Texte intégral
Q - Le porte-parole de Laurent Gbagbo en France, Toussaint Alain, a affirmé hier que ce sont les forces françaises qui ont arrêté lancien président ivoirien et qui lont conduit à lhôtel du Golf. Est-ce que vous pouvez affirmer de la manière la plus claire, la plus formelle, que les forces françaises nont pas participé à larrestation de Laurent Gbagbo ?
R - Comme les plus hautes autorités de lÉtat, je confirme en effet que les forces françaises aux côtés de lONU ont rempli la mission qui leur avait été assignée par la communauté internationale, cest-à-dire de détruire les armes lourdes que M. Gbagbo possédait encore et avec lesquelles il tirait, faisant dinnombrables victimes. Cest ce que nous avons fait tout au long de la semaine dernière ; cest ce que nous avons fait à la fin de la semaine autour du palais présidentiel mais bien évidemment, les forces françaises ne sont pas rentrées dans lenceinte de la résidence présidentielle à Abidjan. Je ne comprends pas pourquoi on continue à essayer de jeter ainsi le discrédit sur les forces françaises.
Q - Peut-être parce quau fond, on joue un peu sur les mots de toute façon, dans la mesure où cest bien lintervention des forces françaises et de lONU qui a permis larrestation de Laurent Gbagbo.
R - Oui, parce que tout ceci cest laboutissement dun processus porté depuis des mois par la communauté internationale qui a conduit à lorganisation des élections. Je rappelle que ce processus avait été validé dailleurs par les acteurs de la vie politique ivoirienne et donc à la fois M. Ouattara mais aussi M. Gbagbo, et que les choses se sont bien déroulées jusquau moment de la publication des résultats de lélection présidentielle au second tour que M. Gbagbo na pas voulu accepter et à partir de là, le conseil de sécurité a laissé tout le temps nécessaire pour que les organisations africaines puissent tenter un certain nombre de médiations pour régler la question, parce que effectivement tout le monde souhaitait que la situation de la Côte dIvoire puisse trouver une issue portée dabord et avant tout par la communauté africaine. Cela na pas été possible et cela a donc conduit le Conseil de sécurité à lunanimité à voter cette résolution 1975 qui donne aux forces de lONU présentes à Abidjan la mission de détruire les armes lourdes. Et cest le Secrétaire général des Nations unies, par courrier, qui a sollicité la France pour que les forces françaises qui sont là pour dabord protéger nos ressortissants, puisse appuyer par des tirs mais pas par la présence physique de troupes sur le terrain, laction de lONU. Donc cest un processus qui est totalement transparent du début jusquà la fin.
Q - Récemment Nicolas Sarkozy avait assuré que les soldats de la France navaient pas vocation à singérer dans les affaires intérieures de la Côte dIvoire et il avait dit également quil ne voulait plus que la France soit le gendarme de lAfrique. Est-ce que cette doctrine aujourdhui nest plus dactualité ?
R - Eh bien au contraire, je crois que cette doctrine se trouve renforcée par laction qui sest déroulée ces derniers jours à Abidjan et dans lensemble de la Côte dIvoire. La France ne sest pas du tout érigée en gendarme de lAfrique : la France a rempli une mission à la demande de la communauté internationale sous légide de lONU. Donc là encore, il ny a aucune espèce dambiguïté.
Q - Mais quand Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, dit - cétait hier : «Nous avons envoyé un message symbolique extrêmement fort à tous les dictateurs, nous leur avons indiqué que la légalité et la démocratie devaient être respectées, et quil y avait des risques pour ceux qui ne le faisaient pas». Ce nest pas le message dun gendarme, ça ?
R - Ce nest pas le message dun gendarme : cest le message de la communauté.
Q - Mais cest quand même : «Faites attention».
R - Oui, faites attention. Respectez donc le droit, respectez la légalité, et ainsi la communauté internationale ne sera pas amenée à singérer effectivement dans la mise en uvre des résultats dune élection. Je crois que les dictateurs, si tant est - enfin les dictateurs doivent réfléchir véritablement avant de violer ainsi le droit. Les temps ont changé.
Q - Alors les temps ont changé. Êtes-vous sûr, Henri de Raincourt, que tous les pays dAfrique, que la France soutient, avec lesquels elle entretient de bonnes relations, sont de parfaites démocraties dans lesquelles les élections sont au-dessus de tout soupçon ?
R - Ce que je remarque, cest que la démocratie progresse dans de nombreux pays dAfrique.
Q - Oui. Ce nest pas exactement ma question.
R - Ce nest peut-être pas exactement votre question mais il faut regarder la situation telle quelle était, il faut regarder comment elle évolue. Est-ce quelle fait des progrès ou est-ce que la démocratie régresse ? Moi, je vous réponds que la démocratie progresse et quelle progresse à vive allure. En lespace de quelques semaines, je suis allé à linstallation du président Alfa Condé en Guinée Conakry qui navait pas vu un président de la République élu démocratiquement depuis cinquante-deux ans. Je suis allé à la fin de la semaine dernière à Niamey, au Niger, à linstallation de M. Issoufou, président du Niger, qui a été élu démocratiquement après une phase de transition, un coup dÉtat, etc.
Donc ce sont vraiment, je pense, des évolutions extrêmement positives et la Côte dIvoire qui, parce que la communauté internationale la imposé à M. Gbagbo, elle aussi a respecté le droit et la démocratie. Donc cela progresse et cela progresse bien.
Q - La France a annoncé hier quelle allait débloquer une aide durgence de 400 millions deuros pour la Côte dIvoire. Quelle forme va prendre cette aide ? Cest un prêt ?
R Alors, nous allons voir avec les autorités de Côte dIvoire dans les toutes prochaines heures, puisque effectivement la première des priorités pour ce qui concerne lutilisation de ces 400 millions, cest dabord de payer les fonctionnaires pour permettre la reprise des services publics, et tout particulièrement à Abidjan puisque les salaires nont pas été payés.
Dautre part, de contribuer à la relance de lactivité économique et nous réunissons les entreprises très prochainement. Et puis laide humanitaire parce que, effectivement, on est au bord, à Abidjan, dun drame humanitaire.
Il était temps à cet égard que les choses sarrêtent, sinon cela aurait été une vraie tragédie et donc je crois que cest très bien que la France ait dégagé ces 400 millions. Je rappelle que lUnion européenne
Q - Qui prennent quelle forme alors ? Cest un prêt ou cest un don ?
R - Ce nest pas encore totalement déterminé. Ce nest pas forcément 400 millions soit prêt, soit don : cela peut être un mix des deux en fonction de laffectation des sommes et je rappelle quil faut ajouter à cela les 180 millions que lUnion européenne vient de décider.
Q - La France a aidé Alassane Ouattara à chasser Laurent Gbagbo ; elle fournit aussitôt une aide financière considérable. Est-ce que tout cela est complètement désintéressé ?
R - Tout cela est désintéressé. Tout cela doit permettre la reconstruction de la Côte dIvoire qui est absolument indispensable. La réconciliation et la reconstruction vont de paire. La réconciliation, cest la responsabilité de M. Ouattara. La reconstruction, je pense que la communauté internationale doit sintéresser à la reconstruction de la Côte dIvoire qui, je le rappelle, est une des perles du continent africain.
Q - Est-ce que cette aide sera soumise à des contreparties en matière de démocratie et de réconciliation ?
R - De toute façon, nous avons effectivement maintenant, chaque fois que nous apportons une aide en matière de bonne gouvernance, ce quon appelle bonne gouvernance, de pratiques de la démocratie, des exigences et nous avons les moyens de les évaluer et effectivement nous demandons de les respecter.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 avril 2011
R - Comme les plus hautes autorités de lÉtat, je confirme en effet que les forces françaises aux côtés de lONU ont rempli la mission qui leur avait été assignée par la communauté internationale, cest-à-dire de détruire les armes lourdes que M. Gbagbo possédait encore et avec lesquelles il tirait, faisant dinnombrables victimes. Cest ce que nous avons fait tout au long de la semaine dernière ; cest ce que nous avons fait à la fin de la semaine autour du palais présidentiel mais bien évidemment, les forces françaises ne sont pas rentrées dans lenceinte de la résidence présidentielle à Abidjan. Je ne comprends pas pourquoi on continue à essayer de jeter ainsi le discrédit sur les forces françaises.
Q - Peut-être parce quau fond, on joue un peu sur les mots de toute façon, dans la mesure où cest bien lintervention des forces françaises et de lONU qui a permis larrestation de Laurent Gbagbo.
R - Oui, parce que tout ceci cest laboutissement dun processus porté depuis des mois par la communauté internationale qui a conduit à lorganisation des élections. Je rappelle que ce processus avait été validé dailleurs par les acteurs de la vie politique ivoirienne et donc à la fois M. Ouattara mais aussi M. Gbagbo, et que les choses se sont bien déroulées jusquau moment de la publication des résultats de lélection présidentielle au second tour que M. Gbagbo na pas voulu accepter et à partir de là, le conseil de sécurité a laissé tout le temps nécessaire pour que les organisations africaines puissent tenter un certain nombre de médiations pour régler la question, parce que effectivement tout le monde souhaitait que la situation de la Côte dIvoire puisse trouver une issue portée dabord et avant tout par la communauté africaine. Cela na pas été possible et cela a donc conduit le Conseil de sécurité à lunanimité à voter cette résolution 1975 qui donne aux forces de lONU présentes à Abidjan la mission de détruire les armes lourdes. Et cest le Secrétaire général des Nations unies, par courrier, qui a sollicité la France pour que les forces françaises qui sont là pour dabord protéger nos ressortissants, puisse appuyer par des tirs mais pas par la présence physique de troupes sur le terrain, laction de lONU. Donc cest un processus qui est totalement transparent du début jusquà la fin.
Q - Récemment Nicolas Sarkozy avait assuré que les soldats de la France navaient pas vocation à singérer dans les affaires intérieures de la Côte dIvoire et il avait dit également quil ne voulait plus que la France soit le gendarme de lAfrique. Est-ce que cette doctrine aujourdhui nest plus dactualité ?
R - Eh bien au contraire, je crois que cette doctrine se trouve renforcée par laction qui sest déroulée ces derniers jours à Abidjan et dans lensemble de la Côte dIvoire. La France ne sest pas du tout érigée en gendarme de lAfrique : la France a rempli une mission à la demande de la communauté internationale sous légide de lONU. Donc là encore, il ny a aucune espèce dambiguïté.
Q - Mais quand Alain Juppé, le ministre des Affaires étrangères, dit - cétait hier : «Nous avons envoyé un message symbolique extrêmement fort à tous les dictateurs, nous leur avons indiqué que la légalité et la démocratie devaient être respectées, et quil y avait des risques pour ceux qui ne le faisaient pas». Ce nest pas le message dun gendarme, ça ?
R - Ce nest pas le message dun gendarme : cest le message de la communauté.
Q - Mais cest quand même : «Faites attention».
R - Oui, faites attention. Respectez donc le droit, respectez la légalité, et ainsi la communauté internationale ne sera pas amenée à singérer effectivement dans la mise en uvre des résultats dune élection. Je crois que les dictateurs, si tant est - enfin les dictateurs doivent réfléchir véritablement avant de violer ainsi le droit. Les temps ont changé.
Q - Alors les temps ont changé. Êtes-vous sûr, Henri de Raincourt, que tous les pays dAfrique, que la France soutient, avec lesquels elle entretient de bonnes relations, sont de parfaites démocraties dans lesquelles les élections sont au-dessus de tout soupçon ?
R - Ce que je remarque, cest que la démocratie progresse dans de nombreux pays dAfrique.
Q - Oui. Ce nest pas exactement ma question.
R - Ce nest peut-être pas exactement votre question mais il faut regarder la situation telle quelle était, il faut regarder comment elle évolue. Est-ce quelle fait des progrès ou est-ce que la démocratie régresse ? Moi, je vous réponds que la démocratie progresse et quelle progresse à vive allure. En lespace de quelques semaines, je suis allé à linstallation du président Alfa Condé en Guinée Conakry qui navait pas vu un président de la République élu démocratiquement depuis cinquante-deux ans. Je suis allé à la fin de la semaine dernière à Niamey, au Niger, à linstallation de M. Issoufou, président du Niger, qui a été élu démocratiquement après une phase de transition, un coup dÉtat, etc.
Donc ce sont vraiment, je pense, des évolutions extrêmement positives et la Côte dIvoire qui, parce que la communauté internationale la imposé à M. Gbagbo, elle aussi a respecté le droit et la démocratie. Donc cela progresse et cela progresse bien.
Q - La France a annoncé hier quelle allait débloquer une aide durgence de 400 millions deuros pour la Côte dIvoire. Quelle forme va prendre cette aide ? Cest un prêt ?
R Alors, nous allons voir avec les autorités de Côte dIvoire dans les toutes prochaines heures, puisque effectivement la première des priorités pour ce qui concerne lutilisation de ces 400 millions, cest dabord de payer les fonctionnaires pour permettre la reprise des services publics, et tout particulièrement à Abidjan puisque les salaires nont pas été payés.
Dautre part, de contribuer à la relance de lactivité économique et nous réunissons les entreprises très prochainement. Et puis laide humanitaire parce que, effectivement, on est au bord, à Abidjan, dun drame humanitaire.
Il était temps à cet égard que les choses sarrêtent, sinon cela aurait été une vraie tragédie et donc je crois que cest très bien que la France ait dégagé ces 400 millions. Je rappelle que lUnion européenne
Q - Qui prennent quelle forme alors ? Cest un prêt ou cest un don ?
R - Ce nest pas encore totalement déterminé. Ce nest pas forcément 400 millions soit prêt, soit don : cela peut être un mix des deux en fonction de laffectation des sommes et je rappelle quil faut ajouter à cela les 180 millions que lUnion européenne vient de décider.
Q - La France a aidé Alassane Ouattara à chasser Laurent Gbagbo ; elle fournit aussitôt une aide financière considérable. Est-ce que tout cela est complètement désintéressé ?
R - Tout cela est désintéressé. Tout cela doit permettre la reconstruction de la Côte dIvoire qui est absolument indispensable. La réconciliation et la reconstruction vont de paire. La réconciliation, cest la responsabilité de M. Ouattara. La reconstruction, je pense que la communauté internationale doit sintéresser à la reconstruction de la Côte dIvoire qui, je le rappelle, est une des perles du continent africain.
Q - Est-ce que cette aide sera soumise à des contreparties en matière de démocratie et de réconciliation ?
R - De toute façon, nous avons effectivement maintenant, chaque fois que nous apportons une aide en matière de bonne gouvernance, ce quon appelle bonne gouvernance, de pratiques de la démocratie, des exigences et nous avons les moyens de les évaluer et effectivement nous demandons de les respecter.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 14 avril 2011