Texte intégral
Allocution de Madame Michelle DEMESSINE
Secrétaire d'État au Tourisme
Journée Internationale des Femmes
Jeudi 8 Mars 2001
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie, tout d'abord, d'avoir répondu, si nombreuses et si nombreux à mon invitation.
Je suis heureuse aujourd'hui, de fêter le 8 mars avec des femmes de toutes origines et de tous horizons qui ont pour point commun, d'être femme à l'entrée du 3ème millénaire.
Je le dis toujours, la journée internationale des femmes n'est pas pour moi une cérémonie de commémoration. C'est une fête, un moment bien vivant de convivialité et d'échanges qui permet de mettre chaque année en lumière les déséquilibres profonds qui pèsent encore sur notre société en matière d'égalité entre les hommes et les femmes, mais aussi de rappeler toutes les luttes des femmes pour conquérir leurs droits.
J'ai donc à coeur de saluer devant vous, les organisations et associations de femmes, les personnalités de la société civile et du monde politique qui ont permis, à travers leur engagement, de faire avancer les droits des femmes et de mettre cette question au centre des enjeux d'aujourd'hui.
Refuser toute discrimination, tout ostracisme. Vouloir être entendues, reconnues, respectées pour ce qu'elles sont, voilà le trait d'union qui relie, au delà de leur diversité, toutes les initiatives qui se dérouleront ces jours-ci autour du 8 mars dans notre pays et dans le monde.
Personne ne peut plus contester la place que les femmes ont acquise dans la vie professionnelle, culturelle, associative et sociale.
Néanmoins, le nombre de femmes dans les instances dirigeantes des associations, des partis politiques, dans les sphères décisionnelles des entreprises - et ceci est vrai dans le monde du tourisme - ne correspond ni à leur nombre, ni à leur engagement, ni à leurs compétences.
Je dois dire que je suis particulièrement fière d'appartenir à un gouvernement de Gauche plurielle qui a su aborder de front toutes ces questions, face à une prise de conscience rendue possible par la mobilisation et l'intervention des femmes elles-mêmes.
Je souhaite vous inviter à mesurer le chemin parcouru dans cette longue marche vers l'égalité, et, l'accélération à laquelle - je le crois - nous avons assisté, ces dernières années.
Il me semble que la question de l'égalité n'a jamais été aussi prégnante dans l'actualité que depuis que le gouvernement l'a placée au cur des préoccupations avec la loi sur la parité.
L'égalité des droits, la reconnaissance du rôle que les femmes jouent dans la société... Les difficultés auxquelles elles sont encore trop souvent confrontées pour mener de pair leur vie professionnelle et familiale... Les injustices et les violences dont elles sont victimes... sont enfin devenues une question politique posée au cur du débat sur l'avenir de nos sociétés.
Oui, : Quelque chose de très important est en train de se passer !
Avec la loi sur la Parité, qui prendra effet dans moins de 10 jours, le visage de la France électorale va être profondément bouleversé... Ce qui ne peut pas être sans conséquence dans les autres domaines, dès lors que les femmes seront de plus en plus nombreuses à se mêler des affaires en investissant tous les champs de l'action publique.
Le chantier de l'égalité professionnelle est également ouvert et c'est un véritable défi. C'est un thème sur lequel je souhaiterais insister, car c'est un enjeu qui, dans le secteur du tourisme, nous touche particulièrement.
Le Tourisme est en effet un secteur très féminisé.
Les femmes représentent 60 % des effectifs de l'administration du Tourisme. Elles sont plus de 80 % dans les Offices de Tourisme et les Syndicats d'Initiative et plus de 65 % dans le secteur des Hôtels-Cafés-Restaurants.
Dans les agences de voyages, elles représentent plus des trois quarts des effectifs, et, dans le secteur du Tourisme Social et Associatif, plus d'un emploi sur deux est occupé par une femme.
Ainsi, depuis plusieurs années maintenant, très souvent à l'initiative ou sous la responsabilité des femmes, des activités de tourisme se développent en milieu rural, répondant à une demande de plus en plus forte de Tourisme Vert.
Le tourisme est un secteur essentiel de notre économie, il est créateur de richesses et d'emplois, et, dans ce secteur, comme dans les autres, le rôle joué par les femmes doit aujourd'hui être pleinement reconnu.
L'ensemble des actions engagées au sein de mon ministère, qu'il s'agisse des motions incitant à la parité dans les conventions passées avec les associations ou encore de l'amélioration de la prise en compte des acquis professionnels des conjointes-colaboratrices dans le secteur HCR vont dans le sens de cette reconnaissance.
Il faut aujourd'hui faire progresser dans toutes les têtes, l'idée que les femmes peuvent se mêler de tout, qu'elles ont droit autant que les hommes à choisir leur profession, leur vie, leur sexualité, leurs études.
Parmi les chantiers ouverts par le Gouvernement, je veux m'arrêter un instant sur la lutte contre les violences d'une part pour saluer l'action d'envergure, entreprise par ma collègue Nicole PERY, mais également pour rappeler notre propre action dans ce domaine.
Nous continuerons d'agir avec la plus grande détermination pour soutenir le développement durable des pays dans le monde, dans lesquels la misère conduit les femmes et les enfants à la prostitution.
Le prix que j'attache à cette action m'a conduite à souhaiter qu'une représentante de l'ECPAT expose brièvement aujourd'hui l'action que nous avons engagée contre le tourisme sexuel, crime que je n'aurai de cesse de dénoncer.
L'action que nous menons, à travers le code mondial d'éthique du tourisme et sa déclinaison française, vise l'émergence d'un tourisme respectueux de l'humanité dans toutes ses composantes.
Si je reviens à l'action générale du Gouvernement, je veux faire mention toute particulière de la révision de la loi sur l'IVG et la contraception.
Je veux souligner aussi toute l'importance de la mise en place d'outils statistiques, législatifs, institutionnels pour progresser vers l'égalité.
Il reste bien sûr encore beaucoup de chemin à parcourir car l'horizon des femmes est encore marqué par les bas salaires, la précarité, la double journée... Ainsi, pour que les 35 heures soient vraiment du temps libéré pour les femmes, ne faut-il pas d'abord que leurs salaires leur permettent pleinement de profiter de ce temps libéré ?
Comment parvenir à un partage entre l'homme et la femme de l'ensemble des taches domestiques et parentales ? Il faut pour cela laisser à tous la possibilité concrète de concilier travail professionnel et taches familiales. C'est là une véritable révolution culturelle qui passe notamment par la refonte de tous les temps de la vie sociale.
En ce 8 mars 2001, je veux enfin manifester ma solidarité aux femmes du monde, en premier lieu aux femmes Afghanes.
Ce week-end un éditorialiste sous le titre "indécences" soulignait l'indécence justement du décalage entre l'émotion justifiée, suscitée par le destruction de deux statues appartenant au patrimoine mondial et le silence qui a entouré la semaine précédente la pendaison en public de deux femmes Afghanes pour délit d'adultère toujours au nom de l'intégrisme islamiste. Le journaliste concluait son article en demandant "à quel patrimoine appartient donc la vie de ces deux femmes ?" Je partage cette indignation.
Je salue aussi en notre nom les Algériennes, les Iraniennes, les femmes qui dans de nombreux pays du monde souffrent sous le joug d'une violence institutionnalisée. Vous me permettrez enfin dans le moment particulièrement difficile qu'elles vivent aujourd'hui de souhaiter aux femmes palestiniennes et israéliennes de retrouver le chemin de la paix.
Je conclurai, en rappelant que si les femmes ont attendu 1880 pour avoir accès au Lycée, 1970 pour pouvoir passer le concours de l'école polytechnique, 1982 pour être admises dans les écoles de métier de la SNCF, elles sont capables et désireuses aujourd'hui de mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard et permettre l'avancée vers une société plus équilibrée et plus juste.
Et j'en ai la conviction, le moment est favorable aujourd'hui pour une telle évolution, pour que les femmes prennent toute leur place dans la vie économique, politique et sociale de ce pays.
Je vous remercie.
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 9 juillet 2001)
Secrétaire d'État au Tourisme
Journée Internationale des Femmes
Jeudi 8 Mars 2001
Mesdames, Messieurs,
Je vous remercie, tout d'abord, d'avoir répondu, si nombreuses et si nombreux à mon invitation.
Je suis heureuse aujourd'hui, de fêter le 8 mars avec des femmes de toutes origines et de tous horizons qui ont pour point commun, d'être femme à l'entrée du 3ème millénaire.
Je le dis toujours, la journée internationale des femmes n'est pas pour moi une cérémonie de commémoration. C'est une fête, un moment bien vivant de convivialité et d'échanges qui permet de mettre chaque année en lumière les déséquilibres profonds qui pèsent encore sur notre société en matière d'égalité entre les hommes et les femmes, mais aussi de rappeler toutes les luttes des femmes pour conquérir leurs droits.
J'ai donc à coeur de saluer devant vous, les organisations et associations de femmes, les personnalités de la société civile et du monde politique qui ont permis, à travers leur engagement, de faire avancer les droits des femmes et de mettre cette question au centre des enjeux d'aujourd'hui.
Refuser toute discrimination, tout ostracisme. Vouloir être entendues, reconnues, respectées pour ce qu'elles sont, voilà le trait d'union qui relie, au delà de leur diversité, toutes les initiatives qui se dérouleront ces jours-ci autour du 8 mars dans notre pays et dans le monde.
Personne ne peut plus contester la place que les femmes ont acquise dans la vie professionnelle, culturelle, associative et sociale.
Néanmoins, le nombre de femmes dans les instances dirigeantes des associations, des partis politiques, dans les sphères décisionnelles des entreprises - et ceci est vrai dans le monde du tourisme - ne correspond ni à leur nombre, ni à leur engagement, ni à leurs compétences.
Je dois dire que je suis particulièrement fière d'appartenir à un gouvernement de Gauche plurielle qui a su aborder de front toutes ces questions, face à une prise de conscience rendue possible par la mobilisation et l'intervention des femmes elles-mêmes.
Je souhaite vous inviter à mesurer le chemin parcouru dans cette longue marche vers l'égalité, et, l'accélération à laquelle - je le crois - nous avons assisté, ces dernières années.
Il me semble que la question de l'égalité n'a jamais été aussi prégnante dans l'actualité que depuis que le gouvernement l'a placée au cur des préoccupations avec la loi sur la parité.
L'égalité des droits, la reconnaissance du rôle que les femmes jouent dans la société... Les difficultés auxquelles elles sont encore trop souvent confrontées pour mener de pair leur vie professionnelle et familiale... Les injustices et les violences dont elles sont victimes... sont enfin devenues une question politique posée au cur du débat sur l'avenir de nos sociétés.
Oui, : Quelque chose de très important est en train de se passer !
Avec la loi sur la Parité, qui prendra effet dans moins de 10 jours, le visage de la France électorale va être profondément bouleversé... Ce qui ne peut pas être sans conséquence dans les autres domaines, dès lors que les femmes seront de plus en plus nombreuses à se mêler des affaires en investissant tous les champs de l'action publique.
Le chantier de l'égalité professionnelle est également ouvert et c'est un véritable défi. C'est un thème sur lequel je souhaiterais insister, car c'est un enjeu qui, dans le secteur du tourisme, nous touche particulièrement.
Le Tourisme est en effet un secteur très féminisé.
Les femmes représentent 60 % des effectifs de l'administration du Tourisme. Elles sont plus de 80 % dans les Offices de Tourisme et les Syndicats d'Initiative et plus de 65 % dans le secteur des Hôtels-Cafés-Restaurants.
Dans les agences de voyages, elles représentent plus des trois quarts des effectifs, et, dans le secteur du Tourisme Social et Associatif, plus d'un emploi sur deux est occupé par une femme.
Ainsi, depuis plusieurs années maintenant, très souvent à l'initiative ou sous la responsabilité des femmes, des activités de tourisme se développent en milieu rural, répondant à une demande de plus en plus forte de Tourisme Vert.
Le tourisme est un secteur essentiel de notre économie, il est créateur de richesses et d'emplois, et, dans ce secteur, comme dans les autres, le rôle joué par les femmes doit aujourd'hui être pleinement reconnu.
L'ensemble des actions engagées au sein de mon ministère, qu'il s'agisse des motions incitant à la parité dans les conventions passées avec les associations ou encore de l'amélioration de la prise en compte des acquis professionnels des conjointes-colaboratrices dans le secteur HCR vont dans le sens de cette reconnaissance.
Il faut aujourd'hui faire progresser dans toutes les têtes, l'idée que les femmes peuvent se mêler de tout, qu'elles ont droit autant que les hommes à choisir leur profession, leur vie, leur sexualité, leurs études.
Parmi les chantiers ouverts par le Gouvernement, je veux m'arrêter un instant sur la lutte contre les violences d'une part pour saluer l'action d'envergure, entreprise par ma collègue Nicole PERY, mais également pour rappeler notre propre action dans ce domaine.
Nous continuerons d'agir avec la plus grande détermination pour soutenir le développement durable des pays dans le monde, dans lesquels la misère conduit les femmes et les enfants à la prostitution.
Le prix que j'attache à cette action m'a conduite à souhaiter qu'une représentante de l'ECPAT expose brièvement aujourd'hui l'action que nous avons engagée contre le tourisme sexuel, crime que je n'aurai de cesse de dénoncer.
L'action que nous menons, à travers le code mondial d'éthique du tourisme et sa déclinaison française, vise l'émergence d'un tourisme respectueux de l'humanité dans toutes ses composantes.
Si je reviens à l'action générale du Gouvernement, je veux faire mention toute particulière de la révision de la loi sur l'IVG et la contraception.
Je veux souligner aussi toute l'importance de la mise en place d'outils statistiques, législatifs, institutionnels pour progresser vers l'égalité.
Il reste bien sûr encore beaucoup de chemin à parcourir car l'horizon des femmes est encore marqué par les bas salaires, la précarité, la double journée... Ainsi, pour que les 35 heures soient vraiment du temps libéré pour les femmes, ne faut-il pas d'abord que leurs salaires leur permettent pleinement de profiter de ce temps libéré ?
Comment parvenir à un partage entre l'homme et la femme de l'ensemble des taches domestiques et parentales ? Il faut pour cela laisser à tous la possibilité concrète de concilier travail professionnel et taches familiales. C'est là une véritable révolution culturelle qui passe notamment par la refonte de tous les temps de la vie sociale.
En ce 8 mars 2001, je veux enfin manifester ma solidarité aux femmes du monde, en premier lieu aux femmes Afghanes.
Ce week-end un éditorialiste sous le titre "indécences" soulignait l'indécence justement du décalage entre l'émotion justifiée, suscitée par le destruction de deux statues appartenant au patrimoine mondial et le silence qui a entouré la semaine précédente la pendaison en public de deux femmes Afghanes pour délit d'adultère toujours au nom de l'intégrisme islamiste. Le journaliste concluait son article en demandant "à quel patrimoine appartient donc la vie de ces deux femmes ?" Je partage cette indignation.
Je salue aussi en notre nom les Algériennes, les Iraniennes, les femmes qui dans de nombreux pays du monde souffrent sous le joug d'une violence institutionnalisée. Vous me permettrez enfin dans le moment particulièrement difficile qu'elles vivent aujourd'hui de souhaiter aux femmes palestiniennes et israéliennes de retrouver le chemin de la paix.
Je conclurai, en rappelant que si les femmes ont attendu 1880 pour avoir accès au Lycée, 1970 pour pouvoir passer le concours de l'école polytechnique, 1982 pour être admises dans les écoles de métier de la SNCF, elles sont capables et désireuses aujourd'hui de mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard et permettre l'avancée vers une société plus équilibrée et plus juste.
Et j'en ai la conviction, le moment est favorable aujourd'hui pour une telle évolution, pour que les femmes prennent toute leur place dans la vie économique, politique et sociale de ce pays.
Je vous remercie.
(source http://www.tourisme.gouv.fr, le 9 juillet 2001)