Déclaration de M. Eric Besson, ministre chargé de 'lindustrie, de l'énergie et de l'économie numérique, sur l'aide au développement de la filière électronique et le rôle des fonds sectoriels pour consolider le tissu industriel, Paris le 4 octobre 2011, Paris le 4 octobre 2011.

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Circonstance : Création d'un fonds d'investissement dans le domaine de l'électronique, à Paris le 4 octobre 2011

Texte intégral

Monsieur le Président de la FIIEC,
Monsieur le Directeur général de la Caisse des dépôts,
Monsieur le Président du groupe BPCE,
Monsieur le Président de l’UIMM,
Monsieur le Secrétaire général de la Fédération nationale du Crédit agricole,
Monsieur le Président de l’UDIMEC,
Mesdames, Messieurs,
Je suis ravi d’être parmi vous aujourd’hui pour le lancement de ce fonds d’investissement dans le secteur de l’électronique, le FIMIEEC (Fonds d’investissement pour la modernisation de l’industrie électrique, électronique et de communication).
Ce fonds, doté de 35 millions d’euros, a vocation à investir dans une perspective de moyen-long terme dans les entreprises industrielles, afin de prendre en compte l’horizon économique de moyen terme nécessaire à l’activité industrielle. C’est donc un fonds qui sera plus « patient » que les fonds classiques. Le FIMIEEC aura également pour objectif de prendre en compte le développement de l’emploi dans les entreprises dans lesquelles il investit. Autant de caractéristiques qui sont naturellement des points extrêmement positifs.
Je tiens à cet égard à saluer ceux qui sont à l’initiative du FIMIEEC :
- la FIEEC, et son Président, Pierre GATTAZ, qui n’ont pas ménagé leurs efforts, avec l’UIMM, pour convaincre les uns et les autres. Je remercie la FIEEC, les 26 syndicats qui la constituent, et les 2300 entreprises qu’elle représente, de leur action résolue ;
- la Caisse des dépôts et son Directeur général, Augustin de ROMANET, qui comme vous l’avez déjà fait pour d’autres fonds sectoriels, répondez encore présents pour aider au développement de nos entreprises ;
- les financeurs privés, notamment deux grandes banques mutualistes que sont le Crédit agricole et le groupe BPCE, qui sont parmi les principaux financeurs, ainsi que le groupe APICIL.
Je ne m’étendrai pas sur la présentation du fonds, qui vous a déjà été présenté en détail par les intervenants précédents ; je voudrais juste partager avec vous aujourd’hui deux convictions : celle de l’importance de l’électronique pour notre industrie et celle du bien-fondé des fonds sectoriels pour consolider notre tissu industriel.
1. L’importance de l’électronique pour le développement de notre industrie et de notre économie
Les industries électriques, électroniques et de communication présentent la particularité de jouer un rôle transversal et d’irriguer l’ensemble de notre économie. De très nombreuses innovations dans différents secteurs, des transports à la santé, résident en effet dans l’introduction d’électronique sophistiquée.
C’est évident pour les services numériques, qui reposent sur le développement d’une électronique de pointe, comme pour le paiement sans contact ou la projection en trois dimensions.
C’est évident pour l’industrie également, que ce soit avec la robotique, l’aéronautique ou l’automobile, secteur typique où les constructeurs automobiles offrent chaque année aux conducteurs de voiture de nouveaux services fondés sur l’électronique.
C’est le cas enfin pour l’énergie, où notre avenir réside dans la maîtrise de nos consommations et la montée en puissance des énergies renouvelables, ce que l’électronique favorise, avec notamment les smart grids, le compteur intelligent et ses applications.
L’électronique est donc un secteur stratégique, pour le rôle important qu’il joue dans l’innovation, pour son caractère diffusant dans l’économie, et pour les 400 000 emplois et les 96 milliards d’euros de chiffre d’affaire réalisés chaque année. C’est la raison pour laquelle le Gouvernement soutient pleinement le secteur de l’électronique.
Dans le cadre des Investissements d’avenir, le programme « Usages numériques innovants », doté de 2,5 milliards d’euros, contribuera ainsi à la diffusion de l’électronique. L’appel à projet sur le « logiciel embarqué » a connu notamment un succès important, ce qui a conduit le Commissariat général à l’investissement à relancer ce programme. Les appels à projets sur les « Smart Grid », la « nanoélectronique » et l’« e-santé » auront également des retombées importantes pour votre industrie.
Le Gouvernement soutient également le secteur de l’électronique par le biais du fonds d’investissement FSN/PME, doté de 400 millions d’euros, qui s’adresse aux PME développant de nouveaux usages du numérique. Pour ceux qui se poseraient la question, l’articulation avec le FIMIEEC est assurée par la présence de la Caisse des dépôts dans les deux dispositifs, permettant ainsi d’assurer une coordination et une complémentarité entre ces deux fonds, qui ne visent pas exactement les mêmes segments de marché.
Le Gouvernement soutient par ailleurs le secteur de l’électronique par le biais des IRT, les Instituts de Recherche Technologique. L’Institut Nanoélec, bénéficiant de 300 millions d’euros de financements publics, a ainsi été récemment labellisé dans le cadre des investissements d’avenir C’est un exemple du soutien apporté par l’Etat au secteur des semi-conducteurs, qui offre des perspectives d’avenir importantes avec notamment le pôle de référence mondiale de Crolles-Grenoble.
Le Gouvernement est enfin à l’écoute au quotidien des industriels de l’électronique. Je pense par exemple à l’Observatoire sur la disponibilité des composants, que mes services ont mis en place en lien avec la FIEEC à la suite des évènements au Japon, à la suite de la réunion que j’avais tenue à Bercy en avril dernier.
L’Etat soutient donc fortement le secteur de l’électronique. Je me réjouis dans ce cadre qu’un partenariat entre acteurs publics et acteurs privés ait permis de créer le FIMIEEC.
2. L’importance des fonds sectoriels pour consolider notre tissu industriel
Depuis 2007, plusieurs fonds sectoriels ont été créés, comme le FMEA dans l’automobile, le fonds Innobio dans le domaine de la santé ou encore le fonds Aerofund dans le domaine aéronautique.
Je prendrai un seul exemple, qui est celui du FMEA. Ce fonds, créé par le FSI et par les constructeurs automobiles, a d’ores et déjà investi plus de 200 millions d’euros dans des équipementiers automobiles. Le FMEA a par exemple permis de consolider les entreprises de décolletage de la vallée de l’Arve et de préserver des savoir-faire industriels français majeurs.
L’existence de fonds sectoriels me parait primordiale pour la consolidation de nos filières industrielles.
Ces fonds permettent en effet de renforcer la solidarité entre acteurs, avec une prise en compte de l’intérêt de long terme de la filière dans les décisions d’investissement. Le FIMIEEC pourra en effet bénéficier de l’expertise en stratégie d’investissement de la Caisse des dépôts, de la connaissance par les grands banques mutualistes du tissu d’entreprises, et de la vision industrielle apportée par les organisations professionnelles.
Je suis convaincu que cette pluralité de vues et de compétences permettra de maximiser l’efficacité du FIMIEEC. Je n’ai qu’un seul regret : que les grands industriels ne soient pas présents à ce stade.
Je suis en effet convaincu que ce sont bien souvent les grands groupes qui sont à la base de la dynamique de coopération industrielle, dont nous avons besoin et que nous envions aux Allemands.
J’espère donc que les leaders français de l’électronique, qui sont dans cette salle aujourd’hui – et notamment Schneider Electric et Legrand - vous rejoindront, puisque vous avez fait en sorte que ce fonds soit ouvert à de nouveaux investisseurs. Je suis persuadé que c’est dans leur intérêt et qu’une base industrielle forte est un enjeu pour la compétitivité à long terme des grands groupes.
Outre la logique partenariale qu’il a vocation à susciter, le FIMIEEC a également pour avantage, comme je le disais précédemment, d’investir sur le moyen-long terme, avec des tickets allant de 300 000 euros à quelques millions d’euros. C’est un point très positif, car les fonds privés ont souvent une logique plus court-termiste, et il est utile, pour les entreprises, de pouvoir également bénéficier de fonds avec un horizon de temps proche de celui de leurs projets industriels.
Ce fonds permet enfin d’associer les banques au financement. Je crois utile, dans un contexte où les chefs d’entreprise expriment à nouveau des inquiétudes sur le financement de leur développement, que les banques assument leur rôle de financeurs de l’économie en contribuant à ces fonds. Je remercie à nouveau le Crédit agricole et le groupe BPCE pour leur contribution.
Voilà les quelques messages que je souhaitais vous passer. Je sais que le FIMIEEC est d’ores et déjà opérationnel et a déjà reçu de premiers dossiers, et je souhaite tout le succès qu’il mérite au FIMIEEC.
Je vous remercie de votre attention.
Source http://www.economie.gouv.fr, le 4 octobre 2011