Texte intégral
RAPHAËLLE DUCHEMIN Bonjour Nathalie
KOSCIUSKO-MORIZET.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bonjour.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Merci d'être avec
nous, ce matin, en direct. Dites-moi, quand on
est ministre de l'Ecologie, 1 % de croissance,
tiré notamment par le secteur automobile, c'est
plutôt une bonne nouvelle, même pour
l'environnement ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bien sûr,
parce que tous les secteurs sont en
reconversion, et l'automobile, d'ailleurs, on
investit beaucoup là-dessus, dans l'innovation,
la recherche, bientôt c'est les véhicules
électrique, c'est déjà pour partie le véhicule
hybride. La croissance n'est pas forcément une
mauvaise nouvelle pour l'environnement, et on
fait en sorte qu'elle ait de plus en plus de
contenu vert. Je m'attache beaucoup à ce que
le Grenelle de l'environnement rime avec
l'emploi. Par exemple, d'ici quelques semaines,
je lance l'appel d'offres, l'appel à projets sur les
éoliennes off-shore, les éoliennes en mer, on
en attend 12 000 emplois, 12 000 emplois
directs. On va installer 3 GW d'éoliennes en
mer, sur 5 sites, le long de la façade atlantique,
et on voudrait qu'elles soient construites en
France, on veut développer une filière en
France, on voudrait devenir les champions
mondiaux de l'éolienne en mer. Et tout cela,
c'est des emplois qualifiés, bien sûr,
ingénieurs, bureaux d'études, mais c'est des
emplois pour tout le monde aussi, là c'est des
emplois en usines, c'est des emplois de
fabrication, voilà, le Grenelle de
l'Environnement, ce n'est pas seulement une
éthique, c'est aussi de l'emploi pour tout le
monde.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Alors, les éoliennes,
c'est l'énergie, évidemment, la défense de
l'environnement c'est votre domaine, Nathalie
KOSCIUSKO-MORIZET, c'est aussi évidemment
celui des écologistes. Avant-hier, on l'a vu, la
proposition sur le gaz de schiste a été votée à
l'Assemblée, on verra ce qu'elle va devenir par
la suite, quand elle sera passée devant le
Sénat, mais en l'état, visiblement, ça ne
convient pas à tout le monde, je voudrais que
l'on écoute ensemble pour quelles raisons.
TEMOIGNAGE On nous explique, en long, en
large et en travers, que la fracturation
hydraulique c'est fini. Mais moi je ne pense pas
que ce soit fini, ils sont en train d'étudier la
fracturation avec de l'air. Là on va nous
expliquer tout d'un coup que c'est totalement
propre. Ce n'est pas plus propre que la
fracturation hydraulique, avec de l'eau et des
produits chimiques.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Aïe ! Vous allez laisser
faire, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET ? Quelles
garanties vous avez, que ça ne nuira pas à
l'environnement ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais la
garantie, c'est la loi telle qu'elle a été votée par
les députés, dans la nuit de mardi à mercredi.
La loi elle dit, dans l'article 1er : interdiction de
la fracturation hydraulique. La fracturation
hydraulique, tout le monde vous le dira, c'est
aujourd'hui la seule technologie utilisée,
possible, pour l'exploitation et l'exploration du
gaz de schiste.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais vous savez qu'il y
a des groupes qui travaillent en ce moment à
d'autres projets justement, pour pouvoir
utiliser ces ressources.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Les mêmes,
les mêmes qui nous disent aujourd'hui : « Ah,
il existe d'autres technologies pour explorer et
exploiter », nous disent depuis des mois : « Il
n'y a qu'une technologie et elle est très
polluante, c'est la fracturation hydraulique ».
En effet il y a qu'une technologie et elle est très
polluante, c'est la fracturation hydraulique, on
l'interdit. Et je vais être plus précise, pour nos
auditeurs, pardon, c'est un peu technique mais
je crois qu'il faut qu'ils l'entendent. Pourquoi,
on me dit « pourquoi est-ce que vous
n'annulez pas, vous abrogez pas, purement et
simplement les permis ? Pourquoi ? ». Parce
que c'est des autorisations administratives. En
droit, abroger des autorisations
administratives, d'abord, c'est contentieux...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Vous prenez le risque
d'aller en justice.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vous prenez
un risque judiciaire, ce que vous faites peut
être annulé, donc vous vous retrouvez devant
le problème, les autorisations existent toujours
et puis vous prenez un risque financier, parce
que les entreprises peuvent demander des
dédommagements. Moi, je ne veux pas qu'on
se retrouve à payer des dédits aux pétroliers,
avec les impôts des Français, pour des permis
qui, de mon point de vue, n'auraient jamais du
être donnés. Maintenant qu'ils sont donnés,
l'enjeu c'est de faire en sorte qu'ils ne puissent
pas être utilisés salement, qu'ils ne puissent
pas être utilisés du tout, puisque la fracturation
hydraulique est le seul moyen d'explorer et
d'exploiter les gaz de schiste. J'ai demandé, j'ai
proposé au Premier ministre de pouvoir arrêter
les frais, sur ce projet, dès le mois de janvier.
Je suis très heureuse de ces arbitrages qui ont
été rendus, et je voudrais que dans le milieu
écolo, on puisse se réunir quand il se passe des
choses de ce genre-là. C'est dommage, parce
que vous savez, ça arrive souvent, c'est comme
le Grenelle. La première loi Grenelle, on la vote
à l'unanimité, et puis la deuxième loi Grenelle il
y a retour à des prises de position partisanes et
finalement la gauche ne la vote pas. J'ai été le
député rapporteur de la charte de
l'environnement, ce qui est pareil. On était
d'accord, on faisait entrer le principe de
précaution dans la constitution, et puis au
dernier moment, au congrès à Versailles, on a
des députés de gauche qui sont allés prendre
un café. Il y en a qui courageusement ont voté
contre les consignes de leur parti, à cette
époque-là, et je les salue, parce que je sais que
ce n'est pas facile, mais...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Donc vous êtes en
train de me dire que...
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais il y a
toujours des retours à des positions partisanes.
Là on ne voulait plus la fracturation
hydraulique, on ne voulait pas, on ne veut pas
explorer et exploiter les gaz de schiste. Le vote
à l'Assemblée nationale...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Donc on peut s'asseoir
sur ces ressources qui représentent 80 ans de
ressources pour le pays, pour la France ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
L'exploitation et l'exploration des gaz de schiste
posent un problème pour l'environnement
local, un problème paysagé, un problème de
pollution des nappes phréatiques, d'utilisation
de grandes quantités d'eau, on est en ce
moment en situation de sécheresse,...
RAPHAËLLE DUCHEMIN On va en parler.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET ...on sait ce
que ça coûte l'eau, et par ailleurs, elle pose, de
mon point de vue, un problème
d'environnement global. On a la
transformation, les changements climatiques,
qui sont un enjeu majeur. Aujourd'hui,
explorer et exploiter les gaz de schiste, c'est
ouvrir un nouvel âge fossile. Est-ce que c'est le
moment d'ouvrir un nouvel âge fossile ? Moi,
je ne crois pas, je préfère qu'on investisse par
exemple dans les énergies renouvelables, c'est
l'appel d'offres sur les éoliennes off-shore, les
éoliennes en mer, dont je vous parlais tout à
l'heure, sur lesquelles la France, en plus, peut
devenir leader.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Alors, vous évoquiez
la question de l'eau, Nathalie
KOSCIUSKO-MORIZET, c'est vrai qu'il y a des
comités sécheresse qui vont se réunir
désormais toutes les semaines, et ça, les
agriculteurs applaudissent. Bruno LE MAIRE a
dit hier qu'il allait demander des mensures
particulières, pour aider la profession,
notamment à Bruxelles. Est-ce qu'il faut, et là
c'est de votre ressort, un plan pour l'eau,
justement ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je réunis
lundi le Comité sécheresse, qui réunit tous les
usagers de l'eau. Bien sûr, il y a des mesures
d'urgences à prendre et malheureusement déjà
des restrictions. La sécheresse, on est déjà
dedans, je vois des titres d'articles qui disent :
« est-ce qu'on va avoir la sécheresse ? », on a
la sécheresse, on est déjà dedans.
RAPHAËLLE DUCHEMIN C'est déjà trop tard,
presque.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ah ben on
est déjà dedans, on a à la fois un niveau... il y
a deux choses en matière de sécheresse, il y a
le niveau des nappes et l'humidité de la couche
superficielle de sol. Sur les deux, c'est très très
mauvais. Le niveau des nappes est faible, et la
couche superficielle de sol est très très sèche,
la plus sèche peut-être que depuis 50 ans à
cette saison de l'année. Donc on a des mesures
d'urgences à prendre mais il y a aussi des
mesures de fond et c'est l'enjeu par exemple
du plan d'adaptation aux changements
climatiques, que je prépare pour le mois de
juin, parce que les sécheresses, il va y en avoir
de plus en plus et donc il faut anticiper et
anticiper dans tous les secteurs. Je vous donne
des exemples. On a pris des mesures sur les
500 entreprises, industries, les plus
consommatrices d'eau, pour ne pas limiter
seulement leurs rejets polluants dans
l'environnement mais aussi limiter justement
leur consommation, d'eau. On a maintenant la
possibilité pour les communes, de réutiliser les
eaux usées pour arroser leurs pelouses. On
développe la récupération des eaux de pluie,
on a, et ça c'est dans le Grenelle 2, pris des
mesures sur les fuites d'eau dans les réseaux
d'eau potable. Il y a énormément de fuites
d'eau dans les réseaux d'eau potable. Il faut
faire en sorte, on a dans le milieu de
l'agriculture, changé le système de gestion de
l'eau pour les irrigants. Avant, en fait, on
donnait les autorisations à tout le monde et
après on mettait des arrêtés sécheresse, donc
en cours de saison, on disait « finalement vous
n'aurez pas l'eau qu'on vous avait promis »,
maintenant on veut leur demander de
s'organiser en amont, on va dire en début de
saison quel va être le volume d'eau prélevable
et demander à la profession de la répartir.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Est-ce que vous
envisagez, oui, non, peut-être, un impôt
sécheresse ? Bruno LE MAIRE a dit : ce n'est
pas encore le moment d'en parler, mais
Christian JACOB, hier, à ce même micro, disait
: « Il faudra probablement en passer par la
solidarité nationale ».
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je vais vous
dire, c'est trop tôt pour le dire. Pourquoi, parce
que la sécheresse est avérée...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais ça n'est pas un
non catégorique.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET La
sécheresse est avérée, mais malgré tout il peut
se remettre à pleuvoir dans les semaines qui
viennent, on peut sauver partiellement la
saison. Donc on ne peut pas dire aujourd'hui...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais les prévisions ne
sont pas franchement dans ce sens là.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Les
prévisions ne sont pas bonnes mais on ne peut
pas dire aujourd'hui, avec assurance, quel sera
le degré de gravité pour le secteur. Ce qui est
certain, c'est que moi j'essaie de tout organiser
pour qu'on ne se retrouve pas dans la situation
de tension, gérer la pénurie, gérer la pénurie
entre les usages, c'est compliqué, il faut
choisir, il faut mettre des usages prioritaires les
uns par rapport aux autres, chacun sent à
chaque fois comme une injustice, faisons en
sorte que ça se passe au mieux.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Nathalie
KOSCIUSKO-MORIZET, dernière question. Je
crois que vous avez, le 17 mai, c'est-à-dire la
semaine prochaine, un débat sur le lien social
et la solidarité, qui est organisé avec vous,
donc, avec Roselyne BACHELOT et avec
Laurent WAUQUIEZ. Ça s'appelle « Vivre
ensemble ». Dites-moi, c'est plutôt compliqué
de vivre ensemble au gouvernement sur ces
questions-là.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C'est
quelque chose que j'avais lancé à l'automne
dernier, quand on travaillait avec Laurent
WAUQUIEZ sur le programme de l'UMP pour
2012 et à l'époque je voulais l'appeler « Jamais
seul », parce que cette idée de travailler sur
tout ce qui fait lien dans la société, à tous les
âges de la vie, ce qui fait que vous vous sentez
jamais seul. Eh bien on va en parler,
justement, la semaine prochaine.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Il s'est fait recadrer
deux fois, hier, dans la journée, Laurent
WAUQUIEZ, il a du coup rétropédalé, pourtant,
ce matin, si on lit LE FIGARO et le sondage qui
y parait, sondage OpinionWay, 67 % des
Français sont pour des contreparties et ses
propositions sont plébiscitées.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C'est un
débat de fond et c'est un débat qu'on aura, et
on l'aura aussi à l'UMP, au début du mois de
juin, dans une convention...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Il était mal posé ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C'est... ce
qui lui a été reproché c'est la forme.
Maintenant, sur les propositions elles-mêmes,
je crois que c'est très important qu'on puisse
vraiment différencier au mieux les revenus du
travail et les revenus de la solidarité, il y a
quelque chose de malsain à avoir une
confusion entre les deux. Il faut pouvoir dire
aux jeunes, leur montrer que la seule solution
pour s'en sortir, c'est le travail. Quel est le bon
moyen pour le faire, c'est justement l'objet du
RSA que de le faire, alors peut-être qu'il faut
réformer le RSA, je ne suis pas sûre qu'il faille
utiliser l'argument contre le principe du RSA, et
puis alors j'ai une nuance sur les fameux
travaux d'intérêts généraux, ça c'est un terme
qui est plutôt utilisé en réparation pénale, et
comme maire, moi je suis maire de
Longjumeau, une ville de 22 000 habitants,
c'est extraordinairement compliqué à mettre en
place, parce que l'encadrement, parce que vous
n'avez pas envie d'avoir n'importe qui dans les
crèches, que même pour faire traverser les
enfants à la sortie des écoles il faut connaître
les gens. Vous savez, 5 heures par semaine,
c'est autre chose.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Débat ouvert, donc.
Merci Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET d'avoir
été avec nous sur FRANCE INFO.
Source : Premier ministre, Service
d'Information du Gouvernement, le 13 mai 2011
KOSCIUSKO-MORIZET.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bonjour.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Merci d'être avec
nous, ce matin, en direct. Dites-moi, quand on
est ministre de l'Ecologie, 1 % de croissance,
tiré notamment par le secteur automobile, c'est
plutôt une bonne nouvelle, même pour
l'environnement ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bien sûr,
parce que tous les secteurs sont en
reconversion, et l'automobile, d'ailleurs, on
investit beaucoup là-dessus, dans l'innovation,
la recherche, bientôt c'est les véhicules
électrique, c'est déjà pour partie le véhicule
hybride. La croissance n'est pas forcément une
mauvaise nouvelle pour l'environnement, et on
fait en sorte qu'elle ait de plus en plus de
contenu vert. Je m'attache beaucoup à ce que
le Grenelle de l'environnement rime avec
l'emploi. Par exemple, d'ici quelques semaines,
je lance l'appel d'offres, l'appel à projets sur les
éoliennes off-shore, les éoliennes en mer, on
en attend 12 000 emplois, 12 000 emplois
directs. On va installer 3 GW d'éoliennes en
mer, sur 5 sites, le long de la façade atlantique,
et on voudrait qu'elles soient construites en
France, on veut développer une filière en
France, on voudrait devenir les champions
mondiaux de l'éolienne en mer. Et tout cela,
c'est des emplois qualifiés, bien sûr,
ingénieurs, bureaux d'études, mais c'est des
emplois pour tout le monde aussi, là c'est des
emplois en usines, c'est des emplois de
fabrication, voilà, le Grenelle de
l'Environnement, ce n'est pas seulement une
éthique, c'est aussi de l'emploi pour tout le
monde.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Alors, les éoliennes,
c'est l'énergie, évidemment, la défense de
l'environnement c'est votre domaine, Nathalie
KOSCIUSKO-MORIZET, c'est aussi évidemment
celui des écologistes. Avant-hier, on l'a vu, la
proposition sur le gaz de schiste a été votée à
l'Assemblée, on verra ce qu'elle va devenir par
la suite, quand elle sera passée devant le
Sénat, mais en l'état, visiblement, ça ne
convient pas à tout le monde, je voudrais que
l'on écoute ensemble pour quelles raisons.
TEMOIGNAGE On nous explique, en long, en
large et en travers, que la fracturation
hydraulique c'est fini. Mais moi je ne pense pas
que ce soit fini, ils sont en train d'étudier la
fracturation avec de l'air. Là on va nous
expliquer tout d'un coup que c'est totalement
propre. Ce n'est pas plus propre que la
fracturation hydraulique, avec de l'eau et des
produits chimiques.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Aïe ! Vous allez laisser
faire, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET ? Quelles
garanties vous avez, que ça ne nuira pas à
l'environnement ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais la
garantie, c'est la loi telle qu'elle a été votée par
les députés, dans la nuit de mardi à mercredi.
La loi elle dit, dans l'article 1er : interdiction de
la fracturation hydraulique. La fracturation
hydraulique, tout le monde vous le dira, c'est
aujourd'hui la seule technologie utilisée,
possible, pour l'exploitation et l'exploration du
gaz de schiste.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais vous savez qu'il y
a des groupes qui travaillent en ce moment à
d'autres projets justement, pour pouvoir
utiliser ces ressources.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Les mêmes,
les mêmes qui nous disent aujourd'hui : « Ah,
il existe d'autres technologies pour explorer et
exploiter », nous disent depuis des mois : « Il
n'y a qu'une technologie et elle est très
polluante, c'est la fracturation hydraulique ».
En effet il y a qu'une technologie et elle est très
polluante, c'est la fracturation hydraulique, on
l'interdit. Et je vais être plus précise, pour nos
auditeurs, pardon, c'est un peu technique mais
je crois qu'il faut qu'ils l'entendent. Pourquoi,
on me dit « pourquoi est-ce que vous
n'annulez pas, vous abrogez pas, purement et
simplement les permis ? Pourquoi ? ». Parce
que c'est des autorisations administratives. En
droit, abroger des autorisations
administratives, d'abord, c'est contentieux...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Vous prenez le risque
d'aller en justice.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vous prenez
un risque judiciaire, ce que vous faites peut
être annulé, donc vous vous retrouvez devant
le problème, les autorisations existent toujours
et puis vous prenez un risque financier, parce
que les entreprises peuvent demander des
dédommagements. Moi, je ne veux pas qu'on
se retrouve à payer des dédits aux pétroliers,
avec les impôts des Français, pour des permis
qui, de mon point de vue, n'auraient jamais du
être donnés. Maintenant qu'ils sont donnés,
l'enjeu c'est de faire en sorte qu'ils ne puissent
pas être utilisés salement, qu'ils ne puissent
pas être utilisés du tout, puisque la fracturation
hydraulique est le seul moyen d'explorer et
d'exploiter les gaz de schiste. J'ai demandé, j'ai
proposé au Premier ministre de pouvoir arrêter
les frais, sur ce projet, dès le mois de janvier.
Je suis très heureuse de ces arbitrages qui ont
été rendus, et je voudrais que dans le milieu
écolo, on puisse se réunir quand il se passe des
choses de ce genre-là. C'est dommage, parce
que vous savez, ça arrive souvent, c'est comme
le Grenelle. La première loi Grenelle, on la vote
à l'unanimité, et puis la deuxième loi Grenelle il
y a retour à des prises de position partisanes et
finalement la gauche ne la vote pas. J'ai été le
député rapporteur de la charte de
l'environnement, ce qui est pareil. On était
d'accord, on faisait entrer le principe de
précaution dans la constitution, et puis au
dernier moment, au congrès à Versailles, on a
des députés de gauche qui sont allés prendre
un café. Il y en a qui courageusement ont voté
contre les consignes de leur parti, à cette
époque-là, et je les salue, parce que je sais que
ce n'est pas facile, mais...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Donc vous êtes en
train de me dire que...
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais il y a
toujours des retours à des positions partisanes.
Là on ne voulait plus la fracturation
hydraulique, on ne voulait pas, on ne veut pas
explorer et exploiter les gaz de schiste. Le vote
à l'Assemblée nationale...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Donc on peut s'asseoir
sur ces ressources qui représentent 80 ans de
ressources pour le pays, pour la France ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET
L'exploitation et l'exploration des gaz de schiste
posent un problème pour l'environnement
local, un problème paysagé, un problème de
pollution des nappes phréatiques, d'utilisation
de grandes quantités d'eau, on est en ce
moment en situation de sécheresse,...
RAPHAËLLE DUCHEMIN On va en parler.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET ...on sait ce
que ça coûte l'eau, et par ailleurs, elle pose, de
mon point de vue, un problème
d'environnement global. On a la
transformation, les changements climatiques,
qui sont un enjeu majeur. Aujourd'hui,
explorer et exploiter les gaz de schiste, c'est
ouvrir un nouvel âge fossile. Est-ce que c'est le
moment d'ouvrir un nouvel âge fossile ? Moi,
je ne crois pas, je préfère qu'on investisse par
exemple dans les énergies renouvelables, c'est
l'appel d'offres sur les éoliennes off-shore, les
éoliennes en mer, dont je vous parlais tout à
l'heure, sur lesquelles la France, en plus, peut
devenir leader.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Alors, vous évoquiez
la question de l'eau, Nathalie
KOSCIUSKO-MORIZET, c'est vrai qu'il y a des
comités sécheresse qui vont se réunir
désormais toutes les semaines, et ça, les
agriculteurs applaudissent. Bruno LE MAIRE a
dit hier qu'il allait demander des mensures
particulières, pour aider la profession,
notamment à Bruxelles. Est-ce qu'il faut, et là
c'est de votre ressort, un plan pour l'eau,
justement ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je réunis
lundi le Comité sécheresse, qui réunit tous les
usagers de l'eau. Bien sûr, il y a des mesures
d'urgences à prendre et malheureusement déjà
des restrictions. La sécheresse, on est déjà
dedans, je vois des titres d'articles qui disent :
« est-ce qu'on va avoir la sécheresse ? », on a
la sécheresse, on est déjà dedans.
RAPHAËLLE DUCHEMIN C'est déjà trop tard,
presque.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ah ben on
est déjà dedans, on a à la fois un niveau... il y
a deux choses en matière de sécheresse, il y a
le niveau des nappes et l'humidité de la couche
superficielle de sol. Sur les deux, c'est très très
mauvais. Le niveau des nappes est faible, et la
couche superficielle de sol est très très sèche,
la plus sèche peut-être que depuis 50 ans à
cette saison de l'année. Donc on a des mesures
d'urgences à prendre mais il y a aussi des
mesures de fond et c'est l'enjeu par exemple
du plan d'adaptation aux changements
climatiques, que je prépare pour le mois de
juin, parce que les sécheresses, il va y en avoir
de plus en plus et donc il faut anticiper et
anticiper dans tous les secteurs. Je vous donne
des exemples. On a pris des mesures sur les
500 entreprises, industries, les plus
consommatrices d'eau, pour ne pas limiter
seulement leurs rejets polluants dans
l'environnement mais aussi limiter justement
leur consommation, d'eau. On a maintenant la
possibilité pour les communes, de réutiliser les
eaux usées pour arroser leurs pelouses. On
développe la récupération des eaux de pluie,
on a, et ça c'est dans le Grenelle 2, pris des
mesures sur les fuites d'eau dans les réseaux
d'eau potable. Il y a énormément de fuites
d'eau dans les réseaux d'eau potable. Il faut
faire en sorte, on a dans le milieu de
l'agriculture, changé le système de gestion de
l'eau pour les irrigants. Avant, en fait, on
donnait les autorisations à tout le monde et
après on mettait des arrêtés sécheresse, donc
en cours de saison, on disait « finalement vous
n'aurez pas l'eau qu'on vous avait promis »,
maintenant on veut leur demander de
s'organiser en amont, on va dire en début de
saison quel va être le volume d'eau prélevable
et demander à la profession de la répartir.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Est-ce que vous
envisagez, oui, non, peut-être, un impôt
sécheresse ? Bruno LE MAIRE a dit : ce n'est
pas encore le moment d'en parler, mais
Christian JACOB, hier, à ce même micro, disait
: « Il faudra probablement en passer par la
solidarité nationale ».
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je vais vous
dire, c'est trop tôt pour le dire. Pourquoi, parce
que la sécheresse est avérée...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais ça n'est pas un
non catégorique.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET La
sécheresse est avérée, mais malgré tout il peut
se remettre à pleuvoir dans les semaines qui
viennent, on peut sauver partiellement la
saison. Donc on ne peut pas dire aujourd'hui...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Mais les prévisions ne
sont pas franchement dans ce sens là.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Les
prévisions ne sont pas bonnes mais on ne peut
pas dire aujourd'hui, avec assurance, quel sera
le degré de gravité pour le secteur. Ce qui est
certain, c'est que moi j'essaie de tout organiser
pour qu'on ne se retrouve pas dans la situation
de tension, gérer la pénurie, gérer la pénurie
entre les usages, c'est compliqué, il faut
choisir, il faut mettre des usages prioritaires les
uns par rapport aux autres, chacun sent à
chaque fois comme une injustice, faisons en
sorte que ça se passe au mieux.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Nathalie
KOSCIUSKO-MORIZET, dernière question. Je
crois que vous avez, le 17 mai, c'est-à-dire la
semaine prochaine, un débat sur le lien social
et la solidarité, qui est organisé avec vous,
donc, avec Roselyne BACHELOT et avec
Laurent WAUQUIEZ. Ça s'appelle « Vivre
ensemble ». Dites-moi, c'est plutôt compliqué
de vivre ensemble au gouvernement sur ces
questions-là.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C'est
quelque chose que j'avais lancé à l'automne
dernier, quand on travaillait avec Laurent
WAUQUIEZ sur le programme de l'UMP pour
2012 et à l'époque je voulais l'appeler « Jamais
seul », parce que cette idée de travailler sur
tout ce qui fait lien dans la société, à tous les
âges de la vie, ce qui fait que vous vous sentez
jamais seul. Eh bien on va en parler,
justement, la semaine prochaine.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Il s'est fait recadrer
deux fois, hier, dans la journée, Laurent
WAUQUIEZ, il a du coup rétropédalé, pourtant,
ce matin, si on lit LE FIGARO et le sondage qui
y parait, sondage OpinionWay, 67 % des
Français sont pour des contreparties et ses
propositions sont plébiscitées.
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C'est un
débat de fond et c'est un débat qu'on aura, et
on l'aura aussi à l'UMP, au début du mois de
juin, dans une convention...
RAPHAËLLE DUCHEMIN Il était mal posé ?
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C'est... ce
qui lui a été reproché c'est la forme.
Maintenant, sur les propositions elles-mêmes,
je crois que c'est très important qu'on puisse
vraiment différencier au mieux les revenus du
travail et les revenus de la solidarité, il y a
quelque chose de malsain à avoir une
confusion entre les deux. Il faut pouvoir dire
aux jeunes, leur montrer que la seule solution
pour s'en sortir, c'est le travail. Quel est le bon
moyen pour le faire, c'est justement l'objet du
RSA que de le faire, alors peut-être qu'il faut
réformer le RSA, je ne suis pas sûre qu'il faille
utiliser l'argument contre le principe du RSA, et
puis alors j'ai une nuance sur les fameux
travaux d'intérêts généraux, ça c'est un terme
qui est plutôt utilisé en réparation pénale, et
comme maire, moi je suis maire de
Longjumeau, une ville de 22 000 habitants,
c'est extraordinairement compliqué à mettre en
place, parce que l'encadrement, parce que vous
n'avez pas envie d'avoir n'importe qui dans les
crèches, que même pour faire traverser les
enfants à la sortie des écoles il faut connaître
les gens. Vous savez, 5 heures par semaine,
c'est autre chose.
RAPHAËLLE DUCHEMIN Débat ouvert, donc.
Merci Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET d'avoir
été avec nous sur FRANCE INFO.
Source : Premier ministre, Service
d'Information du Gouvernement, le 13 mai 2011