Déclaration de Mme Roselyne Bachelot-Narquin, ministre des solidarités et de la cohésion sociale, sur l'accessibilté des lieux de vacances et de loisirs mais également des services de la vie quotidienne aux personnes handicapées, Paris le 10 mai 2011.

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Texte intégral

Depuis sa naissance il y a seulement un an, l'observatoire s'est imposé comme une instance majeure, au dynamisme remarquable.
Ce dynamisme illustre la richesse du partenariat qui unit pouvoirs publics et société civile pour faire avancer notre objectif commun, l'accessibilité.
C'est donc avec beaucoup de plaisir que j'assiste à cette réunion plénière. Je tiens d'emblée à remercier et à féliciter l'ensemble des membres de l'observatoire, pour le travail d'ores et déjà accompli.
La remise de ce rapport 2010-2011, très riche malgré le peu de temps imparti, témoigne de votre implication exceptionnelle. Je mesure, en effet, l'ampleur du travail qui s'offrait à vous, ainsi que les difficultés que vous avez pu rencontrer dans la collecte des informations.
Pourtant, vous nous livrez un rapport de très haute qualité, à la fois dans son constat et dans ses préconisations. Soyez-en ici remerciés.
A 4 semaines de la conférence nationale du handicap, il m'a paru important de venir échanger avec vous sur ce thème absolument primordial qu'est l'accessibilité.
Je voudrais le souligner avec force : avec Marie-Anne Montchamp, l'accessibilité est l'une de nos grandes priorités.
Comme vous l'avez sans doute entendu, au cours de ce 1er semestre 2011 nous expérimentons sur 6 territoires (Angers, Balaruc-les-Bains, Bordeaux, le parc naturel régional du Morvan, le canal du midi et de la Robine et Saint-Gilles Croix de Vie) le nouveau label « destination pour tous ».
L'objectif est de valoriser des lieux de vacances qui favorisent non seulement l'accessibilité aux personnes en situation de handicap des sites et des activités touristiques, mais aussi l'accessibilité des autres services de la vie quotidienne.
Car qu'est-ce que l'accessibilité, sinon la participation pleine et entière des personnes en situation de handicap à notre société ?
De ce point de vue, l'accessibilité ne saurait concerner uniquement le handicap moteur, mais bien tous les types de handicap. J'irais même plus loin : elle ne concerne même pas uniquement les personnes en situation de handicap, puisqu'il s'agit d'un progrès et d'un confort pour tous.
Je vois bien dans le débat que je mène sur la dépendance combien cette question de l'accessibilité est centrale dans le contexte du vieillissement de notre pays : sans logement accessible, le maintien à domicile, pourtant plébiscité par 9 français sur 10, n'est pas possible. Sans un environnement urbain accessible, par ailleurs, maintien à domicile devient synonyme de confinement à domicile et d'isolement.
A cette idée, je sais que vous êtes tous également très attachés.
Je l'ai rappelé lors du congrès de l'APF il y a quelques jours : l'accessibilité est l'un des piliers de la politique du handicap. A ce titre, cet objectif n'est aucunement négociable.
Je le dis très clairement : l'échéance de 2015 devra être maintenue et respectée.
Pour autant, je pense qu'il faut faire preuve de bon sens. Ainsi, je considère que la mise en œuvre de solutions de substitution introduite par la PPL Blanc est une mesure plus équilibrée – et mieux encadrée – que l'accord de dérogations.
J'ai souhaité que la définition des mesures de substitution soit expertisée avant la rédaction du décret, qui, je l'ai déjà dit, sera rédigé en concertation avec l'ensemble des associations de personnes en situation de handicap.
L'accessibilité est un sujet emblématique de l'inclusion des personnes en situation de handicap : sa mise en œuvre dépend de l'implication et de l'appropriation de ses enjeux par tous les acteurs de la société civile, et pas seulement par les pouvoirs publics.
Cela explique en partie les difficultés qui subsistent.
Tous ne se sont pas emparés, en effet, des principes d'accessibilité et de conception universelle.
Néanmoins, je suis convaincue que nous pouvons avancer ensemble en travaillant dans la concertation. Je crois aussi que c'est en épaulant mieux les opérateurs, notamment via le futur centre de ressources de l'Observatoire, et en développant la formation sur l'accessibilité, que nous pourrons résoudre une partie des difficultés actuelles.
Je ne prendrai qu'un seul exemple, qui me permettra d'ailleurs, une nouvelle fois, de saluer la qualité de votre travail.
Trop souvent, nous avons fait le constat que les personnes en situation de handicap ou à mobilité réduite rencontraient des difficultés dans les transports.
Le Gouvernement vous a donc chargé, en 2010, d'examiner et de suivre les mesures prises par les opérateurs de transport pour faciliter le déplacement de ces personnes. Les mesures portaient, d'une part, sur la formation des salariés à la thématique « accessibilité/handicap » et, d'autre part, sur la gestion de la relation-client.
Deux séances ont ainsi été consacrées à la qualité des prestations proposées et à leurs évolutions souhaitables.
Vous avez notamment suggéré aux opérateurs de davantage associer les représentants des personnes en situation de handicap à la définition de leur politique d'accessibilité, par le biais d'instances consultatives.
Grâce à la pertinence de vos propositions, il est donc possible d'avancer sur ce chantier, comme sur beaucoup d'autres.
Avancer : c'est bien cette finalité qui nous rassemble.
La conférence nationale du handicap, qui doit se tenir le 8 juin prochain, sera l'occasion, précisément, de réaliser des avancées dans le domaine de la politique du handicap en général, et de l'accessibilité en particulier.
Les enjeux de cette conférence, vous les connaissez : il s'agit de tracer les grandes orientations et de prendre des engagements forts pour les prochaines années.
Autour de cette conférence, la mobilisation de l'ensemble du gouvernement est totale. Les ministres concernés seront présents lors de la conférence, qui sera clôturée par le Président de la République.
Auparavant, des tables rondes thématiques sur l'emploi, l'accessibilité et la scolarisation auront réuni, outre les ministres concernés, les acteurs de la société civile et les représentants du CNCPH et de l'observatoire.
Je compte évidemment sur votre présence à tous.
Comme vous le savez, dans les travaux en cours pour la préparation de la CNH, nous nous appuyons notamment sur votre rapport. En outre, Sylvie Desmarescaux nous fera l'honneur d'intervenir au cours de cette conférence.
L'observatoire de l'accessibilité et de la conception universelle est bien devenue cette instance incontournable que je saluais tout à l'heure.
J'ai souvent à l'esprit cette phrase d'Albert Camus : « Changer les choses de place, c'est le travail des hommes : il faut choisir de faire cela ou rien. »
De toute évidence, vous tous avez choisi, et c'est avec beaucoup de confiance que je me prépare à vous retrouver le 8 juin prochain.
Mais avant cela, je vous écoute.Source http://www.solidarite.gouv.fr, le 12 mai 2011