières de la France dans le monde, cette France des trois océans comme j'aime à le rappeler, ces dizaines d'îles situées dans les plus beaux archipels de la Planète représentent 80% de la biodiversité de notre pays et permettent à la France de disposer de l'un des deux premiers espaces maritimes du monde.
Et quelle ouverture sur le monde ! Les outre-mer, c'est la France à deux pas de la Chine, c'est la porte d'entrée sur l'Océan indien, c'est la France qui, sur l'Arc antillais, relie les deux Amériques, c'est la France des Pyrénées jusqu'à Wallis-et-Futuna qui étend nos frontières jusque dans le Pacifique, c'est la France de l'Alsace aux frontières du Brésil.
Cette année des outre-mer doit permettre à tous les Français de s'ouvrir à ces nouveaux horizons - horizons géographiques, culturelles et linguistiques d'une richesse inégalée.
Une richesse faite d'abord de ses hommes et de ses femmes.
Vous mesurez bien que si nous nous retrouvons ici, ce matin, au jardin d'acclimatation, ce n'est pas seulement parce qu'il s'agit de l'un des deux parcs d'attraction les plus visités de France.
Si nous nous retrouvons ici ce matin, c'est aussi parce que ce lieu fut le théâtre du scandale de mises en scènes indignes, vous le savez, notamment dans le cadre des expositions coloniales.
Et chacun mesure que c'est précisément parce que ces expositions de la honte ont eu lieu ici, que Daniel MAXIMIN a voulu que l'Outre-mer, près d'un siècle plus tard, réinvestisse les lieux.
Et, de mon côté, c'est l'occasion de vous annoncer que, dans le cadre de l'article 4 du Décret du 6 mai 2009, j'ai demandé à Madame Françoise Verges, Présidente du Comité pour la mémoire et l'histoire de l'esclavage, de conduire, en relation étroite avec la Mairie de Paris, une mission relative à ces évènements.
Je souhaite que très rapidement, en tout état de cause avant la fin 2011, des propositions concrètes me soient formulées :
* des propositions d'actions dans le champ mémoriel : cérémonies de la mémoire par exemple, projets pédagogiques de sensibilisation des publics sur cette réalité de notre histoire…
* des propositions d'axes de recherches dans le champ historique qui pourraient concrètement se traduire par des publications, restitutions ou programmes éducatifs…
Vous savez, en évoquant avec vous cet aspect du moment que nous partageons ensemble ce matin – et qui a trait à notre passé ; en songeant par ailleurs au programme d'une formidable richesse tel que l'ont conçu Daniel Maximin et les équipes du jardin, je repense immanquablement à la visite que j'effectuais en compagnie d'Alain Juppé, au Musée d'Aquitaine, à Bordeaux.
Cette visite du Musée d'Aquitaine a été pour moi, je dois dire, particulièrement émouvante. Elle nous a permis de parcourir des moments douloureux de notre histoire avec l'évocation de la traite négrière, pour aboutir à une galerie de portraits, des photographies d'ultra-marins d'aujourd'hui, des visages du présent qui nous projettent au terme de la visite vers le destin que nous construisons ensemble, au sein de la République.
Tout est dit, dans une parfaite unité de lieu, un parfait équilibre : la mémoire et l'avenir.
La mémoire et l'avenir, voilà, comme ici au Musée d'Aquitaine, ce qui a présidé aux choix du Commissaire de l'année des Outre-mer, pour la programmation des évènements qui se tiendront au Jardin d'acclimatation.
Mais les visages ici ne sont pas sur papier glacé, ce ne sont pas des photographies comme au Musée, mais ce sont les visages rayonnant de bonheur de ces milliers d'enfants qui auront la joie de goûter aux richesses humaines et culturelles de l'Outremer, ici, au Jardin d'acclimatation devenu jusqu'au 8 mai prochain, ce "jardin en Outremer".
Je vous remercie.Source http://www.outre-mer.gouv.fr, le 11 avril 2011