Texte intégral
Monsieur le Premier ministre,
Madame Ouattara,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Mes chers compatriotes,
Je veux vous dire le plaisir immense qui est le mien ce soir avec Henri de Raincourt, avec Pierre Lellouche et avec David Douillet ainsi quavec de nombreux parlementaires qui maccompagnent dans cette visite, de la débuter ce soir pour le 14 juillet, avec vous, les Français de Côte dIvoire.
Je veux dabord me tourner vers notre ambassadeur, Jean-Marc Simon, je me tourne vers lui pour le remercier, bien sûr de son accueil ce soir, mais surtout pour le travail immense quil a effectué tout au long de ces derniers mois en faveur des Français, en faveur des Ivoiriens et de bien dautres.
Jean-Marc Simon, la République a décidé de rendre hommage à la qualité de votre travail, de votre dévouement, à votre sérénité aussi lors de périodes terriblement troublées, en vous élevant au grade de Commandeur de la Légion dhonneur.
Il y a quelques heures, jassistais avec le président de la République aux cérémonies du 14 juillet sur les Champs-Élysées. Ce défilé qui chaque année est un moment de grande fierté pour nos armées et pour notre Nation, était aujourdhui un moment de deuil car en vingt-quatre heures, six soldats français ont été tués en Afghanistan. Six soldats courageux, engagés sur un terrain difficile et dans une noble mission : protéger le monde du terrorisme et aider les Afghans à prendre leur destin en main. Six soldats partis sous luniforme français défendre la paix loin de chez eux. Ce soir, ici à Abidjan où lon sait ce que lon doit à larmée française, nous devons penser à eux, penser à leurs familles, à leurs amis, à leurs compagnons darmes, qui aujourdhui, qui demain continueront à faire leur devoir. Ils sont en Afghanistan, ils sont en Libye, ils sont au Liban. Ce matin, sur les Champs-Élysées, leurs régiments étaient à lhonneur, et les Français leur ont rendu hommage, parce quils savent ce quils leur doivent, car celui qui meurt pour la paix au service de son pays, personne na le droit de dire quil est mort pour rien. Il a donné sa vie pour les autres et il a donné sa vie pour lhonneur.
Le président de la République, qui était mardi en Afghanistan, sest rendu ce matin au chevet des blessés soignés à lhôpital militaire de Percy, il a réaffirmé notre détermination à poursuivre avec nos alliés le processus de transition à lissue duquel au plus tard en 2014, il appartiendra aux autorités afghanes de prendre pleinement en charge la sécurité de leur pays. Dans lintervalle, nos hommes continueront leur mission dans des conditions de sécurité renforcées.
Mes chers amis, en ce soir du 14 juillet, jai voulu être auprès de vous, Français de Côte dIvoire.
Peu de communautés de Français à létranger ont été éprouvées comme la vôtre cette année, et je veux dire que vous avez été tous très présents dans nos pensées.
En venant vivre et travailler en Côte dIvoire, beaucoup dentre vous ont fait un choix de cur.
Des liens affectifs profonds unissent la France à la Côte dIvoire depuis des générations.
En décembre dernier, malheureusement, ce choix a tourné à lépreuve.
Pendant plus de quatre mois, vous avez été les témoins des événements dramatiques qui ont agité le pays : une période de violences et dangoisses terribles qui ont laissé des traces profondes en chacun.
En dépit de tous les traumatismes, vous avez choisi de rester fidèles à ce pays.
Vous avez cru en lavenir, vous avez cru dans la victoire de la démocratie.
Vous avez opposé au chaos une force morale et un sang-froid qui vous honorent.
Je noublie pas que vous avez traversé ces épreuves aux côtés de nos amis Ivoiriens, meurtris dans leur âme, dans leur chair et dans lamour quils portent à leur pays.
Face aux dangers, face aux menaces, vous avez fait bloc, avec lappui de lensemble de la communauté diplomatique.
Cette solidarité dans ladversité a permis de sauver des vies. Ce sont des moments qui ne soublient jamais. Et ce soir, il était naturel dassocier tous ceux qui les ont partagés avec vous à ce rendez-vous national.
Madame Ouattara, Monsieur le Premier ministre, à toutes les personnalités ivoiriennes ici présentes, aux ambassadeurs, aux diplomates de tous les pays actuellement en poste en Côte dIvoire, je souhaite la bienvenue et je vous adresse ma profonde sympathie.
En mai dernier, le président Sarkozy a déjà évoqué devant vous les modalités de lintervention française au secours de la démocratie en péril.
Les événements qui se sont déroulés dès le mois de décembre navaient aucune raison dêtre.
Les élections présidentielles étaient attendues depuis longtemps.
Tous les candidats sétaient publiquement engagés à respecter les résultats du scrutin qui devait se dérouler sous le regard de deux mille observateurs internationaux et nationaux.
De leur côté, les électeurs avaient montré un civisme exemplaire en se rendant massivement aux urnes.
Toutes les conditions étaient réunies pour que la Côte dIvoire renoue avec une vie démocratique apaisée.
Pourtant, il faudra plus de quatre mois de violences et plusieurs milliers de morts pour que force revienne au droit et à la volonté exprimée par le peuple ivoirien.
Face au massacre commis par un clan qui avait décidé de se maintenir coûte que coûte au pouvoir, la communauté internationale a pris ses responsabilités. Et la France y a pris toute sa part.
Depuis 2005, les Nations Unies se sont données les moyens de réagir lorsquun dirigeant se retourne contre sa population ; cest ce quelle a appelé " la responsabilité de protéger".
Parce quelle sest sentie investie de cette responsabilité, la France a mené ce combat ici en Côte dIvoire avec lOnu.
Parce quelle est fidèle à ce même principe, elle se bat actuellement en Libye avec ses partenaires.
Les membres de larmée française qui se sont battus ici ont permis le rétablissement de la démocratie et le retour de la paix. Nous pouvons en être fiers.
Demain, jirai rendre visite à nos forces rassemblées au camp de Port Bouët pour leur exprimer directement notre reconnaissance.
Et comme je le confirmerai au président Ouattara, le détachement français en Côte d'Ivoire comptera, après les élections législatives ivoiriennes, environ 300 militaires basés au camp de Port Bouët, dont la mission essentielle sera d'appuyer la réforme des forces de sécurité ivoiriennes. Mais je veux préciser, et je sais que cest pour vous comme pour nous un élément capital que nous conservons la possibilité de remonter en puissance notre dispositif très rapidement en cas de nécessité.
Cette victoire ne nous fait pas oublier les victimes.
Demain au Novotel, je dévoilerai une plaque dédiée à la mémoire de Stéphane Frantz Di Rippel, Yves Lambelin, et deux de ses collaborateurs, qui ont été soustraits à laffection des leurs dans des conditions dramatiques.
Sur le lieu où ils ont été conduits vers leur funeste destin, nous voulons nous souvenir.
Et cette émotion va, avec eux, à toutes les victimes de la crise ivoirienne.
Mesdames et Messieurs,
Lorsque jai rencontré le président Ouattara à Paris le 27 mai dernier, jai été frappé par sa détermination à mener une démarche de vérité et de réconciliation en même temps quun travail de mémoire et jai été frappé par la clarté de ses vues pour la reconstruction de son pays.
Dans cette démarche, je suis venu vous assurer que la France est totalement solidaire de la Côte dIvoire.
Elle a dailleurs déjà commencé à le prouver de façon concrète.
Dans des délais extrêmement brefs, nous avons mobilisé 350 millions deuros pour aider les autorités ivoiriennes à répondre à des besoins immédiats, payer le salaire des fonctionnaires ou assurer les dépenses sociales urgentes.
Cette aide a permis le redressement qui est tant attendu.
Nous avons aussi mis un programme dassistance technique pour laider à relever les immenses défis de la sortie de crise.
Cétait le souhait des autorités ivoiriennes.
Au cours des dernières semaines, deux missions sont déjà venues ici accompagner le travail de modernisation des administrations civiles et militaires engagé par le Gouvernement.
Et je suis heureux que lassistance française joue un rôle actif dans ce développement.
Car je suis convaincu que le complément naturel de notre solidarité financière est le partage de notre savoir-faire.
Aujourdhui, la Côte dIvoire écrit une nouvelle page de son histoire.
Dans sa pleine souveraineté, elle doit maintenant rattraper des années perdues dans dinterminables luttes internes.
La France veut laider. La France veut laider à devenir un pays émergent et la France sera là pour lappuyer chaque fois quelle en exprimera le souhait.
Lors de sa visite à Abidjan, le président Sarkozy a rappelé les principes de la nouvelle politique française en Afrique.
La relation franco-ivoirienne daujourdhui est un partenariat décomplexé de part et dautre.
La France sera une amie qui écoute, prompte à partager. Elle espère être le partenaire de référence de la Côte dIvoire mais elle nentend pas être son partenaire exclusif.
Bien sûr, la coopération renforcée avec la France sera un outil important du développement ivoirien.
Mais nous encourageons les partenariats avec des pays dès lors quils permettent davoir un effet de levier bénéfique au développement de la Côte dIvoire.
La France lancera avec la Côte dIvoire lun des plus importants contrats de désendettement-développement, pour près de 2 milliards deuros. Celui-ci pourra être mis en oeuvre dès la mi-2012 mais dès cette année, de premières missions exploratoires vont permettre de définir, avec les Ivoiriens, les domaines prioritaires pouvant bénéficier de ces fonds.
Et à la même échéance, la France annulera à hauteur de 1 milliard deuros la dette publique de la Côte dIvoire.
Mais nous savons que pour se développer, la Côte dIvoire a aussi besoin de limplication du secteur privé.
La rencontre qui a eu lieu à Paris entre le Conseil français des investisseurs en Afrique et lambassadeur de Côte dIvoire a déjà été une étape importante.
Demain, à loccasion du forum économique que jouvrirai à la Chambre de Commerce et dIndustrie, les nombreux chefs dentreprises français qui maccompagnent viendront redire lintérêt quils portent à la Côte dIvoire, au service de son développement et de sa croissance.
Les entreprises privées ivoiriennes ont aussi besoin quon les aide à redémarrer.
12 milliards de Francs CFA vont être affectés en faveur de la relance de lactivité des entreprises sinistrées en 2004 et 2011. Les mécanismes de mise en uvre sont dores et déjà finalisés pour celles qui ont souffert de préjudices en 2004 et sont sur le point de lêtre pour celles ayant souffert des événements de 2011. Et je sais que lambassadeur suit cette question personnellement.
Le président de la République a souhaité que lon adopte des mesures rapidement pour aider les entreprises à surmonter le choc des événements.
Je les évoquerai demain avec le président Ouattara, mais je veux dire dès ce soir quelles ont bien avancé.
Le président de la République avait annoncé la mise à disposition par lAgence Française de Développement de 100 millions deuros sous forme de prêts bonifiés et de prises en garantie. Je suis heureux de vous informer que non seulement ce mécanisme est déjà opérationnel mais quil a déjà été utilisé à hauteur de plus du tiers par nos entreprises.
Cette question est cruciale sur le plan économique. Mais cest aussi pour nous, une question de justice.
Voilà, mes chers compatriotes, je sais que les difficultés ne manquent pas sur le chemin de la reconstruction.
Mais je sais aussi que les richesses humaines et naturelles de la Côte dIvoire ont tout pour la porter vers la prospérité.
Je suis convaincu que la Côte dIvoire a toutes les chances de figurer parmi les pays émergents si elle sengage dès maintenant sur la voie de lexigence.
Et je veux dire une nouvelle fois que la France la soutiendra dans ses efforts pour y parvenir.
Et vous, vous les Français de Côte dIvoire, vous qui tous les jours assurez linterface entre nos deux pays, vous serez les premiers acteurs de ce partenariat renouvelé.
Vous êtes plus de 14 000, en phase directe avec les réalités et les besoins de nos deux pays.
Au-delà de la solidarité entre les Etats, nous avons besoin de vous pour promouvoir en Afrique le visage dune France dynamique, dune France audacieuse devant les défis lancés par la mondialisation.
Avec Nicolas Sarkozy, depuis 2007, nous avons engagé la France sur la voie de la modernisation.
Nous vivons dans un monde qui voit émerger à toute vitesse des puissances nouvelles. Eh bien, dans ce monde là, nous, nous avons choisi de ne pas rester immobiles.
Nous avons mené des réformes difficiles, des réformes qui modernisent en profondeur la société française, des réformes dont parfois il faudra plusieurs années pour attendre les effets et les résultats.
Nous avons libéré le travail, en desserrant le carcan des 35 heures ; nous avons donné aux universités françaises qui étaient autrefois les meilleures du monde et qui depuis une vingtaine dannées déclinaient, en raison dun statut qui bridait leur développement, nous avons donné aux universités françaises leur autonomie comme toutes les universités des grands pays développés. Nous avons misé plus que jamais sur la recherche, sur linnovation ; nous avons conduit la réforme des retraites, réforme difficile, réforme combien nécessaire pour assurer la sécurité de notre système. Comment penser que la France pourrait être le seul pays en Europe où lon partirait à la retraite si tôt, alors même que lAllemagne, la Grande-Bretagne, lItalie, tous les pays dEurope du nord qui vivent dans les mêmes conditions que nous, dans les mêmes conditions de concurrence, dans les mêmes conditions de compétition, qui connaissent le même allongement de la durée de la vie que nous, qui ont les mêmes conditions de santé que nous, ont choisi de porter lâge de la retraite, déjà depuis longtemps, à 65, à 67 ou à 68 ans.
Et comme le général de Gaulle et Georges Pompidou, dont nous fêtons cette année le centième anniversaire de la naissance, avaient en leur temps choisi de miser sur des grands secteurs qui sont encore aujourdhui parmi les moteurs les plus puissants de la croissance française, l'aéronautique avec Airbus, le spatial avec Ariane, le nucléaire civil, les trains à grande vitesse, eh bien nous avons choisi, avec le président Sarkozy, de consacrer malgré les difficultés économiques et financières que nous connaissons, malgré la nécessité de réduire la dette publique, nous avons choisi de consacrer 35 milliards deuros aux investissements davenir pour faire éclore ces moteurs de la croissance de demain.
Nous réformons parce que nous avons foi dans les atouts de la France et parce que nous avons foi dans son potentiel.
Et nous réformons aussi parce que nous pensons que pour être respecté dans le monde, il faut prendre ses responsabilités.
Aujourdhui, la France est présente sur tous les théâtres dopérations, à lappel et à lappui de la communauté internationale.
Sur les plans militaire, diplomatique, économique, environnemental, La France est engagée et sa voix est entendue dans le monde.
La France a été à linitiative de tous les grands combats de notre temps.
Elle a défendu la première, lidée quil fallait moraliser le système financier international après la crise et elle a incité le G20 à semparer de cette question dont dépend le sort de nos économies de marché.
A Copenhague, La France a défendu ladoption dengagements concrets par tous les pays pour que limpératif écologique ne reste pas quun discours et un principe.
Depuis longtemps, notre nation défend aussi un meilleur équilibre des systèmes de gouvernance mondiale.
Elle plaide pour une meilleure représentation des pays émergents dans les instances internationales, une représentation qui soit plus en accord avec la réalité du monde daujourdhui.
Depuis longtemps, elle demande que ces pays aient leur voix au Fonds monétaire international, au Conseil de sécurité des Nations Unies qui devrait notamment réserver une plus juste place à lAfrique.
Au dernier sommet du G8 à Deauville en mai dernier, la France a tenu à inviter le président Ouattara, le président Condé de Guinée et le président Issoufou du Niger qui venaient tous les trois dêtre démocratiquement élus.
A travers le G8, à travers le G20, la France influe sur lengagement des grandes puissances en faveur de la solidarité internationale.
Et ce nest pas un hasard si le dernier G8 a été consacré au monde arabe, à lAfrique et aux pays émergents, sil a affirmé son soutien aux révoltes arabes et son soutien financier à leurs économies à travers des investissements, notamment réalisés notamment par le FMI.
Ce nest pas un hasard non plus si Christine Lagarde vient dêtre élue à la tête du FMI, plébiscitée au terme dune campagne fondée sur une idée progressiste de la mondialisation, qui sécarte des spectres du protectionnisme et du choc des civilisations.
Enfin, vous mesurez mieux que quiconque lengagement de la France au service des valeurs universelles.
Et à lheure où nous fêtons le 14 juillet, je voudrais dire que chaque Français doit être conscient du prix de la liberté, ce prix que dautres peuples payent de leur vie aujourdhui.
Chaque Français doit se souvenir que la République vient de loin, quelle est née de siècles de combat pour faire triompher lintérêt général, la liberté de conscience, légalité face à la résistance des privilèges.
Chaque Français doit se souvenir que la France est une grande nation, mais que cette grandeur nexiste pas sans effort et sans vertu individuelles.
Chacun dentre nous doit se demander ce quil peut faire pour son pays, parce que son avenir ne dépend pas seulement de lEtat ou des responsables politiques, il dépend aussi du courage, du civisme, de la générosité qui doivent inspirer chaque individu.
A quelques mois des prochaines échéances présidentielles et législatives, faisons en sorte que le débat démocratique qui va sengager soit digne, soit digne de notre héritage républicain, soit digne des grands enjeux mondiaux quil nous faut affronter ensemble.
Faisons en sorte dêtre à la hauteur de tous ces regards et de tous ces peuples qui, dans le monde, rêvent de liberté.
La démocratie, les droits de lhomme, cela nest pas un privilège réservé aux seuls pays occidentaux !
Ces valeurs sont vivantes, elles appartiennent à tous les hommes, au Nord comme au Sud.
Vous avez été, vous, les témoins directs de la détermination de la France à faire respecter cette conviction.
Notre diplomatie, nos forces armées sont présentes à lappui des peuples muselés, des peuples bafoués, des peuples bombardés.
La France ne ménage pas ses moyens pour défendre les libertés et elle nagit pas seule.
Elle le fait dans le respect du droit international, des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies et en appui des organisations régionales, comme elle la fait hier en Côte dIvoire et comme elle le fait aujourdhui en Libye.
En ce jour de fête nationale, jai tenu à être parmi vous.
Nous pouvons sans rougir nous dire que la France assume ses responsabilités, elle les assume chez elle et elle les assume dans le monde.
Eh bien, je veux vous dire la fierté que minspire le visage de la France que vous donnez ici.
Puissent des temps de prospérité et de fraternité venir récompenser votre communauté et ce pays qui est si proche du nôtre.
Vive lamitié entre la France et la Côte dIvoire !
Vive la République ! Vive la France !Source http://www.gouvernement.fr, le 27 juillet 2011
Madame Ouattara,
Mesdames et Messieurs les ministres,
Mesdames et Messieurs les ambassadeurs,
Mes chers compatriotes,
Je veux vous dire le plaisir immense qui est le mien ce soir avec Henri de Raincourt, avec Pierre Lellouche et avec David Douillet ainsi quavec de nombreux parlementaires qui maccompagnent dans cette visite, de la débuter ce soir pour le 14 juillet, avec vous, les Français de Côte dIvoire.
Je veux dabord me tourner vers notre ambassadeur, Jean-Marc Simon, je me tourne vers lui pour le remercier, bien sûr de son accueil ce soir, mais surtout pour le travail immense quil a effectué tout au long de ces derniers mois en faveur des Français, en faveur des Ivoiriens et de bien dautres.
Jean-Marc Simon, la République a décidé de rendre hommage à la qualité de votre travail, de votre dévouement, à votre sérénité aussi lors de périodes terriblement troublées, en vous élevant au grade de Commandeur de la Légion dhonneur.
Il y a quelques heures, jassistais avec le président de la République aux cérémonies du 14 juillet sur les Champs-Élysées. Ce défilé qui chaque année est un moment de grande fierté pour nos armées et pour notre Nation, était aujourdhui un moment de deuil car en vingt-quatre heures, six soldats français ont été tués en Afghanistan. Six soldats courageux, engagés sur un terrain difficile et dans une noble mission : protéger le monde du terrorisme et aider les Afghans à prendre leur destin en main. Six soldats partis sous luniforme français défendre la paix loin de chez eux. Ce soir, ici à Abidjan où lon sait ce que lon doit à larmée française, nous devons penser à eux, penser à leurs familles, à leurs amis, à leurs compagnons darmes, qui aujourdhui, qui demain continueront à faire leur devoir. Ils sont en Afghanistan, ils sont en Libye, ils sont au Liban. Ce matin, sur les Champs-Élysées, leurs régiments étaient à lhonneur, et les Français leur ont rendu hommage, parce quils savent ce quils leur doivent, car celui qui meurt pour la paix au service de son pays, personne na le droit de dire quil est mort pour rien. Il a donné sa vie pour les autres et il a donné sa vie pour lhonneur.
Le président de la République, qui était mardi en Afghanistan, sest rendu ce matin au chevet des blessés soignés à lhôpital militaire de Percy, il a réaffirmé notre détermination à poursuivre avec nos alliés le processus de transition à lissue duquel au plus tard en 2014, il appartiendra aux autorités afghanes de prendre pleinement en charge la sécurité de leur pays. Dans lintervalle, nos hommes continueront leur mission dans des conditions de sécurité renforcées.
Mes chers amis, en ce soir du 14 juillet, jai voulu être auprès de vous, Français de Côte dIvoire.
Peu de communautés de Français à létranger ont été éprouvées comme la vôtre cette année, et je veux dire que vous avez été tous très présents dans nos pensées.
En venant vivre et travailler en Côte dIvoire, beaucoup dentre vous ont fait un choix de cur.
Des liens affectifs profonds unissent la France à la Côte dIvoire depuis des générations.
En décembre dernier, malheureusement, ce choix a tourné à lépreuve.
Pendant plus de quatre mois, vous avez été les témoins des événements dramatiques qui ont agité le pays : une période de violences et dangoisses terribles qui ont laissé des traces profondes en chacun.
En dépit de tous les traumatismes, vous avez choisi de rester fidèles à ce pays.
Vous avez cru en lavenir, vous avez cru dans la victoire de la démocratie.
Vous avez opposé au chaos une force morale et un sang-froid qui vous honorent.
Je noublie pas que vous avez traversé ces épreuves aux côtés de nos amis Ivoiriens, meurtris dans leur âme, dans leur chair et dans lamour quils portent à leur pays.
Face aux dangers, face aux menaces, vous avez fait bloc, avec lappui de lensemble de la communauté diplomatique.
Cette solidarité dans ladversité a permis de sauver des vies. Ce sont des moments qui ne soublient jamais. Et ce soir, il était naturel dassocier tous ceux qui les ont partagés avec vous à ce rendez-vous national.
Madame Ouattara, Monsieur le Premier ministre, à toutes les personnalités ivoiriennes ici présentes, aux ambassadeurs, aux diplomates de tous les pays actuellement en poste en Côte dIvoire, je souhaite la bienvenue et je vous adresse ma profonde sympathie.
En mai dernier, le président Sarkozy a déjà évoqué devant vous les modalités de lintervention française au secours de la démocratie en péril.
Les événements qui se sont déroulés dès le mois de décembre navaient aucune raison dêtre.
Les élections présidentielles étaient attendues depuis longtemps.
Tous les candidats sétaient publiquement engagés à respecter les résultats du scrutin qui devait se dérouler sous le regard de deux mille observateurs internationaux et nationaux.
De leur côté, les électeurs avaient montré un civisme exemplaire en se rendant massivement aux urnes.
Toutes les conditions étaient réunies pour que la Côte dIvoire renoue avec une vie démocratique apaisée.
Pourtant, il faudra plus de quatre mois de violences et plusieurs milliers de morts pour que force revienne au droit et à la volonté exprimée par le peuple ivoirien.
Face au massacre commis par un clan qui avait décidé de se maintenir coûte que coûte au pouvoir, la communauté internationale a pris ses responsabilités. Et la France y a pris toute sa part.
Depuis 2005, les Nations Unies se sont données les moyens de réagir lorsquun dirigeant se retourne contre sa population ; cest ce quelle a appelé " la responsabilité de protéger".
Parce quelle sest sentie investie de cette responsabilité, la France a mené ce combat ici en Côte dIvoire avec lOnu.
Parce quelle est fidèle à ce même principe, elle se bat actuellement en Libye avec ses partenaires.
Les membres de larmée française qui se sont battus ici ont permis le rétablissement de la démocratie et le retour de la paix. Nous pouvons en être fiers.
Demain, jirai rendre visite à nos forces rassemblées au camp de Port Bouët pour leur exprimer directement notre reconnaissance.
Et comme je le confirmerai au président Ouattara, le détachement français en Côte d'Ivoire comptera, après les élections législatives ivoiriennes, environ 300 militaires basés au camp de Port Bouët, dont la mission essentielle sera d'appuyer la réforme des forces de sécurité ivoiriennes. Mais je veux préciser, et je sais que cest pour vous comme pour nous un élément capital que nous conservons la possibilité de remonter en puissance notre dispositif très rapidement en cas de nécessité.
Cette victoire ne nous fait pas oublier les victimes.
Demain au Novotel, je dévoilerai une plaque dédiée à la mémoire de Stéphane Frantz Di Rippel, Yves Lambelin, et deux de ses collaborateurs, qui ont été soustraits à laffection des leurs dans des conditions dramatiques.
Sur le lieu où ils ont été conduits vers leur funeste destin, nous voulons nous souvenir.
Et cette émotion va, avec eux, à toutes les victimes de la crise ivoirienne.
Mesdames et Messieurs,
Lorsque jai rencontré le président Ouattara à Paris le 27 mai dernier, jai été frappé par sa détermination à mener une démarche de vérité et de réconciliation en même temps quun travail de mémoire et jai été frappé par la clarté de ses vues pour la reconstruction de son pays.
Dans cette démarche, je suis venu vous assurer que la France est totalement solidaire de la Côte dIvoire.
Elle a dailleurs déjà commencé à le prouver de façon concrète.
Dans des délais extrêmement brefs, nous avons mobilisé 350 millions deuros pour aider les autorités ivoiriennes à répondre à des besoins immédiats, payer le salaire des fonctionnaires ou assurer les dépenses sociales urgentes.
Cette aide a permis le redressement qui est tant attendu.
Nous avons aussi mis un programme dassistance technique pour laider à relever les immenses défis de la sortie de crise.
Cétait le souhait des autorités ivoiriennes.
Au cours des dernières semaines, deux missions sont déjà venues ici accompagner le travail de modernisation des administrations civiles et militaires engagé par le Gouvernement.
Et je suis heureux que lassistance française joue un rôle actif dans ce développement.
Car je suis convaincu que le complément naturel de notre solidarité financière est le partage de notre savoir-faire.
Aujourdhui, la Côte dIvoire écrit une nouvelle page de son histoire.
Dans sa pleine souveraineté, elle doit maintenant rattraper des années perdues dans dinterminables luttes internes.
La France veut laider. La France veut laider à devenir un pays émergent et la France sera là pour lappuyer chaque fois quelle en exprimera le souhait.
Lors de sa visite à Abidjan, le président Sarkozy a rappelé les principes de la nouvelle politique française en Afrique.
La relation franco-ivoirienne daujourdhui est un partenariat décomplexé de part et dautre.
La France sera une amie qui écoute, prompte à partager. Elle espère être le partenaire de référence de la Côte dIvoire mais elle nentend pas être son partenaire exclusif.
Bien sûr, la coopération renforcée avec la France sera un outil important du développement ivoirien.
Mais nous encourageons les partenariats avec des pays dès lors quils permettent davoir un effet de levier bénéfique au développement de la Côte dIvoire.
La France lancera avec la Côte dIvoire lun des plus importants contrats de désendettement-développement, pour près de 2 milliards deuros. Celui-ci pourra être mis en oeuvre dès la mi-2012 mais dès cette année, de premières missions exploratoires vont permettre de définir, avec les Ivoiriens, les domaines prioritaires pouvant bénéficier de ces fonds.
Et à la même échéance, la France annulera à hauteur de 1 milliard deuros la dette publique de la Côte dIvoire.
Mais nous savons que pour se développer, la Côte dIvoire a aussi besoin de limplication du secteur privé.
La rencontre qui a eu lieu à Paris entre le Conseil français des investisseurs en Afrique et lambassadeur de Côte dIvoire a déjà été une étape importante.
Demain, à loccasion du forum économique que jouvrirai à la Chambre de Commerce et dIndustrie, les nombreux chefs dentreprises français qui maccompagnent viendront redire lintérêt quils portent à la Côte dIvoire, au service de son développement et de sa croissance.
Les entreprises privées ivoiriennes ont aussi besoin quon les aide à redémarrer.
12 milliards de Francs CFA vont être affectés en faveur de la relance de lactivité des entreprises sinistrées en 2004 et 2011. Les mécanismes de mise en uvre sont dores et déjà finalisés pour celles qui ont souffert de préjudices en 2004 et sont sur le point de lêtre pour celles ayant souffert des événements de 2011. Et je sais que lambassadeur suit cette question personnellement.
Le président de la République a souhaité que lon adopte des mesures rapidement pour aider les entreprises à surmonter le choc des événements.
Je les évoquerai demain avec le président Ouattara, mais je veux dire dès ce soir quelles ont bien avancé.
Le président de la République avait annoncé la mise à disposition par lAgence Française de Développement de 100 millions deuros sous forme de prêts bonifiés et de prises en garantie. Je suis heureux de vous informer que non seulement ce mécanisme est déjà opérationnel mais quil a déjà été utilisé à hauteur de plus du tiers par nos entreprises.
Cette question est cruciale sur le plan économique. Mais cest aussi pour nous, une question de justice.
Voilà, mes chers compatriotes, je sais que les difficultés ne manquent pas sur le chemin de la reconstruction.
Mais je sais aussi que les richesses humaines et naturelles de la Côte dIvoire ont tout pour la porter vers la prospérité.
Je suis convaincu que la Côte dIvoire a toutes les chances de figurer parmi les pays émergents si elle sengage dès maintenant sur la voie de lexigence.
Et je veux dire une nouvelle fois que la France la soutiendra dans ses efforts pour y parvenir.
Et vous, vous les Français de Côte dIvoire, vous qui tous les jours assurez linterface entre nos deux pays, vous serez les premiers acteurs de ce partenariat renouvelé.
Vous êtes plus de 14 000, en phase directe avec les réalités et les besoins de nos deux pays.
Au-delà de la solidarité entre les Etats, nous avons besoin de vous pour promouvoir en Afrique le visage dune France dynamique, dune France audacieuse devant les défis lancés par la mondialisation.
Avec Nicolas Sarkozy, depuis 2007, nous avons engagé la France sur la voie de la modernisation.
Nous vivons dans un monde qui voit émerger à toute vitesse des puissances nouvelles. Eh bien, dans ce monde là, nous, nous avons choisi de ne pas rester immobiles.
Nous avons mené des réformes difficiles, des réformes qui modernisent en profondeur la société française, des réformes dont parfois il faudra plusieurs années pour attendre les effets et les résultats.
Nous avons libéré le travail, en desserrant le carcan des 35 heures ; nous avons donné aux universités françaises qui étaient autrefois les meilleures du monde et qui depuis une vingtaine dannées déclinaient, en raison dun statut qui bridait leur développement, nous avons donné aux universités françaises leur autonomie comme toutes les universités des grands pays développés. Nous avons misé plus que jamais sur la recherche, sur linnovation ; nous avons conduit la réforme des retraites, réforme difficile, réforme combien nécessaire pour assurer la sécurité de notre système. Comment penser que la France pourrait être le seul pays en Europe où lon partirait à la retraite si tôt, alors même que lAllemagne, la Grande-Bretagne, lItalie, tous les pays dEurope du nord qui vivent dans les mêmes conditions que nous, dans les mêmes conditions de concurrence, dans les mêmes conditions de compétition, qui connaissent le même allongement de la durée de la vie que nous, qui ont les mêmes conditions de santé que nous, ont choisi de porter lâge de la retraite, déjà depuis longtemps, à 65, à 67 ou à 68 ans.
Et comme le général de Gaulle et Georges Pompidou, dont nous fêtons cette année le centième anniversaire de la naissance, avaient en leur temps choisi de miser sur des grands secteurs qui sont encore aujourdhui parmi les moteurs les plus puissants de la croissance française, l'aéronautique avec Airbus, le spatial avec Ariane, le nucléaire civil, les trains à grande vitesse, eh bien nous avons choisi, avec le président Sarkozy, de consacrer malgré les difficultés économiques et financières que nous connaissons, malgré la nécessité de réduire la dette publique, nous avons choisi de consacrer 35 milliards deuros aux investissements davenir pour faire éclore ces moteurs de la croissance de demain.
Nous réformons parce que nous avons foi dans les atouts de la France et parce que nous avons foi dans son potentiel.
Et nous réformons aussi parce que nous pensons que pour être respecté dans le monde, il faut prendre ses responsabilités.
Aujourdhui, la France est présente sur tous les théâtres dopérations, à lappel et à lappui de la communauté internationale.
Sur les plans militaire, diplomatique, économique, environnemental, La France est engagée et sa voix est entendue dans le monde.
La France a été à linitiative de tous les grands combats de notre temps.
Elle a défendu la première, lidée quil fallait moraliser le système financier international après la crise et elle a incité le G20 à semparer de cette question dont dépend le sort de nos économies de marché.
A Copenhague, La France a défendu ladoption dengagements concrets par tous les pays pour que limpératif écologique ne reste pas quun discours et un principe.
Depuis longtemps, notre nation défend aussi un meilleur équilibre des systèmes de gouvernance mondiale.
Elle plaide pour une meilleure représentation des pays émergents dans les instances internationales, une représentation qui soit plus en accord avec la réalité du monde daujourdhui.
Depuis longtemps, elle demande que ces pays aient leur voix au Fonds monétaire international, au Conseil de sécurité des Nations Unies qui devrait notamment réserver une plus juste place à lAfrique.
Au dernier sommet du G8 à Deauville en mai dernier, la France a tenu à inviter le président Ouattara, le président Condé de Guinée et le président Issoufou du Niger qui venaient tous les trois dêtre démocratiquement élus.
A travers le G8, à travers le G20, la France influe sur lengagement des grandes puissances en faveur de la solidarité internationale.
Et ce nest pas un hasard si le dernier G8 a été consacré au monde arabe, à lAfrique et aux pays émergents, sil a affirmé son soutien aux révoltes arabes et son soutien financier à leurs économies à travers des investissements, notamment réalisés notamment par le FMI.
Ce nest pas un hasard non plus si Christine Lagarde vient dêtre élue à la tête du FMI, plébiscitée au terme dune campagne fondée sur une idée progressiste de la mondialisation, qui sécarte des spectres du protectionnisme et du choc des civilisations.
Enfin, vous mesurez mieux que quiconque lengagement de la France au service des valeurs universelles.
Et à lheure où nous fêtons le 14 juillet, je voudrais dire que chaque Français doit être conscient du prix de la liberté, ce prix que dautres peuples payent de leur vie aujourdhui.
Chaque Français doit se souvenir que la République vient de loin, quelle est née de siècles de combat pour faire triompher lintérêt général, la liberté de conscience, légalité face à la résistance des privilèges.
Chaque Français doit se souvenir que la France est une grande nation, mais que cette grandeur nexiste pas sans effort et sans vertu individuelles.
Chacun dentre nous doit se demander ce quil peut faire pour son pays, parce que son avenir ne dépend pas seulement de lEtat ou des responsables politiques, il dépend aussi du courage, du civisme, de la générosité qui doivent inspirer chaque individu.
A quelques mois des prochaines échéances présidentielles et législatives, faisons en sorte que le débat démocratique qui va sengager soit digne, soit digne de notre héritage républicain, soit digne des grands enjeux mondiaux quil nous faut affronter ensemble.
Faisons en sorte dêtre à la hauteur de tous ces regards et de tous ces peuples qui, dans le monde, rêvent de liberté.
La démocratie, les droits de lhomme, cela nest pas un privilège réservé aux seuls pays occidentaux !
Ces valeurs sont vivantes, elles appartiennent à tous les hommes, au Nord comme au Sud.
Vous avez été, vous, les témoins directs de la détermination de la France à faire respecter cette conviction.
Notre diplomatie, nos forces armées sont présentes à lappui des peuples muselés, des peuples bafoués, des peuples bombardés.
La France ne ménage pas ses moyens pour défendre les libertés et elle nagit pas seule.
Elle le fait dans le respect du droit international, des résolutions du Conseil de Sécurité des Nations Unies et en appui des organisations régionales, comme elle la fait hier en Côte dIvoire et comme elle le fait aujourdhui en Libye.
En ce jour de fête nationale, jai tenu à être parmi vous.
Nous pouvons sans rougir nous dire que la France assume ses responsabilités, elle les assume chez elle et elle les assume dans le monde.
Eh bien, je veux vous dire la fierté que minspire le visage de la France que vous donnez ici.
Puissent des temps de prospérité et de fraternité venir récompenser votre communauté et ce pays qui est si proche du nôtre.
Vive lamitié entre la France et la Côte dIvoire !
Vive la République ! Vive la France !Source http://www.gouvernement.fr, le 27 juillet 2011