Texte intégral
Permettez-moi tout dabord de saluer linitiative du Conseil Economique, Social et Environnemental pour le lancement dune réflexion sur un axe majeur de la politique de la ville quest la rénovation urbaine.
Je remercie ici Madame Marie-Noëlle Lienemann qui a été le rapporteur de ces travaux.
Mesdames et Messieurs les conseillers, cest pour moi un honneur que dintervenir dans ce lieu qui incarne la République.
Jy vois également un signe puisque vous abritiez jadis le musée des travaux publics, construit par Auguste Perret, celui que lhistoire a appelé le « Poète du béton ».
Votre Assemblée est donc tout à fait appropriée pour évoquer la pierre angulaire de la politique de la ville qui est également au coeur de la cohésion sociale.
Mesdames et Messieurs, vous le savez, lAgence Nationale pour la rénovation Urbaine a fait la démonstration quelle est un instrument efficace au service de la transformation de nos quartiers populaires.
Le grand chantier national lancé en 2004 par Jean-Louis Borloo, qui a eu loccasion de sexprimer devant votre assemblée, continue et entraîne une dynamisation économique des territoires et des créations demplois dans les quartiers.
Cette ambition, quelle est-elle ? Cest denvisager la rénovation urbaine dans toute sa complexité et, donc, aussi dans toutes ses dimensions : mixité sociale, développement durable, insertion sociale et ancrage dans les préoccupations quotidiennes des habitants.
Il y a, dans ces opérations, une dimension humaine qui fait, trop souvent, défaut à lurbanisme traditionnel puisquil sagit, non seulement de changer la ville par des réhabilitations de logements ou des réaménagements de quartier, mais aussi de changer la vie.
La rénovation urbaine ce sont près de 400 conventions, 485 quartiers et plus de 3 Millions dhabitants ! Cest 12 Mds investis et 43 Mds de travaux générés !
Cest une réelle dynamique qui a été enclenchée comme en témoigne lavancement physique aujourdhui visible.
A la fin de lannée 2010, cest déjà 85 000 logements qui ont été détruits, 75 000 reconstitués et 220 000 logements réhabilités !
Dans toutes mes visites de terrain, les habitants des quartiers en difficulté me disent leur satisfaction doccuper de nouveaux logements, leur joie de vivre dans un environnement rénové, embelli et réparé.
Car vous le savez tous, la qualité du cadre de vie constitue la condition essentielle et indispensable pour redonner une dignité et une fierté à chacun des habitants des quartiers.
Les habitants des quartiers populaires me disent leur soulagement de voir revenir des écoles, des gymnases, des médiathèques ou encore des commerces !
Les habitants me disent leur satisfaction davoir pu bénéficier des clauses dinsertion qui sont un moteur pour linsertion professionnelle, surtout pour ces quartiers populaires fortement touchés par la crise et le chômage. Parce quon ne peut pas intervenir dans les quartiers sans contribuer à linsertion professionnelle et à la formation des habitants des quartiers, qui sont plus que jamais notre première priorité.
Cest plus de 8 millions dheures dinsertion effectuées !
Le succès de la rénovation urbaine repose également sur la solidité de tous les partenariats et sur une méthodologie aujourdhui reconnue.
Une méthodologie qui sappuie sur la mise en synergie de tous les acteurs.
Le succès de lANRU, guichet unique, cest aussi une contractualisation nationale et ambitieuse qui donne de la visibilité sur des engagements pluriannuels.
Je dois également rappeler le travail formidable accompli par les membres du comité national dengagement de lANRU, Etat, Action Logement, Union Sociale pour lHabitat, Caisse des Dépôts ou encore la Caisse de Garantie du Logement Locatif Social qui ont étudié avec rigueur et détermination chacun des projets mis en oeuvre dans 485 quartiers.
Je pense aussi à linvestissement considérable des équipes des villes et des bailleurs sociaux sur le terrain. Sous le pilotage des maires aidés des préfets et des services déconcentrés de lEtat, les projets se sont concrétisés.
Cest grâce à ce travail collectif que lon a pu renforcer le lien social.
Vous en conviendrez, leffet levier économique et social de la rénovation urbaine est donc incontestable.
Elle entraîne dans son sillage une redynamisation économique des quartiers en revalorisant le cadre de vie et la qualité des équipements.
Le dernier rapport de lONZUS a bien montré que le taux dinstallation de nouvelles entreprises était nettement supérieur dans les Zones Franches Urbaines qui ont été réhabilitées.
La rénovation urbaine, cest aussi la requalification commerciale, à travers laction de l'Établissement public national daménagement et de restructuration des espaces commerciaux et artisanaux (EPARECA).
Alors bien sur, tout nest pas parfait ! Il reste encore plusieurs points à améliorer, bien que la situation ne soit pas la même partout. Des limites existent mais cest un peu le prix à payer du succès de la rénovation urbaine.
Le PNRU étant déjà un pari à lorigine aujourdhui en passe dêtre réussi, cest pour cela que lon en attend encore davantage !
La première question est le développement de la mixité sociale qui vous le savez tous, ne se décrète pas mais se construit, ensemble.
Vous savez à quel point il est difficile dattirer les investisseurs et des populations nouvelles quand le quartier a longtemps été stigmatisé.
Et il faut du temps avant que celui-ci ne change dimage car linsertion du quartier dans la ville, comme linsertion dans la société, cest un long processus.
La question des copropriétés dégradées reste aussi un point sensible dans certains quartiers.
LANRU nétait pas nécessairement outillée pour venir à bout de ces difficultés, le point dachoppement principal étant le droit de propriété.
Je vous rappelle également que nous devons persévérer dans la mise en oeuvre de la loi SRU, avec Benoist Apparu, pour mieux répartir le logement social.
Comme je le dis souvent, pour lutter contre les ghettos de pauvres, il faut lutter contre les ghettos de riches !
Les habitants des quartiers, qui sont les premiers concernés par les opérations de rénovation urbaine doivent aussi être davantage associés, bien en amont.
Pour satisfaire cette ambition, il faut une méthode. Cette méthode, cest celle du dialogue permanent. Ce choix répond à des raisons à la fois historique et opérationnelle.
Historique, car la rénovation urbaine est, depuis lorigine, tout sauf une opération de planification urbaine imposée den haut, comme lillustrent le diagnostic partagé et le recours au mode contractuel et à la négociation sur la base dobjectifs.
Les liens avec le désenclavement ou le volet scolaire doivent être davantage recherchés car la politique de la ville, cest la conjugaison de lhumain et de lurbain. Cet effort urbain na évidemment de sens que sil sinscrit dans une stratégie plus globale.
Comme chacun sait, la rénovation ce nest pas seulement les murs, cest lemploi, cest léducation, cest la sécurité, ce sont les infrastructures de transport !
Autant de priorités qui ont été arrêtées par le Conseil interministériel des villes du 18 février 2011 présidé par le Premier ministre et qui font lobjet dun plan daction sur le terrain.
Au fond, cest toute une chaîne de développement, de socialisation, de désenclavement que nous devons progressivement retisser.
Mesdames et messieurs, la rénovation urbaine est un enjeu central pour le projet républicain et la cohésion sociale.
Elle doit également être conçue pour une gestion durable des quartiers en adéquation avec les conclusions du Grenelle de lenvironnement sur le bâti, qui ont été énoncées, je vous le rappelle, après le lancement du PNRU.
Nous devrons intégrer de nouvelles préoccupations comme la Ville durable, la Ville de laprès-Copenhague et le Grenelle de lEnvironnement.
Mesdames et messieurs, je sais lattachement de votre institution à ce pilier de la politique de la ville quest la rénovation urbaine. Jentends vos questionnements et jy suis particulièrement attentif.
Cest aussi la préoccupation du gouvernement qui mettra tout en oeuvre pour assurer les engagements pris au titre du programme national. Cest dailleurs dans cette optique que la loi de finances pour 2011 a consolidé les ressources financières de lANRU.
Dans le même esprit, Benoist Apparu, Secrétaire dEtat au logement, a lancé la concertation avec Action logement pour conclure la nouvelle convention triennale pour 2012-2014. Nous serons vigilants quant à la prise en compte des besoins de la rénovation urbaine.
Les premiers projets ANRU sachèvent. Il faut donc prévoir dès à présent la question des sorties de conventions pour garantir la pérennité des investissements réalisés. Pour cela, le Conseil Interministériel des villes du 18 février a décidé lexpérimentation sur une dizaine de sites parvenus en fin de projets.
Cette expérimentation nous conduira à définir une méthode pour maintenir un fonctionnement urbain et social de bon niveau, conforter lattractivité nouvellement retrouvée des quartiers et renforcer larticulation entre la rénovation urbaine et les autres dimensions de la politique de la ville.
Mais le gouvernement a souhaité aller plus loin encore. Vous savez à quel point il est nécessaire de prolonger la dynamique engagée dans les quartiers les plus prioritaires pour assurer durablement le succès de la rénovation urbaine et de terminer le travail.
François FILLON ma confié lors du CIV du 18 février 2011 une réflexion pour définir les besoins et modalités de mise en oeuvre dune deuxième phase du PNRU. Le premier ministre ma mandaté pour que lon réfléchisse, avec tous les acteurs, à la construction dune nouvelle étape pour la rénovation urbaine, ainsi quau rôle et aux champs de compétence à venir de lANRU.
Daucuns parlent du PNRU 2 comme dune évidence, parce que tous les quartiers nont pu être traités avec le PNRU 1 et parce que dans certains dentre eux, nous devons intensifier la rénovation pour aller jusquau bout.
Pour permettre un véritable retour au droit commun, sur tous les territoires de notre République, sans oublier bien sûr certains problèmes spécifiques à lOutre-mer comme lhabitat insalubre, et où le savoir-faire de lANRU a toute sa place.
Je suis personnellement convaincu de lintérêt dun PNRU 2 qui doit aller plus loin dans les ambitions comme dans les résultats. Il devrait être plus ambitieux pour permettre le développement des activités économiques en coeur de quartiers, pour envisager la construction de logements haut de gamme et renforcer la mixité sociale.
Mesdames et Messieurs, je suis convaincu que le PNRU 2 doit être laffaire de tous. Le travailleur social doit y avoir toute sa place, tout autant que larchitecte et lingénieur, car je nai quun seul objectif : assurer la cohésion sociale et urbaine de nos villes.
Jy veillerai dans les propositions que je ferai cet automne au Premier ministre.
Le CIV a aussi souhaité une articulation avec le projet du Grand Paris dont jai la charge. Le projet présidentiel du Grand Paris est une formidable opportunité pour les quartiers en difficulté dIle-de-France.
Nous allons pouvoir désenclaver de nombreux territoires, développer léconomie et construire de nouveaux logements pour que tous ces quartiers sarriment à la dynamique métropolitaine !
Mesdames et Messieurs, vous laurez compris, il nous revient à tous et à vous, en particulier, acteurs déterminés et imaginatifs de la rénovation urbaine, dimpulser, doser, dopérer, afin que légalité des chances reste une réalité dans les faits.
Je serais heureux de pouvoir mappuyer sur vos travaux que je sais riches et sérieux pour avancer avec vous.
Je vous remercie.
Source http://www.ville.gouv.fr, le 3 juin 2011