Point de presse conjoint de MM. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, et Juli Minoves, ministre andorran des relations extérieures, sur les relations entre la France et l'Andorre, l'adhésion de l'Andorre à la Francophonie et les relations entre l'Union européenne et l'Andorre, Ordino, Andorre, le 12 juillet 2001.

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Circonstance : Voyage de M. Hubert Védrine, ministre des affaires étrangères, en Andorre, le 12 juillet 2001

Texte intégral

Merci Monsieur le Ministre. Je voudrais dire que je suis très heureux d'être le premier ministre des Affaires étrangères français à effectuer une visite en Andorre depuis 1993, c'est à dire à l'époque où l'Andorre est devenu un Etat souverain indépendant, doté d'une Constitution. L'Andorre existait depuis bien, bien longtemps, avant ! Mais la date de 1993 est très importante. Les relations sont excellentes, mais évidemment elles s'adaptent à cette situation nouvelle. Et c'est pour marquer cet intérêt français, constant et renouvelé, pour la Principauté dans sa forme actuelle, et ce désir de maintenir ici une présence française voisine, amicale, sympathique, active sur tous les plans que j'ai souhaité venir.
C'est dans cet esprit que j'ai eu des entretiens avec les autorités andorranes. Nous avons parlé, non pas des problèmes, puisqu'on n'a pas vraiment des problèmes, on a des questions à traiter, pour que cette relation reste dense et qu'elle progresse. On a parlé de questions bilatérales, des questions européennes, et je trouve que la façon dont l'Andorre a pu s'ouvrir sur le monde, s'adapter aux métamorphoses du monde - car Andorre veut s'ouvrir sur l'Europe tout en gardant sa personnalité - je trouve que cette exigence et cet effort méritent d'être salués.
C'est dans cet esprit que je suis venu et j'ai été très sensible à l'accueil qui m'a été réservé, un accueil spontanément amical, on se sent tout de suite entre vieux amis et j'espère que nous aurons fait, je suis même sûr que nous aurons fait avancer des choses lors de notre séance de travail avec le chef de gouvernement sur une série de points précis dont il a été question, de points concrets. Je pourrai ensuite donner une impulsion à la recherche de solution dans le domaine bilatéral.
Je suis très heureux de cette rapide visite d'une demi-journée en Andorre, où je n'étais pas venu depuis des vacances que j'y ai passé enfant, il y a très, très longtemps. J'ai été frappé par l'explosion de dynamisme de la Principauté !
Y a-t-il des questions ?
Q - Question sur les thèmes évoqués au cours des entretiens.
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Q - l'arrimage de l'Andorre à l'Union européenne, les thèmes d'intérêt bilatéral, par exemple les communications terrestres entre la France et l'Andorre notamment, et, troisième point, l'adhésion de l'Andorre à la francophonie, parce que l'on y parle le français, c'est un pays multiculturel, une caractéristique de l'Andorre
R - Ce que je peux dire globalement, c'est que nous avons travaillé de façon sérieuse, méthodique, on a parlé de chacun des sujets. Il me paraît clair que les accords entre Andorre et l'Union européenne doivent s'inspirer de l'esprit des accords trilatéraux, qui sont intelligents, qui tiennent compte justement des intérêts légitimes des uns et des autres.
Sur la Francophonie, Andorre sera la bienvenue. C'est une décision andorrane. Et pour le reste, ce sont des questions très précises. Je ne sais pas si vous avez des questions sur d'autres points, mais on a parlé de tout, frontières et autres
Q - Quelle serait la meilleure façon, croyez-vous, de mener les négociations avec l'Europe ?
R - La meilleure façon c'est ce que fait le ministre ! Il faut négocier, il faut tenir compte naturellement des règles générales de l'Union européenne, et il faut que l'Union européenne fasse un petit effort pour s'adapter à ce cas particulier. Andorre est un cas particulier, il ne faut donc pas aborder ce problème de façon stéréotypée. La question andorrane est spécialement bien connue par la France et par l'Espagne. Nous sommes donc spontanément les avocats des arguments andorrans au sein de l'Union européenne. L'Andorre n'a pas vraiment besoin d'avocats, elle peut s'exprimer directement. Je suis assez confiant sur ces négociations.
Q - Pour faciliter le rapprochement avec l'Europe, croyez-vous que l'Andorre devra changer sa fiscalité ?
R - La fiscalité doit certainement évoluer. La fiscalité évolue partout. Il n'y a aucun pays qui garde sa fiscalité inchangée à l'époque actuelle. Par exemple, tout l'effort qui est fait sur un plan international pour éviter que les fiscalités soient détournées à des fins frauduleuses, ou de blanchiment, par exemple, oblige tout le monde à modifier les règles. Je pense donc qu'il faut perfectionner les choses en Andorre comme ailleurs, mais cela ne veut pas dire tout changer, cela ne veut pas dire forcément s'aligner sur la fiscalité des autres. Je suis convaincu qu'Andorre peut mener à bien cette tâche d'adaptation, tout en gardant ses propres principes et ses propres décisions. Il n'y a pas de réponse globale à la question du changement, il faut voir point par point.
Q - (inaudible)
R - Toute négociation suppose des efforts de part et d'autre. Dans la négociation, il faut qu'Andorre fasse preuve d'ouverture sur certains points et que l'Union européenne montre une capacité d'adaptation. Je peux répéter ce que j'ai dit il y a quelques instants, c'est à dire que, pendant ces négociations qui commencent en septembre (pendant la Présidence belge), où nous allons d'ailleurs déterminer des mandats de négociation au sein des Quinze, la France dira au sein des Quinze que l'Union européenne doit faire preuve de pragmatisme face à la question de l'Andorre, et qu'il ne faut pas l'aborder de façon stéréotypée. Je crois que c'est un appui utile et je pense que l'Espagne fera d'ailleurs de même.
Q - (sur le contenu des entretiens avec le chef de gouvernement, Marc Forné)
R - Nous avons parlé de l'Andorre de façon plus générale, un peu de l'histoire moderne, des changements de l'Andorre depuis quelques décennies, changements politiques, changement de statut, changements économiques, comment l'Andorre s'adapte à l'évolution de l'Europe, tout en gardant le dynamisme particulier de son économie.
On a parlé un peu des négociations aussi, de la libre circulation, sujets qui doivent être abordés avec intelligence. On a parlé de relations avec la France, de la présence culturelle française en Andorre, et nous souhaitons qu'elle reste très forte, très vivante. Je crois que cela correspond à un souhait. Il faut le faire de façon sympathique, de façon moderne, dans des domaines où cela correspond à des demandes. Il ne faut pas le faire de façon plaquée et artificielle. Et puis, on a beaucoup parlé de cette maison magnifique dont il m'a raconté l'histoire. On a parlé de l'histoire de la bibliothèque
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Et nous userons de notre influence pour que la négociation se passe bien et aboutisse vite à un bon accord.
Q - Sur la délimitation des frontières.
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R - Nous allons poursuivre cette négociation, et comme cela ne porte pas quand même pas sur des problèmes insolubles, et comme nous sommes tous de bonne foi, avec le désir d'aboutir, et que sur d'autres sujets, on a montré qu'on y arrivait bien, je suis donc optimiste !./.
(source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 16 juillet 2001)