Interview de M. Thierry Mariani, secrétaire d'Etat chargé des transports, à France 2 le 2 août 2011, sur la politique de la sécurité routière, le dialogue social à Air France et le rôle de la Droite populaire au sein de l'UMP.

Prononcé le

Intervenant(s) : 

Média : France 2

Texte intégral

ALEXANDRE KARA Bonjour à tous, bonjour Thierry MARIANI.
 
THIERRY MARIANI Bonjour.
 
ALEXANDRE KARA Merci d’être avec nous ce matin. Alors vous, vous n’êtes pas parti en vacances comme la plupart des ministres hier après-midi ?
 
THIERRY MARIANI Non, parce que dans certains pôles ministériels il y a ce qu’on appelle un tour de permanence, alors je suis le ministre des permanences - on s’est entendu avec Nathalie KOSCIUSKO-MORIZET et Benoist APPARU - jusqu’au 12 août, voilà. Donc jusqu’au 12 août, je suis à Paris. Comme je disais sous forme de boutade, l’année dernière j’étais parti aux Maldives, eh bien cette année je ferai les Mayas mais ce sera l’expo des Mayas au Quai Branly, voilà, simplement.
 
ALEXANDRE KARA Qu’est-ce que vous a dit hier Nicolas SARKOZY lors de cet ultime conseil des ministres ?
 
THIERRY MARIANI Qu’un ministre ça se reposait mais ça ne partait pas en vacances. Je crois qu’on est un pays qui en ce moment a à affronter une véritable crise économique. Le président la prend à bras-le-corps. Et on a toute une série de problèmes qui font que quand on est ministre, je pense qu’on peut rester disponible et rester sur le territoire national. Et puis comme le dirait Frédéric LEFEBVRE, le ministre du Tourisme, en France il y a tellement de belles choses à faire.
 
ALEXANDRE KARA Thierry MARIANI, vous êtes ministre des Transports mais vous êtes aussi expert en politique internationale. Que pensez-vous aujourd'hui de la situation en Syrie ? On l’a vu, le Conseil de sécurité des Nations unies s’est réuni hier, il doit se réunir encore aujourd'hui : pas de position commune, des condamnations en demi-teinte. Qu’est-ce qu’on doit faire aujourd'hui avec la Syrie et la répression sanglante ?
 
THIERRY MARIANI Ce qui se passe en Syrie est inadmissible. Les dizaines, les centaines de morts qui s’ajoutent semaine après semaine montrent que la situation dans ce pays n’est plus tolérable. Une fois qu’on a dit ça, qu’est-ce qu’on fait ? Certes je pense que la France pousse et va pousser – le gouvernement est très actif là-dessus – pour qu’il y ait une condamnation la plus ferme au niveau international. Mais si vous permettez, ce qui se passe en Syrie montre qu’heureusement, grâce à Nicolas SARKOZY, on est intervenu en Libye. Souvenez-vous en Libye qu’est-ce qui se passait : il se passait exactement la même chose, c'est-à-dire qu’un gouvernement tirait sur son peuple. La France est intervenue et la France, avec ses alliés de l’OTAN, a évité un massacre généralisé. Je pense qu’en Syrie, aujourd'hui on a une situation qui nécessite là aussi comme on l’a eu en Libye une réaction claire de la communauté internationale.
 
ALEXANDRE KARA Vous seriez favorable à une intervention en Syrie ?
 
THIERRY MARIANI Non, je ne serai pas favorable à une intervention en Syrie. Je crois que d’abord il faut faire en sorte que l’intervention en Libye aille jusqu’à son terme, mais simplement je fais remarquer à tous les donneurs de leçon en France qui quotidiennement nous expliquent qu’aujourd'hui on devrait intervenir en Syrie que c’est très souvent les mêmes qui nous disent : « Mais qu’est-ce que vous faites en Libye ? » Voilà. Je crois que sur ces dossiers des droits de l’homme, il y a une nouvelle politique française, on l’a montré justement avec ce qu’a fait Nicolas SARKOZY en Libye, et la France aujourd'hui se bat pour faire respecter les droits de l’homme.
 
ALEXANDRE KARA Henri EMMANUELLI, le député PS des Landes, vient aujourd'hui de lancer ce qui sera peut-être une des polémiques de l’été. Il accuse Nicolas SARKOZY, lorsqu’il a envoyé une lettre à l’ensemble des parlementaires, d’avoir fait un geste anticonstitutionnel. Qu’est-ce que vous en pensez ?
 
THIERRY MARIANI Je ne suis pas un spécialiste. En clair ce qu’il reproche au Président de la République, c’est d’avoir adressé une lettre aux députés et aux sénateurs. Je crois sincèrement qu’il y a d’autres problèmes au niveau de la France. Le président de la République qui a le droit de s’adresser tous les jours à la télévision à l’ensemble des Français, il n’aurait pas le droit d’écrire aux parlementaires ? Je souhaiterais que le Parti socialiste fasse enfin des propositions pour la France, voilà. C’est ce qu’attendent quand même les Français. On est à neuf mois des élections présidentielles, plutôt que de se poser des questions sur une stratégie épistolaire.
 
ALEXANDRE KARA Il y a quelques jours, Jean-Marie LE PEN a parlé du massacre en Norvège en mettant en cause le gouvernement norvégien et la société norvégienne, plus exactement il les a accusés de naïveté. Marine LE PEN n’a pas condamné les propos de son père. Qu’est-ce que vous en pensez ? Est-ce que c’est un silence gênant ?
 
THIERRY MARIANI Je pense que le Front National n’a pas changé et que ce n’est pas parce qu’on change le prénom du chef que le Front National change fondamentalement. Voilà. Moi je m’attendais à une condamnation quand même très claire de la part de Marine LE PEN de ces propos. Je pense que certains excès sont inadmissibles. Ce qui s’est passé en Norvège est dramatique, je pense qu’on doit être tous solidaires, et moi j’ai été surpris effectivement qu’il n’y ait aucune condamnation de ces propos. Je répète : pour moi, le Front National n’a pas changé ; ce n’est pas parce qu’on a simplement changé le leader qu’on a une sorte de Front National new look.
 
ALEXANDRE KARA Revenons sur votre dossier ministériel, les transports. Alors comment vous avez jugé le chassé-croisé qui s’est déroulé le week-end dernier ? Il y a eu notamment samedi je crois 634 kilomètres de bouchons. Est-ce que globalement vous êtes satisfait de la manière dont ça s’est déroulé ?
 
THIERRY MARIANI Globalement on est satisfait puisque tout cela s’est passé à peu près conformément aux prévisions. Ce qui est dramatique, c’est que quand on regarde certains accidents… Vous savez, il y a eu une grosse polémique sur la sécurité routière il y a quelques semaines ; quand on regarde les accidents, on a quasiment deux fois deux personnes qui sont mortes parce que tout simplement elles étaient sur l’autoroute au mauvais endroit au mauvais moment parce que quelqu'un a pris l’autoroute à contresens. Voilà. Quand on est ministre des Transports, on se dit : « Qu’est-ce qu’on peut faire pour éviter ce genre de mesure » ; et puis on se dit peut-être aussi que la politique de sécurité routière qui a été prise, voulue par le président de la République, qui a épargné des milliers de vies en France, quand on voit des drames pareils, on se dit que finalement ce n’est pas inutile.
 
ALEXANDRE KARA Cela dit, les chiffres étaient moins bons au cours du dernier semestre. Est-ce que là, il ne faut pas redoubler d’efforts dans ce domaine ?
 
THIERRY MARIANI Ce qui compte, c’est la tendance générale. Aujourd'hui, on avait 8 000 morts il y a quelques années, on en a 4 000 aujourd'hui et on oublie aussi de dire qu’il y a 4 000 handicapés. C'est-à-dire que grâce aux efforts qui ont été faits, qui par moments sont difficiles, parce qu’expliquer à nos concitoyens qu’il faut être très strict sur la sécurité routière ce n’est pas populaire, mais je pense qu’il vaut mieux annoncer à quelqu'un qu’il a perdu deux points plutôt que de lui dire qu’il a perdu un membre de sa famille.
 
ALEXANDRE KARA Le week-end dernier justement, il y a eu des perturbations dans les aéroports où il y avait des préavis de grève chez AIR FRANCE. Est-ce que désormais tous les nuages, tous les risques de grève sont éloign??s ou est-ce qu’il risque d’y avoir encore des perturbations pour le retour par exemple des vacances ?
 
THIERRY MARIANI Il y avait effectivement des préavis de grève. Une négociation avait été menée. Certains syndicats minoritaires avaient décidé de continuer cette grève malgré tout alors que les syndicats majoritaires – je les en remercie pour leur sens des responsabilités – avaient décidé peut-être que faire une grève les week-ends de grands départs, il y a plus pertinent pour les Français. Normalement aujourd'hui la situation dans les semaines à venir est calme, il n’y a pas de nouveau préavis de grève. Qu’est-ce qui compte dans cette affaire ? Je pense bien sûr que le droit syndical, le droit de grève doit être respecté. On a une compagnie, AIR FRANCE, qui est l’une des plus belles compagnies au monde mais qui doit se réformer parce qu’elle est dans la concurrence. Moi j’ai envie qu’AIR FRANCE continue à exister dans les années à venir et donc je pense que le dialogue social doit se continuer dans l’entreprise pour faire en sorte que cette compagnie se réforme, qu’elle puisse lutter face aux nouveaux concurrents qui arrivent. On a eu les {low cost}, maintenant on a les compagnies du Golfe qui ont une concurrence très agressive et le dialogue doit continuer mais a priori et je peux le dire aux passagers, désormais les préavis de grève sont semble-t-il terminés.
 
ALEXANDRE KARA Thierry MARIANI, vous êtes à l’origine d’un courant au sein des députés UMP qui est celui de la Droite Populaire. Il y a quelques jours, Harlem DÉSIR en demandait la dissolution. Est-ce que la Droite Populaire ne droitise pas trop l’UMP aujourd'hui ?
 
THIERRY MARIANI Non. Écoutez, il y a un an quand j’ai lancé la Droite Populaire avec Lionnel LUCA, le raisonnement était simple. C’était de dire à l’UMP il y a des centristes, il y a des radicaux, c’est très bien mais il faut simplement aussi qu’il y ait des gens de droite qui soient identifiés comme tels à droite j’allais dire sereinement, « républicainement ».
 
ALEXANDRE KARA On n’entend plus beaucoup les centristes au sein de l’UMP.
 
THIERRY MARIANI Oui, mais on les a beaucoup entendus, ils sont représentés. Attendez, moi je ne suis pas en concurrence avec les centristes : je suis en concurrence avec la gauche qui n’a rien à proposer, voilà. Et je pense simplement que la majorité restera forte quand tous les pôles seront représentés et entendus, ce qui est le cas aujourd'hui. Donc qu’en un an on a créé effectivement cette Droite Populaire, il nous faut maintenant gagner l’étape de la crédibilité mais je pense qu’un certain nombre d’électeurs s’y retrouvent.
 
ALEXANDRE KARA La Droite Populaire aura une influence pour vous décisive sur la campagne de Nicolas SARKOZY ?
 
THIERRY MARIANI Je pense que toutes les tendances de la majorité doivent avoir une influence et puis le candidat Nicolas SARKOZY, s’il est candidat, choisira les idées qui seront les siennes.
 
ALEXANDRE KARA Thierry MARIANI, merci d’avoir été avec nous. Bonne permanence. Bonne journée à tous.
 Source : Premier ministre, Service d’Information du Gouvernement, le 2 août 2011