Interview de Mme Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l'écologie, du développement durable, des transports et du logement, à RMC le 4 juillet 2011, sur l'affaire Strauss-Kahn, l'élection présidentielle de 2012, l'implantation des éoliennes en mer, l'exploration et l'exploitation des gaz de schiste, ainsi que sur le Front national.

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Média : Emission Forum RMC FR3 - RMC

Texte intégral

JEAN-JACQUES BOURDIN Avec nous Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, ça fait beaucoup, bonjour.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bonjour.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci d’être avec nous. Les rebondissements dans l’affaire STRAUSS-KAHN, vous les avez appris comment, c’était vendredi matin, vous écoutiez la radio ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Sur Internet tout simplement.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Sur Internet oui, oui.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pourquoi ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, je vous dis comme ça, et quelle a été votre première réaction, qu’est-ce que vous vous êtes dit ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Moi j’ai été très surprise et j’ai eu un sentiment de malaise dans toute la suite, sur l’impression que tout ça a été traité comme un feuilleton.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C'est-à-dire, c'est-à-dire, vous avez pensé à qui, vous avez pensé…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On a un quotidien qui…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN A cette femme de chambre qui d’abord était très victime et maintenant qui est devenue presque coupable !
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On a même un quotidien qui a titré sur « saison 2 », cette idée qu’on est dans un feuilleton. Or, il est question de la vie et de l’honneur de deux personnes, je trouve que ça provoque un sentiment de gêne que cette idée de feuilleton. Le système judiciaire américain, il est comme ça, il est très rude dans l’accusation, il est très prompt dans la défense ; si on a un système médiatique nous-mêmes qui amplifie ces mouvements, voilà on créé le malaise, enfin moi je ressens le malaise.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Un malaise, un vrai malaise autour de cette affaire, sincèrement ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Autour de ces va et vient en quelque sorte, oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous avez pensé aux conséquences politiques aussi, évidemment, vous êtes une responsable politique importante Nathalie KOSCIUSKOMORIZET !
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Depuis… depuis le début, moi je milite pour qu’on ne coure pas trop vite aux conséquences politiques, parce que je crains si vous voulez qu’on aille vers les généralités. La justice, elle est faite de personnes et elle est faite pour les personnes, dès qu’on en tire des généralités on est dans l’injustice. Il n’y a pas lieu de… il n’y avait pas lieu de mettre en accusation tous les hommes ou même le Parti socialiste, au moment où les accusations portées sur Dominique STRAUSS-KAHN étaient très rudes. De la même manière qu’il n’y a pas lieu aujourd’hui de tirer des conclusions pour toutes les femmes, comme on l’entend ici ou là, de la perte de crédibilité de la femme de chambre. Il y a beaucoup de gens qui courent très vite, vous voyez, au fameux et traditionnel poncif « ce sont toutes des salopes », ça c’est revenir 40 ans en arrière. Je trouve qu’il faut laisser la justice faire son travail, et la justice fait son travail sur des choses compliquées, des personnes, des individus, ne courons pas à des conclusions ni générales ni politiques.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais dites-moi, si Dominique STRAUSS-KAHN revenait en politique en France, ça vous choquerait, sincèrement ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET J’ai envie de vous dire que ça ne me regarde pas vraiment, depuis des mois… avant même l’affaire Dominique STRAUSS-KAHN, on nous demande à nous de droite de nous prononcer sur ce que doit faire la gauche finalement, qui doit être le meilleur candidat, alors vous voudriez qui ? Alors avant on nous disait « vous voudriez qui de Martine AUBRY, François HOLLANDE ou Dominique STRAUSS-KAHN », pendant quelques temps on nous a dit « vous voudriez qui de Martine AUBRY et de François HOLLANDE », et maintenant on recommence à nous mettre Dominique STRAUSS-KAHN dans le menu. Moi je ne me prononce pas sur ces questions-là, je ne suis pas inscrite pour voter…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Peu importe l’adversaire.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais je ne suis pas inscrite pour voter à la primaire du Parti socialiste, et en politique on prend l’adversaire comme il vient, c’est aux socialistes de dire qui ils veulent pour les représenter…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non mais parce que beaucoup dans votre parti s’intéressent…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET A un moment il va falloir qu’ils se décident, c’est tout.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non parce que vous, vous ne vous intéressez pas…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Parce que je voudrais aussi qu’on parle de fond…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On va parler de fond…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et en attendant, on ne nous pose des questions que sur le casting du Parti socialiste…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, non…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ça les regarde et c’est quelque chose qu’il faut dépasser…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, vous êtes… mais attendez, mais dans votre parti on ne cesse de parler du Parti socialiste aussi, vous le savez bien…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN A l’UMP, il suffit de reprendre…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On ne cesse de nous poser la question et moi je refuse de me prononcer dessus…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais enfin il suffit de reprendre les déclarations des uns et des autres Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On ne cesse de nous poser la question et je refuse de me prononcer dessus. Moi, je suis plus mobilisée…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous non, d’autres oui.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Sur le fond… ouf ! Ils ont tort de se laisser entraîner dans ce commentaire-là.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Jean-Louis BORLOO… alors je vais vous parler… je vais vous poser une question sur Jean-Louis BORLOO, vous le connaissez bien Jean-Louis BORLOO…
 
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Même très bien, on dit même que parfois ça n’allait pas toujours bien avec Jean-Louis BORLOO, vous ne vous entendiez pas toujours.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ça a été public.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça a été public, bon. Jean-Louis BORLOO, est-ce que sa candidature a un sens ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Moi je…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Franchement.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Moi je ne crois pas à une stratégie qui consisterait à diversifier au premier tour pour mieux s’unir au second, je ne crois pas à ça, je pense que la politique ce n’est pas de l’arithmé…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous pensez que c’est monolithique ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, non…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN La politique, c'est-à-dire qu’il y a un homme et un…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, je pense que…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Seul ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je pense que c’est de la dynamique, c’est une dynamique qui se créé autour d’une personne et d’un projet. Et ce n’est pas de l’arithmétique, ce n’est pas : tiens, on prend 20, on prend 10, on prend 3, on additionne tout et ça va faire une majorité au 2ème tour, donc je ne crois pas à ces logiques-là. Par ailleurs, je crois que Jean-Louis a accompagné pendant des années l’action du gouvernement, il a été une pièce maîtresse et le numéro 2 du gouvernement, et je vois mal sur quels projets de fond, sur quelles idées de fond il va aujourd’hui se différencier. Donc on est vraiment dans une logique…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il peut penser que…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET D’arithmétique.
 
EAN-JACQUES BOURDIN La politique un temps était la bonne et qu’elle n’est plus la bonne aussi.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, depuis 6 mois comme ça, d’un coup ? Je ne crois pas.
??
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous pensez que c’est de l’opportunisme alors ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Non, non, je pense que c’est cette…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors c’est quoi ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C’est cette stratégie, c’est cette idée qu’il va falloir multiplier les candidatures pour ouvrir l’éventail…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non mais…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et rassembler après, moi je n’y crois pas…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais Jean-Louis BORLOO dit…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C’est tout.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais Jean-Louis BORLOO qui dit « nous avons besoin d’une politique plus juste, plus équilibrée, plus respectueuse, plus tolérante », il l’a encore dit ce matin.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Qu’est-ce qui…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vous êtes d’accord ou pas avec ça ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Qu’est-ce qui, dans les 4 années…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Avec cette analyse ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Qu’est-ce qui, dans les 4 années où Jean-Louis était numéro 2 du gouvernement, l’a choqué dans l’action du gouvernement ? Il faut qu’il le dise dans ce cas-là.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah, il faut qu’il le dise ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ben oui, écoutez.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça veut dire quoi, qu’il nous trompe, ça veut dire quoi, ça veut dire que sa candidature…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais non, ça veut dire qu’à l’intérieur… non, ça veut dire qu’à l’intérieur…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est quoi…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET D’une majorité…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est parce qu’il a été vexé parce qu’il n’est pas devenu Premier ministre ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET A l’intérieur d’une majorité il y a des sensibilités…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET A l’intérieur d’une majorité il y a des sensibilités. Moi je trouve ça bien que les sensibilités puissent vivre à l’intérieur de la majorité, et que les sensibilités ne deviennent pas autant de courants qui, finalement chacun se sente légitime à être représenté par un candidat à l’élection présidentielle. Je crois que l’élection présidentielle…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais il dit « je suis légitime ».
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C’est une… mais chacun est légitime…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il est légitime.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Mais chacun est légitime, maintenant après…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Est-ce qu’il est légitime ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET A faire une candidature ?
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Chacun a bien le droit de faire une candidature…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ben alors ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Enfin la légitimité, c’est les Français qui la donnent dans l’élection et dans le résultat. Moi ce que je crois, c’est que ce n’est pas parce qu’il y a une sensibilité un peu différente ou un courant un peu différent qu’il faut qu’il soit représenté à l’élection présidentielle, et que l’élection présidentielle ça doit être une dynamique autour d’un candidat qui rassemble le plus largement possible, c’est ce que je souhaite.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, nous allons parler écologie et logements dans deux minutes, allez.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET soyons clair, est-ce que Nicolas HULOT a été victime des apparatchiks verts ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Nicolas HULOT est victime du sectarisme…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Il a été victime du sectarisme ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Enfin, il l’est aujourd’hui, la primaire n’est pas finie, on verra bien le résultat définitif…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, mais il l’est ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Nicolas HULOT n’est pas fait pour un monde sectaire, moi c’est ce que je dis depuis le début et je l’avais dit, il va faire la découverte de ce que les Verts c’est de l’extrême gauche avant d’être de l’écologie. C’est un véritable chemin de croix qu’ils lui font subir, attendez, la première station c’est qu’il faut déclarer qu’on est absolument contre le nucléaire et qu’il faut en sortir au plus vite et de manière radicale. La deuxième station c’est comme un chemin de croix, c’est qu’il faut se fustiger pour avoir dit… on discutait avec Jean-Louis BORLOO, la troi… et ça continue, là ça va aller jusqu’à la crucifixion, c’est un chemin de croix qu’ils lui font vivre. Je vous dis, il n’est pas fait pour un monde sectaire, il ne fonctionne pas comme ça et c’est bien, c’est à son honneur à lui…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors que lui dites-vous ce matin ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je veux dire, moi c’est pour ça que j’aime bien Nicolas HULOT.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors que lui dites-vous ce matin, rejoignez-nous ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je le laisse faire, je le laisse faire sa campagne, il n’a pas fini sa campagne, moi je ne m’en mêle pas. Moi j’ai de l’amitié pour Nicolas HULOT et je ne la confonds pas et je ne la mélange pas avec la politique. Il a fait un choix qui est celui d’aller à la primaire, j’ai toujours pensé que cette primaire était un lieu de plus grand sectarisme, c’était un lieu de réduction, c’était un lieu de politisation de l’écologie. Or ce que je crois, c’est qu’au contraire il faut porter la bonne parole dans tous les partis existants, rassembler le plus largement possible et convertir, parce que ça ne sert à rien de faire de l’écologie… à partir de quoi, ils sont 30.000 à voter dans la primaire, dans cette espèce d’entre-soi, ce qu’il faut c’est transformer la société. Je crois que Nicolas HULOT a son rôle à jouer dans cette transformation-là, mais que ça ne se passe manifestement pas à l’intérieur de la primaire des Verts. Regardez, ils ont mis en tête Eva JOLY qui est quelqu’un qu’on n’entend jamais parler d’écologie. Eva JOLY, j’ai vu le verbatim du débat qu’elle a eu avec Nicolas HULOT, elle faisait des phrases qui commençaient par « quand nous serons au gouvernement », mais les Verts ils ont été au gouvernement du temps de Lionel JOSPIN, entre 97 et 2002, ben oui c’était les Verts, il y avait plusieurs ministres verts au gouvernement. Est-ce que vous vous en souvenez comme d’un moment majeur pour l’écologie, est-ce que vous vous souvenez même d’une seule décision majeure qui vous a frappée et qui a changé les choses en matière d’écologie dans le pays, comme a pu le faire le Grenelle de l’environnement ou la constitutionnalisation du principe…
 
EAN-JACQUES BOURDIN De Jean-Louis BORLOO oui.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET De précaution avec…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et de Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET La charte constitutionnelle de l’environnement. Non, on ne se souvient de rien, ils étaient au gouvernement, voilà, ce sont les alibis des socialistes, ils se révèlent comme tel et en plus très sectaires.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, parlons d’environnement justement, les éoliennes en mer, le 11 juillet appel d’offres…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET  Je lance l’appel d’offres le 11 juillet.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN 5 sites choisis, lesquels ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Alors nous avons Fécamp, le Tréport, Courseulles-sur-Mer, Saint- Brieuc et Saint-Nazaire. Donc ce sont tous des sites sur la façade atlantique, notre objectif c’est 6 gigawatts, c'est-à-dire 6.000 mégawatts en 2020. Et on commence par une tranche de 3 gigawatts, 3.000 mégawatts…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça fait quoi 3 gigawatts, comparé à une centrale nucléaire par exemple ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Alors en puissance nominale, si les éoliennes tournent au maximum, 3 gigawatts ça fait 2 EPR, maintenant les éoliennes…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN 2 EPR ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ne tournent pas tout le temps au maximum.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, ah oui, c’est beaucoup.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Donc les choses ne sont pas complètement comparables parce que l’énergie intermittente…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça permet d’arrêter de construire des EPR alors ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ça permet de remplacer d’autres modes de production. Sachant qu’encore une fois…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN La centrale de Fessenheim par exemple.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Vous ne pouvez pas complètement compenser l’un par l’autre parce que l’énergie intermittente ne compense pas… ça ne fonctionne pas de la même manière…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, c’est évident.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Exactement. En tout cas, ces 5 sites sur la façade atlantique…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN A condition de la stocker l’énergie…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et on attend beaucoup notamment en matière d’emplois, parce que la France veut faire 6 gigawatts en 2020, mais le marché européen c’est au moins 40 gigawatts.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ah oui, d’accord.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Il y a aussi les Américains, les Chinois qui sont intéressés. En France on a toutes les technologies pour développer une industrie formidable de l’éolienne en mer. On a des turbines, on a des matériaux, on a aussi les bateaux de pose, toute la technologie de la maintenance en mer qui est très particulière. Et donc moi ce que je voudrais c’est qu’on devienne les champions mondiaux de l’éolien en mer, qu’on développe une filière et qu’à travers ça on créé de l’emploi, que ce soit pour nous une filière d’excellence dans les énergies renouvelables.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc combien d’éoliennes sur ces 5 sites ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Sur 3 gigawatts, il faut 1.200 éoliennes environ, 1.200.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc sur ces 5 sites, il y aura 1.200 éoliennes ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Réparties sur les 5 sites évidemment.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Réparties sur les 5 sites.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Ça fait beaucoup mais bon, tous les partisans de la défense des paysages protestent, vous avez entendu ça… moins maintenant…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Attendez, attendez, je suis en train de réfléchir en même temps que je vous parle, je ne vais pas vous dire de bêtises, les 1.200 éoliennes c’est pour 6 gigawatts. JEAN-JACQUES BOURDIN Ah bon, 6 gigawatts.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Donc là, on fait l’appel d’offres sur la moitié…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc ça fait 600…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Donc ça fait la moitié. Et c’est sur 5 sites et il y aura d’autres sites à venir…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors d’autres sites où ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pour le deuxième appel d’offres.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN D’autres sites où ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On a déjà un site qui est sélectionné… enfin sélectionné, il n’est pas sélectionné mais on l’avait envisagé pour la première tranche, il y a eu un débat entre les élus, donc finalement il n’a pas été inscrit dans la première tranche, je pense qu’il sera dans la deuxième, c’est entre l’île d’Yeu et l’île de Noirmoutier, et il y a d’autres sites qui doivent être sélectionnés, il va falloir prendre son temps…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Méditerranée aussi ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je pense que ce serait bien qu’il y en ait en méditerranée…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, où ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Ce n’est pas encore choisi, on sent que vous avez…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Vers Perpignan, entre Narbonne et Perpignan ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET On sent que vous avez des endroits en tête.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Non, mais non mais parce que je connais bien la région et je sais là où il y a du vent, parce que vous cherchez des endroits où il y a du vent évidemment.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je cherche des endroits où il y a du vent et des endroits où il y a de l’acceptabilité, il ne s’agit pas de faire ça contre les usages locaux. Pur tous ceux qui nous écoutent, je voudrais dire qu’une éolienne en mer elle est à 15 km, en France on a la chance d’avoir un plateau continental qui est très plat, donc contrairement à des images qu’on peut voir d’éoliennes en mer ailleurs où elles sont tout près du rivage, non, nous on met nos champs à 15 km. Donc l’éolienne en mer, elle est assez… on la voit assez peu, on la voit comme une allumette qu’on tiendrait au bout de son bras.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien. Fessenheim, fermeture un jour ou pas, vous attendez… quand la décision sera-t-elle prise ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Il faut comprendre qu’il y a 2 séries de travaux en cours sur Fessenheim, il y a ce qu’on appelle la révision décennale, tous les 10 ans on révise toutes les centrales et là, c’est…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est la plus vieille centrale nucléaire française/
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C’est aujourd’hui que l’AUTORITÉ DE SURETE NUCLEAIRE doit rendre son rapport sur ce travail qui est commencé depuis des années, c’est la révision décennale de Fessenheim. Et puis en parallèle, il y a les audits qu’on a lancés à la suite de l’accident de Fukushima. La révision décennale qui est rendue aujourd’hui ne tient pas en compte… ne prend pas en compte l’accident de Fukushima. Donc en parallèle on a des audits qui, eux, ne seront rendus qu’à l’automne. On attend les audits d’automne et c’est bien normal avec les enseignements de Fukushima…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc décision avant la fin de l’année ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Pour prendre une décision sur Fessenheim. Avant la fin de l’année mais avant la fin de l’année légale, pas l’année civile, donc on est d’accord, avant fin décembre. Le rapport qui est rendu aujourd’hui ne vaut pas décision, il vaut avis. JEAN-JACQUES BOURDIN Gaz de schiste…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors interdiction de la technique de fracturation hydraulique, est-ce que d’autres techniques sont possibles pour aller exploiter le gaz de schiste de notre sous-sol ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Aujourd’hui, la seule technique qui est exploitée à grande échelle, c’est la fracturation hydraulique avec de l’eau, donc celle-là est interdite…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN De l’eau oui qui bousille tout.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et il y en a une qui commence à être utilisée, qui est la fracturation hydraulique avec du propane. Je précise qu’il s’agit aussi de fracturation hydraulique, donc elle est interdite. Dans hydraulique, il faut entendre liquide, hydraulique ça veut dire liquide, ça ne veut pas dire eau. Donc le propane à haute pression…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Interdit aussi ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Il est liquide, la fracturation propane c’est bien avec du liquide et donc c’est interdit aussi. Donc aujourd’hui, toutes les technologies disponibles pour exploiter et explorer le gaz de schiste sont interdites. Je précise aussi que contrairement à ce qui a pu être dit ici ou là, les explorations sont interdites, les explorations avec les tests, avec les expérimentations. Il avait été question de les autoriser sous contrôle, finalement ça n’a pas été fait, donc il faudrait une nouvelle loi devant le Parlement pour pouvoir autoriser des expérimentations…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Donc nous sommes protégés…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Aucune expérimentation n’est prévue.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Nous sommes protégés !
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Moi, je fais partie de ceux qui ont milité pour l’arrêt de l’exploration et l’exploitation, donc je crois qu’on est protégés oui.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est pour ça que…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je crois que c’est bien… je crois que les technologies actuelles sont des technologies très destructrices.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Votre livre, « Le Front anti national » est sorti aux éditions du MOMENT le 9 juin dernier. Et à la fin de votre livre, vous écrivez : la peur, le ressentiment peuvent faire un parti, pas un avenir » et vous dites « arrêtons de faire référence au Front National ».
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui parce que…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN On a l’impression que le Front national est au coeur de notre vie politique. Pardonnez-moi, mais quand je vois et quand je lis ce que déclare par exemple, le ministre de l’Intérieur, Claude GUEANT, qui ne cesse, ou Jean-François COPE, qui estimait hier, que le Parti socialiste incarne tous les conservatismes, son point commun avec le Front national, c’est une référence encore ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Bah oui !
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est une référence encore. On prend en référence le Front national, par ses propos ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Attendez, on est… non ! On est dans la vie politique, et on parle des autres, c’est bien normal. Je veux dire, et on fait valoir ses arguments. On ne va pas faire comme si le Front national n’existait pas. Simplement le Front national n’est pas au coeur de la vie politique, pour une bonne raison, c’est que le Front national n’a pas de proposition crédible. Le Front national vit sur les problèmes, il a besoin que les problèmes s’entretiennent, que les problèmes perdurent pour pouvoir continuer à exister. Il y a des problèmes dans la société française, tout le monde en est bien d’accord. Mais le Front national s’en nourrit voilà ! C’est ça la différence entre le Front national et les autres partis.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Et que dites-vous…
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Et notamment, et notamment, notamment je le redis, l’UMP, parce que en fait, quand le Front national parle d’UMP/PS en faisant comme si il y avait une association entre l’UMP et le PS, moi, j’ai envie de leur répondre FN/PS. Il y a une alliance historique en quelque sorte entre l’un et l’autre.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Une collusion.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oh ! Une collusion, le mot n’est pas forcément bien trouvé, mais…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Oui, enfin, il veut ce qu’il veut dire.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Invités du lundi 04 juillet 2011 Département Veille et Ressources d’informations – 01.42.75.54.58 14 Le Parti socialiste dans les années 80, provoque l’arrivée des députés Front national, au pouvoir. Le Front national prospère sur les problèmes qui sont entretenus par la mauvaise politique des socialistes.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Aujourd’hui, le Front national prospère sur les mauvaises réponses de la politique de l’UMP.
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je ne suis pas d’accord avec ça. Le seul qui ait réussi…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Alors il prospère sur quoi, le Front national ?
 
ATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Le seul qui réussit à faire baisser durablement le Front national, c’est Nicolas SARKOZY en 2007 et ce n’est pas par hasard.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais alors, il prospère sur quoi actuellement ? Sur la politique, sur la mauvaise politique conduite ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Aujourd’hui, le Front national prospère sur la crise. Aujourd’hui, le Front national prospère sur la crise et d’ailleurs vous le voyez, beaucoup. Il déplace de plus en plus ses arguments vers le domaine économique et social. La crise, elle est mondiale.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Mais Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET, que répondez-vous à tous les Français, qui disent : on a l’impression de ne plus se sentir chez nous ? J’en ai tous les jours, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET. Que leur dites-vous à ces Français ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Je dis que nous avons besoin d’être référent sur tous nos principes. Que nous avons de ce point de vue là, recaler un certain nombre de politique. Quand Nicolas SARKOZY dit en 2007, immigration choisie et pas immigration subie, ça a un certain nombre de conséquence. Par exemple, les annonces qu’a fait Claude GUEANT récemment qui est de dire, on est en situation de crise. On a moins de possibilité d’offrir des jobs, on a moins de possibilité d’assimiler, donc on va réduire l’immigration légale. Ca oui, c’est possible. En revanche, basculer dans le débat du Front national, qui est de dire c’est l’immigré qui est responsable de tout. C’est l’immigré qui est responsable de tous nos problèmes, par exemple, de la crise. Tant pis si elle est mondiale, tant pis si d’autres pays qui n’ont pas les mêmes problèmes, qui n’ont pas la même situation vivent eux aussi, la crise, à rebours de toutes les évidences, ça non ! Ca non, c’est le contraire de la France.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Bien, dernière question politiquement concrète. Elle nous vient des auditeurs de RMC, à propos de Michel DRUCKER. Décembre 2010, le Tribunal administratif de Marseille, annule le permis de construire accordé à Michel DRUCKER pour l’extension de sa propriété à Eygalières dans les Bouches-du-Rhône. L’arrêt des travaux de l’extension de 293 m² a été ordonné. Et puis, est-il vrai que vous avez fait appel de ce jugement, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET  C’est faux.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est faux !?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET C’est faux.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est faux !
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Il y a un appel…
 
JEAN-JACQUES BOURDIN C’est l’AFP, LE CANARD ENCHAINE qui le disent, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET ?
 
NATHALIE KOSCIUSKO-MORIZET Oui, c’est faux, je vous explique pourquoi. Ils ont mis en exergue une lettre qui écrit : la ministre de l’Ecologie au président de la Cour etc. comme si c’était une lettre personnelle. La réalité, c’est que tous ces sujets-là, se font par délégation et ils l’ont présenté, comme si c’était un appel au fond. Ce n’est pas un appel au fond, le permis de construire, c’est quelque chose qui sera traité dans les tribunaux, et dans les chambres administratifs locales. En revanche, il y avait dans les motifs d’annulation un problème juridique, très concret qui mettait en péril toutes sortes d’autres permis de construire. C’est une procédure très traditionnelle, qui n’est pas particulière à monsieur DRUCKER. Que je ne connais pas. Et donc je n’ai jamais fréquenté l’émission, je crois ne l’avoir jamais vu, et jamais lui avoir parlé. Tous les ans, vous avez 300 dossiers d’urbanismes qui remontent à la Direction des Affaires Juridiques, parce qu’ils posent des problèmes juridiques. Dans ces dossiers d’urbanisme, vous avez des personnalités, vous avez des gens comme tout le monde, voilà ! Dans 300 forcément, il y a un panel. Et la Direction des Affaires Juridiques prend des décisions techniques et juridiques et fait appel sur plusieurs dizaines de dossier tous les ans. Le dossier de monsieur DRUCKER a fait partie de ces dossiers-là. Ce n’est pas une décision personnelle de la ministre, qui ne prend aucune décision personnelle, sur les permis de construire. Et ce n’est pas une décision sur le fond, c’est une décision sur un motif strictement juridique.
 
JEAN-JACQUES BOURDIN Merci, Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 4 juillet 2011