Texte intégral
Monsieur le Premier Ministre,
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et dIndustrie de Côte dIvoire,
Mesdames et Messieurs,
Cest vraiment une très grande joie pour moi et toute la délégation qui maccompagne dêtre aujourdhui à Abidjan et douvrir ce forum qui me donne loccasion de rencontrer la communauté daffaires de votre pays. Je sais que vous avez été très durement touchés par la crise et je suis venu, après le Président de la République au mois de mai, vous assurer du plein soutien de notre pays. Aujourdhui, la Côte dIvoire est à un tournant ; son défi, au fond, cest de réussir à mettre le choc quelle vient de subir à profit pour réunifier et pour refonder ce pays. Ce sera aussi, à fortiori, un nouveau départ pour les relations bilatérales entre la France et la Côte dIvoire.
Depuis une décennie, lessor de la Côte dIvoire a été entravé ; il a été entravé par une longue suite de blocages et de luttes fratricides dont la crise que vous venez de connaître a été le paroxysme. Beaucoup avaient pris lhabitude de se référer avec nostalgie aux décennies brillantes du passé. Et je peux moi-même témoigner pour avoir fait ma première visite en Côte divoire en 1978 aux côtés du ministre des Transports du gouvernement français à lépoque et pour avoir rencontré longuement le président Houphouet-Boigny à quel point ce miracle ivoirien était une réalité ; mais lorsquil y a tant de choses à faire, mes chers amis, ce nest pas la nostalgie qui va nous permettre davancer ensemble. Je sais que le Président Ouattara partage cette conviction. Il me la déjà confié lors de sa récente visite à Paris : il ne veut pas quune longue période de convalescence succède au traumatisme de la crise que vous venez de connaître. Il souhaite au contraire que la sortie de crise provoque un réveil, provoque un élan de confiance en lavenir, et que les Ivoiriens soient fiers de leur pays.
Jai vu la détermination qui est la sienne à prendre toutes les mesures nécessaires pour bâtir en Côte dIvoire un pays fort, un pays rassemblé, un pays dynamique, avec le Gouvernement quil a formé. Et jai déjà eu loccasion lors de cette visite à Paris de lassurer que la France serait présente aux côtés de la Côte dIvoire pour ly aider.
Ce tournant peut être évidemment déterminant pour les entreprises. Cest dabord loccasion unique de redéfinir leurs ambitions et dinventer de nouvelles façons de travailler, pour le plus grand épanouissement de chacun. Pour la France, qui est le premier partenaire commercial de la Côte dIvoire, cest aussi loccasion de moderniser son partenariat pour mieux répondre à vos attentes.
Ce forum marque toute la volonté qui est la nôtre, responsables politiques des deux pays, mais aussi décideurs économiques français et ivoiriens, de travailler ensemble et de travailler mieux ensemble. Les nombreux entrepreneurs qui sont venus avec moi vous le diront : nous sommes déterminés à rester votre partenaire le plus proche. Nous savons que les chantiers ne manquent pas au service de la reconstruction, du développement et de la croissance ivoirienne.
Les entreprises françaises qui maccompagnent ont toutes le désir de se réengager le plus rapidement possible en Côte dIvoire et de participer aux défis qui sont à relever pour que ce pays puisse sengager de nouveau sur la voie dune forte croissance. Évidemment pour quelle soit durable, la relation entre nos entrepreneurs doit être une relation mutuellement bénéfique, mais il est clair aussi que dans cette période de reconstruction, nous devons tenir compte des besoins spécifiques de la Côte dIvoire et de ses entreprises.
Cest la raison pour laquelle, je me permets de vous poser ouvertement la question : comment aider au mieux les entreprises ivoiriennes à devenir les acteurs dune économie dynamique, à sinsérer pleinement dans les échanges continentaux mais aussi dans les échanges internationaux ? Quelles sont les formes de partenariats qui leur sont aujourdhui les plus utiles ? Quelles sont les formes de partenariats qui sont prioritaires pour les entreprises ivoiriennes ? Est-ce que ce sont des partenariats commerciaux ? Est-ce que ce sont des partenariats financiers ou bien des partenariats technologiques ? Il me semble que si ce forum permettait déjà de répondre à cette question, nous aurions beaucoup progressé.
Et nous devons progresser - et nous devons progresser vite. Nous avons en face de nous une situation économique qui est liée à la crise et qui provoque beaucoup de souffrance. Il faut que nous soyons capables de mettre un terme à la décroissance de léconomie ivoirienne dans les meilleurs délais. Le développement accéléré de lAsie, sa conquête des marchés, sa maîtrise des nouvelles technologies dans la course au développement constituent le fait marquant de lhistoire récente. De la même façon, les vingt prochaines années peuvent être celles de la transformation de lAfrique.
LAfrique peut devenir un acteur majeur de léconomie mondiale. Cest un rêve qui nest pas irréalisable. Si la mondialisation peut être une source dangoisse, il faut bien voir quelle porte aussi la promesse dune réduction de la pauvreté et dune prospérité qui soit mieux partagée entre les États. Le fait marquant aussi de la dernière décennie, cest bien aussi le décollage économique de lAfrique. Au cours de la dernière décennie, la croissance réelle du Produit Intérieur Brut en Afrique sest établie à 5,4% par an. Cest plus du double du rythme des années 1980 et 1990 ! Cette accélération a été lune des plus fortes dans les régions émergentes. Le potentiel de croissance de lAfrique est donc très élevé. Certes, il y a des défis, et la France va faire le maximum pour vous aider à les relever. Mais il y a aussi des tendances encourageantes. La richesse par habitant, qui navait cessé de diminuer entre 80 et 95, progresse fortement depuis sur lensemble du continent africain.
La résignation nest donc pas de mise ; il faut se battre. Nous avons toutes les raisons pour espérer. Et la Côte dIvoire doit être à lavant-garde de ce combat en Afrique. Et dans ce combat, les représentants du secteur privé ont un rôle clé à jouer. Tous, je sais que vous avez subi des dommages importants, avec la cessation de nombreuses activités pendant la crise politique. Certains ont, en plus, subi des pertes directes par vol ou par destruction. Cest une évidence, les souffrances de la Côte dIvoire ont aussi été celles des entreprises. Mais tout au long des troubles, vous avez fait votre possible pour préserver votre activité en dépit des circonstances.
Ceux dentre vous qui assument des missions de service public dans les transports, dans la fourniture deau, délectricité, de médicaments ou de télécommunications ont du trouver des solutions pour servir vos clients malgré les contraintes du conflit politique. Confrontées à une situation totalement inédite, les banques au premier rang desquelles la Société Générale et BNP Paribas ont joué un rôle essentiel en parvenant à concilier limpératif de stabilité financière et la reconnaissance de la légitimité politique. Enfin, la détermination exemplaire des entreprises de la filière cacao mérite dêtre saluée en particulier Touton et CEMOI qui, en dépit des pressions dont elles ont fait lobjet, ont respecté sans faiblir la volonté du Président Ouattara durant la crise.
A présent, Mesdames et Messieurs, le moment est venu de rassembler les énergies pour construire un environnement meilleur. Cela concerne le secteur public, bien sûr, mais cela vous concerne vous aussi en tout premier lieu. Un secteur privé moderne a des responsabilités à assumer : afficher une transparence comptable et fiscale irréprochable, accepter les décisions darbitrage, tenir un véritable dialogue social, mais aussi appliquer les normes qui protègent le consommateur, et respecter les engagements bancaires et les engagements de paiement des fournisseurs.
Alors oui, le climat des affaires peut certainement être amélioré et il doit lêtre en profondeur. Mais pour cela, votre implication est aussi importante que celle de ladministration. LEtat a ses domaines de responsabilité à commencer par la sécurité. Et je sais que beaucoup dentre vous ont été et sont soumis à des actes de rançonnage qui ne sont pas acceptables. En attentant que la sécurité saméliore et je sais à quel point le Gouvernement y travaille sur les axes de communication, quune plus grande fluidité sinstalle sur les routes, je sais que certaines décisions dinvestissement sont actuellement gelées. Les autorités ivoiriennes se sont sérieusement engagées à résoudre ces problèmes. Et la France va mettre son expertise à leur service. Une mission a dores et déjà eu lieu pour définir ensemble les formes que pourrait prendre notre coopération en matière sécuritaire à lavenir. Elle devra trouver comment organiser, concrètement, la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des combattants.
Mesdames et Messieurs, je suis fermement convaincu dune chose : si aujourdhui les élus, ladministration et le monde de lentreprise arrivent à combiner leurs efforts, alors oui dans la décennie qui vient, la Côte dIvoire doit pouvoir devenir un pays émergent. Cela suppose un taux de croissance annuel élevé. Cest un objectif ambitieux, mais cest un objectif réaliste. Il faudra évidemment de la volonté, du travail, une vision pour lavenir. Mais lorsque ces qualités sont partagées par les responsables politiques et par les entrepreneurs, alors un pays peut se relever en quelques années. Et si je suis là aujourdhui, cest parce que je crois en la Côte dIvoire et cest parce que la France est prête à la soutenir pour quelle arrive à atteindre ses objectifs.
Ces derniers mois, la France a été très présente aux côtés de ce pays ami : à travers son soutien aux forces de lONUCI, pour sortir de lengrenage de la violence tant que cette violence perdurait rien nétait évidemment possible ; à travers son accompagnement financier durgence, à hauteur de 350 millions deuros pour aider les autorités à financer les salaires de la fonction publique et les dépenses sociales les plus urgentes ; à travers les missions qui sont venues mesurer les besoins en renforcement de capacité administrative et en coopération technique. Depuis avril dernier, leffort financier que la France a consenti a été exceptionnel, tant par son montant que par la rapidité de sa mise en uvre. Les 200 premiers millions deuros daide budgétaire ont permis de payer les salaires de mars et avril et ils ont ainsi soulagé la situation de milliers de ménages et contribué à relancer rapidement le commerce. Les 150 millions deuros suivants, versés au début de cette semaine, serviront à lEtat à apurer une partie substantielle de sa dette intérieure à légard de ses fournisseurs, en particulier. Cest donc un apport qui participera directement à améliorer la situation financière des entreprises et à relancer léconomie. Il contribuera aussi à rétablir une relation saine et équilibrée entre lEtat et ses fournisseurs. Parallèlement, la France soutient activement la politique de relance vigoureuse lancée par le gouvernement ivoirien à travers la mise en place, ainsi quannoncée par le Président de la République le 21 mai, de crédits bonifiés à hauteur de 100 millions deuros dont plus du tiers ont déjà ét?? employés par les entreprises.
Cette politique vise aussi à soutenir le secteur privé, en particulier les entreprises- ivoiriennes ou françaises les plus touchées par la crise de 2004 et celle de 2011. Cest tout lenjeu des 12 milliards de francs CFA qui vont être mis incessamment à leur disposition. Et je suis heureux de constater que les modalités dutilisation de ces fonds sont désormais parfaitement finalisés pour les entreprises qui ont été victimes dexactions en 2004 et sont sur le point de lêtre dans les tout prochains jours pour celles qui ont souffert en 2011.
Je veux vous dire que nous sommes disposés à continuer et même à aller plus loin. Et je vous annonce que dès lan prochain, la France sera en première ligne pour participer à leffort considérable dannulation de la dette extérieure de la Côte dIvoire pour un montant de 3 milliards deuros dans le cadre de linitiative internationale en faveur des pays pauvres très endettés. Cette étape est une étape capitale. Elle doit permettre à la Côte dIvoire de consolider son schéma de désendettement. Cest évidemment indispensable pour que la Côte dIvoire puisse assainir ses finances publiques et quelle puisse retrouver des marges de manuvre financières. Cette étape ouvrira la voie à une aide bilatérale de la France de plus de 2 Mds par le biais du futur contrat de désendettement-développement, qui va contribuer à dynamiser la croissance et la création demplois. Ce sera le plus important contrat de désendettement-développement que la France aura eu loccasion de signer depuis des décennies. Dici la fin de lannée, jenverrai une mission à Abidjan ; cette mission sera chargée darrêter avec les autorités ivoiriennes les premiers contours de cette aide. Et je suis, en outre, heureux de vous annoncer que la France a décidé au-delà de lensemble des mesures que je viens dindiquer dannuler la dette bilatérale ivoirienne à hauteur de un milliard deuros.
Mesdames et Messieurs, sur un sujet qui vous concerne directement et qui est celui du développement des entreprises, je sais que vous avez livré des conclusions concernant les partenariats entre les opérateurs économiques ivoiriens et les opérateurs économiques français. Nous allons les examiner. Et je peux déjà vous dire que lAgence Française de Développement, dont le directeur général, Dov Zerah est présent avec moi, va accroître sensiblement ses garanties et ses concours financiers aux entreprises de Côte dIvoire.
Pour finir, je veux insister sur un point. Pour que la Côte dIvoire nouvelle puisse effectivement devenir un pays émergent, on ne redira jamais assez limportance de son intégration économique régionale. Elle doit la poursuivre. De notre côté, nous continuons à appuyer les institutions de lUnion économique et monétaire ouest-africaine , sa Commission, sa Banque centrale, et sa banque de développement qui dailleurs ont fait face avec courage à la crise ivoirienne et dont je ne doute pas quelles en sortiront renforcées.
Et bien sûr, la France continuera de soutenir la Côte dIvoire au sein des instances financières multilatérales, dont le réengagement sera capital pour maintenir un environnement macroéconomique stable durant cette période difficile et lutter contre la pauvreté. Je veux, à ce sujet, saluer la rapidité avec laquelle le gouvernement ivoirien, Monsieur le Premier ministre, a su nouer un dialogue avec le Fonds monétaire international, ce qui explique quun premier programme soit déjà effectif, moins de trois mois après la résolution de la crise.
Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, il y a entre la France et la Côte dIvoire une amitié très ancienne. Cette amitié, cest évidemment un atout pour remplir avec succès notre triple mission : renforcer la relation économique franco-ivoirienne pour le bénéfice de tous les acteurs ; contribuer à transformer la Côte dIvoire en « pays émergent », et enfin, être un modèle de relation entre le Nord et le Sud. Ce sont des objectifs ambitieux, diront évidemment tous les sceptiques de la terre, mais que vaut le fatalisme de ces observateurs face à la puissance de la vie et face à lavenir quil vous faut reconstruire et conquérir ?
Je veux vraiment vous dire la conviction extrêmement forte du Président de la République et de moi-même, nous sommes convaincus que ce qui est en train de se passer en Côte dIvoire, ce sont des événements qui sont des événements qui sont capitaux pour le peuple ivoirien, mais ce sont des événements qui sont aussi essentiels pour lavenir de lAfrique toute entière. Les entreprises, elles ninvestiront en Côte dIvoire que si elles ont la perspective dy trouver une stabilité et de pouvoir y faire des profits, cest le rôle des entreprises. Et pour que les entreprises puissent trouver cette stabilité, elles ont besoin de savoir que la Côte dIvoire est bien engagée sur la voie de la démocratie, sur la voie du respect des règles, sur la voie du respect des droits de lhomme et que la Côte dIvoire non seulement veut renouer avec le miracle économique des années 80, mais quelle veut devenir un exemple de lévolution politique et économique des pays africains. Cest tout le pari que la France fait sur la Côte dIvoire et cest toute la raison de ma présence aujourdhui à Abidjan.
Source http://www.gouvernement.fr, le 29 juillet 2011
Monsieur le Président de la Chambre de Commerce et dIndustrie de Côte dIvoire,
Mesdames et Messieurs,
Cest vraiment une très grande joie pour moi et toute la délégation qui maccompagne dêtre aujourdhui à Abidjan et douvrir ce forum qui me donne loccasion de rencontrer la communauté daffaires de votre pays. Je sais que vous avez été très durement touchés par la crise et je suis venu, après le Président de la République au mois de mai, vous assurer du plein soutien de notre pays. Aujourdhui, la Côte dIvoire est à un tournant ; son défi, au fond, cest de réussir à mettre le choc quelle vient de subir à profit pour réunifier et pour refonder ce pays. Ce sera aussi, à fortiori, un nouveau départ pour les relations bilatérales entre la France et la Côte dIvoire.
Depuis une décennie, lessor de la Côte dIvoire a été entravé ; il a été entravé par une longue suite de blocages et de luttes fratricides dont la crise que vous venez de connaître a été le paroxysme. Beaucoup avaient pris lhabitude de se référer avec nostalgie aux décennies brillantes du passé. Et je peux moi-même témoigner pour avoir fait ma première visite en Côte divoire en 1978 aux côtés du ministre des Transports du gouvernement français à lépoque et pour avoir rencontré longuement le président Houphouet-Boigny à quel point ce miracle ivoirien était une réalité ; mais lorsquil y a tant de choses à faire, mes chers amis, ce nest pas la nostalgie qui va nous permettre davancer ensemble. Je sais que le Président Ouattara partage cette conviction. Il me la déjà confié lors de sa récente visite à Paris : il ne veut pas quune longue période de convalescence succède au traumatisme de la crise que vous venez de connaître. Il souhaite au contraire que la sortie de crise provoque un réveil, provoque un élan de confiance en lavenir, et que les Ivoiriens soient fiers de leur pays.
Jai vu la détermination qui est la sienne à prendre toutes les mesures nécessaires pour bâtir en Côte dIvoire un pays fort, un pays rassemblé, un pays dynamique, avec le Gouvernement quil a formé. Et jai déjà eu loccasion lors de cette visite à Paris de lassurer que la France serait présente aux côtés de la Côte dIvoire pour ly aider.
Ce tournant peut être évidemment déterminant pour les entreprises. Cest dabord loccasion unique de redéfinir leurs ambitions et dinventer de nouvelles façons de travailler, pour le plus grand épanouissement de chacun. Pour la France, qui est le premier partenaire commercial de la Côte dIvoire, cest aussi loccasion de moderniser son partenariat pour mieux répondre à vos attentes.
Ce forum marque toute la volonté qui est la nôtre, responsables politiques des deux pays, mais aussi décideurs économiques français et ivoiriens, de travailler ensemble et de travailler mieux ensemble. Les nombreux entrepreneurs qui sont venus avec moi vous le diront : nous sommes déterminés à rester votre partenaire le plus proche. Nous savons que les chantiers ne manquent pas au service de la reconstruction, du développement et de la croissance ivoirienne.
Les entreprises françaises qui maccompagnent ont toutes le désir de se réengager le plus rapidement possible en Côte dIvoire et de participer aux défis qui sont à relever pour que ce pays puisse sengager de nouveau sur la voie dune forte croissance. Évidemment pour quelle soit durable, la relation entre nos entrepreneurs doit être une relation mutuellement bénéfique, mais il est clair aussi que dans cette période de reconstruction, nous devons tenir compte des besoins spécifiques de la Côte dIvoire et de ses entreprises.
Cest la raison pour laquelle, je me permets de vous poser ouvertement la question : comment aider au mieux les entreprises ivoiriennes à devenir les acteurs dune économie dynamique, à sinsérer pleinement dans les échanges continentaux mais aussi dans les échanges internationaux ? Quelles sont les formes de partenariats qui leur sont aujourdhui les plus utiles ? Quelles sont les formes de partenariats qui sont prioritaires pour les entreprises ivoiriennes ? Est-ce que ce sont des partenariats commerciaux ? Est-ce que ce sont des partenariats financiers ou bien des partenariats technologiques ? Il me semble que si ce forum permettait déjà de répondre à cette question, nous aurions beaucoup progressé.
Et nous devons progresser - et nous devons progresser vite. Nous avons en face de nous une situation économique qui est liée à la crise et qui provoque beaucoup de souffrance. Il faut que nous soyons capables de mettre un terme à la décroissance de léconomie ivoirienne dans les meilleurs délais. Le développement accéléré de lAsie, sa conquête des marchés, sa maîtrise des nouvelles technologies dans la course au développement constituent le fait marquant de lhistoire récente. De la même façon, les vingt prochaines années peuvent être celles de la transformation de lAfrique.
LAfrique peut devenir un acteur majeur de léconomie mondiale. Cest un rêve qui nest pas irréalisable. Si la mondialisation peut être une source dangoisse, il faut bien voir quelle porte aussi la promesse dune réduction de la pauvreté et dune prospérité qui soit mieux partagée entre les États. Le fait marquant aussi de la dernière décennie, cest bien aussi le décollage économique de lAfrique. Au cours de la dernière décennie, la croissance réelle du Produit Intérieur Brut en Afrique sest établie à 5,4% par an. Cest plus du double du rythme des années 1980 et 1990 ! Cette accélération a été lune des plus fortes dans les régions émergentes. Le potentiel de croissance de lAfrique est donc très élevé. Certes, il y a des défis, et la France va faire le maximum pour vous aider à les relever. Mais il y a aussi des tendances encourageantes. La richesse par habitant, qui navait cessé de diminuer entre 80 et 95, progresse fortement depuis sur lensemble du continent africain.
La résignation nest donc pas de mise ; il faut se battre. Nous avons toutes les raisons pour espérer. Et la Côte dIvoire doit être à lavant-garde de ce combat en Afrique. Et dans ce combat, les représentants du secteur privé ont un rôle clé à jouer. Tous, je sais que vous avez subi des dommages importants, avec la cessation de nombreuses activités pendant la crise politique. Certains ont, en plus, subi des pertes directes par vol ou par destruction. Cest une évidence, les souffrances de la Côte dIvoire ont aussi été celles des entreprises. Mais tout au long des troubles, vous avez fait votre possible pour préserver votre activité en dépit des circonstances.
Ceux dentre vous qui assument des missions de service public dans les transports, dans la fourniture deau, délectricité, de médicaments ou de télécommunications ont du trouver des solutions pour servir vos clients malgré les contraintes du conflit politique. Confrontées à une situation totalement inédite, les banques au premier rang desquelles la Société Générale et BNP Paribas ont joué un rôle essentiel en parvenant à concilier limpératif de stabilité financière et la reconnaissance de la légitimité politique. Enfin, la détermination exemplaire des entreprises de la filière cacao mérite dêtre saluée en particulier Touton et CEMOI qui, en dépit des pressions dont elles ont fait lobjet, ont respecté sans faiblir la volonté du Président Ouattara durant la crise.
A présent, Mesdames et Messieurs, le moment est venu de rassembler les énergies pour construire un environnement meilleur. Cela concerne le secteur public, bien sûr, mais cela vous concerne vous aussi en tout premier lieu. Un secteur privé moderne a des responsabilités à assumer : afficher une transparence comptable et fiscale irréprochable, accepter les décisions darbitrage, tenir un véritable dialogue social, mais aussi appliquer les normes qui protègent le consommateur, et respecter les engagements bancaires et les engagements de paiement des fournisseurs.
Alors oui, le climat des affaires peut certainement être amélioré et il doit lêtre en profondeur. Mais pour cela, votre implication est aussi importante que celle de ladministration. LEtat a ses domaines de responsabilité à commencer par la sécurité. Et je sais que beaucoup dentre vous ont été et sont soumis à des actes de rançonnage qui ne sont pas acceptables. En attentant que la sécurité saméliore et je sais à quel point le Gouvernement y travaille sur les axes de communication, quune plus grande fluidité sinstalle sur les routes, je sais que certaines décisions dinvestissement sont actuellement gelées. Les autorités ivoiriennes se sont sérieusement engagées à résoudre ces problèmes. Et la France va mettre son expertise à leur service. Une mission a dores et déjà eu lieu pour définir ensemble les formes que pourrait prendre notre coopération en matière sécuritaire à lavenir. Elle devra trouver comment organiser, concrètement, la démobilisation, le désarmement et la réinsertion des combattants.
Mesdames et Messieurs, je suis fermement convaincu dune chose : si aujourdhui les élus, ladministration et le monde de lentreprise arrivent à combiner leurs efforts, alors oui dans la décennie qui vient, la Côte dIvoire doit pouvoir devenir un pays émergent. Cela suppose un taux de croissance annuel élevé. Cest un objectif ambitieux, mais cest un objectif réaliste. Il faudra évidemment de la volonté, du travail, une vision pour lavenir. Mais lorsque ces qualités sont partagées par les responsables politiques et par les entrepreneurs, alors un pays peut se relever en quelques années. Et si je suis là aujourdhui, cest parce que je crois en la Côte dIvoire et cest parce que la France est prête à la soutenir pour quelle arrive à atteindre ses objectifs.
Ces derniers mois, la France a été très présente aux côtés de ce pays ami : à travers son soutien aux forces de lONUCI, pour sortir de lengrenage de la violence tant que cette violence perdurait rien nétait évidemment possible ; à travers son accompagnement financier durgence, à hauteur de 350 millions deuros pour aider les autorités à financer les salaires de la fonction publique et les dépenses sociales les plus urgentes ; à travers les missions qui sont venues mesurer les besoins en renforcement de capacité administrative et en coopération technique. Depuis avril dernier, leffort financier que la France a consenti a été exceptionnel, tant par son montant que par la rapidité de sa mise en uvre. Les 200 premiers millions deuros daide budgétaire ont permis de payer les salaires de mars et avril et ils ont ainsi soulagé la situation de milliers de ménages et contribué à relancer rapidement le commerce. Les 150 millions deuros suivants, versés au début de cette semaine, serviront à lEtat à apurer une partie substantielle de sa dette intérieure à légard de ses fournisseurs, en particulier. Cest donc un apport qui participera directement à améliorer la situation financière des entreprises et à relancer léconomie. Il contribuera aussi à rétablir une relation saine et équilibrée entre lEtat et ses fournisseurs. Parallèlement, la France soutient activement la politique de relance vigoureuse lancée par le gouvernement ivoirien à travers la mise en place, ainsi quannoncée par le Président de la République le 21 mai, de crédits bonifiés à hauteur de 100 millions deuros dont plus du tiers ont déjà ét?? employés par les entreprises.
Cette politique vise aussi à soutenir le secteur privé, en particulier les entreprises- ivoiriennes ou françaises les plus touchées par la crise de 2004 et celle de 2011. Cest tout lenjeu des 12 milliards de francs CFA qui vont être mis incessamment à leur disposition. Et je suis heureux de constater que les modalités dutilisation de ces fonds sont désormais parfaitement finalisés pour les entreprises qui ont été victimes dexactions en 2004 et sont sur le point de lêtre dans les tout prochains jours pour celles qui ont souffert en 2011.
Je veux vous dire que nous sommes disposés à continuer et même à aller plus loin. Et je vous annonce que dès lan prochain, la France sera en première ligne pour participer à leffort considérable dannulation de la dette extérieure de la Côte dIvoire pour un montant de 3 milliards deuros dans le cadre de linitiative internationale en faveur des pays pauvres très endettés. Cette étape est une étape capitale. Elle doit permettre à la Côte dIvoire de consolider son schéma de désendettement. Cest évidemment indispensable pour que la Côte dIvoire puisse assainir ses finances publiques et quelle puisse retrouver des marges de manuvre financières. Cette étape ouvrira la voie à une aide bilatérale de la France de plus de 2 Mds par le biais du futur contrat de désendettement-développement, qui va contribuer à dynamiser la croissance et la création demplois. Ce sera le plus important contrat de désendettement-développement que la France aura eu loccasion de signer depuis des décennies. Dici la fin de lannée, jenverrai une mission à Abidjan ; cette mission sera chargée darrêter avec les autorités ivoiriennes les premiers contours de cette aide. Et je suis, en outre, heureux de vous annoncer que la France a décidé au-delà de lensemble des mesures que je viens dindiquer dannuler la dette bilatérale ivoirienne à hauteur de un milliard deuros.
Mesdames et Messieurs, sur un sujet qui vous concerne directement et qui est celui du développement des entreprises, je sais que vous avez livré des conclusions concernant les partenariats entre les opérateurs économiques ivoiriens et les opérateurs économiques français. Nous allons les examiner. Et je peux déjà vous dire que lAgence Française de Développement, dont le directeur général, Dov Zerah est présent avec moi, va accroître sensiblement ses garanties et ses concours financiers aux entreprises de Côte dIvoire.
Pour finir, je veux insister sur un point. Pour que la Côte dIvoire nouvelle puisse effectivement devenir un pays émergent, on ne redira jamais assez limportance de son intégration économique régionale. Elle doit la poursuivre. De notre côté, nous continuons à appuyer les institutions de lUnion économique et monétaire ouest-africaine , sa Commission, sa Banque centrale, et sa banque de développement qui dailleurs ont fait face avec courage à la crise ivoirienne et dont je ne doute pas quelles en sortiront renforcées.
Et bien sûr, la France continuera de soutenir la Côte dIvoire au sein des instances financières multilatérales, dont le réengagement sera capital pour maintenir un environnement macroéconomique stable durant cette période difficile et lutter contre la pauvreté. Je veux, à ce sujet, saluer la rapidité avec laquelle le gouvernement ivoirien, Monsieur le Premier ministre, a su nouer un dialogue avec le Fonds monétaire international, ce qui explique quun premier programme soit déjà effectif, moins de trois mois après la résolution de la crise.
Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs, il y a entre la France et la Côte dIvoire une amitié très ancienne. Cette amitié, cest évidemment un atout pour remplir avec succès notre triple mission : renforcer la relation économique franco-ivoirienne pour le bénéfice de tous les acteurs ; contribuer à transformer la Côte dIvoire en « pays émergent », et enfin, être un modèle de relation entre le Nord et le Sud. Ce sont des objectifs ambitieux, diront évidemment tous les sceptiques de la terre, mais que vaut le fatalisme de ces observateurs face à la puissance de la vie et face à lavenir quil vous faut reconstruire et conquérir ?
Je veux vraiment vous dire la conviction extrêmement forte du Président de la République et de moi-même, nous sommes convaincus que ce qui est en train de se passer en Côte dIvoire, ce sont des événements qui sont des événements qui sont capitaux pour le peuple ivoirien, mais ce sont des événements qui sont aussi essentiels pour lavenir de lAfrique toute entière. Les entreprises, elles ninvestiront en Côte dIvoire que si elles ont la perspective dy trouver une stabilité et de pouvoir y faire des profits, cest le rôle des entreprises. Et pour que les entreprises puissent trouver cette stabilité, elles ont besoin de savoir que la Côte dIvoire est bien engagée sur la voie de la démocratie, sur la voie du respect des règles, sur la voie du respect des droits de lhomme et que la Côte dIvoire non seulement veut renouer avec le miracle économique des années 80, mais quelle veut devenir un exemple de lévolution politique et économique des pays africains. Cest tout le pari que la France fait sur la Côte dIvoire et cest toute la raison de ma présence aujourdhui à Abidjan.
Source http://www.gouvernement.fr, le 29 juillet 2011