Déclaration de M. Eric Besson, ministre de l'industrie, de l'énergie et de l'économie numérique, sur les enjeux économiques représentés par les industries graphiques et l'accompagnement nécessaire de cette filière face à la dématérialisation progressive des supports de communication, à Paris le 8 juin 2011.

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Circonstance : Salon Graphitex, clôture du colloque de l'Union nationale de l'imprimerie et de la communication (UNIC), à Paris le 8 juin 2011

Texte intégral

Mesdames et Messieurs les Parlementaires,
Madame la Présidente du salon,
Messieurs les Présidents des organisations professionnelles,
Mesdames et messieurs,
Je tiens tout d’abord à vous à exprimer le plaisir qui est le mien d’être présent au salon Graphitec, une manifestation qui permet de couvrir l’ensemble de la chaîne graphique, et d’apprécier ses dernières évolutions. Je suis aussi très heureux d’intervenir en clôture de votre colloque, qui réaffirme la place prépondérante du média imprimé et fait de l’innovation, thème de votre salon cette année, un facteur-clé de réussite.
Cette réflexion tournée vers l’avenir est aujourd’hui importante dans un contexte difficile pour vos industries, et dont je souhaite rappeler ici quelques enjeux.
1. Les enjeux des industries graphiques :
Vos industries connaissent des difficultés structurelles depuis de nombreuses années. Le nombre d’emplois a ainsi diminué de plus de moitié en 20 ans, passant de 92 000 emplois à environ 45 000 emplois entre 1990 et 2010, avec une accélération sur la période récente, et bien sûr des difficultés conjoncturelles liées à la crise qui ont laissé beaucoup d’entreprises exsangues.
La dématérialisation progressive des supports de communication, et la mise en place chez les donneurs d’ordre de stratégies de communication multicanaux s’appuyant en particulier sur Internet, ont conduit à des évolutions radicales du paysage de l’imprimerie. De nouveaux acteurs, intermédiaires entre les donneurs d’ordres et les imprimeurs, ont fait leur apparition. La place de l’imprimerie, qui se trouve aujourd’hui en surcapacité de production structurelle, est à réinventer.
Les imprimeurs, qui sont aujourd’hui contraints d’imprimer « moins », doivent surtout imprimer « mieux ». Il leur appartient d’anticiper les mutations à venir et de renforcer leurs capacités d’innovation afin de développer des services et des produits à plus forte valeur ajoutée.
Je suis conscient de vos difficultés pour faire face à cette révolution industrielle et trouver de nouvelles possibilités de développement. Le financement en fait partie, alors que le secteur de l’imprimerie est souvent mal noté par les banques. L’attractivité de vos métiers auprès des jeunes est aussi un enjeu majeur, pour recruter des personnels motivés et compétents. Enfin, l’imprimé, et le papier en général, souffrent, souvent à tort, d’un déficit d’image en matière environnementale.
Vos efforts doivent à mon sens se concentrer vers quatre directions :
- l’intégration du développement durable, pour prendre en compte les nouvelles attentes des consommateurs ;
- les regroupements de PME, afin de disposer d’une taille critique suffisante ;
- l’intégration des technologies de l’information et de la communication, pour gagner en productivité ;
- une démarche plus offensive dans la conquête de nouveaux marchés, en particulier à l’export, car nos entreprises ont des savoir-faire appréciés à l’étranger.
2. Le soutien public aux industries graphiques :
Face à ces enjeux majeurs, l’Etat est là pour vous accompagner.
Je me félicite à cet égard du travail mené depuis plusieurs années entre les acteurs professionnels des industries graphiques et les services de l’Etat au sein du « Réseau filière graphique ». Cette structure a permis d’établir un dialogue permanent et productif et d’initier des actions collectives au plus près de vos besoins.
Depuis 2007, de nombreuses actions ont ainsi été mises en œuvre. Je pense, en particulier, à la réalisation d’un guide de l’acheteur public de documents imprimés, afin de faciliter l’accès à la commande publique, à la mise en œuvre de pôles de productivité graphiques pour favoriser le travail en réseau ou encore à la création de formations sur le thème de l’exportation.
Au-delà de ces actions, dans une période de crise économique qui mettait en péril l’équilibre d’une filière, cinq groupes de travail ont été créés afin de proposer des recommandations pour soutenir votre filière. Réunis dès 2010, ils ont permis de rassembler des organisations professionnelles, des syndicats, des grands comptes de l’imprimerie et les services de mon ministère.
Ces groupes de travail m’ont remis leurs propositions, et j’ai décidé de donner suite, de manière très concrète, aux plus emblématiques d’entre elles, à travers un plan d’action en faveur de la compétitivité de votre industrie.
Ce plan, je vous l’annonce, sera doté de 750 000 euros sur 3 ans, sous forme de subventions à des actions collectives que mon ministère financera à 50 %.
Deux actions principales seront ainsi menées :
- une action d’accompagnement des entreprises dans leur gestion financière et de facilitation de l’accès aux financements. Concrètement, des outils collectifs de financement et de garantie pourront être mis en place pour des opérations d’investissement, de renforcement de fonds propres et d’accès à l’assurance-crédit ; dans ce cadre, je prendrai contact avec le Ministre du Budget pour appuyer votre demande de récupération du reliquat de la taxe parafiscale qui avait été instaurée sur l’imprimerie et qui pourra être utilisé dans le cadre de cette action.
- une action d’appui à la mise en place d’une médiation de filière pour les industries graphiques. Il s’agit de rassembler tous les acteurs, donneurs d’ordre, imprimeurs, et fournisseurs, avec l’appui de la DGCIS et de la médiation de la sous-traitance, autour d’un objectif clair : mettre en œuvre la charte de la médiation au sein de la filière des arts graphiques, et sa déclinaison éventuelle selon vos spécificités sectorielles. Les relations équilibrées à l’intérieur d’une filière, et la mise en place d’un dialogue permanent et constructif autour de sujets concrets, sont une des clés de la compétitivité de nos entreprises.
Ce plan sera complété par d’autres actions, destinées à renforcer la consolidation de la filière, et à mieux valoriser le support papier, dans la droite ligne de l’action de l’association « Culture Papier », dirigée par Laurent DE GAULLE, dont je salue ici l’engagement.
Enfin, pour susciter de nouvelles actions, la DGCIS pilote actuellement deux études, destinées à évaluer :
- pour la première, l’impact et le développement de la dématérialisation sur les activités de l’imprimé, afin de vous aider à anticiper les menaces, mais surtout saisir les opportunités de cette évolution ;
- pour la seconde, le différentiel de compétitivité des imprimeries françaises par rapport à leurs concurrentes européennes, afin d’en identifier les principaux ressorts.
Je vous donne dès aujourd’hui rendez-vous le 15 février 2012, au ministère de l’Economie et des Finances, pour un colloque de point d’étape de ce plan d’action réunissant tous les acteurs de la filière graphique.
L’imprimerie doit aujourd’hui se réinventer. Je suis convaincu que votre secteur, qui est ancré au plus profond de nos territoires, saura faire preuve de la créativité nécessaire pour retrouver un positionnement fort au sein de la filière des arts graphiques et de la communication.
Je ne voudrais pas conclure, enfin, sans souhaiter plein succès à Graphitec. L’innovation à chaque étape de la chaîne de valeur, des machines jusqu’au produit fini, est indispensable, et ce salon en est la meilleure vitrine. Je vous remercie.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.minefe.gouv.fr, le 17 juin 2011