Déclaration de M. Eric Besson, ministre de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique, sur le développement de l'accès internet haut-débit et les conséquences en matière d'investissement public, de lutte contre la fracture numérique, Paris le 27 avril 2011.

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Circonstance : Publication des cartes du très haut débit, le 27 avril 2011

Texte intégral

Monsieur le ministre [Bruno LE MAIRE],
Monsieur le commissaire général [René RICOL],
Mesdames, messieurs,
Le numérique est une révolution sans précédent dans l’histoire de l’humanité, par sa rapidité, par son échelle mondiale, par la profondeur avec laquelle elle transforme nos modes de vies, notre information, notre communication, notre culture, nos loisirs, notre consommation, notre économie, et notre société tout entière. En moins de 20 ans, 2 milliards d’individus se sont connectés à Internet à haut débit. L’accès à Internet haut-débit est devenu une condition d’intégration dans la mondialisation en cours des échanges.
Face à ce défi, la France a pu depuis dix ans compter sur la densité et la qualité de son réseau téléphonique en cuivre, qui a permis de déployer des services haut-débit très compétitifs. Ce réseau téléphonique en cuivre présente cependant deux principaux inconvénients :
1. Il ne permet pas d’accéder au très haut-débit, c’est-à-dire 100 mégabit par seconde ;
2. La qualité d’accès est très hétérogène, puisqu’elle dépend de la distance du foyer par rapport au répartiteur téléphonique.
La montée en puissance des débits nécessite donc le recours à une autre infrastructure, qui est celle de la fibre optique. La fibre optique présente deux avantages majeurs :
1. Elle permet de transmettre des données à des débits quasiment illimités : de 100 mégabits par seconde à plusieurs gigabits par seconde ;
2. Le débit offert ne baisse pas avec la distance au répartiteur. Tous les foyers équipés en fibre optique pourront bénéficier du meilleur débit possible, quelle que soit leur localisation.
La fibre optique représente l’avenir de l’Internet haut débit. Son déploiement constitue un enjeu majeur pour la compétitivité de notre économie et de nos territoires.
C’est pourquoi le Président de la République a fixé deux objectifs : 70% de la population couverts en très haut débit d’ici 2020, et 100% d’ici 2025.
L’équipement de la France en fibre optique représente un chantier de 25 milliards d’euros, qui va s’étaler sur une quinzaine d’années. Cela nécessite chaque année 1,7 milliards d’euros d’investissement pour 1,7 millions de foyers à équiper. Afin d’accélérer ce chantier, le gouvernement agit sur trois leviers :
1. Un cadre règlementaire stable et incitatif a tout d’abord été mis en place. Le 10 janvier 2011, j’ai homologué, par arrêté, la décision de l’ARCEP concernant les zones les moins denses du territoire. L’objectif de cette décision est de favoriser la mutualisation des investissements. La France dispose ainsi d’un cadre règlementaire favorisant le déploiement sur l’ensemble de son territoire.
Ce cadre réglementaire donné déjà ses premiers résultats dans les zones les plus denses. Plus d’un million de logements sont déjà équipés en fibre optique, et j’ai fixé l’objectif d’atteindre le cap des 2 millions de foyers raccordés d’ici la fin de l’année. Tous les principaux opérateurs ont engagé des déploiements : France Télécom, SFR, Iliad, Bouyges Télécom et Numericable. Le principe de la mutualisation permet de concilier investissement et concurrence en partageant entre les acteurs l’effort d’investissement. Ce modèle est unique au monde et il porte ses fruits : la France est désormais le premier pays européen en pour le nombre d’abonnés à Internet très haut débit.
2. Je souhaite ensuite mettre en place avant l’été une obligation de pré équipement des immeubles collectifs neufs, afin d’accélérer encore le déploiement du très haut-débit. J’ai saisi l’ARCEP sur un projet de décret détaillant cette obligation. 400.000 à 500.000 logements seront ainsi équipés chaque année.
3. Enfin, le Gouvernement a mis en place un programme d’investissement public sans précédent dans ce domaine, le programme national « très haut débit », financé par les investissements d’avenir que nous copilotons avec René Ricol.
Le programme national « très haut débit » va consacrer 2 milliards d’euros afin, d’une part, de stimuler l’investissement des opérateurs afin qu’il s’étende au-delà des zones les plus denses du territoire, et, d’autre part, de soutenir les projets permettant de compléter la couverture du territoire. Ce programme est constitué de trois volets.
Premier volet : le Gouvernement a consulté les opérateurs afin de recueillir leurs intentions d’investissement. Ils ont fait part de leur intention d’équiper dans les 10 prochaines années plus de 3.600 communes, représentant 57% des foyers. Ces intentions de déploiement concernent toutes les principales agglomérations du territoire et l’ensemble des départements.
Le Gouvernement se félicite du niveau élevé de ces intentions de déploiement des opérateurs. Toutefois, nous considérons qu’il ne s’agit pas, pour autant, d’une garantie de déploiement. Le gouvernement sera vigilant quant au respect de ces engagements par les opérateurs. En particulier, les opérateurs devront dialoguer avec les collectivités territoriales et leur présenter précisément leurs intentions de déploiement afin d’articuler investissement privé et investissement public.
Afin de renforcer la capacité d’investissement des opérateurs, un milliard d’euros de prêts leur seront proposés. Ils seront attribués pour financer les projets de déploiement engagés au-delà des 148 communes les plus denses du territoire. En outre, ces prêts seront accessibles aux opérateurs privés choisis comme délégataires dans le cadre de réseaux d’initiative publique.
Par ailleurs, un label sera décerné par le gouvernement aux opérateurs prenant des engagements en matière de rapidité et d’homogénéité de leur déploiement. Ce label sera attribué, à l’échelle de la commune, et à l’issue d’une consultation des collectivités territoriales concernées.
Deuxième volet : La lutte contre la fracture numérique. Le Gouvernement va consacrer 900 millions d’euros aux projets de déploiement du très haut débit par les collectivités territoriales visant à compléter la couverture de leurs territoires.
Troisième volet : Apporter le très haut-débit aux zones les plus reculées de notre territoire. J’avais annoncé le 26 décembre 2010 le lancement du satellite Ka-Sat. Il s’agissait du premier satellite entièrement dédié au haut débit. Il va apporter un débit de près de 10 Mbit/s sur l’intégralité du territoire, y-compris sur les zones les plus difficiles d’accès comme les zones montagneuses. Les premières offres commerciales sont prévues pour cet été.
Afin de préparer la nouvelle génération de satellites permettant des accès en très haut débit, des travaux de recherche et développement vont démarrer cette année. Le montant de ces travaux sera de 40 millions d’euros et pourra être étendu jusqu’à 100 millions d’euros au vu des premiers résultats de la solution satellitaire.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 4 mai 2011