Extraits d'un entretien de M. Laurent Wauquiez, ministre des affaires européennes, à France 2 le 9 juin 2011, sur l'attitude au sein de l'Union européenne notamment face aux questions de la bi-nationalité, du mariage homosexuel et à l' épidémie mortelle liée à une bactérie présente dans l'alimentation.

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Média : France 2

Texte intégral


(...)
Q - Concernant la suppression de la bi-nationalité.
R - C'est un sujet européen. Tous les pays européens ont avancé sur ce sujet.
Q - C'est le ministre des Affaires européennes qui reprend le dessus.
R - Oui. En Allemagne ils ont avancé, en Espagne ils ont avancé, en Belgique ils sont en train d'en discuter, et chez nous ce serait un sujet tabou ? Je crois que, là aussi, il faut qu'on s'interroge, ouvrons un peu les fenêtres, c'est un sujet européen aussi.
Q - Alors, je repose ma question, et c'est un sujet en partie européen, sur la bi-nationalité. Certains à l'UMP veulent la supprimer, c'est votre cas ?
R - Non, je trouve que cela n'aurait pas de sens. On peut parler de sportifs. Mary Pierce, cela a été une grande joueuse de tennis, elle était binationale…
Q - Il y a des exemples contraires, il y en a un aujourd'hui...
R - Oui, c'est vrai.
Q - Ludovic Obraniak va jouer, je crois...
R - Qui va jouer avec l'équipe polonaise. Eh bien, c'est cela aussi l'Europe.
Q - Alors, autre sujet qui sera abordé aujourd'hui, c'est une proposition socialiste qui vise à autoriser le mariage homosexuel. Est-ce que vous, vous êtes favorable à cette solution ? Certains membres de l'UMP vont voter cette proposition.
R - C'est un sujet qui interpelle à la fois les convictions personnelles et la conception de l'équilibre dans la société. Moi je suis très clair, je n'y suis pas favorable.
Q - Certains pays européens l'ont adopté.
R - Oui, de façon minoritaire. Je pense par exemple à l'Espagne ou à l'Angleterre. Je n'y suis toutefois pas favorable. Par contre, on doit être impitoyable sur les luttes contre les discriminations : les discriminations dans la vie quotidienne, les discriminations à l'embauche, ces discriminations de tous les jours, parfois un peu silencieuses. Mais le mariage homosexuel, c'est un autre sujet et je n'y suis pas favorable.
Q - Sur un tout autre sujet, sujet européen là aussi, sur la bactérie qui a touché le concombre, la tomate, etc., l'Europe a débloqué 210 millions pour les producteurs, est-ce suffisant ? Faut-il aller plus loin ?
R - On travaille dessus avec Bruno Le Maire. Pour l'instant, cela n'est pas suffisant. Ce que nous souhaitons, c'est la compensation à l'euro près. D'ailleurs, sur ce sujet-là, comme beaucoup d'autres, on voit bien l'intérêt de l'Europe. La solution passe par mieux d'Europe, pas par moins d'Europe. Ceux qui préconisent le repli national, la fermeture des frontières, que chacun garde ses concombres chez lui, ne sont pas crédibles. Ce serait la catastrophe. Cela aboutirait à l'effondrement du marché. Donc, la solution c'est d'aller toujours vers mieux d'Europe. C'est elle qui est la mieux à même de nous défendre.
Q - L'Allemagne n'a-t-elle pas joué le catastrophisme dans cette affaire ? N'a-t-elle pas un tort particulier ?
R - On est parti sur une espèce de psychose anti-concombre, et je...
Q - En Allemagne, notamment.
R - Oui, mais du coup cela a eu un effet de contagion. Donc ce que je veux dire très simplement, c'est qu'on peut manger des concombres, et tout type de crudités. L'Europe, là-dessus, a permis d'avoir un réseau d'alerte. On peut sans doute l'améliorer, mais cela nous a permis de voir très vite qu'il n'y avait pas de danger.
Q - Mais est-ce que l'Allemagne a commis une erreur ?
R - Je crois qu'en Allemagne, c'est parti trop vite. Les accusations qui ciblaient le marché espagnol ont été trop rapides et se sont révélées fausses.
Q - Sur la sécheresse, Nicolas Sarkozy est aujourd'hui sur le terrain. Est-ce que, là encore, l'Europe doit aider ?
R - Là encore, l'Europe a déjà commencé à aider. C'est cela aussi qui m'intéresse. Dans notre vie quotidienne, il y a une Europe concrète. Pas d'agriculture sans Europe. Aujourd'hui, l'Europe a déjà décidé de débloquer de l'argent en avance et de permettre à la France de débloquer en avance des aides. Le président avait demandé qu'on puisse avancer dessus. Cela commence à se mettre en oeuvre, et c'est un exemple comme d'autres.
D'autres illustrations de cette Europe concrète. Vous avez par exemple votre téléphone portable. Le fait de pouvoir garder votre numéro, c'est l'Europe ! Vous avez un problème sur vos billets d'avion, c'est l'Europe qui va permettre de vous protéger. C'est ce que j'appelle l'Europe que l'on voit en poussant ses volets, celle qui est au cœur de votre vie quotidienne. L'Europe concrète, c'est celle que, moi, je défends.
Q – Merci.
Source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 10 juin 2011