Texte intégral
Cest ma première visite en Australie, et je pense quil est très important de montrer à cette occasion que la relation bilatérale entre la France et lAustralie est excellente sur tous les plans : politique, économique et culturel. Nous avons, en particulier, développé une bonne coopération.
Ce matin, jai rencontré mon homologue, M. Kevin Rudd. Ce nest pas notre première rencontre ; il était à Paris en avril dernier et nous parlons régulièrement au téléphone pour partager nos vues. Nous avons également une très bonne coopération en ce qui concerne la région Pacifique. Il y a deux jours, jétais à Auckland et jai beaucoup apprécié lappui du gouvernement australien pour que la France soit mieux intégrée dans cette organisation régionale, le Forum des Iles du Pacifique. Nous avons également une très bonne coopération sur les sujets de politique internationale tels que la Lybie, lAfghanistan, la Syrie, et aussi le processus de paix au Moyen-Orient.
Cet après-midi, je rencontrerai le Premier ministre et le chef de lopposition, avant de retourner à Sydney. Cest un plaisir pour moi de vous rencontrer et dessayer de répondre à vos questions.
Q - Concernant leuro et la crise européenne. La Grèce a critiqué le retard de mise à disposition du second dispositif daide. Pensez-vous que la crise des derniers mois a endommagé la confiance dans lEurope en tant que bloc et en son futur ? Et combien de temps pensez-vous que ces doutes vont durer ?
R - Cest à vous que je devrais demander si limage de lEurope sest dégradée. Je voudrais dabord souligner le fait que la crise que nous traversons est mondiale. LEurope nest pas le seul espace économique à connaître aujourdhui quelques difficultés. La plupart des grands pays développés sont surendettés : les États-Unis, le Japon, plusieurs pays européens. Aujourdhui, une grande partie de nos difficultés provient de la faiblesse de léconomie américaine et de son taux de croissance insuffisant. Je voulais dire cela pour bien replacer les choses de façon globale.
LEurope a des problèmes qui sont dabord des problèmes de dette souveraine. Je nai aucune espèce de doute sur la solidité de la construction européenne et de la zone euro. LEurope reste globalement la première puissance économique du monde, la première puissance commerciale. Nous restons une puissance absolument majeure sur la scène internationale.
Il faut relativiser la crise grecque par rapport à cette puissance économique de lEurope. Le PNB de la Grèce représente quelques points du PNB global de lEurope. Nous avons donc collectivement les moyens de faire face à cette crise. Ce qui est vrai, cest que le processus de décision au sein de la zone euro prend du temps, parce que nous sommes 17 à décider. Cela dit, la France et lAllemagne ont joué leur rôle et ont obtenu des décisions très importantes en juillet et en août derniers. Ces décisions sont en cours dapplication ; elles vont nous permettre davoir un véritable gouvernement économique de la zone euro. Tout ce que je vous ai dit ne signifie pas quil ne va pas encore y avoir des turbulences sur les marchés mais, sur le moyen terme, nous nous sommes donné les moyens de renforcer la zone euro.
Q - Lidée dune plus forte intégration en Europe et dans la zone euro semble être contestée. Daprès certains, les problèmes liés à la dette souveraine remettent en cause la viabilité de la zone euro. À lévidence, il existe lopinion inverse qui pense que la seule voix possible est plus dintégration. Quelle voix souhaitez-vous ?
R - Lidée est contestée par qui ? Par les eurosceptiques ! Oui, vous avez raison de dire quil y a des vues différentes en Europe. Mais je crois que les principaux acteurs ont bien compris que, face à cette crise qui est réelle, il ny avait pas dautres solutions que daller plus loin dans lintégration européenne. Il nest pas question, pour nous, de laisser seffondrer la monnaie unique parce que ce serait leffondrement de lEurope elle-même. Or, une monnaie unique ne peut pas bien fonctionner sil ny a pas un gouvernement économique de lEurope. La France et lAllemagne sont daccord sur cet objectif. Les 17 pays membres de la zone euro le soutiennent.
Q - La France est à lévidence un pays très influent dans la région Asie-Pacifique. Quelle est votre perception de linfluence grandissante de la Chine dans la région du Pacifique Sud ? Y a-t-il un conflit avec la France sur ce sujet et est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
R - La France na pas de conflit avec la Chine, je vous le rappelle. Lémergence de la Chine est un fait. La Chine est aujourdhui, ou sera bientôt, la deuxième puissance économique du monde; une des toutes premières puissances commerciales. Si je peux faire juste une petite remarque historique, cétait le cas il y a quelques siècles : avant lère industrielle, la Chine était la première puissance économique du monde. Lhistoire se répète.
Aujourdhui, ce que nous voulons faire avec la Chine, cest entretenir des relations aussi étroites que possible dans le cadre de ce que lEurope appelle son partenariat stratégique avec la Chine. Parce que cette émergence de la Chine est aussi une chance pour nous. Ce sont des marchés énormes qui souvrent. La Chine est un partenaire extrêmement actif du G20. Le président de la République française était en Chine il y a quinze jours. Je serai moi-même en Chine dans deux jours ; nous essayons avec les Chinois de préparer la rencontre de Cannes du G20 des 3-4 novembre prochains. Lun des objectifs est de faire en sorte que la Chine évolue sur un certain nombre de sujets, en particulier sur le fonctionnement du système monétaire international et sur la parité de sa monnaie. Nous avons avec elle dans ce domaine des discussions très ouvertes.
Q - Vous allez être là-bas dans quelques jours Allez-vous soulever le sujet du rééquilibrage du yuan ?
R - Nous pensons que le yuan est aujourdhui sous-évalué. Nous en parlerons avec les Chinois. Il y a eu, il y a quelques mois, à Nankin, un séminaire sur le système monétaire international qui a montré que le dialogue avec la Chine était possible.
Q - Monsieur le Ministre, vous attendez-vous à ce que la Chine accélère ses efforts ?
R - Nous lespérons.
Q - Les Chinois devraient-ils faire plus pour contribuer à léquilibre de la croissance globale ?
R - Nous pensons quaujourdhui, je le disais tout à lheure, le problème nest pas européen, ni américain, mais global et mondial. Et il nous faut travailler au rééquilibrage de la situation économique internationale. La Chine a choisi un modèle de développement qui est tourné essentiellement vers lexportation et qui en a fait latelier du monde. Nous en avons profité parce que cela nous a permis dacheter des biens de consommation à des prix très avantageux, mais nous nen avons pas tiré toutes les conséquences sur notre propre compétitivité. Comment nous sommes-nous sortis de cette situation ? En nous endettant auprès de la Chine en particulier. Ce système nest pas durable et lun des grands enjeux du G20, cest précisément de réfléchir à la correction de ces déséquilibres mondiaux.
Q - Monsieur le Ministre, il y a la démission à lECB (European Central Bank) vendredi dernier, de M. Stark... Y a-t-il une approche unifiée en Europe sur la façon de gérer la crise de la zone euro ? Il semble y avoir de nombreuses divisions au sein de lECB ?
Je nai pas davis sur ce qui se passe à lintérieur de la Banque centrale européenne. Cest une institution indépendante. En revanche, je peux vous dire quil ny a pas de désaccord entre les 17 pays membres de la zone euro puisque nous avons pris des décisions collectives que nous sommes en train de mettre en uvre.
Q - À votre avis combien de temps va durer cette période dinstabilité et dinquiétude qui affecte les marchés, en particulier en Europe ? Est-ce une situation à laquelle les investisseurs vont devoir shabituer ?
R - Jespère que cette situation durera le moins longtemps possible, mais je ne peux pas faire de prévisions car les marchés aujourdhui sont extraordinairement nerveux. Nous sommes dans un monde où les marchés ont une vision à très court terme. Nos gouvernements devraient avoir une perspective de moyen à long terme pour sortir de ces crises et pour mettre en uvre des politiques de longue durée et cest ce que nous essayons de faire.
Q - LAllemagne a annoncé samedi quelle étudiait limpact potentiel de la crise grecque et envisageait mêmes les conséquences de sa sortie de la zone euro... Est-ce aussi quelque-chose que la France et son gouvernement envisagent sérieusement ?
R - Nous travaillons, comme je vous lai dit, main dans la main avec les Allemands, notamment pour faire face à la situation difficile de la Grèce. La Grèce a fait des erreurs, elle doit les corriger, elle doit respecter les engagements quelle a pris. La France et lAllemagne sont tout à fait en accord sur ce point là.
( .).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 2011
Ce matin, jai rencontré mon homologue, M. Kevin Rudd. Ce nest pas notre première rencontre ; il était à Paris en avril dernier et nous parlons régulièrement au téléphone pour partager nos vues. Nous avons également une très bonne coopération en ce qui concerne la région Pacifique. Il y a deux jours, jétais à Auckland et jai beaucoup apprécié lappui du gouvernement australien pour que la France soit mieux intégrée dans cette organisation régionale, le Forum des Iles du Pacifique. Nous avons également une très bonne coopération sur les sujets de politique internationale tels que la Lybie, lAfghanistan, la Syrie, et aussi le processus de paix au Moyen-Orient.
Cet après-midi, je rencontrerai le Premier ministre et le chef de lopposition, avant de retourner à Sydney. Cest un plaisir pour moi de vous rencontrer et dessayer de répondre à vos questions.
Q - Concernant leuro et la crise européenne. La Grèce a critiqué le retard de mise à disposition du second dispositif daide. Pensez-vous que la crise des derniers mois a endommagé la confiance dans lEurope en tant que bloc et en son futur ? Et combien de temps pensez-vous que ces doutes vont durer ?
R - Cest à vous que je devrais demander si limage de lEurope sest dégradée. Je voudrais dabord souligner le fait que la crise que nous traversons est mondiale. LEurope nest pas le seul espace économique à connaître aujourdhui quelques difficultés. La plupart des grands pays développés sont surendettés : les États-Unis, le Japon, plusieurs pays européens. Aujourdhui, une grande partie de nos difficultés provient de la faiblesse de léconomie américaine et de son taux de croissance insuffisant. Je voulais dire cela pour bien replacer les choses de façon globale.
LEurope a des problèmes qui sont dabord des problèmes de dette souveraine. Je nai aucune espèce de doute sur la solidité de la construction européenne et de la zone euro. LEurope reste globalement la première puissance économique du monde, la première puissance commerciale. Nous restons une puissance absolument majeure sur la scène internationale.
Il faut relativiser la crise grecque par rapport à cette puissance économique de lEurope. Le PNB de la Grèce représente quelques points du PNB global de lEurope. Nous avons donc collectivement les moyens de faire face à cette crise. Ce qui est vrai, cest que le processus de décision au sein de la zone euro prend du temps, parce que nous sommes 17 à décider. Cela dit, la France et lAllemagne ont joué leur rôle et ont obtenu des décisions très importantes en juillet et en août derniers. Ces décisions sont en cours dapplication ; elles vont nous permettre davoir un véritable gouvernement économique de la zone euro. Tout ce que je vous ai dit ne signifie pas quil ne va pas encore y avoir des turbulences sur les marchés mais, sur le moyen terme, nous nous sommes donné les moyens de renforcer la zone euro.
Q - Lidée dune plus forte intégration en Europe et dans la zone euro semble être contestée. Daprès certains, les problèmes liés à la dette souveraine remettent en cause la viabilité de la zone euro. À lévidence, il existe lopinion inverse qui pense que la seule voix possible est plus dintégration. Quelle voix souhaitez-vous ?
R - Lidée est contestée par qui ? Par les eurosceptiques ! Oui, vous avez raison de dire quil y a des vues différentes en Europe. Mais je crois que les principaux acteurs ont bien compris que, face à cette crise qui est réelle, il ny avait pas dautres solutions que daller plus loin dans lintégration européenne. Il nest pas question, pour nous, de laisser seffondrer la monnaie unique parce que ce serait leffondrement de lEurope elle-même. Or, une monnaie unique ne peut pas bien fonctionner sil ny a pas un gouvernement économique de lEurope. La France et lAllemagne sont daccord sur cet objectif. Les 17 pays membres de la zone euro le soutiennent.
Q - La France est à lévidence un pays très influent dans la région Asie-Pacifique. Quelle est votre perception de linfluence grandissante de la Chine dans la région du Pacifique Sud ? Y a-t-il un conflit avec la France sur ce sujet et est-ce une bonne ou une mauvaise chose ?
R - La France na pas de conflit avec la Chine, je vous le rappelle. Lémergence de la Chine est un fait. La Chine est aujourdhui, ou sera bientôt, la deuxième puissance économique du monde; une des toutes premières puissances commerciales. Si je peux faire juste une petite remarque historique, cétait le cas il y a quelques siècles : avant lère industrielle, la Chine était la première puissance économique du monde. Lhistoire se répète.
Aujourdhui, ce que nous voulons faire avec la Chine, cest entretenir des relations aussi étroites que possible dans le cadre de ce que lEurope appelle son partenariat stratégique avec la Chine. Parce que cette émergence de la Chine est aussi une chance pour nous. Ce sont des marchés énormes qui souvrent. La Chine est un partenaire extrêmement actif du G20. Le président de la République française était en Chine il y a quinze jours. Je serai moi-même en Chine dans deux jours ; nous essayons avec les Chinois de préparer la rencontre de Cannes du G20 des 3-4 novembre prochains. Lun des objectifs est de faire en sorte que la Chine évolue sur un certain nombre de sujets, en particulier sur le fonctionnement du système monétaire international et sur la parité de sa monnaie. Nous avons avec elle dans ce domaine des discussions très ouvertes.
Q - Vous allez être là-bas dans quelques jours Allez-vous soulever le sujet du rééquilibrage du yuan ?
R - Nous pensons que le yuan est aujourdhui sous-évalué. Nous en parlerons avec les Chinois. Il y a eu, il y a quelques mois, à Nankin, un séminaire sur le système monétaire international qui a montré que le dialogue avec la Chine était possible.
Q - Monsieur le Ministre, vous attendez-vous à ce que la Chine accélère ses efforts ?
R - Nous lespérons.
Q - Les Chinois devraient-ils faire plus pour contribuer à léquilibre de la croissance globale ?
R - Nous pensons quaujourdhui, je le disais tout à lheure, le problème nest pas européen, ni américain, mais global et mondial. Et il nous faut travailler au rééquilibrage de la situation économique internationale. La Chine a choisi un modèle de développement qui est tourné essentiellement vers lexportation et qui en a fait latelier du monde. Nous en avons profité parce que cela nous a permis dacheter des biens de consommation à des prix très avantageux, mais nous nen avons pas tiré toutes les conséquences sur notre propre compétitivité. Comment nous sommes-nous sortis de cette situation ? En nous endettant auprès de la Chine en particulier. Ce système nest pas durable et lun des grands enjeux du G20, cest précisément de réfléchir à la correction de ces déséquilibres mondiaux.
Q - Monsieur le Ministre, il y a la démission à lECB (European Central Bank) vendredi dernier, de M. Stark... Y a-t-il une approche unifiée en Europe sur la façon de gérer la crise de la zone euro ? Il semble y avoir de nombreuses divisions au sein de lECB ?
Je nai pas davis sur ce qui se passe à lintérieur de la Banque centrale européenne. Cest une institution indépendante. En revanche, je peux vous dire quil ny a pas de désaccord entre les 17 pays membres de la zone euro puisque nous avons pris des décisions collectives que nous sommes en train de mettre en uvre.
Q - À votre avis combien de temps va durer cette période dinstabilité et dinquiétude qui affecte les marchés, en particulier en Europe ? Est-ce une situation à laquelle les investisseurs vont devoir shabituer ?
R - Jespère que cette situation durera le moins longtemps possible, mais je ne peux pas faire de prévisions car les marchés aujourdhui sont extraordinairement nerveux. Nous sommes dans un monde où les marchés ont une vision à très court terme. Nos gouvernements devraient avoir une perspective de moyen à long terme pour sortir de ces crises et pour mettre en uvre des politiques de longue durée et cest ce que nous essayons de faire.
Q - LAllemagne a annoncé samedi quelle étudiait limpact potentiel de la crise grecque et envisageait mêmes les conséquences de sa sortie de la zone euro... Est-ce aussi quelque-chose que la France et son gouvernement envisagent sérieusement ?
R - Nous travaillons, comme je vous lai dit, main dans la main avec les Allemands, notamment pour faire face à la situation difficile de la Grèce. La Grèce a fait des erreurs, elle doit les corriger, elle doit respecter les engagements quelle a pris. La France et lAllemagne sont tout à fait en accord sur ce point là.
( .).source http://www.diplomatie.gouv.fr, le 13 septembre 2011