Texte intégral
Madame la Députée,
Monsieur le Sénateur,
Mesdames et Messieurs,
Je suis heureux de vous accueillir aujourd'hui pour cette deuxième édition des Assises de l'identification par radiofréquence.
La RFID, ce que nous pouvons appeler en français les « puces ou étiquettes communicantes », est une technologie clé pour la compétitivité de nos entreprises et l'amélioration de notre vie quotidienne.
1. L'identification par radiofréquence représente en effet une évolution majeure des usages du numérique.
Derrière l'acronyme RFID, encore peu connu de nos concitoyens, se cache un dispositif technique révolutionnaire qui permet d'associer aux objets, aux lieux ou aux personnes des puces ou des étiquettes communicantes.
Grâce à cette technologie, nous sommes désormais en mesure d'associer à des flux physiques de plus en plus variés des flux numériques qui en assurent la traçabilité.
La sécurité des biens et des personnes, la sécurité sanitaire sont des terrains d'élection naturels de cette nouvelle technologie. Comme vous le savez, l'implantation sur les bovins de puces communicantes permet aujourd'hui de connaître l'origine des viandes et leurs parcours, ce qui garantit la qualité de notre alimentation.
Mais c'est aussi un levier remarquable de productivité et de création de valeur dans les chaînes logistiques. Au sein des entreprises, l'acheminement des marchandises peut désormais être suivi en temps réel grâce à la lecture des puces RFID aux différents points de passage.
Après avoir connecté en réseau des lieux, puis des personnes, Internet s'apprête désormais à connecter des milliards d'objets. La RFID jouera un rôle central dans ce que l'on appelle « l'Internet des objets ».
Les possibilités de développement de nouveaux services paraissent infinies, que ce soit dans la gestion de stock des entreprises, dans le domaine médical avec le suivi des patients, ou dans le domaine de la ville numérique, grâce à un meilleur contrôle des flux automobiles ou de transports en commun.
J'étais vendredi dernier à Nice, qui a lancé en mai 2011 le premier bouquet européen de services mobiles sans contact. Je peux vous dire que cela marche mais en plus que c'est une révolution au quotidien pour plusieurs milliers d'utilisateurs.
2. Ces assises de la RFID présentent à mes yeux un double intérêt :
- Elles contribuent, premièrement, à structurer l'écosystème français de la RFID. Je sais que ces rencontres sont pour vous une occasion unique de rencontre et d'échange avec les pouvoirs publics ;
- Elles permettent, deuxièmement, de mettre en commun les expériences, de faire connaître vos préoccupations et de renforcer notre ambition collective dans le développement de l'identification par radiofréquence.
3. La bonne nouvelle, c'est que la technologie RFID est aujourd'hui mature pour un déploiement massif, porteur de formidables opportunités.
Des progrès spectaculaires ont été réalisés ces dernières années par toute la filière : fondeurs de puces, fabricants d'antennes et d'étiquettes RFID, fournisseurs de services. Ils ont permis en quelques années de réduire drastiquement les prix : le coût d'une étiquette RFID est désormais de quelques centimes d'euros. Certaines puces sont tellement miniaturisées qu'elles sont à peine visibles à l'œil nu. En outre, la technologie bénéficie désormais de normes adaptées aux différents secteurs d'utilisation.
Cette baisse des coûts ouvre la voie à un déploiement mondial. Le marché de la RFID présente un potentiel énorme : de 4 milliards d'euros en 2010, il devrait croître et dépasser 13 milliards d'euros d'ici 2013.
4. Dans le même temps, l'identification par radiofréquence soulève de nouvelles et légitimes questions sur la protection des données personnelles.
Certains usages de la RFID doivent être interrogés : une entreprise américaine (Applied Digital Solutions) envisageait la commercialisation de radio-marqueurs sous-cutanées pour identifier les fraudes, assurer l'accès protégé à des sites confidentiels ou encore stocker des données médicales. Nous devons être sur ces sujets extrêmement vigilants.
Il est évident que la protection des données personnelles et des données d'entreprises est absolument nécessaire au développement de l'Internet des objets.
C'est pourquoi je m'attache à promouvoir la Recommandation européenne de 2009 sur la RFID: elle a renforcé la protection des données personnelles et des entreprises en préconisant la protection des données sensibles dès la conception des équipements RFID. Le gouvernement a chargé le Centre national de la RFID de contribuer à la normalisation de ces équipements de manière à respecter la recommandation. C'est un chantier que j'entends suivre attentivement, pour un usage maîtrisé de la RFID.
5. Enfin, le gouvernement soutient le développement de ce marché en pleine croissance et accompagne les acteurs français de la RFID.
Sixième pays porteur de projets RFID dans le monde, la France compte dès à présent plusieurs leaders mondiaux dans ce domaine. Certaines PME françaises ont aujourd'hui un savoir-faire reconnu à l'international. Maintag a ainsi remporté en 2009 l'appel d'offres européen lancé par Airbus pour embarquer la RFID dans le nouvel A350. Songez qu'au sein de chaque futur A350 plus de 1.500 composants et systèmes seront équipés de puces et étiques à radiofréquence. Je suis heureux de voir que pour répondre à ce marché, Maintag a décidé de relocaliser sa production d'Asie en France.
Autre exemple : l'entreprise ASK fournit des solutions RFID pour les tickets de transport tels que la carte Navigo à Paris ou la carte Oyster à Londres. Cette PME fournit 190 millions de produits dans plus de 50 pays. 25 capitales dans le monde utilisent sa technologie de cartes sans contact.
Conscient du potentiel de développement que représente l'identification par radiofréquence, le gouvernement a créé en 2009 un Centre national de référence de la RFID. Ce Centre bénéficie d'une subvention publique pour conduire des missions d'intérêt général : sensibilisation, démonstrations, formations et normalisation. Pour les PME, c'est un formidable levier pour influer sur la définition des normes de la RFID.
Par ailleurs, le gouvernement soutient la RFID avec des appels à projets consacrés aux usages par les entreprises des puces et étiquettes communicantes : plus de 4 millions d'euros ont ainsi été attribués entre 2008 et 2010. Le gouvernement a également investi, depuis 2006, 13 millions d'euros pour soutenir la R&D dans ce secteur, dans le cadre des pôles de compétitivité.
Pour finir, le gouvernement soutient le déploiement de la RFID à travers le lancement, vendredi dernier, d'un appel à projets financé par les Investissements d'avenir et dédié aux services sans contact mobiles. Cet appel à projets, doté de 20 millions d'euros, vise à franchir une étape décisive dans le déploiement de services mobiles sans contacts NFC portés par de grandes agglomérations. Il est ouvert jusqu'au 14 octobre.
Comme vous le voyez, le Gouvernement est fortement impliqué dans le développement de la RFID, qui représente à nos yeux une rupture technologique essentielle pour l'avenir de l'économie numérique. Cet engagement doit vous inciter à vous mobiliser pour accélérer le déploiement en France de la RFID et de l'Internet des objets.
Je vous remercie de votre attention et vous souhaite d'excellents débats.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 3 juin 2011