Texte intégral
Mesdames, Messieurs les Présidents,
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis dêtre avec vous aujourdhui dans le cadre de ce séminaire dédié à lacte II du Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU).
Je sais que les réflexions que vous avez menées aujourdhui ont été nombreuses et fructueuses.
Dans le cadre de cette séquence de clôture, je souhaite vous livrer quelques idées concernant ma vision de lévolution de la politique portant ce programme.
Quand on fait le bilan du PNRU, on sattache plus au « PN » quau « RU » : on parle de méthode, de gouvernance, denveloppes financières, de conventions bref de lappareillage institutionnel mis en place pour faire vivre une idée : celle du renouvellement urbain.
Pour aborder les défis urbains des prochaines années, permettez-moi de revenir quelques minutes sur le sens, la portée et lavenir de cette idée, en posant le sujet différemment.
La question est moins :
- « quel plan devrons-nous mettre en place ? »,
- que « quelles formes la ville de demain revêtira-t-elle, et comment pourrons-nous susciter et accompagner cette métamorphose ? ».
Le renouvellement urbain ne se cantonnera pas aux quartiers dhabitat social, et ne fera pas appel quà lANRU. Le PNRU I est centré sur les cités ; la nouvelle politique de renouvellement urbain, quelle que soit sa forme, devra être centrée sur la Cité au sens noble et au sens large.
1) Le passage de la politique des cités à la politique de la Cité, cest un double élargissement : de nouvelles thématiques et de nouveaux quartiers
* un élargissement à de nouvelles thématiques :
Le PNRU est ciblé sur les situations les plus difficiles, à traiter en urgence. Ne nous voilons pas la face : des quartiers dhabitat social restent à traiter.
Mais nous le savons, dautres sujets de préoccupation émergent, notamment les copropriétés dégradées et les centres anciens dégradés. Cest pourquoi les expériences du PNRQAD sont importantes ; cest également la raison pour laquelle jai confié à Dominique Braye, Président de lAnah, une mission sur les copropriétés fragiles ou dégradées. Il sagit pour nous de pouvoir déceler les symptômes de la déprise et de la déqualification, pour les prévenir ou organiser un traitement précoce.
Cet élargissement nécessitera naturellement, en contrepartie, plus de sélectivité, à travers :
- une réflexion sur les cibles prioritaires,
- une hiérarchisation des urgences,
- une meilleure distinction entre le droit commun et lexception.
* un élargissement à lespace urbain global, au-delà des seuls quartiers prioritaires :
Le PNRU sest essentiellement attaqué aux quartiers villes des années 60-70. Ces quartiers, souvent construits sur eux-mêmes, ont fait la démonstration quun quartier isolé ne survit pas. Il faut quil « échange », soit un lieu de départ, de passage et darrivée. Il est donc essentiel de traiter nos sujets à léchelle de la ville et de lintercommunalité. Doù limportance des PLU intercommunaux et des PLH.
Lintégration nécessite de travailler sur les flux, les transports et sur le parcours des habitants au cours de leur vie. Cest toute la réflexion qui est menée sur le Grand Paris, avec des mesures prises simultanément les transports, laménagement, lenvironnement et le logement. Cest le sens des réflexions sur les éco-cités, que Nathalie Kosciusko-Morizet et moi-même venons de récompenser avec le Commissariat Général à I investissement (CGI), et sur les éco-quartiers, dont nous nous apprêtons à rendre le palmarès public.
Il doit moins y avoir un projet pour un quartier dans une ville, que :
- un projet urbain
- à léchelle de lagglomération
- dans lequel les problématiques de renouvellement (de quartiers de logement social, de copropriétés, de centre dégradé etc.)
- sont traitées sous tous les angles (bâti, transport, aménagement etc.),
- en articulant les outils dintervention exceptionnels et de droit commun.
- en mobilisant les savoir-faire de lANRU comme de lANAH : il ne doit pas y avoir de concurrence entre les outils de lEtat, mais de la complémentarité et des synergies.
2) Le passage de la politique des cités à la politique de la Cité, cest aussi la réintroduction dune réflexion économique dans la politique urbaine.
* une meilleure prise en compte de la création de valeur :
Le foncier des zones urbaines reléguées prendra demain de la valeur, à la faveur et à proportion des mutations que nous aurons su y provoquer en rénovant des quartiers, tout autant en y ramenant des réseaux de transport, des commodités, des services ou des commerces. Le modèle économique du renouvellement urbain doit pouvoir reposer, au moins pour partie, sur une appropriation de cette richesse créée.
Jen veux pour exemple les copropriétés dégradées de Clichy sous Bois : il faut moins les voir comme des tonneaux des Danaïdes dans lesquels se perdraient des subventions à fonds perdus, que comme des zones à fort potentiel foncier, à la faveur de larrivée du tram et de la gare du Grand Paris, où la densification de lhabitat permettra de capter de la valeur. Cest précisément ce potentiel qui justifie lintervention publique.
* une meilleure mise en valeur du potentiel humain :
Avant le foncier, la première richesse des espaces urbains, ce sont naturellement les femmes et les hommes qui les occupent. Je sors un peu de mes compétences en lévoquant, mais la question de la mise en valeur des énergies et des talents des habitants des quartiers déconsidérés, quils soient en banlieue ou dans les centres-villes de nos agglomérations, mérite dêtre mise en avant. Renouveler la ville, cest remobiliser les habitants, leur redonner confiance en eux-mêmes à mesure que leur environnement quotidien évolue.
Je partage pleinement, à ce sujet, la conviction du député Olivier Carré, qui considère que les quartiers sont les réservoirs de croissance de demain - les futurs moteurs de l'économie française.
3) Le passage de la politique des cités à la politique de la Cité, cest enfin la promotion de lidée de mixité :
Il ne saurait y avoir de politique urbaine sans réflexion sur la mixité sociale.
La ville durable, la ville soutenable, la ville du bien loger et du bien vivre ensemble sera nécessairement mixte. Et je nentends pas seulement par là le mélange des cultures.
La mixité, cest aussi le mélange des générations, avec des actifs, des salariés dentreprise et des aînés. Cest pour cela quil faut créer les conditions daccueil de cette mixité : liens avec les pôles demploi, crèches et écoles pour les familles, accessibilité pour les personnes plus âgées.
La mixité, cest aussi celle des statuts sociaux et des revenus : les débats sur le relogement des ménages DALO dans les ZUS sont importants même si jai tendance à considérer quils témoignent dun manque de confiance, à la fois :
- dans les ménages eux-mêmes (pas de raison de considérer quils ne peuvent pas bénéficier de lascenseur social)
- dans le renouvellement urbain (pas de raison de considérer que les quartiers renouvelés redeviendront des zones de relégation)
Ils sont importants mais ils népuisent pas le sujet. Nous devons aussi créer les conditions pour que les ménages modestes puissent se loger dans le parc privé (doù laction de lANAH) et hors des ZUS (doù la loi SRU).
Et la mixité, cest enfin la diversité des statuts doccupation : le renouvellement urbain ne pourra pas être exclusivement une politique du locatif public. Il faudra bien sûr au coeur de nos villes du locatif privé, ce que fait déjà lANAH dans les quartiers dégradés pour y faire revenir des travailleurs modestes et des familles, mais aussi et surtout de laccession sociale, et de ce point de vue, le Gouvernement ne ménage pas son soutien : TVA à 5,5 %, PSLA, PTZ+, vente HLM.
Conclusion : changer les modes dintervention, aller vers la prospective et linvestissement responsable.
Laction publique doit essayer de sortir de lurgence, et progresser vers le projet de long terme.
Elle doit aussi prioriser ses interventions.
Elle doit également avoir un temps davance : vers la ville de demain.
Il est essentiel davoir des projets à long terme qui permettent dintervenir au moment opportun, avec la bonne intensité dans une stratégie bien définie.
« Il nest pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va » (Sénèque).
Source http://www.ville.gouv.fr, le 18 octobre 2011
Mesdames, Messieurs les élus,
Mesdames, Messieurs,
Je me réjouis dêtre avec vous aujourdhui dans le cadre de ce séminaire dédié à lacte II du Programme National de Rénovation Urbaine (PNRU).
Je sais que les réflexions que vous avez menées aujourdhui ont été nombreuses et fructueuses.
Dans le cadre de cette séquence de clôture, je souhaite vous livrer quelques idées concernant ma vision de lévolution de la politique portant ce programme.
Quand on fait le bilan du PNRU, on sattache plus au « PN » quau « RU » : on parle de méthode, de gouvernance, denveloppes financières, de conventions bref de lappareillage institutionnel mis en place pour faire vivre une idée : celle du renouvellement urbain.
Pour aborder les défis urbains des prochaines années, permettez-moi de revenir quelques minutes sur le sens, la portée et lavenir de cette idée, en posant le sujet différemment.
La question est moins :
- « quel plan devrons-nous mettre en place ? »,
- que « quelles formes la ville de demain revêtira-t-elle, et comment pourrons-nous susciter et accompagner cette métamorphose ? ».
Le renouvellement urbain ne se cantonnera pas aux quartiers dhabitat social, et ne fera pas appel quà lANRU. Le PNRU I est centré sur les cités ; la nouvelle politique de renouvellement urbain, quelle que soit sa forme, devra être centrée sur la Cité au sens noble et au sens large.
1) Le passage de la politique des cités à la politique de la Cité, cest un double élargissement : de nouvelles thématiques et de nouveaux quartiers
* un élargissement à de nouvelles thématiques :
Le PNRU est ciblé sur les situations les plus difficiles, à traiter en urgence. Ne nous voilons pas la face : des quartiers dhabitat social restent à traiter.
Mais nous le savons, dautres sujets de préoccupation émergent, notamment les copropriétés dégradées et les centres anciens dégradés. Cest pourquoi les expériences du PNRQAD sont importantes ; cest également la raison pour laquelle jai confié à Dominique Braye, Président de lAnah, une mission sur les copropriétés fragiles ou dégradées. Il sagit pour nous de pouvoir déceler les symptômes de la déprise et de la déqualification, pour les prévenir ou organiser un traitement précoce.
Cet élargissement nécessitera naturellement, en contrepartie, plus de sélectivité, à travers :
- une réflexion sur les cibles prioritaires,
- une hiérarchisation des urgences,
- une meilleure distinction entre le droit commun et lexception.
* un élargissement à lespace urbain global, au-delà des seuls quartiers prioritaires :
Le PNRU sest essentiellement attaqué aux quartiers villes des années 60-70. Ces quartiers, souvent construits sur eux-mêmes, ont fait la démonstration quun quartier isolé ne survit pas. Il faut quil « échange », soit un lieu de départ, de passage et darrivée. Il est donc essentiel de traiter nos sujets à léchelle de la ville et de lintercommunalité. Doù limportance des PLU intercommunaux et des PLH.
Lintégration nécessite de travailler sur les flux, les transports et sur le parcours des habitants au cours de leur vie. Cest toute la réflexion qui est menée sur le Grand Paris, avec des mesures prises simultanément les transports, laménagement, lenvironnement et le logement. Cest le sens des réflexions sur les éco-cités, que Nathalie Kosciusko-Morizet et moi-même venons de récompenser avec le Commissariat Général à I investissement (CGI), et sur les éco-quartiers, dont nous nous apprêtons à rendre le palmarès public.
Il doit moins y avoir un projet pour un quartier dans une ville, que :
- un projet urbain
- à léchelle de lagglomération
- dans lequel les problématiques de renouvellement (de quartiers de logement social, de copropriétés, de centre dégradé etc.)
- sont traitées sous tous les angles (bâti, transport, aménagement etc.),
- en articulant les outils dintervention exceptionnels et de droit commun.
- en mobilisant les savoir-faire de lANRU comme de lANAH : il ne doit pas y avoir de concurrence entre les outils de lEtat, mais de la complémentarité et des synergies.
2) Le passage de la politique des cités à la politique de la Cité, cest aussi la réintroduction dune réflexion économique dans la politique urbaine.
* une meilleure prise en compte de la création de valeur :
Le foncier des zones urbaines reléguées prendra demain de la valeur, à la faveur et à proportion des mutations que nous aurons su y provoquer en rénovant des quartiers, tout autant en y ramenant des réseaux de transport, des commodités, des services ou des commerces. Le modèle économique du renouvellement urbain doit pouvoir reposer, au moins pour partie, sur une appropriation de cette richesse créée.
Jen veux pour exemple les copropriétés dégradées de Clichy sous Bois : il faut moins les voir comme des tonneaux des Danaïdes dans lesquels se perdraient des subventions à fonds perdus, que comme des zones à fort potentiel foncier, à la faveur de larrivée du tram et de la gare du Grand Paris, où la densification de lhabitat permettra de capter de la valeur. Cest précisément ce potentiel qui justifie lintervention publique.
* une meilleure mise en valeur du potentiel humain :
Avant le foncier, la première richesse des espaces urbains, ce sont naturellement les femmes et les hommes qui les occupent. Je sors un peu de mes compétences en lévoquant, mais la question de la mise en valeur des énergies et des talents des habitants des quartiers déconsidérés, quils soient en banlieue ou dans les centres-villes de nos agglomérations, mérite dêtre mise en avant. Renouveler la ville, cest remobiliser les habitants, leur redonner confiance en eux-mêmes à mesure que leur environnement quotidien évolue.
Je partage pleinement, à ce sujet, la conviction du député Olivier Carré, qui considère que les quartiers sont les réservoirs de croissance de demain - les futurs moteurs de l'économie française.
3) Le passage de la politique des cités à la politique de la Cité, cest enfin la promotion de lidée de mixité :
Il ne saurait y avoir de politique urbaine sans réflexion sur la mixité sociale.
La ville durable, la ville soutenable, la ville du bien loger et du bien vivre ensemble sera nécessairement mixte. Et je nentends pas seulement par là le mélange des cultures.
La mixité, cest aussi le mélange des générations, avec des actifs, des salariés dentreprise et des aînés. Cest pour cela quil faut créer les conditions daccueil de cette mixité : liens avec les pôles demploi, crèches et écoles pour les familles, accessibilité pour les personnes plus âgées.
La mixité, cest aussi celle des statuts sociaux et des revenus : les débats sur le relogement des ménages DALO dans les ZUS sont importants même si jai tendance à considérer quils témoignent dun manque de confiance, à la fois :
- dans les ménages eux-mêmes (pas de raison de considérer quils ne peuvent pas bénéficier de lascenseur social)
- dans le renouvellement urbain (pas de raison de considérer que les quartiers renouvelés redeviendront des zones de relégation)
Ils sont importants mais ils népuisent pas le sujet. Nous devons aussi créer les conditions pour que les ménages modestes puissent se loger dans le parc privé (doù laction de lANAH) et hors des ZUS (doù la loi SRU).
Et la mixité, cest enfin la diversité des statuts doccupation : le renouvellement urbain ne pourra pas être exclusivement une politique du locatif public. Il faudra bien sûr au coeur de nos villes du locatif privé, ce que fait déjà lANAH dans les quartiers dégradés pour y faire revenir des travailleurs modestes et des familles, mais aussi et surtout de laccession sociale, et de ce point de vue, le Gouvernement ne ménage pas son soutien : TVA à 5,5 %, PSLA, PTZ+, vente HLM.
Conclusion : changer les modes dintervention, aller vers la prospective et linvestissement responsable.
Laction publique doit essayer de sortir de lurgence, et progresser vers le projet de long terme.
Elle doit aussi prioriser ses interventions.
Elle doit également avoir un temps davance : vers la ville de demain.
Il est essentiel davoir des projets à long terme qui permettent dintervenir au moment opportun, avec la bonne intensité dans une stratégie bien définie.
« Il nest pas de vent favorable pour celui qui ne sait où il va » (Sénèque).
Source http://www.ville.gouv.fr, le 18 octobre 2011