Texte intégral
R. Elkrief - Le groupe PS propose aujourd'hui une réforme du statut pénal du Président. Vous êtes décidé à voter contre avec l'ensemble de l'opposition alors qu'il y a une attente de morale et de clarté de la part de l'opinion . Pourquoi ?
- "Ce n'est pas un problème de morale et de clarté. Il y a un vrai problème : qu'aujourd'hui, le Président de la République peut être attaqué sans pouvoir se défendre. Il y a donc effectivement une réflexion à mener, pas simplement d'ailleurs pour le Président de la République, mais pour l'ensemble de l'exécutif."
Donc, les ministres et le Premier ministre ?
- "Exactement. Il est évident aujourd'hui que la proposition de loi du Parti socialiste n'a nullement pour but d'étudier et de régler cette question de protection du Président de la République et d'une certaine mesure de l'exécutif contre des attaques injustifiées. C'est purement et simplement une prolongation, sous une forme apparemment plus décente, de l'opération de Montebourg. Si vous voulez la preuve de tout ceci, c'est d'abord qu'il s'agit d'un texte qui dit qu'il ne règle pas le problème, puisqu'il fait référence à une future loi organique..."
Une loi organique, c'est une loi qui doit être votée de la même façon par le Sénat et l'Assemblée.
- "Il faut une réforme d'ordre constitutionnel, parce que c'est un sujet important. Donc, il faut effectivement un certain nombre de conditions qui, aujourd'hui, ne sont pas remplies. On sait qu'elles ne le seront pas. C'est la première chose."
On ne comprend pas très bien pourquoi le RPR notamment s'inquiète, parce que cela ne concernerait pas le Président actuel, ce serait applicable après 2002. J'ai envie de dire que cela concernait L. Jospin, s'il est élu Président ? Pourquoi tant d'inquiétude ?
- "Ce n'est pas du tout un problème d'inquiétude. Nous disons que sur un sujet sérieux, il faut une réponse sérieuse, et ce n'est pas, comme le font les socialistes, en rédigeant un texte sur un coin de table, en une semaine, que l'on règle un problème aussi sérieux. Nous, nous proposons une chose : c'est que l'on demande - puisque de toute façon cette mesure ne pourra pas être prise avant la prochaine échéance présidentielle - à des gens qui sont sortis du contexte électoral, à un certain nombre d'experts, de constitutionnalistes, de sages, d'examiner toutes les données du problème, qui est très complexe, parce qu'il faut d'une côté que le Président de la République, le Premier ministre, les ministres soient soumis à la justice. La justice doit, dans notre pays, être la même pour tous."
Ils ne sont pas au-dessus des lois ?
- "Exactement. D'un autre côté, il faut aussi protéger la fonction du Président, du Premier ministre et des ministres, parce qu'évidemment, il est trop facile à n'importe qui, quand on n'est pas content de quelqu'un, notamment sur le plan politique, d'essayer de le mettre en cause. Donc, il faut protéger cela. Tout ceci n'est pas facile à réaliser, il faut trouver un juste équilibre. Donc, demandons à des gens qui ne sont pas pris dans la bataille électoraliste de préparer un texte sur lequel tout le monde se mettra d'accord."
Vous ne courrez pas après les événements ? Vous auriez pu proposer et réfléchir, avant, à tout cela. On a l'impression que vous vous adaptez un peu au terrain ?
- "Non, je crois que ce sont plutôt les socialistes qui essayent d'utiliser tous les moyens pour essayer de salir le Président de la République, pour essayer de camoufler leurs propres difficultés, et tout particulièrement les difficultés de monsieur Jospin. D'ailleurs, il suffit de regarder ses difficultés sur la loi de modernisation sociale pour bien comprendre qu'il a à faire oublier l'éclatement de sa majorité, sa panne d'idées et, finalement, toute l'irritation qu'il provoque chez les Français en ne menant pas les réformes dont la France et les Français ont besoin, et en s'arrêtant dans des préoccupations qui sont aujourd'hui purement électoralistes."
J.-L. Debré dit dans Le Figaro ce matin : "Jospin est dans une logique trotskiste qui consiste à paralyser l'Etat." Vous-même, vous dites : 'le trotskisme de Jospin, c'est une affaire qui ne fait que commencer." Vous espérez de nouvelles révélations ? On a l'impression que la droite souhaite peut-être qu'il y ait une ombre sur le passé de Jospin, une ombre sur le passé de Chirac. Après tout, les deux candidats seraient à égalité dans ce cas-là devant les Français ?
- "Je crois qu'il n'y a aucune ombre sur le passé de J. Chirac. J. Chirac a toujours été très clair sur son passé et ce n'est pas parce qu'il y a des tentatives de diffamation à son égard que cela met en cause en quoi que ce soit son passé. Pour ce qui concerne L. Jospin, je dirais que chacun a les options politiques qu'il veut et que l'on peut changer dans sa vie. Le véritable problème, c'est que monsieur Jospin a menti aux Français à de nombreuses reprises, et d'une façon, pour ce qui concerne son appartenance à des mouvements trotskistes, un peu ridicule, disant : "ce n'est pas moi, c'est mon frère." Il n'y a pas très longtemps qu'il a dit cela. Cela fait effectivement planer un doute, non pas sur son passé, mais sur sa capacité à diriger l'Etat. Quand on ment sur les liens de certains de ses collaborateurs avec la Mnef, quand on recommence à mentir sur son passé, alors que vraiment on ne voit pas pourquoi - après tout, qu'il dise : "dans le temps, j'ai eu certaines options politiques", pourquoi pas, si, aujourd'hui, il ne les a plus. Mais, lorsqu'il ment, alors, à ce moment-là, on peut s'interroger sur ce qu'il a dissimulé de plus, puisque finalement, il n'a révélé cela que sous la contrainte, et d'autre part, on peut effectivement s'interroger sur sa capacité à diriger un pays."
Parlons du Traité de Nice qui va être ratifié aujourd'hui. L'Irlande l'a rejeté par référendum. Pourquoi ne fait-on pas un référendum en France ? Peut-être que cela donnerait un résultat plus clair ?
- "Il y a déjà eu un référendum sur Maastricht, vous vous en souvenez. Le contenu des deux traités est totalement différent. Il s'agit simplement, à Nice, de mettre en oeuvre des décisions qui ont été déjà prises dans d'autres circonstances, que ce soit à Maastricht ou à Amsterdam. Donc, en la matière, le référendum n'est pas utile. Ceci dit, la position de l'Irlande est très caractéristique de la très grande difficulté qu'ont eu à affronter et qu'ont surmontée les responsables français. En effet, l'Irlande est l'un des pays qui a le plus bénéficié de l'Europe et, néanmoins, ses habitants ont rejeté l'élargissement."
Que va-t-on leur dire maintenant pour qu'ils reviennent "à la raison." On va leur expliquer la bonne parole, on va les faire revenir au droit chemin ?
- "Je crois qu'il faut probablement que les responsables irlandais expliquent mieux, parce que ce Traité est complexe. Il y a d'abord un problème de principes : on élargit l'Europe. On peut comprendre que des gens qui ont beaucoup bénéficié du Traité préalablement aient un peu peur, finalement, de partager l'aide européenne avec de nouveaux pays. Mais pourtant, c'est en élargissant que nous aurons une Europe plus forte pour faire face à la concurrence internationale. Et puis, d'autre part, cela montre également une chose : un pays comme l'Irlande a peur d'être moins écouté, parce que c'est vrai que le Traité de Nice a préservé les intérêts, le poids des grands pays comme la France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre, l'Italie. Par conséquent, ils ont l'impression finalement qu'on les entendra moins."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 12 juin 2001)
- "Ce n'est pas un problème de morale et de clarté. Il y a un vrai problème : qu'aujourd'hui, le Président de la République peut être attaqué sans pouvoir se défendre. Il y a donc effectivement une réflexion à mener, pas simplement d'ailleurs pour le Président de la République, mais pour l'ensemble de l'exécutif."
Donc, les ministres et le Premier ministre ?
- "Exactement. Il est évident aujourd'hui que la proposition de loi du Parti socialiste n'a nullement pour but d'étudier et de régler cette question de protection du Président de la République et d'une certaine mesure de l'exécutif contre des attaques injustifiées. C'est purement et simplement une prolongation, sous une forme apparemment plus décente, de l'opération de Montebourg. Si vous voulez la preuve de tout ceci, c'est d'abord qu'il s'agit d'un texte qui dit qu'il ne règle pas le problème, puisqu'il fait référence à une future loi organique..."
Une loi organique, c'est une loi qui doit être votée de la même façon par le Sénat et l'Assemblée.
- "Il faut une réforme d'ordre constitutionnel, parce que c'est un sujet important. Donc, il faut effectivement un certain nombre de conditions qui, aujourd'hui, ne sont pas remplies. On sait qu'elles ne le seront pas. C'est la première chose."
On ne comprend pas très bien pourquoi le RPR notamment s'inquiète, parce que cela ne concernerait pas le Président actuel, ce serait applicable après 2002. J'ai envie de dire que cela concernait L. Jospin, s'il est élu Président ? Pourquoi tant d'inquiétude ?
- "Ce n'est pas du tout un problème d'inquiétude. Nous disons que sur un sujet sérieux, il faut une réponse sérieuse, et ce n'est pas, comme le font les socialistes, en rédigeant un texte sur un coin de table, en une semaine, que l'on règle un problème aussi sérieux. Nous, nous proposons une chose : c'est que l'on demande - puisque de toute façon cette mesure ne pourra pas être prise avant la prochaine échéance présidentielle - à des gens qui sont sortis du contexte électoral, à un certain nombre d'experts, de constitutionnalistes, de sages, d'examiner toutes les données du problème, qui est très complexe, parce qu'il faut d'une côté que le Président de la République, le Premier ministre, les ministres soient soumis à la justice. La justice doit, dans notre pays, être la même pour tous."
Ils ne sont pas au-dessus des lois ?
- "Exactement. D'un autre côté, il faut aussi protéger la fonction du Président, du Premier ministre et des ministres, parce qu'évidemment, il est trop facile à n'importe qui, quand on n'est pas content de quelqu'un, notamment sur le plan politique, d'essayer de le mettre en cause. Donc, il faut protéger cela. Tout ceci n'est pas facile à réaliser, il faut trouver un juste équilibre. Donc, demandons à des gens qui ne sont pas pris dans la bataille électoraliste de préparer un texte sur lequel tout le monde se mettra d'accord."
Vous ne courrez pas après les événements ? Vous auriez pu proposer et réfléchir, avant, à tout cela. On a l'impression que vous vous adaptez un peu au terrain ?
- "Non, je crois que ce sont plutôt les socialistes qui essayent d'utiliser tous les moyens pour essayer de salir le Président de la République, pour essayer de camoufler leurs propres difficultés, et tout particulièrement les difficultés de monsieur Jospin. D'ailleurs, il suffit de regarder ses difficultés sur la loi de modernisation sociale pour bien comprendre qu'il a à faire oublier l'éclatement de sa majorité, sa panne d'idées et, finalement, toute l'irritation qu'il provoque chez les Français en ne menant pas les réformes dont la France et les Français ont besoin, et en s'arrêtant dans des préoccupations qui sont aujourd'hui purement électoralistes."
J.-L. Debré dit dans Le Figaro ce matin : "Jospin est dans une logique trotskiste qui consiste à paralyser l'Etat." Vous-même, vous dites : 'le trotskisme de Jospin, c'est une affaire qui ne fait que commencer." Vous espérez de nouvelles révélations ? On a l'impression que la droite souhaite peut-être qu'il y ait une ombre sur le passé de Jospin, une ombre sur le passé de Chirac. Après tout, les deux candidats seraient à égalité dans ce cas-là devant les Français ?
- "Je crois qu'il n'y a aucune ombre sur le passé de J. Chirac. J. Chirac a toujours été très clair sur son passé et ce n'est pas parce qu'il y a des tentatives de diffamation à son égard que cela met en cause en quoi que ce soit son passé. Pour ce qui concerne L. Jospin, je dirais que chacun a les options politiques qu'il veut et que l'on peut changer dans sa vie. Le véritable problème, c'est que monsieur Jospin a menti aux Français à de nombreuses reprises, et d'une façon, pour ce qui concerne son appartenance à des mouvements trotskistes, un peu ridicule, disant : "ce n'est pas moi, c'est mon frère." Il n'y a pas très longtemps qu'il a dit cela. Cela fait effectivement planer un doute, non pas sur son passé, mais sur sa capacité à diriger l'Etat. Quand on ment sur les liens de certains de ses collaborateurs avec la Mnef, quand on recommence à mentir sur son passé, alors que vraiment on ne voit pas pourquoi - après tout, qu'il dise : "dans le temps, j'ai eu certaines options politiques", pourquoi pas, si, aujourd'hui, il ne les a plus. Mais, lorsqu'il ment, alors, à ce moment-là, on peut s'interroger sur ce qu'il a dissimulé de plus, puisque finalement, il n'a révélé cela que sous la contrainte, et d'autre part, on peut effectivement s'interroger sur sa capacité à diriger un pays."
Parlons du Traité de Nice qui va être ratifié aujourd'hui. L'Irlande l'a rejeté par référendum. Pourquoi ne fait-on pas un référendum en France ? Peut-être que cela donnerait un résultat plus clair ?
- "Il y a déjà eu un référendum sur Maastricht, vous vous en souvenez. Le contenu des deux traités est totalement différent. Il s'agit simplement, à Nice, de mettre en oeuvre des décisions qui ont été déjà prises dans d'autres circonstances, que ce soit à Maastricht ou à Amsterdam. Donc, en la matière, le référendum n'est pas utile. Ceci dit, la position de l'Irlande est très caractéristique de la très grande difficulté qu'ont eu à affronter et qu'ont surmontée les responsables français. En effet, l'Irlande est l'un des pays qui a le plus bénéficié de l'Europe et, néanmoins, ses habitants ont rejeté l'élargissement."
Que va-t-on leur dire maintenant pour qu'ils reviennent "à la raison." On va leur expliquer la bonne parole, on va les faire revenir au droit chemin ?
- "Je crois qu'il faut probablement que les responsables irlandais expliquent mieux, parce que ce Traité est complexe. Il y a d'abord un problème de principes : on élargit l'Europe. On peut comprendre que des gens qui ont beaucoup bénéficié du Traité préalablement aient un peu peur, finalement, de partager l'aide européenne avec de nouveaux pays. Mais pourtant, c'est en élargissant que nous aurons une Europe plus forte pour faire face à la concurrence internationale. Et puis, d'autre part, cela montre également une chose : un pays comme l'Irlande a peur d'être moins écouté, parce que c'est vrai que le Traité de Nice a préservé les intérêts, le poids des grands pays comme la France, l'Allemagne, l'Espagne, l'Angleterre, l'Italie. Par conséquent, ils ont l'impression finalement qu'on les entendra moins."
(source http://sig.premier-ministre.gouv.fr, le 12 juin 2001)