Texte intégral
CHRISTOPHE BARBIER Bonjour Pierre LELLOUCHE.
PIERRE LELLOUCHE Bonjour Monsieur BARBIER.
CHRISTOPHE BARBIER Alors, les contre-attaques dans laffaire dite Karachi, le président nest pour rien dans le dossier de la campagne présidentielle de BALLADUR en 95, les magistrats sétonnent, comment il peut le savoir, il na pas accès au dossier, et puis, quand même, il était à Bercy, Nicolas SARKOZY, en 93, il a validé les commissions sur ces ventes darmes.
PIERRE LELLOUCHE Ecoutez, moi, comme tous les Français, je ne connais de cette affaire que ce que je vois dans la presse, mais vous me permettrez deux ou trois remarques, je crois, de bon sens. 1°) : je constate que les faits allégués remontent à 1995, et que les insinuations contre le président de la République se font six mois avant la prochaine élection
CHRISTOPHE BARBIER Cest une manoeuvre pour la présidentielle, qui vient doù ?
PIERRE LELLOUCHE Deuxième remarque, jai été le représentant de la France en Afghanistan et au Pakistan, le Pakistan doit être un des pays les plus violents de la planète, on appelle ça laffaire de Karachi, mais il y a des attentats tout le temps, chaque semaine au Pakistan, et le point commun, cest que personne ne sait qui attaque qui. Troisième remarque importante, il est normal que, dans une démocratie, les juges fassent leur travail librement. Cest moins normal quand les juges sérigent en politique ou font de la politique, et les politiques sérigent en juges, avec pour résultat et cest ça qui me soucie cest que pendant quon parle de ces affaires, on ne parle pas du fond, et que, on attend toujours, venant de la gauche en particulier, des propositions sur la crise, quand jentends Dominique STRAUSS-KAHN dire absolument nimporte quoi ou le contraire de ce quil disait au FMI, on a un vrai sujet, on a un vrai sujet économique dans notre pays : comment est-ce quon sort de la crise. De quoi est-ce que la classe politique parle, de quoi parlent les journalistes, des affaires. Donc on appelle ça en stratégie de la diversion
CHRISTOPHE BARBIER Vous pensez que la gauche fait parler des affaires en instrumentalisant des juges pour ne pas montrer le vide .
PIERRE LELLOUCHE Je crois que les affaires sont instrumentalisées pour ne pas parler du fond, parce que la gauche na pas de projet davenir pour notre pays, ou plus exactement, quils nont pas de consensus sur ce quil faut faire. Alors, le débat auquel les Français ont droit, cest : comment est-ce quon en sort, on na jamais été dans une situation aussi grave depuis la guerre, de quoi on parle, on parle daffaires qui remontent à dix-sept ans, voilà ce que je dis
CHRISTOPHE BARBIER Vous êtes un spécialiste de défense, quand on vendait des armes à ces pays, Arabie Saoudite, Pakistan, il y avait une tradition de rétro-commissions ?
PIERRE LELLOUCHE Il y a eu, il y avait ce quon appelait des faits (sic) commerciaux, des frais commerciaux pendant longtemps, pas seulement du fait de la France dailleurs, mais de lensemble des pays du monde, ils étaient déclarés, depuis, il y a une convention OCDE qui les interdit, ce qui nempêche pas dailleurs certains autres pays de continuer. Nous, on a arrêté, comme par hasard dailleurs, le niveau de nos ventes darmes a baissé substantiellement, certains autres, mais je ne veux pas le dire ici, ce nest pas mon rôle, continuent à verser de très lourdes commissions sur les marchés darmement dans le monde.
CHRISTOPHE BARBIER Vous étiez aussi un Chiraquien de choc en 95, vous aviez vu passer des histoires dargent liquide dans la campagne de BALLADUR ?
PIERRE LELLOUCHE Moi, jétais le conseiller diplomatique, je moccupais daffaires internationales, et je nétais ni près ni de loin lié à ce genre de choses.
CHRISTOPHE BARBIER Et est-ce que, en tant que conseiller diplomatique de Jacques CHIRAC, vous avez vu passer de largent liquide venant dAfrique, est-ce que vos contacts africains vous disaient
PIERRE LELLOUCHE Non, franchement, je nai jamais vu de choses de ce genre
CHRISTOPHE BARBIER Rien de tout cela
PIERRE LELLOUCHE Bon, cela dit, il y a tout ce bruit autour des affaires, ce qui me navre, cest que, on est en train de déterrer des choses qui remontent à dix-sept ans, il y a des histoires internes aussi au Parti socialiste qui font lobjet de leur propre campagne, pendant ce temps-là, les Français, eux, ils nont pas droit à un vrai débat de fond sur ce quil faut faire.
CHRISTOPHE BARBIER On va venir au fond, dernière affaire, selon LEMONDE.FR, dans les écoutes téléphoniques, les repérages téléphoniques, Brice HORTEFEUX serait mis en cause. Ça, cest une affaire plus récente quand même, la DCRI sest mal comportée avec ces fadettes ?
PIERRE LELLOUCHE Mais je nen sais rien, je crois que quand il y a une fuite sur des choses importantes, il nest pas absurde que le pays sache qui fait des fuites, sil y a des fuites à lintérieur du gouvernement, ce nest pas absurde
CHRISTOPHE BARBIER Jusquà écouter des journalistes ou prendre les factures téléphoniques de journalistes
PIERRE LELLOUCHE Je ne crois pas quil y ait eu découtes, ce nest pas ce que jentends, et ce nest pas ce que jai vu dans la presse.
CHRISTOPHE BARBIER Alors le fond, François FILLON prône la convergence économique et sociale entre la France et lAllemagne, départ en retraite, mais également temps de travail, il faut y aller vite ?
PIERRE LELLOUCHE Mais cest un vrai sujet, et malheureusement, ça, cest un sujet où il ny a pas daccord entre la droite et la gauche, je le regrette, il y a un écart en gros de 10% sur la compétitivité entre la France et lAllemagne. Et on le retrouve immédiatement dans les chiffres du commerce extérieur, lAllemagne est bien plus efficace et nous prend des parts de marché. Ils étaient lan dernier à plus 150 milliards dexcédents commerciaux, les Allemands, nous, nous étions à moins 50.
CHRISTOPHE BARBIER Et on va faire moins de 75.
PIERRE LELLOUCHE Et on va faire moins 75.
CHRISTOPHE BARBIER Alors, comment on réduit ces 10% de compétitivité ?
PIERRE LELLOUCHE Pourquoi ça, parce que, il y a plus de dix ans, douze ans, un chancelier de gauche, SCHRODER, a pris toute une série de lois visant à améliorer la compétitivité sur le coût du travail. Et ils ont modifié les retraites bien avant nous. Ce qua dit hier le Premier ministre François FILLON, ce nest rien dautre que : nous sommes engagés dans une convergence, dans les années entre 2023 et 2029, cest-à-dire dans quinze et vingt ans, on va se retrouver, la France et lAllemagne, autour de 67 ans à taux plein, et contrairement à ce que jai entendu beaucoup de commentateurs et de syndicalistes dire : en Allemagne, si vous partez non pas à 62, mais à 63 ans, vous allez avoir une décote denviron 15%, ce qui nexiste pas en France. Donc les deux pays sont en train de converger.
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce quil ne faudrait pas, surtout, pour notre déficit du commerce extérieur, baisser leuro, avoir un euro plus faible ?
PIERRE LELLOUCHE Alors, leuro pèse évidemment sur la compétitivité des exportations françaises, mais leuro sapplique aussi en Allemagne. Je note que les Allemands, avec leuro, ils arrivent quand même à avoir des excédents. Nous, ça nous a coûté cette année à peu près on estime que ça nous a coûté à peu près quatre milliards deuros dexportations
CHRISTOPHE BARBIER Leuro fort
PIERRE LELLOUCHE Oui, leuro fort, cest-??-dire par rapport à des pays qui, eux, laissent filer leur monnaie ou impriment de la monnaie, on a un euro qui est trop cher effectivement, et qui nest pas facile, quand on vend des avions par exemple en dollars, on a un surcoût quon doit absorber.
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce quil faut aussi pouvoir
PIERRE LELLOUCHE Cest lenjeu dailleurs du G20, quand le président de la République dit : il faut réformer le système monétaire international, ce nest rien dautre que ça
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce quil faut aussi pouvoir embaucher et licencier plus facilement, comme en Allemagne, pour relancer la compétitivité française ?
PIERRE LELLOUCHE Eh bien, les lois ont prévu pendant la crise des éléments de flexibilité qui permettent déviter les licenciements, de garder les gens employés, mais avec des temps de travail plus flexibles, tant que la demande ne redémarre pas. Donc je crois quon ferait bien, au lieu de se disputer, encore une fois, sur des histoires de valises et daffaires qui remontent à dix-sept ans, de regarder ensemble, la droite et la gauche, quel est le contrat social, quel est le niveau de dépenses sociales que le pays peut se payer. Vous savez, aujourdhui, la France, à partir du mois de juillet, du 1er juillet, tout son train de vie est financé par lemprunt, tout son train de vie. Les exportations à moins 75 milliards, ça veut dire que nous consommons 75 milliards en plus de ce que nous sommes capables de produire et dexporter, il y a peut-être un moment où les Français ont le droit de se demander ensemble comment on en sort, sinon, on va planter la génération suivante, nos propres enfants. Il y a peut-être moi, je veux bien faire de la politique, mais parlons du fond au lieu de nous déchirer sur des histoires judiciaires.
CHRISTOPHE BARBIER Pourquoi la France na pas le courage de voter oui à la création dun Etat palestinien ?
PIERRE LELLOUCHE Non, ne dites pas ça comme ça, la France, elle na pas varié depuis 1978, et Nicolas SARKOZY à la Knesset na rien dit dautre que : deux Etats, Israël a droit à la sécurité, les Palestiniens ont droit à un Etat, mais droit à lEtat avec un veto américain, ce nest pas la meilleure solution pour le monde arabe, surtout dans cette période de révolution démocratique. Il ne faut pas perdre cette occasion de lhistoire, et je pense que la solution de compromis française qui était de dire : ok, on assoit les Palestiniens à lONU, mais on se donne le temps dune reconnaissance mutuelle, cétait la solution la plus sage. Il est dommage que lAmérique ait choisi une autre option, celle du veto
CHRISTOPHE BARBIER Merci Pierre LELLOUCHE. Bonne journée.
PIERRE LELLOUCHE Merci.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 23 septembre 2011
PIERRE LELLOUCHE Bonjour Monsieur BARBIER.
CHRISTOPHE BARBIER Alors, les contre-attaques dans laffaire dite Karachi, le président nest pour rien dans le dossier de la campagne présidentielle de BALLADUR en 95, les magistrats sétonnent, comment il peut le savoir, il na pas accès au dossier, et puis, quand même, il était à Bercy, Nicolas SARKOZY, en 93, il a validé les commissions sur ces ventes darmes.
PIERRE LELLOUCHE Ecoutez, moi, comme tous les Français, je ne connais de cette affaire que ce que je vois dans la presse, mais vous me permettrez deux ou trois remarques, je crois, de bon sens. 1°) : je constate que les faits allégués remontent à 1995, et que les insinuations contre le président de la République se font six mois avant la prochaine élection
CHRISTOPHE BARBIER Cest une manoeuvre pour la présidentielle, qui vient doù ?
PIERRE LELLOUCHE Deuxième remarque, jai été le représentant de la France en Afghanistan et au Pakistan, le Pakistan doit être un des pays les plus violents de la planète, on appelle ça laffaire de Karachi, mais il y a des attentats tout le temps, chaque semaine au Pakistan, et le point commun, cest que personne ne sait qui attaque qui. Troisième remarque importante, il est normal que, dans une démocratie, les juges fassent leur travail librement. Cest moins normal quand les juges sérigent en politique ou font de la politique, et les politiques sérigent en juges, avec pour résultat et cest ça qui me soucie cest que pendant quon parle de ces affaires, on ne parle pas du fond, et que, on attend toujours, venant de la gauche en particulier, des propositions sur la crise, quand jentends Dominique STRAUSS-KAHN dire absolument nimporte quoi ou le contraire de ce quil disait au FMI, on a un vrai sujet, on a un vrai sujet économique dans notre pays : comment est-ce quon sort de la crise. De quoi est-ce que la classe politique parle, de quoi parlent les journalistes, des affaires. Donc on appelle ça en stratégie de la diversion
CHRISTOPHE BARBIER Vous pensez que la gauche fait parler des affaires en instrumentalisant des juges pour ne pas montrer le vide .
PIERRE LELLOUCHE Je crois que les affaires sont instrumentalisées pour ne pas parler du fond, parce que la gauche na pas de projet davenir pour notre pays, ou plus exactement, quils nont pas de consensus sur ce quil faut faire. Alors, le débat auquel les Français ont droit, cest : comment est-ce quon en sort, on na jamais été dans une situation aussi grave depuis la guerre, de quoi on parle, on parle daffaires qui remontent à dix-sept ans, voilà ce que je dis
CHRISTOPHE BARBIER Vous êtes un spécialiste de défense, quand on vendait des armes à ces pays, Arabie Saoudite, Pakistan, il y avait une tradition de rétro-commissions ?
PIERRE LELLOUCHE Il y a eu, il y avait ce quon appelait des faits (sic) commerciaux, des frais commerciaux pendant longtemps, pas seulement du fait de la France dailleurs, mais de lensemble des pays du monde, ils étaient déclarés, depuis, il y a une convention OCDE qui les interdit, ce qui nempêche pas dailleurs certains autres pays de continuer. Nous, on a arrêté, comme par hasard dailleurs, le niveau de nos ventes darmes a baissé substantiellement, certains autres, mais je ne veux pas le dire ici, ce nest pas mon rôle, continuent à verser de très lourdes commissions sur les marchés darmement dans le monde.
CHRISTOPHE BARBIER Vous étiez aussi un Chiraquien de choc en 95, vous aviez vu passer des histoires dargent liquide dans la campagne de BALLADUR ?
PIERRE LELLOUCHE Moi, jétais le conseiller diplomatique, je moccupais daffaires internationales, et je nétais ni près ni de loin lié à ce genre de choses.
CHRISTOPHE BARBIER Et est-ce que, en tant que conseiller diplomatique de Jacques CHIRAC, vous avez vu passer de largent liquide venant dAfrique, est-ce que vos contacts africains vous disaient
PIERRE LELLOUCHE Non, franchement, je nai jamais vu de choses de ce genre
CHRISTOPHE BARBIER Rien de tout cela
PIERRE LELLOUCHE Bon, cela dit, il y a tout ce bruit autour des affaires, ce qui me navre, cest que, on est en train de déterrer des choses qui remontent à dix-sept ans, il y a des histoires internes aussi au Parti socialiste qui font lobjet de leur propre campagne, pendant ce temps-là, les Français, eux, ils nont pas droit à un vrai débat de fond sur ce quil faut faire.
CHRISTOPHE BARBIER On va venir au fond, dernière affaire, selon LEMONDE.FR, dans les écoutes téléphoniques, les repérages téléphoniques, Brice HORTEFEUX serait mis en cause. Ça, cest une affaire plus récente quand même, la DCRI sest mal comportée avec ces fadettes ?
PIERRE LELLOUCHE Mais je nen sais rien, je crois que quand il y a une fuite sur des choses importantes, il nest pas absurde que le pays sache qui fait des fuites, sil y a des fuites à lintérieur du gouvernement, ce nest pas absurde
CHRISTOPHE BARBIER Jusquà écouter des journalistes ou prendre les factures téléphoniques de journalistes
PIERRE LELLOUCHE Je ne crois pas quil y ait eu découtes, ce nest pas ce que jentends, et ce nest pas ce que jai vu dans la presse.
CHRISTOPHE BARBIER Alors le fond, François FILLON prône la convergence économique et sociale entre la France et lAllemagne, départ en retraite, mais également temps de travail, il faut y aller vite ?
PIERRE LELLOUCHE Mais cest un vrai sujet, et malheureusement, ça, cest un sujet où il ny a pas daccord entre la droite et la gauche, je le regrette, il y a un écart en gros de 10% sur la compétitivité entre la France et lAllemagne. Et on le retrouve immédiatement dans les chiffres du commerce extérieur, lAllemagne est bien plus efficace et nous prend des parts de marché. Ils étaient lan dernier à plus 150 milliards dexcédents commerciaux, les Allemands, nous, nous étions à moins 50.
CHRISTOPHE BARBIER Et on va faire moins de 75.
PIERRE LELLOUCHE Et on va faire moins 75.
CHRISTOPHE BARBIER Alors, comment on réduit ces 10% de compétitivité ?
PIERRE LELLOUCHE Pourquoi ça, parce que, il y a plus de dix ans, douze ans, un chancelier de gauche, SCHRODER, a pris toute une série de lois visant à améliorer la compétitivité sur le coût du travail. Et ils ont modifié les retraites bien avant nous. Ce qua dit hier le Premier ministre François FILLON, ce nest rien dautre que : nous sommes engagés dans une convergence, dans les années entre 2023 et 2029, cest-à-dire dans quinze et vingt ans, on va se retrouver, la France et lAllemagne, autour de 67 ans à taux plein, et contrairement à ce que jai entendu beaucoup de commentateurs et de syndicalistes dire : en Allemagne, si vous partez non pas à 62, mais à 63 ans, vous allez avoir une décote denviron 15%, ce qui nexiste pas en France. Donc les deux pays sont en train de converger.
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce quil ne faudrait pas, surtout, pour notre déficit du commerce extérieur, baisser leuro, avoir un euro plus faible ?
PIERRE LELLOUCHE Alors, leuro pèse évidemment sur la compétitivité des exportations françaises, mais leuro sapplique aussi en Allemagne. Je note que les Allemands, avec leuro, ils arrivent quand même à avoir des excédents. Nous, ça nous a coûté cette année à peu près on estime que ça nous a coûté à peu près quatre milliards deuros dexportations
CHRISTOPHE BARBIER Leuro fort
PIERRE LELLOUCHE Oui, leuro fort, cest-??-dire par rapport à des pays qui, eux, laissent filer leur monnaie ou impriment de la monnaie, on a un euro qui est trop cher effectivement, et qui nest pas facile, quand on vend des avions par exemple en dollars, on a un surcoût quon doit absorber.
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce quil faut aussi pouvoir
PIERRE LELLOUCHE Cest lenjeu dailleurs du G20, quand le président de la République dit : il faut réformer le système monétaire international, ce nest rien dautre que ça
CHRISTOPHE BARBIER Est-ce quil faut aussi pouvoir embaucher et licencier plus facilement, comme en Allemagne, pour relancer la compétitivité française ?
PIERRE LELLOUCHE Eh bien, les lois ont prévu pendant la crise des éléments de flexibilité qui permettent déviter les licenciements, de garder les gens employés, mais avec des temps de travail plus flexibles, tant que la demande ne redémarre pas. Donc je crois quon ferait bien, au lieu de se disputer, encore une fois, sur des histoires de valises et daffaires qui remontent à dix-sept ans, de regarder ensemble, la droite et la gauche, quel est le contrat social, quel est le niveau de dépenses sociales que le pays peut se payer. Vous savez, aujourdhui, la France, à partir du mois de juillet, du 1er juillet, tout son train de vie est financé par lemprunt, tout son train de vie. Les exportations à moins 75 milliards, ça veut dire que nous consommons 75 milliards en plus de ce que nous sommes capables de produire et dexporter, il y a peut-être un moment où les Français ont le droit de se demander ensemble comment on en sort, sinon, on va planter la génération suivante, nos propres enfants. Il y a peut-être moi, je veux bien faire de la politique, mais parlons du fond au lieu de nous déchirer sur des histoires judiciaires.
CHRISTOPHE BARBIER Pourquoi la France na pas le courage de voter oui à la création dun Etat palestinien ?
PIERRE LELLOUCHE Non, ne dites pas ça comme ça, la France, elle na pas varié depuis 1978, et Nicolas SARKOZY à la Knesset na rien dit dautre que : deux Etats, Israël a droit à la sécurité, les Palestiniens ont droit à un Etat, mais droit à lEtat avec un veto américain, ce nest pas la meilleure solution pour le monde arabe, surtout dans cette période de révolution démocratique. Il ne faut pas perdre cette occasion de lhistoire, et je pense que la solution de compromis française qui était de dire : ok, on assoit les Palestiniens à lONU, mais on se donne le temps dune reconnaissance mutuelle, cétait la solution la plus sage. Il est dommage que lAmérique ait choisi une autre option, celle du veto
CHRISTOPHE BARBIER Merci Pierre LELLOUCHE. Bonne journée.
PIERRE LELLOUCHE Merci.
Source : Premier ministre, Service dInformation du Gouvernement, le 23 septembre 2011