Déclaration de Mme Chantal Jouanno, ministre des sports, sur les sports de nature et les incidences de manifestations sportives sur l'environnement, Paris le 25 mars 2011.

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Circonstance : Rencontres des Salons "destinations nature" à Paris le 25 mars 2011

Texte intégral


De nombreux visiteurs sont présents aujourd’hui et je dois bien avouer que je ne suis pas surprise. Les Français sont des amoureux des sports de nature.
Un tiers d’entre eux en pratique régulièrement et plus de 2 millions de licences unisport sont délivrées chaque année dans ce domaine.
Et cet engouement pour les sports de nature ne s’arrête pas à la France ! Près de la moitié des sportifs européens déclarent pratiquer dans des parcs ou des espaces naturels. Ils sont d’ailleurs de plus en plus nombreux à choisir la France comme destination de séjour.
C’est une évolution positive : les Français, les Européens, veulent un retour à l’équilibre. L’équilibre avec son corps.
1- Notre rôle est de répondre à cette aspiration sociétale qui n’offre que des avantages sportifs, écologiques mais aussi économiques.
12 % des séjours touristiques des Français sont centrés autour de la pratique d’un sport. Ce sont 15 milliards d’euros qui sont injectés chaque année dans l’économie locale grâce à ces séjours.
Nous avons voulu accompagner ce mouvement, le favoriser, l’orienter sans le contraindre. On ne borne pas cette aspiration de liberté. Le ministère des sports a donc créé un Pôle ressources des sports de nature.
Nous apportons un soutien méthodologique. Je tiens à ce propos à signaler aux collectivités que nous avons réalisé deux guides qui devraient les intéresser. Le premier leur permet d’évaluer l’impact économique qui découle de l’organisation d’un événement sportif de nature. Le second, qui a été réalisé en association avec le ministère de l’écologie, doit les aider à évaluer l’incidence de l’organisation d’une manifestation sportive sur l’environnement. C’est aujourd’hui une obligation pour les zones classées Natura 2000. Elles peuvent, si elles le souhaitent, obtenir plus d’informations auprès des agents du ministère des sports présents dans ce salon.
La France est chanceuse, car elle possède de magnifiques sites de pratique pour les sports de nature. Les Pyrénées, mis à l’honneur lors de ce salon, en sont un bel exemple.
« Année internationale des forêts », « Année des Outre-mers », 2011 sera l’année des sports de nature en France.
2. Cette expression des « sports libres », nous devons la promouvoir mais elle nous oblige à une conception radicalement nouvelle du sport.
Bien évidemment, il faut clarifier les contraintes de sécurité, de réglementation – j’ai parlé de Natura 2000 – mais aussi de respect du droit de propriété privée et de partage de l’espace avec les autres usagers. Pour autant, « sécuriser » pour trouver l’équilibre entre le sport, la nature et la sécurité ne doit pas se résumer à contraindre.
Deuxième enjeu, seuls 20% des pratiquants sont licenciés. Nous devons donc travailler sur l’offre pour inciter les sportifs à opter pour la pratique en club ou en structure. Non pour les encadrer mais pour promouvoir le partage, la convivialité inhérente aux sports. Ce sont de nouveaux services, une nouvelle offre « libre » qu’il faut promouvoir.
Nous travaillons aussi depuis 2008 à l’intégration d’un volet « activités sportives et de loisirs » dans le « Plan Qualité Tourisme » lancé par le Gouvernement en 2003. Ce volet devrait être adopté d’ici la fin de l’année. Pour pouvoir bénéficier de cette marque, les associations et les structures commerciales proposant des activités sportives de nature seront incitées à se conformer à un certain niveau d’exigence.
Enfin, priorité absolue, développer l’offre de pratique de sports de nature en zones urbaines et périurbaines. Aujourd’hui, on cantonne trop souvent les sports de nature dans la catégorie « activités de vacances ».
Il y a dans les villes, ou à proximité, des bois, des voies vertes ou même des rivières, qui peuvent constituer de formidables supports pour la pratique sportive. Les diagnostics territoriaux approfondis, qui seront réalisés avec les collectivités, doivent être l’occasion de réfléchir à de nouveaux modes d’utilisation de ces sites naturels à des fins sportives.
Enfin, les sports de nature nous offrent un formidable moyen de sensibiliser à l’environnement et au développement durable. Je vais proposer à l’ensemble du mouvement sportif de s’associer à la 5e fête de la nature qui aura lieu les 21 et 22 mai 2011. Les fédérations doivent montrer que le sport est un moyen d’apprendre à la fois le respect des autres, le respect de soi et le respect de l’environnement.
Ces trois jours nous prouvent à nouveau tout l’intérêt des Français pour les sports de nature. Un autre événement d’ampleur devrait réunir beaucoup d’entre vous en octobre prochain : les Rencontres européennes des sports de nature.
L’ambassadeur de Suisse étant parmi nous aujourd’hui, je me permets de lui dire tout mon intérêt pour le concept de « tourisme lent » qui a fait son apparition en Suisse. Apprendre à cheminer. Prendre le temps d’observer, de découvrir la nature, de passer du temps en famille. C’est là un très beau projet. J’espère donc vous voir très nombreux à Annecy en octobre prochain pour découvrir tout ce que l’Europe fait de mieux en matière de sports de nature.
Source http://www.sports.gouv.fr, le 29 mars 2011